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Mais, mon petit monsieur, prenez-le un peu moins haut. Mol. Ou bien faites-le entrer. Qu'est-ce donc s'il vous plaît. id. Condamnez-le à l'amende, ou, s'il le casse, au fouet. Rac., Plaid. Du titre de clément rendez-le ambitieux: La Font. Laissez-moi lui couper le nez . . . laissez-le aller. Regnard. D'après l'abbé d'Olivet Racine a corrigé le vers:

Accordez-le à mes vœux, accordez-le à mes crimes, en:

Ne le refusez pas à mes vœux, à mes crimes."

Girault Duvidier, Grammaire des Grammaires, cite, p. 10, Dumarsais: "Il faut prononcer l'e de le placé après l'impératif d'un verbe." MM. D'Olivet, Dubroca, et Boniface sont les seuls qui aient abordé cette difficulté. D'après M. Dubroca il faut prononcer:

Avouez-ľ, madame,

L'amour n'est point un feu qu'on renferme en une âme. And. ii. 2. Du Troyen ou de moi faites-le décider (Méme pièce, même acte).

M. Boniface pense qu'il est choquant d'entendre prononcer : voile, mèle, parle, gardel, voyelle, etc. les expressions: vois-le, mets-le, perds-le, gardez-le, voyez-le, et il dit: "ainsi on le fait assez généralement au Théâtre Français." Cependant, comme il y a des vers où, pour la mesure il faut absolument élider l'e, tels que ceux-ci: Rendez-le à mon amour. Volt. Mérope ii. 3.

Retournez vers le peuple, instruisez-le en mon nom. Mah. 11. 3.
Le terrain qu'a perdu cette côte appauvrie

Reprenez-le aux vallons, etc. Delille, l'homme des champs, chant ii.,

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il est d'avis que dans ce cas seulement l'élision doit se faire; dans tout autre cas, dans la prose surtout, et même en vers, si la mesure ne l'exige pas, il ne croit pas que l'élision puisse se supporter. P. 13, l'éditeur de la quatorzième édition, M. A. Lemarrais, dit: "Un seul mot nous semble devoir trancher la question. En prononçant: avouez-l'madame, on rend évidemment le vers faux, c'est donc une faute de prosodie, comme si l'on disait l'père, l'fils." M. Lemarrais, lui aussi traite nos liaisons comme des fautes de prosodie. C'est un préjugé généralement répandu, comme nous avous déjà plusieurs fois eu l'occasion de le dire.

M. Maigne, p. 135, dit: "Il faut prononcer voyez-le, faites-le." Larousse, Dictionnaire: "Il faut prononcer: prenez-le avec vous, et non pas: prenez-l'avec."

M. Littré, Dict.: "L'e se fait sentir dans le pronom le, surtout lorsqu'il termine une phrase; prenez-le, dites: prenez-leu. Mais en poésie l'e du pronom le s'élide entièrement, lorsque la lettre qui suit le est une voyelle; forcez-le à vous défendre ou fuyez avec lui, dites: for-sé l'à vous défendre."

M. Morin, p. 35: "Beaucoup de grammairiens, de savants, ont écrit qu'il ne fallait point faire entendre l'e muet quand l'impératif était masculin. Par exemple, dans permettez-le-moi, voyez-le, enseignez-le-lui, ils exigent la suppression de l'e muet, et font dire: promettez-l' moi, voyez-l,'enseignez-l'lui. C'est une erreur, une grande erreur. En bonne prosodie, il faut prononcer: promettez-le-moi, voyez-le, enseignez-le-lui, et appuyer sur l'e muet comme dans les impératifs féminins (qui se terminent par une syllabe qui contient un e nul): dites-le-lui, faites-le bien. Nous n'avons d'exception à cette règle, maintenant générale, que dans quelques vers de nos anciens poètes, où la nécessité d'éviter un hiatus et de conserver l'harmonie du vers nous force à élider l'e muet. Exemples (les mêmes que M. Boniface), et :

Forcez-le à vous défendre, ou fuyez avec lui. Crébillon.

Condamnez-le à l'amende, ou, s'il le casse, au fouet. Racine. Il faut prononcer: Rendez-l'à mon amour, instruisez-l'en mon nom, reprenez-l'aux vallons, forcez-l'à vous défendre, condamnezl'à l'amende. Mais même dans ces vers, il vaudrait mieux pour l'oreille, faire une faute de versification en prononçant l'e."

