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LIÉGEOISE.

1639. ÉLÉONORE DE ST.-BERNARD, fille de Jean de Corbaria et d'Eléonore de Bavière, naquit à Liége le 24 mars 1579. Ses parens, qui étaient Génois, l'envoyèrent dès son bas âge dans leur patrie, chez ses aïeux maternels, Charles de Bavière et Blanche de Lotona, pour y recevoir sa première éducation. A l'âge de huit ans, ils l'emmenèrent avec eux à Madrid, où, se refusant aux désirs de l'impératrice qui voulait la mettre au rang de ses filles d'honneur, elle entra chez les religieuses de l'ordre de Citeaux; et huit ans après, Eléonore prit l'habit de Carmélite déchaussée au couvent de Las Luachas.

On l'envoya ensuite à Avila, pour s'y préparer aux desseins de ses supérieures sur elle, qui la destinaient pour la France, où l'on désirait des religieuses de son ordre, alors dans sa première ferveur. On l'envoya donc en 1603 à Paris avec cinq autres religieuses : là, son mérite et ses connaissances lui attirèrent des disciples.

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L'archiduchesse Isabelle, ayant témoigné le désir d'avoir des Carmélites déchaussées dans les Pays-Bas, pour y répandre de plus en plus le goût de la piété, Eléonore fut envoyée à Bruxelles pour y élever des novices sous la vénérable mère Anne de Jésus: elle s'acquitta de cette fonction pendant dix mois, au bout desquels on la chargea d'établir des maisons de son ordre à Louvain, à Mons et à Malines.

Cette sainte fille était prieure à Mons, en 1622, lorsque cinq filles d'honneur de l'archiduchesse-infante l'attirèrent au couvent qu'elles avaient fondé dans la ville de Gand et où elles prirent l'habit de Ste.-Thérèse. Eléonore dirigea cette maison jusqu'à sa mort; elle se montra toujours un modèle de toutes les vertus. Après vingt années de souffrances continuelles, elle succomba sous le poids de ses infirmités le 12 avril 1639, à l'âge de soixante ans. On lui attribue une Vie de la vénérable mère Anne de St.Barthélemy.

* 1640. MEYERS (Mathias), né dans la Campine liégeoise, prit l'habit de dominicain à Maestricht. Ayant appris avec douleur que l'hérésie s'était glissée dans la ville de Hasselt, il résolut d'y aller dans l'intention de fortifier les catholiques et de leur découvrir les piéges que leur tendaient les prédicans. Dans ces temps de guerre et de dissensions civiles, les chemins étant remplis de maraudeurs huguenots, qui en voulaient surtout aux ecclésiastiques, il se dépouilla de son habit religieux, chargea de ses vêtemens un paysan qui lui servait de guide, et mit un sarot afin de ne pas être reconnu. Mais cette précaution fut inutile: on dépouilla le paysan, et le bon religieux fut emmené comme un criminel à Bréda, où, après l'avoir revêtu de ses habits, on le traîna par toute la ville à travers une populace insolente qui le couvrit de boue et lui fit toutes sortes d'insultes. On le jeta ensuite dans un cachot, et il ne lui fut accordé pour nourriture qu'autant de pain et d'eau nécessaires pour l'empêcher de mourir.

Les Hollandais exigèrent pour la rançon du P. Meyers, une somme d'argent tellement forte, que le couvent de Maestricht qui avait été pillé et dévasté par les Calvinistes en 1567 et 1578, ne put la payer. La mère

de ce religieux, en apprenant cette accablante nouvelle, vendit ses meubles et presque tout ce qu'elle avait pour compléter la somme.

Le P. Meyers, après son élargissement, ne voyant plus de ressources à sa pauvre mère qui lui avait tout donné pour qu'il recouvrât sa liberté, obtint de ses supérieurs la permission de desservir la cure de Meeuwen dans la Campine, afin de pouvoir fournir à ses besoins. Après qu'il eut fermé les yeux à sa mère, le P. Meyers revint à Maestricht et rentra dans son couvent où il vécut encore longtemps et mourut dans un âge fort avance. On a de lui un opuscule qui a pour titre: De nominibus Dei, in-8°. Nous ignorons la date et le lieu de l'impression.

* 1640. TAULIER (Jean), peintre, né à Bruxelles, où il apprit chez un bon maître les élémens du dessin : quelques voyages perfectionnèrent les talens dont la nature l'avait favorisé. Il fut appelé à Liége vers l'an 1600; et comme il trouva la situation de cette ville très-agréable, il s'y fixa, en se mariant avec Catherine Damery, sœur de Simon Damery, excellent peintre liégeois, auquel il donna des leçons de son art, et dont il dirigea les études avec succès.

Les maisons religieuses de Liége possédaient un grand nombre d'ouvrages de Taulier. L'ancien réfectoire de St.-Laurent, et plusieurs salles de celui de St.-Jacques, en étaient décorés. Le tableau du maîtreautel de l'église collégiale de St.-Martin, à Liége, est un de ses plus beaux morceaux; il a été très-applaudi dans le temps, et les connaisseurs le voyent encore aujourd'hui avec plaisir.

Jean Taulier, n'était pas sans génie sa touche est franche et grande. Il a suivi de près les traces de Martin de Vos et autres peintres flamands dont il imite assez bien la manière.

Les peintres doivent souvent, pour vivre, exercer plusieurs arts; c'est ce qui arriva à Taulier qui grava sur bois, et qui sculpta et dora, soit pour des autels, soit pour parer les appartemens des gens riches, quantité d'ouvrages d'une délicatesse admirable, en guise de filigrane, qui ont disparu pour faire place à d'autres nouveautés, lesquelles n'ont eu aussi qu'un moment d'existence. Il s'est encore adonné à la gravure en taille-douce; on a de lui, en ce genre, plusieurs petites pièces, entr'autres, une sainte famille, au bas de laquelle on lit: Jean Taulier sculp. et excudit. Leodii, anno 1635.

Ce peintre, qu'un séjour de plus de quarante ans doit faire placer au nombre des artistes liégeois, mourut vers l'an 1640.

1640. DAMERY (Simon), né à Liége vers la fin du 16° siècle, montra dès son enfance d'heureuses dispositions pour la peinture. Jean Taulier fut son premier maître; mais voulant atteindre à une plus grande perfection, il résolut d'aller en Italie pour y étudier les plus beaux modèles dans son art. Sans attendre la fin du terme de son apprentissage, et de crainte que ses parens, à cause de sa trop grande jeunesse, ne s'opposassent à son dessein, il se déroba secrètement de la maison paternelle, et se rendit à pied et presque sans argent à Rome. Dès qu'il fut dans cette ville, il se livra sans relâche à l'étude de son art, et y acquit en peu de temps une telle réputation d'habileté, que recherché et estimé de tous les amateurs de peinture, il eût pu prétendre à une grande fortune, s'il avait voulu se fixer à Rome. L'amour de la patrie l'emportant sur toute autre considération, lui fit reprendre la route de Liége dans le dessein de venir s'y fixer; mais la réputation qu'il s'était acquise, fut cause qu'il ne la revit jamais. Etant passé à Milan où

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