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tions. Redevenu homme public, il resta ce qu'il avait toujours été, bon, modeste, communicatif. Il partagea son temps entre les détails de l'administration et son goût pour l'étude, qui ne l'abandonna qu'avec la vie. Il paya son tribut à l'Académie de Bruxelles, dont il était membre depuis la restauration en 1816, en lui adressant des Recherches sur la découverte du charbon de terre dans la principauté de Liège, insérées au tome second des Nouveaux Mémoires de cette compagnie savante. Il publia aussi, dans le Courrier de la Meuse, du 21 septembre 1825, une Notice sur un beau manuscrit de la vie de St. Hubert, qui a appartenu à Philippele-Bon, duc de Bourgogne. On a tiré à part quelques exemplaires de cette notice curieuse, formant 8 p. in-8°.

On voit, par ce résumé rapide, que la vie de Villenfagne fut laborieusement remplie, et que l'amour de la patrie guida toujours sa plume dans le choix de ses recherches. Il laissa des écrits posthumes, des additions pour ses ouvrages imprimés, et des notes nombreuses fruits de ses immenses lectures.

Il travaillait depuis plus de 30 ans à une Biographie liégeoise, ou éburone (qui est sans doute le Dictionnaire raisonné et critique des Liégeois qui se sont distingués dans les sciences, les belles-lettres et les arts; ouvrage assez considérable et inédit dont il parle à la page 272 du tome 2° de ses Recherches historiques sur la principauté de Liége), destinée à faire connaître les hommes distingués en tous genres que le pays de Liége a produits. Nous formons des vœux pour que tous ses manuscrits soient remis en des mains sûres et intelligentes, qui se chargent d'en tirer le parti le plus honorable pour sa mémoire et le plus utile au public. Un homme de goût pourrait faire un choix précieux dans les nombreuses productions de Villenfagne imprimées et inédites, et rendre à cet auteur le service que le baron de Walef a reçu de lui.

Un abréviateur habile généraliserait ce bienfait en épurant le style du savant antiquaire, en élaguant les répétitions et les digressions trop fréquentes, en coordonnant ces matériaux, en lui donnant enfin cet ensemble, cet operis summa d'Horace, qui est le secret des bons écrivains. Le catalogue des livres composant la bibliothèque de Villenfagne a été publié en 1826. Parmi plusieurs manuscrits précieux, on distinguait un in-8° du Micrologus Guidonis Aretini, du onzième siècle, qui a été acquis à la vente par M. de Chênedollé. M. Al. Rifflart, peintre, a lithographié le portrait de Villenfagne, peu de temps avant sa mort.

Cette notice, dont l'auteur est M. le professeur de Chênedollé, savant estimable de Liége, a été publiée dans le Journal de la province de Liége, n° du 29 janvier et des 1, 2 et 3 février 1826. Elle est insérée également dans la Biographie universelle de MM. Michaud. Voici la liste des productions connues du baron de Villen fagne.

1o OEuvres choisies du baron de Walef. Liége, Lemarié, 1779, in-12.

2o Mélanges de littérature et d'histoire. Liége, Desoer, 1788, in-8°. Cet ouvrage contient : 1o Trois Lettres sur plusieurs poètes français inconnus aux éditeurs des Annales poétiques. 2o Un Essai historique sur la vie de Notger, prince-évêque de Liége. 3o Une Notice sur Jacques de Hemricourt, généalogiste et historien liégeois peu connu. 4o Un Essai historique sur les guerres d'Awans et de Waroux. 5° De l'origine de plusieurs familles nobles du pays de Liége. 6o Des recherches historiques sur Spa. 7° Une Notice sur la vie et les ouvrages du baron de Walef. 8° Discours sur les artistes liégeois, lu à la séance publique de la Société d'Emulation de Liége, le 25 février 1782.

3° Histoire de Spa. Liége, 1803, 2 vol. in-12. 4° Essais critiques sur différens points de l'histoire

civile et littéraire de la ci-devant principauté de Liége. Liége, Latour, 1808,, 2 vol. in-12.

5° Recherches historiques sur l'ordre équestre de la principauté de Liége. Liége, 1792, in-8°.

6° Mélanges historiques et littéraires. Liége, Duvivier, 1810, in-8°. On y trouve, entr'autres choses curieuses: 1° De l'influence des guerres d'Awans et de Waroux sur les troubles qui ont agité le pays de Liége. 2o L'extrait d'un poëme latin sur la prise et le sac de la ville de Liége, par Charles-le-Téméraire, d'Angelus de Curribus. 3° Un article sur le manuscrit inédit de Guillaume de Meeff, dit Champion, contenant la relation de la conjuration des habitans du rivage de la Meuse, sous Erard de la Marck, en 1531.

