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cette lumière est v'nue. Loy.; il m'est v'nu. DJ. iv. 3.
est v'nu fonder. B.; le premier-v'nu. A.; (je suis v'nu. Pont.)
c'est de là qu'est v'nu. Loy.; l'instant v'nu. G., P. ii. 1.

à la maison v'nu. E. d. F., Arn. ii. 6; (l'église est v'nue. Pont.) venue: il m'apprend sa v'nue. E. d. F., Hor. i' 6.

Venise à V'nise. Bl. avez-vous vu le Marchand de V'nise?

je marierai le Grand-Turc avec la république de V'nise. Av. Fr. ii. 6. Vesoul je viens de V'soul.

Remarque. (1.) La remarque de M. Quicherat (p. 15): "Il faut bien prendre garde de supprimer dans la mesure la muette de l'hémistiche, quand elle est suivie d'une consonne," ne peut se rapporter qu'à la syllabe après l'hémistiche. A la syllabe avant la césure, l'e muet n'est pas admis, quand le mot suivant commence par une consonne. M. Quicherat parle donc ici apparemment des mots enclitiques et des mots proclitiques, lesquels se trouvent très-souvent après l'hémistiche. Sur les cent huit vers de la huitième épître par Boileau, ces mots se rencontrent vingt-six fois immédiatement après la césure, i.e. de neuf fois, je deux fois, le deux f., ne six f., que une fois, la syllabe re- trois fois, se une f., te deux f., tandis qu'ils ne se trouvent pas avant la césure, à l'exception de je; mais ce je est placé devant une voy., et ne compte pas dans la mesure: Quelquefois, le dirai-je? un remords légitime. Quand M. Quicherat a trouvé nécessaire de diriger l'attention sur la prononciation de ces syllabes, c'était certainement, parce qu'il savait qn'on en supprime d'ordinaire les e dans la prononciation. Quand on lit ou déclame des vers, la suppression de l'e n'est pas permise; mais on la rencontre si souvent, parce qu'on la pratique ordinairement en prose.

Remarque (2.) M. Lesaint dit (p. 48): "L'e du mot de s'élide devant les quatorze lettres: a, e, i, o, u, x, y, f, h, l, m, n, r, s, après certains mots; on dit, par exemple, avec élision; une quantité d'a, d'e, une série d'u, d'f, une infinité, un grand nombre, beaucoup d'i, d'o, etc. Mais on écrit et l'on prononce sans élision: suivi ou précédé de a, de e, de i, de u, de f, de l, de r, de s, etc."

"Mais l'e de que ne s'élide devant aucune lettre; on dit, par exemple, en algèbre : je dis que a, que x, que y, etc., et non: je dis qu'a, qu'x, qu'y."

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Devant un, nom du chiffre (1), on n'élide jamais l'e des mots le et que: Mettez le 1 avant le 8, et non le 8 avant le un. Il sait à peine que 1 et 2 font 3." Il se demande: "Mais faut-il dire, avec élision: Une suite d'un, une quantité d'un, etc., ou, sans élision: Une suite de un? Il faut dire: du chiffre; l'e s'élide toujours : L'homme et la femme ne font qu'un; lorsqu'un soldat; puisqu'un héros."

N

(B) L'E MUET À LA FIN DES POLYSYLLABES.

Il s'agit ici des terminaisons e, es et ent.

Pour arriver à une idée exacte de la prononciation et du "mutisme" de ces terminaisons, il faut toujours se rendre compte (ce que l'on n'a pas fait conséquemment jusqu'à présent) de la nature des lettres qui les précèdent, et de celles qui les suivent, dans la prose tout aussi bien que dans le vers.

M. Quicherat dit (p. 2): "Toute syllabe compte dans le corps du vers, même l'e muet final,

1. à moins qu'il ne soit suivi immédiatement d'une voyelle ou d'une h non aspirée. Exemples: L'hom-me vient, les hom-mes heureux. Mais l'on scandera: l'homme-a-droit, l'homm-heureux. Dans ce cas l'e muet se perd, ou, suivant l'expression propre, il s'élide;

2. L'e muet compte également à la fin des mots : joi-e, impi-e, jou-e, et lorsqu'il est suivi d'une s, joi-es, impi-es, tu jou-es.

3. Dans les imparfaits et les conditionnels, les trois dernières lettres ent ne comptent pas dans la mesure: voulaient, vou-draient. Il en est de même au pluriel du subjonctif dans les auxiliaires, qu'ils aient, qu'ils soient; ces mots sont monosyllabes.

4. Les mêmes lettres font une syllabe au présent de l'indic. et du subj. dans les verbes suivants, pai-ent, voi-ent, emploi-ent, avou-ent, pri-ent, etc.

(P. 53). (5) Dans un mot terminé par un e muet, précédé d'une voyelle, l'e est élidé. L'hiatus qui en résulte est toutefois admis dans la versification."