M. Lesaint, pp. 44 et 45 cite ce passage et le passage de Malvin-Cazal, et ajoute: "L'usage actuel donne entièrement raison à M. Morin, personne aujourd'hui ne s'aviserait de prononcer: promettez-l'moi, rendez-l'moi, etc.; tout le monde fait sentir l'e et dit: promettez-le-moi, etc." Néanmoins j'ai entendu prononcer quelquefois, et à des gens instruits: promettez-l'moi, rendez-l'moi.”

Metzner, dit, p. 10, 2: "Le pronom le, qui s'appuie sur donne, sonne plus fort que celui qui suit permettez, ou une syllabe masculine."

Dans le vers j'ai observé seulement un exemple de l'élision de l'e: va l'voir de ma part. Rod., Ant. i. 2.

faites-le décider. And., Herm. ii. 2.

Avouez-le, madame. And. ii. 2 (et non pas: avouez-l':)

Mais dans tous les autres cas, et l'impératif se trouve fréquemment dans le langage, souvent si animé, de la tragédie, le pronom le après l'impératif se prononce: leu. On ne le trouvera que très-rarement devant une voyelle. Dans la comédie j'ai remarqué cet exemple:

laissez-l'faire. Av. Commissionnaire, v. 2.

L'article le, au contraire, se trouve assez souvent élidé après un impératif.

Aimez l'Dieu qui. Couve. ; écoutez l'mémoire. Av., la Fl. ii. 1. gardez l'silence. K.; rapportez l'cahier. K.

Les marchands de programmes et de journaux dans les théâtres, invitent à acheter leurs journaux en s'écriant cent fois pendant les entr'actes: "demandez-l'programme." Il va de soi que

je cite cet exemple comme curiosité, et non pas comme autorité pour la prononciation.

En conversation l'impératif ne s'emploie que très-rarement. On se sert plutôt du futur ou de la forme interrogative avec le conditionnel.

D'après notre règle générale,l'e du pronom le ne peut pas être enclitique quand il est placé après un impératif, qui se termine par e ou es. Quand il se trouve après une syllabe accentuée, on peut l'élider, au moins au milieu de la phrase, tandis qu'à la fin de la phrase la prononciation leu est de rigueur. Saluez-le d'ma part. Méd.

Je résume les cas dans lesquels le (l'article et le pronom), n'est pas enclitique:

Le n'est pas enclitique: 1. Quand le mot précédent se termine par e nul, par es, ou que la IIIme pers. pl. d'un verbe, qui se termine en ent, le précède.

je vous prête le bonjour. Av., Fr. ii. 5.

et de moi faites-le décider. And., H. ii. 2.

il faut lire, le crayon à la main. Méd.

dites-le à mon frére. qui lui révèle le mystère. Loy.
comme le peuple juif. Loy. ; si vous n'le savez pas. Loy.
contre lequel il faut réagir. G.; mettre le sujet après l'verbe. K.
Il est comme le loup blanc. Méd.

Je suis comme le poisson dans l'eau. Méd.

nous sommes le combien ? Méd.

2. Quand le mot précédent se termine par une consonne autre que n, nd, nt: envoyé par le télégraphe; vers le soir.

3. D'ordinaire après un mot de plus de deux syllabes: ce n'est pas seulement le droit. Bers.

4. Au commencement de la phrase et après un signe de ponctuation. Le savez-vous déjà ? Le respecte n'existe plus. Couve.

5. Quand le mot précédent se termine par l, et que le mot suivant commence par 1: lui seul le savait, c'est le loup,-il le lui porte. Méd.

6. Quand la syllabe initiale du mot suivant contient un e nul. et ne le r'butez pas. T., Mme. Pern. i. 1.

faut-il vous le r'battre aux oreilles. T., Org. v. 3.

cela fatigue le r'gard. Bl.; Méd.; mes yeux le r'trouvaient. Ph., Ph. a troublé le r'pos. Hor., Cur.ii. 2. ; mais je le r'tiendrais. C., Aug. le r'gardant en face. DJ., Sg. i. 2; le r'pentir m'a pris. DJ. i. 3; je le r'gardais. M.; Méd.; on le r'tardait. A.

qui marche sur le ch'min. C.; tenez le ch'val, et: tenez l'cheval. on nous le r'présente. P.; vois-tu le s'meur? secouez le ç'risiér. montrez-moi le m'nu; de la m'surer; on n'a pas pu le r'trouver. j'aime le v'lours; c'était le s'crétaire.

