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toutes ces familles des détails très-curieux. Bertholet Deschamps mourut en 1697. Loyens, dans son Recueil Héraldique, nous apprend que ses manuscrits ont passé dans la bibliothèque de M. Duchâteau, bourgmestre de Liége en 1716.

1650. RAMÉE (....La), célèbre chef de partisans, né vers la fin de l'autre siècle. En 1608, il partit de Liége avec un grand nombre de ses compatriotes que la gloire des armes et le zèle pour la religion conduisirent en Hongrie pour y aller combattre les Turcs. Lambert Foullon, oncle de l'historien, mourut dans cette guerre après s'y être signalé par des exploits glorieux.

La Ramée revint au pays de Liége en 1611, couvert de lauriers: il persuada à quelques braves de le suivre, et retourna en Bohême, où l'archiduc Léopold, voulant introduire l'inquisition, venait de se brouiller avec les protestans. Ce prince, aidé de la troupe de La Ramée, en partie composée de Liégeois, surprit la ville de Prague, et en donna le commandement à ce vaillant capitaine investi de la confiance de l'empereur; mais, malgré son courage et son habileté dans l'art militaire, il en fut bientôt délogé par les forces de l'archiduc Mathias: néanmoins, il sut se maintenir sur les frontières de la Bohême jusqu'à la paix.

Par suite de la guerre qui agitait alors toute l'Europe, et dont le pays de Liége, sans cesse tranversé par les troupes, eut cruellement à souffrir; malgré sa neutralité, le capitaine La Ramée vint au mois de novembre 1623, se cantonner à Jupille avec sa compagnie. Le conseil de la cité de Liége voulant l'en déloger, ordonna aux paysans et aux manans de Jupille et des environs, de prendre les armes pour arrêter ses courses, et se refusa à ses demandes. La Ramée montra alors ses ordres signés des commissaires de l'empereur, por

tant qu'il pouvait exiger en toute rigueur le paiement de ses gages et celui de sa troupe; ce qui jeta le trouble et l'alarme dans la ville et les campagnes.

Cet homme qui, par ses exploits militaires, s'était acquis un nom dans l'histoire des guerres de cette époque, fut condamné à mort par les ordres de l'empereur, pour quelques crimes dont il s'était rendu coupable.

1650. GOSSWIN (Gérard), peintre, né à Liège. Nous ignorons les principales circonstances de la vie de cet artiste si remarquable, l'année de sa naissance et celle de sa mort. Ses tableaux de fleurs et de fruits, dignes de Zeuxis, le firent connaître avantageusement en Italie et en France. La réputation qu'il s'était acquise à Rome par ses ouvrages, le suivit à Paris où il obtint le plus grand succès. Louis XIII l'appela à sa cour, et le chargea d'enseigner les premiers élémens du dessin au Dauphin, depuis Louis XIV. L'amour de la patrie l'emporta sur l'espoir certain d'une fortune brillante en France, s'il voulait s'y établir. Gosswin, de retour à Liége, se lia d'une étroite amitié avec Bertholet Flémalle et Gérard Douffet. Ils ont quelquefois employé leurs pinceaux dans le même tableau. Parvenu à l'âge de 60 ans, notre artiste s'engagea dans les liens du mariage; son épouse lui donna deux filles qui se consacrèrent à la vie religieuse. Il mourut à Liège et fut enterré dans l'église paroissiale de St.-Remi (depuis démolie). Avant de mourir, il légua à la Ste.-Vierge qu'on honorait particulièrement dans cette église, deux superbes tableaux de fleurs, qui ont été ravis à sa patrie, lors de la révolution.

Peu de peintres ont été plus instruits que Gérard Gosswin; les qualités du cœur ne le rendaient pas moins estimable que celles de son esprit. Naturellement généreux et bienfaisant, il ne paraissait sensible

qu'à un seul plaisir, celui d'en faire aux autres : sa douceur, sa probité, sa candeur lui conciliaient l'amitié et l'estime de tous ceux qui le connaissaient. Plus avide de gloire que d'argent, il ne laissait pas sortir d'ouvrages de ses mains, qu'il ne leur eût donné le dernier trait de perfection. Il dissertait agréablement sur tout ce qui a rapport à son art, comme l'histoire, a fable, les costumes des différens peuples, l'architecture, etc.

Son inclination le portait à peindre des fleurs et des fruits; il y réussit singulièrement, non par un travail léché et pénible, mais par une touche hardie, des couleurs vraies et bien empâtées ses tableaux, vus à une distance convenable, font un très-grand effet. C'est dans ce genre qu'il a égalé les plus grands maîtres qui ont parcouru la même carrière.