M. Dubroca donne un conseil pour apprendre à adoucir cet hiatus. Il dit (p. 35): "L'élision des finales muettes en ée, ie, ue, oue, et oie devant la voyelle du mot suivant est très-difficile à faire. L'hiatus est évité de cette manière. On donne une prosodie exacte à ces voyelles; alors il se fait un prolongemeut de son, qui va se perdre en s'effaçant dans la voyelle suivante, et qui devient en même temps le lien de leur union : armée invincible, rue embarassée." A un autre endroit il dit: Les terminaisons be, ce, che, de, fe, ge, le, me, ne, pe, re, se, te, ve, xe perdent leur e quand le mot suivant commence par une voyelle, et s'unissent avec celle-ci de sorte que les deux n'en forment qu'une dans la prononciation."

M. Littré, (Hist. de la langue fr., tom. ii., p. 36): "La finale ée compte en vieux fr. pour deux syllabes: Ses denrées à qui voulait."

M. Larousse: "L'e est complètement nul après une voyelle." Quand à M. Quicherat, il ne faut pas confondre son expression compter dans le vers avec sonner. Il ne s'occupe que de la construction et non pas de la prononciation des vers.

Pour la prononciation dans la prose, les règles 1, 3, et 5 valent

seulement. Il résulte de ces règles et des autres citations que l'e des terminaisons e, es et ent est parfaitement nul à la fin des mots après et devant une voyelle: il paie au, la joie a, il emploie un, il dévoue à. Il rend plus longues les diphthongues ai, oi, ou.-(En allemand, l'e produit cet effet seulement sur l'i qui le précède : Sieb, die, sie, nie.)—L's et le t'de ces terminaisons se lient avec la voyelle suivante sans que l'on fasse entendre l'e: ces joies ont; ses joues avaient.

Dans les mêmes terminaisons, l'e est nul après une voyelle et devant une consonne, en poésie comme en prose.

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Les règles que je viens de citer se rapportent seulement à l'e muet précédé ou suivi d'une voyelle. Il m'a été impossible de trouver des règles sur la prononciation de l'e muet dans les cas suivants: 1. après une consonne et devant une consonne; 2. après une consonne précédée d'une voyelle nasale et devant une consonne ; 3. après une consonne redoublée et devant une consonne.

Ici encore, je supprime l'e nul et j'écris l'e sensible; du reste, ici, comme ailleurs, je le fais d'ordinaire seulement dans les mots qui servent à l'appui des règles qui les précèdent immédiatement.

1. Après une consonne simple et devant une consonne, l'e est presque toujours nul en poésie, et toujours en prose, excepté devant h consonne.

t'en séparě jamais. Hor. Cam. i. 2; ces perfid's amours. Mith.iii.3. tous accusent leur chef, tous détestent leur choix. Hor. Jul. iii. 2. fait's au moins le reste. And., Cl. ii. 1.

Hécube près d'Ulyss'. And., Pyr. i. 2.

vous êtes sans mentir. Mis., Cél. iv. 3; o douce voix. Z., Lus. ii. 3. à caus' de. A.; ils particip'nt à sa charge. Loy.

la littératur' français'. A.; ces califes tremblants. Z., Oros. i. 2. on trouv' beaucoup. un personnag' violant. L.

un'masse de terre. Bl.; un' foul'd'idées. S.

il ne néglige rien. A.; il cit' parmi. Gt. ; etc.
s'oppose fortement. Mis., Cél. iv. 3.

[Full well she sang the servicë divine. Chaucer.]
[Nor wet her fingers in her sauce deep. Ch.]
[In this voyag' shall tellen talës two. Ch.]

Remarque 1. L'e devient quelquefois sensible après une consonne et devant une consonne diphthongue.

un quatrième groupe. Gt. ; une honteuse flamme. Mith. iii. 3. Remarque 2. L'e de l'adverbe toute, devant un adj. fém., qui commence par une consonne, se fait toujours entendre, ainsi : toute garnie; vous me semblez toute mélancolique. Molière, Bourgeois Gentilhomme.

2. L'e muet se prononce souvent en poésie, mais rarement en prose, après une consonne précédée d'une voyelle nasale et devant

une consonne.

impuissant' lumière. Hor., Sab. iii. 1; à la d'mand' des. Bl.
un'seconde Troie. And., Pyr. i. 2; saintes douceurs. Pol.
ils ne nous trompent pas. Loy. ; ils command'nt le bon. Gt.
la saint' scèn'sera célébrée au service de dimanch'. Bers.
en grand'pompe. A.; de plus puissantes armes. Pol.
que tu tombés au point. H. iv. 5.

Remarque. D'apres M. Dubroca, on prononce et l'on écrit: grand'chère, grand'chose, grand'chambre, grand'mère, grand'messe, grand'garde, grand'peine, grand'peur, grand'pitié, grand'rue, grand'salle, grand'mère, etc., quand ces mots ne sont pas précédés de une. Mais une grande chose, excepté grand'mère, et plutôt une grand'messe qu'une grande messe, une grand'garde qu'une grande garde.