7° Recherches sur l'histoire de la ci-devant principauté de Liége. Liége, Collardin, 1817, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage, qui a coûté dix années de travail et de recherches à son auteur, est un de ses plus beaux titres à la reconnaissance de ses concitoyens.

1826. RAMOUX (Gilles-Joseph-Evrard), ecclésiastique respectable, né à Liège, le 21 janvier 1750. Doué d'un esprit précoce, il entra fort jeune en 1761, au collége que les Jésuites possédaient à Liége. Il s'y distingua par la rapidité de ses succès et par la bonté de son caractère, et remporta constamment les premiers prix. Après ces études préliminaires, il répondit à sa vocation pour l'état ecclésiastique, en suivant avec le plus grand fruit, les leçons de philosophie et de théologie au séminaire de Liége, où il obtint une bourse au

concours.

Lorsque la société fameuse dans le sein de laquelle M. Ramoux avait puisé sa première instruction eût été supprimée par le Pape Clément XIV, Velbruck, princeévêque de Liége, qui sentait tout le prix de bonnes études, s'empressa d'établir un grand collége, destiné

à remplacer celui qui avait été jusqu'alors dirigé par les Jésuites. Ce prince, juge éclairé du vrai mérite qu'il recherchait avec ardeur, n'hésita pas à confier à M. Ramoux, bien jeune encore, la place de principal et de professeur de rhétorique. Ce dernier justifia, par son zèle et par ses talens, le choix flatteur du princeévêque. Il fit fleurir le collége, les esprits les plus prévenus durent reconnaître que les études n'avaient rien perdu de leur force et de leur éclat, en passant dans des mains étrangères à la congrégation puissante qui, pendant deux siècles, les avaient dirigées dans presque tous les états catholiques. L'habile professeur s'attacha à former des élèves instruits sans pédanterie, religieux sans fanatisme, dévoués également au prince et à la patrie.

Peu de temps après, au commencement de 1779, quelques bons citoyens, qui ne pouvaient rester étrangers au mouvement général de civilisation imprimé alors à toute l'Europe, formèrent le projet de fonder à Liége une Société d'Emulation dans le but de répandre le goût des lettres et des sciences, de populariser les connaissances utiles, de découvrir et d'encourager les jeunes talens. Le prince Velbruck, qui accueillait avec enthousiasme toutes les idées généreuses et patriotiques, applaudit à cette heureuse création, et pour entourer cette institution naissante de considération et de force, il s'en déclara le protecteur. La société fut installée solennellement le 2 juin 1779, et le 18 juillet de la même année, M. Ramoux prononça, dans une séance publique, un discours pour l'inauguration du buste du prince protecteur. Il n'a pas cessé, depuis cette époque, d'être inscrit sur le tableau des membres résidents de cette association utile, et de s'intéresser vivement à ses travaux et à ses succès.

Quelques années plus tard, en 1784, M. Ramoux, qui avait parcouru avec distinction la carrière de l'en

seignement, la quitta, pour accepter la cure de Glons, qui lui fut offerte avec des instances si honorables, qu'il ne put la refuser. Dans ces nouvelles fonctions, il déploya un zèle, une activité et une intelligence peu communes. Il ne se contenta pas de donner les secours spirituels à ses paroissiens: il se montra aussi administrateur habile, et magistrat de paix et de concorde. H tourna d'abord ses regards vers la salubrité publique et l'industrie. Il détermina les paysans à assainir leurs habitations, et il s'occupa à extirper la mendicité. Il propagea, sur les rives du Jaer, les bienfaits de la vaccine, et la défendit contre ses nombreux ennemis. Il ouvrit une nouvelle source de travail et de prospérité, en montrant aux habitans de Glons et des villages voisins les avantages qu'ils pourraient retirer de la fabrication plus soignée des chapeaux de paille. Ceux-ci dociles à la voix de leur pasteur, dont ils appréciaient la sollicitude paternelle, se sont rendus en peu de temps habiles dans la confection de ces tissus élégans, qui rivalisent déjà avec ceux d'Italie.

M. Ramoux parvint aussi, par son influence morale et par la sagesse de ses conseils, à rétablir l'union entre ses paroissiens divisés d'intérêts. Il les détourna de la funeste manie des procès, plus commune encore dans les campagnes que dans les villes grâce à ses soins, il n'exista plus à Glons un seul débat judiciaire, un an après l'arrivée de ce digne apôtre de l'évangile. Orné de toutes les vertus, plein de charité, animé d'un zèle pur, il s'attachait à gagner les coeurs par la douceur et par les bienfaits, et à les ramener par la persuasion. M. le baron Desmousseaux, alors préfet du département de l'Ourthe, l'avait surnommé avec raison le législateur du Jaer. M. Ramoux se contenta toujours de ce titre patriarcal, et n'en ambitionna jamais de plus

relevé.

Malgré les orages de cette terrible révolution, qui

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