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mens assez flatteurs, tel que celui-ci: «Je ne vous adanire guère moins » que Pline admirait les ouvrages de la nature, tant je trouve que vous >> raisonnez juste sur une matière si abstraite ». Remarquez que cette matiere si abstraite n'est point la nature, mais la délicatesse de peusées et de style, et qu'Eudoxe vient de débiter sur ce sujet un véritable galimatias, si bien qu'il a fini par dire : « Je ne sais si vous m'entendez. Je ne m'en-»tends pas moi-même, et je crains à tous momens de me perdre dans » mes réflexions ». Il faut croire que l'admirateur Philanthe entend Eudoxe mieux que cet Eudoxe ne s'entend lui-même, ou que Philanthe est comme bien des gens, qui admirent d'autant plus qu'ils comprennent moins.

On aperçoit trop dans la vanité d'Eudoxe celle d'un régent de collége accoutumé à parler à des écoliers, et qui se croit un grand homme parce qu'il est écouté par des enfans. Cependant une des prétentions de Bouhours les plus marquées, est celle d'avoir le ton d'un homme du monde. Il y vivait en effet comme beaucoup de jésuites; mais il prouve que cela ne suffit pas toujours pour dépouiller l'écorce du pédantisme. Son adversaire, Barbier d'Aucour, qui voyait beaucoup moins de monde, connaît infiniment mieux les convenances délicates qui echappent souvent au P. Bouhours. C'est que le bon esprit devine tout : celui du jésuite était fort superficiel; c'était un homme lettré qui savait l'italien et l'espagnol; mais son goût est fort peu sûr : il est vétilleux sur les mots, et se trompe souvent sur les choses. Voiture est son héros, et il le loue beaucoup de ses sottises. Il met Rapin à côté de Virgile, et cela est un peu fort, même pour un jésuite parlant d'un jésuite. Il était de la destinée de Port-Royal de les combattre avec les armes du bon goût. Barbier d'Aucourt traita leurs beaux-esprits comme Pascal et Arnault avaient traité leurs casuistes et leurs théologiens. Les sentimens de Cleante sont, je crois, après les Provinciales, qu'il suffit de nommer, le seul livre polémique qui ait assuré à son auteur une réputation qui a duré jusqu'à nous, et l'ouvrage en est digne : c'est, à très peu de chose près, ce que la critique littéraire a produit de meilleur dans le dernier siècle. Barbier d'Aucourt me dispense d'en dire davantage sur le P. Bouhours, dont il a relevéles défauts de manière à ne rien laisser à désirer; et ce n'est pas un de ces critiques, comme il y en a tant, qui, ne sachant que reprendre des fautes faciles à apercevoir, montrent eux-mêmes fort peu d'esprit en attaquant celui d'autrui. Il a de la méthode, du sens et des principes. En indiquant l'erreur, il y substitue la vérité; il met le bon goût à la place du mauvais. En blåmant ce qu'on a fait, il montre ce qu'il faut faire; il pense juste, et il écrit bien; il varie son ton en proportion des objets, et sa plaisanterie est fine et décente, autant que sa raison est solide et lumineuse.

Il eût été à souhaiter que la critique eût toutes ses qualités, lorsqu'elle devint périodique dans l'espèce d'ouvrage que l'on appela Journaux. On sait qu'ils doivent leur origine à celui des Savans, commencé en 1665 par Denys Sallo, qui, ayant l'habitude de faire, pour son usage particulier, des extraits de ses lectures, imagina, non sans fondement, que cette méthode pourrait être de quelque utilité pour le public. Il s'associa plusieurs gens de lettres pour l'aider dans ce travail, dont Bayle prouva depuis l'u tilité. Des savans très-connus, tels que Basnages, Bernard, Leclerc et autres, s'exercerent dans le même genre, et furent imités par toutes les nations lettrées. Ces journaux ne traitaient le plus souvent que des sciences et des objets d'érudition; les ouvrages d'imagination et de goût, et de littérature agréable, y tenaient fort peu de place. On laissait au public à les juger, aux artistes à les discuter, et au temps à fixer leur rang. Les journaux alors n'étaient guère que des dissertations sérieuses sur des écrits

sérieux, et l'on songeait plus à l'instruction qu'à l'amusement. Le seul Bayle eut assez de talent pour réunir l'un et l'autre ; mais la plupart des matières qu'il traitait ayant été depuis mieux connues et plus approfondies, ses Lettres sur la république des lettres, qui le mirent au-dessus de tous les journalistes de son temps, ont dû perdre beaucoup de leur intérêt et de leur utilité dans le nôtre. D'ailleurs, il n'y travailla que peu d'années, et quelque circonspection qu'il apportât dans la critique, il en sentit bien vite le danger, et y renonça.

