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pour l'e muet au milieu des mots empruntés au français, il faut faire exception de cette règle. Cet e se prononce tout aussi bien quand il est sensible en français que quand il y est nul. Souvent il en est de même de l'e muet final nul en français. Je m'explique cela par la circonstance que l'allemand ne connaît pas d'e muet proprement dit, (excepté après la voyelle i). En allemand, on prononce comme à fort bref l'e muet en italique des mots suivants : Artillerie, Amendement, mais: Boulevard (quoiqu'il vienne de Bollwerk), Cavallerie, Compartement, Departement, Garderobe, Infanterie, Languedoc, Madelaine, Menagerie, Portemonnaie, Promenade, Porzellan, Quicherat, Quincaillerie, Rabelais, Souverain; mais: Garonn'. Dans Atelier, Rhone, Seine, e sonne comme é et dans Saint-Denis comme eu.

(D) PLUSIEURS E MUETS DANS LE CORPS DU MOT.

Il peut y avoir plusieurs e muets dans l'intérieur du mot, deux et même trois.

Voici ce que disent à se sujet les différents traités de prononciation que j'ai consultés.

Mme. Dupuis dit (p. 50): "De deux e muets placés au corps du mot à la suite l'un de l'autre, on élide celui dont l'articulation à laquelle il sert d'appui est la plus coulante, comme dans ensevelir écheveler, recevoir, ressemeler, redemander, que l'on prononce: ensev'lir, échev'ler, reç'voir, r'sem'ler, r'demander."

"Deux e muets dans un mot, séparés par une ou plusieurs syllabes sonores, peuvent s'élider tous deux, pourvu que les consonnes, que cette élision rapproche ne soient ni trop rudes ni trop nombreuses, développement, prononcez: dév❜lopp’ment.”

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M. Malvin-Cazal dit : Lorsque dans un mot deux e inaccentués se suivent, mais séparés par une ou plusieurs consonnes, on élide celui dont l'articulation à laquelle il sert d'appui est la plus facile et la plus coulante: chevelu, pr.: chev'lu; entretenir entre-t'nir, recevable = re-s'va-bl', redemander red❜mandé, relever=re-l'vé, ressemer re-s'mé, bonneterie-bonn'te-rie (?), palefrenier=pal'fre-nié, vilebrequin=vil'bre-quin. Lorsque dans un mot deux e inaccentués se trouvent séparés par une ou plusieurs syllabes sonores, on peut les élider tous deux, pourvu que les consonnes que cette élision rapproche ne soient ni trop rudes ni trop nombreuses, et que leur articulation soit assez flexible pour se porter l'une sur l'autre développement dèv'lop'man, recommencement=r'co-man-s'man, secondement s'gon-d'man, mais non pas bedeau, chevron, mousquetade=b'deau, ch'vron, mousqu'tade."

M. Morin (p. 34): "Il ne peut y avoir deux e muets de suite dans notre prononciation; donc, dans le corps des mots qui ont deux e muets, il faut en articuler un, presque toujours le premier, rev'nir, dev'nir."

M. Lesaint (p. 34): "Dans les mots qui ont plusieurs syllabes muettes de suite, comme chevelure, marqueterie, palefrenier, vilebrequin, etc., on obéit toujours aux mêmes lois (d'euphonie) et l'on prononce cheuv'lure, marqueut'rie, pal'freunier, vil'breuquin, en supprimant le second e dans les deux premiers mots, et le premier e dans les deux derniers. On ne peut, en effet, prononcer ch'veulure (?), marq'teurie, paleufr'nier, vileubr'quin qu'en joignant ensemble des articulations antipathiques et en détruisant ainsi l'harmonie des mots." Il veut qu'on prononce: dev'nir, Gen'viève, r'ssem'ler ou ressem'ler, red'mander (p. 35). "Dans le mot papeterie tous les trois e muets sont nuls: pap't'ri."