3. Après deux consonnes redoublées et devant une consonne, l'e est presque toujours nul en poésie, et toujours en prose, 1 mouillée exceptée.

cette joie. Cid., Chim. i. 1; à cett'juste loi. Rod., Cl. ii. 3.
et cette juste craint'. Rod., Cl. ii. 2; un'flamm'toute divine. Pol.
cette superbe vill'. Hor., Cur. ii. 1; d'un'tell'femm'.
qui ne soupçonne rien. Et., R. 3; cette table. Loy.
un'couronn'royale; la bass'latinité. M.; P.; Dr.

d'une tell'infamie. Hor., Cur. ii. 5; cett'personn'discrète. L.
je cesse de régner. Rod., Cl. v. 3; le fils embrass' le père.
de cette vieill'haine. Rod., Cl. v. 4.

il te fasse chrétienne. Z., Néres. iii. 4.

ne m'en fasse sortir. And., H. ii. 2; un'assiett'creuse, Méd. cett'famille malheureuse comm'l'on sait. A.

si vous croquez des noisett's pendant' ç'temps. Et., R. 5.

Remarque 1. L'e qui tombe sous les règles 1, 2, et 3 est toujours sensible dans la prononciation des Méridionaux. M. Sabatier, qui est du Midi de la France, a prononcé une bataille, c'est un' ecertitude, d'une r'ligion, une poésie, un monde fantastique, elles se sentent prises, ils tendent un suprêm'effort, la seconde partie, des plantes anciennes, cette lutte formidabl', cette magie, cette génération, cette communion, cette spiritualité, cette nation.

Remarque 2. De ces trois cas,il faut encore excepter l'e qui se trouve entre deux consonnes semblables, lequel est presque toujours sensible. Cependent, cet e, comme tous les e finals qui se prononcent, a plutôt le son d'un à que de eu et ressemble beaucoup à l'e dans les mots allemands: Baume, Liebe.

Rome est sujette d'Albe. Hor., Jul. iii. 6; le v. H. iii. 6.

et songez toutes deux ; vous l'êtes dev'nue. Hor., l. v. H. iii. 5. tu blâmes ma douleur. Hor., Cam. iv. 2.

grâces au ciel. Ph.; rends grâces au dieux. Rod., Cl. iv. 5. un'flamm'toute divine. Pol.

saintes douceurs. Pol.; les douces sympathies. Mis., El. iv. 1. la méthode d'la raison. G.; servile loi. And., H. iv. 5.

Remarque 3. A la fin du vers l'e, qui tombe sous ces trois règles, est sensible seulement quand le vers suivant commence par une consonne, et qu'il n'est pas séparé du vers précédent par un signe de ponctuation.

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qu'un conquérant s'abaisse. Sous la servile loi de garder sa promess'?

Non, non.

And., Herm. iv. 5.
vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têt's?

A qui.

et la princesse !

Immoler Troie aux Grecs, au fils d'Hector la Grèce.

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Mais ici encore, un bon acteur évite de faire entendre l'e muet des deux mots qui se trouvent à la rime.

Mlle. Dudlay prononce souvent au moins l'un de ces deux e. Mlle. S. Bernhardt ne les fait pas sentir. Avec la plupart des acteurs à la Comédie Française, elle prononce, à la rime, très-longue la voyelle qui précède les terminaisons formées, ou par deux cons. redoublées, ou par une cons. et un e muet. Mlle. S. B. a prononcé:

son âm’?

Aux cendres d'un époux doit-elle enfin sa flamm'. And. i. 4.

pour sa défenç'

Que les pleurs de sa mère, et qu'son innocenç'. ibid.

je le souhait',

En quel troubl'mortel son intérêt nous jett',

d'un'illustre fortun'

Ce reste de fierté qui craint d'être importūn'. ib. iii. 6.

C'est par cette manière de prononcer la voyelle de la pénultième, suivie d'un e nul, que les Français, en lisant à haute voix et en récitant des vers, parviennent à tromper l'oreille et à faire croire qu'ils prononcent le nombre de syllabe nécessaire pour la mesure et pour rétablir le rhythme. Cette illusion est d'autant plus parfaite quand on supprime deux e muets dans le même vers, un dans chaque hémistiche, ce qui arrive souvent, comme dans ces vers: Ma constanc'contr'ell'à r'gret s'évertu'. Hor. Cam. ii. 5. Je n'veux point, monsieur, d'un'flamm'importun'. Mis., Or. v. 2.

A cette occasion, je donne la prononciation de quelques autres rimes de l'Andromaque: fiidèl'-nouvell'; funest'-Oreste; m'amèn'? inhumain'; mêm' t'aim'; fill'-famill'; certain'-haine; tendress'Grèç'; plac'; trace; press'-princess'; audaç', plac'; filles-familles pèr'; colère; d'Hélèn'; chaîn'. And. i.

cruel? criminel? la Grèc'-faibless'? asil'-Achill'; hain'; Hélèn'; armes larmes. And. i.

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