Les querelles des savans avaient déjà éclaté dans ces journaux, et en remplissaient une partie; mais, par la nature même des objets, elles avaient peu de juges, et n'intéressaient pas la multitude, comme cel les de Scudéry et de d'Aubignac avec Corneille, qui avaient occupé tout Paris.

C'est dans le Mercure galant, dont Visé fut le fondateur en 1672, que l'ignorance et l'envie eurent bientôt un bureau d'adresse fait pour tout le monde, parce qu'on y parlait des ouvrages que tout le monde lit: c'est là que Molière et Racine étaient dénigrés. Mais le ton aigre des censures de Visé, d'autant plus mauvais critique qu'il était mauvais auteur, était encore de la modération, si on le compare au scandale de nos jours.

C'en était un d'une autre espèce que le livre de Perrault sur le Parallèle des Anciens et des Modernes, qui fit tant de bruit; mais comme l'examen de ce livre, et les réponses qu'on y a faites, est une occasion toute naturelle de réduire à ses termes cette question souvent agitée, sur laquelle cent ans écoulés depuis Perrault ont pu donner de nouveaux aperçus, je remets à en parler à la fin de ce Cours, lorsque les anciens et les modernes ayant passé sous nos yeux dans tous les genres, il sera plus facile d'établir la comparaison.

FIN DU SIÈCLE DE LOUIS XIV ET DU TOME SECOND.

DU TOME SECOND.

SECONDE PARTIE.

SIÈCLE DE LOUIS XIV.

INTRODUCTION qu Discours sur l'état des lettres en Europe, depuis la fin du siècle qui a suivi celui d'Auguste, jusqu'au règne de Louis XIV, tel qu'il fut prononcé en 1797.

LIVRE PREMIER. Poésie.. ९ ९

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CHAP. I.er De la Poésie française avant et depuis
Marot jusqu'à Corneille.

CHAP. II. Du Théâtre Français et de P. Corneille.

SECT. I.ere Poëtes tragiques avant Corneille.
SECT. II. Corneille

pages iv.

1.

Ibid.

41.

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Ibid.

54.

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CHAP. IV. Résumé sur Corneille et Racine.. Tome II.

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pages

CHAP. V. Des Tragiques d'un ordre inférieur,
dans le siècle de Louis XIV..

.263.

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CHAP. VI. De la Comédie dans le siècle de Louis

XIV. . .

297.

lière.

SECT. I.ere De Molière..

INTRODUCTION. De la Comédie avant Mo

SECT. II. Précis sur différentes pièces de Molière.
SECT. III. Le Misanthrope.

SECT. IV. Des Farces de Molière, d'Amphi-
trion, de l'Acare, des Femmes

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CHAP. VII. Des Comiques d'un ordre inférieur

dans le siècle de Louis XIV.

SECT. I.ere Quinault, Brueys et Putuprat, Ba-
ron, Campistron, Boursault. .

SECT. II. Regnard..

SECT. III. Dufrény, Dancourt, Hauteroche.

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CHAP. VIII. De l'Opéra dans le siècle de Louis

XIV,

et particulièrement de

Quinault.

349

CHAP. IX. De l'Ode et de J. B. Rousseau

367.

CHAP. X. De la Satire et de l'Epître. Boileau.

404.

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CHAP. XII. De la Poésie pastorale et de différens genres de poésie légère

LIVRE SECOND. Éloquence, Histoire, Philo

sophie, Littérature, etc.

481.

CHAP. I.er Éloquence.

498.

SECT. I.ere De l'Éloquence du barreau.. ... î
SECT. II. Du genre démonstratif, ou des pané-
gyriques, Discours d'apparat, etc.

Du genre délibératif, et des assem-
blées nationales.

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SECT. III. Eloquence de la chaire. - L'Orai

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pages

498.

504:

506:

533.

546:

554.

CHAP. III. Philosophie.

560:

SECT. 1. Métaphysique.

Descartes, Pascal,

Mallebranche, Bayle.

Ibid.

SECT. II. Morale. Fénelon, Nicole, Duguet,
Larochefoucauld, Labruyère, Saint
Evremond.

570

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SECT. II. Contes.

SECT. III. Lettres, Traductions, Critiques...

595. Ibid.

599*

603.

FIN DE LA TABLE,

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