M. Egli, après avoir parlé de la suppression de l'e muet dans les monosyllabes, et après avoir cité quelques exemples de la suppression de cet e dans le corps des mots, d'après M. Lesaint, rend un arrêt, comme il me paraît, très-injuste de ce que dit M. Lesaint à ce sujet. Il dit (p. 15): "Cela (c'est-à-dire demander que l'on prononce j' veux t' parler, etc., cerv'las, Champ-d-Mars, Săint-D'nis, pap't'ri') veut dire faire des règles de certaines négligences qui pour l'étranger deviennent pernicieuses. Au reste, qui veut se faire une idée de la confusion, qui règne chez les Français quant à cet e muet n'a qu'à lire les vingt pages "étroitement" imprimées que M. Lesaint a dédiées à ce sujet. Tout lecteur arrivera à la conclusion que l'école allemande doit poser comme règle que l' e est nul après une voyelle seulement (vie, nie), qu'à toutes les autres places, même à la fin des mots, et dans les terminaisons verbales (route, maître, donnent) l'e n'est pas tout à fait nul, mais qu'il a a le son eu, lequel, il est vrai, souvent n'est guère sensible."

La faute de M. Lesaint consiste seulement à ne pas donner des règles spéciales pour les Allemands; mais les exemples qu'il cite sont justes, à quelques exceptions près.

Tout étranger qui ne s'occupe pas spécialement de cette question, et même, j'ose dire beaucoup de ceux qui l'étudient, mais qui suivent un mauvais chemin dans leurs études, arrivera à la conclusion de M. Egli.

M. Ploetz dit (p. 33): "Quand deux syllabes se suivent qui contiennent des e non accentués, le premier est d' ordinaire sourd, tandis que le deuxième devient nul, ou se prononce comme e sourd. Ainsi on prononcera recevoir re-s'voir ou re-sse-voir, revenirre-v'nir ou= re-ve-nir, redemander: re-d'mander ou = = re-demander." Mais," ajoute-t-il, "tout dépend ici des combinaisons dans lesquelles se trouvent ces mots dans le discours et de l'intention de la personne qui les prononce."

Je ferai d'abord remarquer que le nombre des mots qui tombent sous cette catégorie est assez restreint.

Il faut distinguer les mots dans lesquels les deux e muets se trouvent dans des syllabes, qui se suivent immédiatement, de ceux dans lesquels ils sont séparés par une autre syllabe.

Dans le dernier cas, la suppression de l'e suit les règles que nous avons données pour les mots avec un e muet à l'intérieur, et pour les polysyllabes enclitiques. Comp. les exemples dans les passages cités.

le r'vêt'ment. Bl.; le r'lèv'ment.

le dév❜lopp'ment; tu vas r'nouv'ler; les juges sont à r'nouv❜ler. se ressouv❜nant de la miséricorde (Loy); souv'rain'té.

Dans le premier cas les deux e muets se trouvent, à trés peu d'exceptions près, aux deux premières syllabes. Dans ce cas, c'est presque toujours le premier e qui se prononce, tandis que le second est nul.

recevez donc. Rod., Cl. ii. 3. (ou reç'vez, en prose.)

mais vous l'recevez. Hor. Fl. ii. 2.

peut l' reç'voir. J. dom. iv. 2; rel'vé. G. Val. ii. 9.

à bien reç'voir. A. iii. 1; se r'lever jamais. G. Ant. iv. 2.

je l' recevrai. Et. R. (e dev. deux consonnes-eu.)

il faut rel❜ver le pantalon. rev'nons à notre histoire. Méd. rev'nons à nos moutons. Méd.

il me faut red'mander. v. devenir (p. 97).

la pierre qui a été rejtée (H.) v. rej'ter, rej'ton (p. 106).

Dans les mots dans lesquels trois e muets se suivent, ces e se trouvent au commencement du mot. Le premier est nul, quand le mot précédent le permet, c'est-à-dire le mot est enclitique, le deuxième e se prononce eu, et le troisième est nul:

Il est r'dev'nu enfant. Bl. j'irai les r'ssem'ler.

la terre est r'dev'nue sombre. Bers.