Mr. J. L. Desoer, à Solières près de Huy, qui possède, entr'autres, de très-belles copies faites par Delcour de deux fresques de Raphaël, au Vatican, l'Ecole d'Athènes et une Dispute du St.-Sacrement, ainsi qu'une Ste.-Fansille de grandeur naturelle attribuée à Raphaël, possède aussi un superbe tableau dont l'idée est sublime et prouve tout à la fois la supériorité et la noblesse des sentimens des deux amis de Gérard Gosswin. En voici le sujet :

Bertholet Flémalle, Gérard Douffet et Gérard Gosswin se trouvant à Rome, avaient acheté une petite statue de Bacchus en bronze. Ne pouvant la partager, ils convinrent d'établir entre eux un concours de peinture, et que celui des trois, qui produirait le meilleur tableau, posséderait seul la statue. Les tableaux achevés, les trois amis se réunirent, mais il ne purent s'accorder sur celui qui avait mérité le prix. Douffet voulait le donner à Bertholet, et celui-ci à Gosswin, dont on suppose que l'avis était en faveur de Douffet. Cette discussion fait l'objet du tableau suivant, dont

ils trouvèrent piquant de faire le spectateur juge de leurs talens, en y mettant la main tous les trois.

Les personnages sont à demi-corps et de grandeur naturelle. On voit dans le coin, à droite du spectateur, Gérard Douffet; il est peint de profil, et vêtu de noir; vers le milieu se trouve sa femme, qui est peinte de face, et dont la robe est de satin blanc : elle tient de la main droite une branche de rosier rouge qu'elle admire. Bertholet, vu presque de face, est dans le coin à gauche il est habillé en chanoine, manteau rouge, etc. etc.; derrière lui, se trouve un vase antique auquel est attachée une guirlande de fleurs. - Douffet tient de la main droite, et derrière sa femme, la statue en bronze, et il l'offre à Bertholet: celui-ci la refuse, et montre de la main gauche, la guirlande de fleurs. Douffet semble dire à Bertholet: Je vous donne le prix; et Bertholet répond: C'est Gosswin qui l'a mérité.

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Dans ce tableau, Douffet et sa femme sont peints par Bertholet; celui-ci est peint par Douffet, et les fleurs sont de Gosswin. La hauteur de ce tableau, qui est très-bien conservé, est d'un mètre, 20 centimètres. la largeur de deux mètres environ. Les grands maîtres sy font reconnaître par la correction du dessin, l'entente du clair-obscur, et la magie de la couleur. Les portraits passent pour très-ressemblans.

La famille Desoer possède encore un tableau du même maître, représentant : Les Cyclopes forgeant larmure d'Enée en présence de Vénus. Hauteur 95 cent., largeur 1 mètr. 62 cent.

1650. BAVIÈRE (Ferdinand de), électeur de Cologne, évêque de Liége, de Munster, d'Hildesheim et de Paderborn, et abbé de Stavelot, était fils de Guillaume V, duc des deux Bavières, et de René de Lorraine. Il fut d'abord nommé coadjuteur de son oncle, Ernest de Bavière, dans l'archevêché de Cologne,

et ensuite chanoine de Liége; enfin élu évêque à l'unanimité, le 16 mars 1612. Quelques jours après, il partit pour Francfort, où la diète s'occupait alors de l'élection de l'empereur; il assista au couronnement de Mathias. Durant son absence, l'église de St.-Remacle au Pont fut entièrement consumée par les flammes.!

Ayant notifié aux Etats qu'il ferait sa joyeuse entrée à Liége, le 17 janvier 1613, on se prépara à le recevoir avec toute la magnificence de ce temps-là. Mr. Polain nous en donne le récit suivant :

La garde de dix hommes, les arquebusiers, les arbalétriers, les archers de St.-Pholien et de St.-Nicolas, les corps de métiers avec leurs bannières étaient échelonnés dans les rues que devait traverser le cortége. Le conseil de la cité et les principaux bourgeois, revêtus du riche costume espagnol, attendaient le prince au petit pont Del Creyr, à Coronmeuse. Vers les dix heures du matin, plusieurs coups de canon annoncèrent l'arrivée de Ferdinand.

Près de quinze cents cavaliers des plus nobles familles de la Lorraine, de l'Allemagne et du Brabant, parmi lesquels on distinguait le prince de Vaudemont, escortaient l'évêque. Les habitans du faubourg St.-Léonard faisaient retentir l'air de cris de joie, et applaudissaient à cette magnifique cavalcade. Après avoir salué Ferdinand, le conseil et les bourgeois se mirent en marche et précédèrent le prince escorté des deux bourgmestres de la cité. Arrivés à la porte de St.-Léonard, ils lui présentèrent les clefs de la ville sur un plateau d'argent, et Ferdinand prononça à voix haute le serment exigé par les statuts.

On continua d'avancer; arrivé près de l'église St.-Georges, le cortège s'arrêta. On avait élevé dans cet endroit un théâtre richement décoré, où des musiciens chantaient en l'honneur du prince. Une jeune

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