Je crois avoir prouvé que la question de la prononciation et de la suppression de l' e muet est assez importante pour être étudiée, et quelle est assez difficile à résoudre. Pourtant, je pense avoir montré qu'il existe des règles pour la prononciation de cette lettre, et en même temps qu'on les observe avec une précision remarquable, même dans la conversation. Je conclus donc, en disant que les orthoépistes, qui enseignent que tout e muet final et intermédiaire se prononce d'une manière plus ou moins sensible, ont tort, tout aussi bien que ceux qui le déclarent nul, et que la vérité, ici encore, est dans le juste-milieu. Ce juste-milieu je crois l'avoir trouvé et indiqué suffisamment.

Quant à l'emploi que je désirerais voir faire des règles que je viens de développer, je dirai ceci.

Je suis loin de proposer que l'on enseigne aux commençants la prononciation des enclitiques monosyllabes et polysyllabes et des mots proclitiques, que je viens d'indiquer, et cela pour cette seule raison que ce serait leur rendre beaucoup plus difficile encore l'étude de l'orthographe française, qui est déjà assez compliquée. Mais je pense que les professeurs des classes supérieures des écoles secondaires devraient connaître ces règles, et en communiquer les plus importantes à leurs élèves, moins dans le but de leur enseigner cette prononciation que pour les rendre capables de comprendre mieux les Français. M. Ploetz dit (11): "Un étranger éprouve beaucoup de peine à comprendre les Français au commencement de son séjour en France, parce qu'ils parlent vite et lient les mots, qui se trouvent placés les uns à côté des autres et qui ont un rapport logique entre eux." Je puis ajouter que ce n'est pas seulement la liaison ordinaire (laquelle, du reste, de nos jours s'enseigne dans toutes les bonnes écoles) qui lui cause tant de difficultés, mais que ce sont justement les liaisons nouvelles dont je viens de parler, ou le traitement singulier que l'e muet subit dans les monosyllabes enclitiques et proclitiques, qui lui donne l'idée que les Français parlent plus vite que les Anglais et les Allemands, et qui lui rend si difficile l'habitude de comprendre les Français. Beaucoup de formes, qui ressemblent à des substantifs ou à des adjectifs réels, sont créés par ces liaisons. Dans les expressions: dans ce moment, dans ce monde, dans ce temps, dans ce, se prononce exactement comme danse. Dans je ne suis pas, je ne, se prononce à peu près comme jeune; dans tout ce que, tout ce sonne comme tousse, etc.

:

Plus de difficultés encore présentent à l'étranger les polysyllabes enclitiques. Des expressions, telles que j'ai regardé— j'erre gardé, nous recommençons =nour commençons, tu vas recevoir tu var cevoir, doivent l'embarrasser tellement qu'il ne comprend pas des phrases entières dans lesquelles ces expressions se trouvent.

Pour la prononciation et la suppression de l' e muet à la fin et à l'intérieur des mots, au contraire, je crois, pour qui veut prononcer le français comme les Français, ou, tout au moins, comme les Parisiens le prononcent, qu'il est absolument nécessaire d'observer les règles que j'ai données, et je pense qu'il faut les enseigner dès les premières leçons.

FIN.

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ERRATA.

Bien que j'aie corrigé les épreuves trois et quatre fois-mon imprimeur ne sachant pas un mot de français-de nombreuses erreurs figurent encore dans ce livre. Surtout au commencement du livre, beaucoup de signes de ponctuation ont été ou mal placés, ou oubliés. Dans quatorze cas, la séparation des syllabes est des plus malheureuses.

au lieu de qne, l'muet,

"

on,

pour lui-même ne la suive,

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au lieu de poésie, Paillase,

vondroy',

ou.

même ne la suive pas.

lisez chanson, Paillasse. voudroy'. conversation.

"

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anglais.

Aristote, Isara, Oise.

conservation,

Aristotle, isara, oise,

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22

29 et 33

raide, domenica,

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rapide, dominica.

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Aprilis.

23

28 et 43

mëolle, canalis,

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moelle, comike.

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au lieu de trysyllabiques, long, lisez trisyllabiques, longue.

pouvez.
sûre.

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"

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