G

LE PRON. ME.

Ce pronom n'est jamais proclitique.

Il est enclitique après les pronoms personnels je, tu, vous quelquefois après il et ils: après ne, à, de, qui, que; généralement après les verbes, adverbes, pronoms, substantifs et prépositions terminés par une voy. sensible ou une cons. muette; rarement, quand le mot précédent se termine par une voy. nasale; jamais quand le mot précédent se termine par une cons. sensible, ou par un e nul, et que le mot suivant contienne un e nul à la première syllabe.

I'm se prononce très-fort.

m'après je, voyez, p. 53 et 43, règle 2, b, aa.

après tu tu m'trouves bien. Av. ii. 6.

je veux que tu m'dise. Av., Val. v.2; peux tu m'donner. Av. v. 3. tu m'dis; tu m'fais mal.

m'après il et ils. M. Ploetz fait remarquer qu'on entend souvent prononcer s'il vous plaît comme: s'i vous plaît. En effet, quand un Parisien parle vite on n'entend guère cette 1, qui du reste est souvent presque nul devant les verbes qui commencent par une des cons. d, l, m, n, p, r, s, v. Cette suppression de l'l est regardée comme une faute de prononciation, mais on la rencontre assez souvent dans la conversation des gens instruits.

i(1) m'semble. Av., Mr. Jacq. iii. 5; (Pont.); i(l) me lance. il m'fait mal; i(1)s m'disent-i(1) me faudra. Méd.

Quand l'l se prononce, me ne peut pas être enclitique. m'après vous:

VERS:

si vous m'la voyez. Mis., Al. i. 1; vous m'trompez. id. iv. 2. comme vous m'donnez. Pol., Néar.

que vous m'ferez aise E. d. F., Agnès ii., 6.

PROSE:

Comédie: quand vous m'parlez avec cette voix. Et., R. 9.
il me paraît superflu que vous m'consultez. G., G. iii. 2.
vous m'trouvez en belle humeur. G., G. iii. 2.
dont vous m'faites un galimatias. Av., Val. v. 3.
Cours: vous m'prendrez. A.; vous m'direz. L.

vous m'permettez. Gt.

El.d.l.ch.: que vous m'permettez. Loy.; et vous m'denandez. Bers. vous m'reprocherez. H.

Conv., toujours: vous m'ferez plaisir; vous m'pardonnerez. Méd. il f'ra chaud quand vous m'verrez. Méd.

je serais très-aise si vous m'pourrez donner votre parole. Méd. m'rarement après on: on m'laisse tout croire. Mis., Al. iv. 3. que l'on m'fait. Mis., Al. v. 1. (dans: on m', o sonne comme dans le mot anglais "roam.")

m'après la négation ne :

VERS: ne m'fais plus rougir. Hor. iv. 5.
ne m'bannissez point. Cid., Rod. v. 7.
PROSE: et ne m'dois-tu pas respect. Av. iv. 5.
ne m'refusez pas. DJ., DC. iv. 9.

rien ne m'peut changer. Av., Cl. iv. 5.
vous ne m'consultez pas. G., G. iii. 2.

je ne m'sens pas. DJ., Sg. (et: je n'me sens pas.)

Voy., p. 43, 2, c. je ne m'souviens pas. DJ. (et je n'me souviens pas.

mais je n'me sens pas est à préférer; je n'me dédirai point; tu n'me trompes pas; si j'me disais.

me après qui et que: qui m'prie de toi. Rod., Ant. v. 4.

qui m'chérit. Mith. iii. 5; qui m'charge. Her. i. 4.

qui m'dites ce matin. Mer., Jul. i. 10; en ç'qui m'concerne. Av. qui m'semble. A.; qui m'cherche. K.; Méd.

que m'voulez-vous? que m'faites-vous attendre ?

m'après les prépositions:

après à à m'fortifier. Pol., Néar.; tout sert à m'désespérer. Z. v.3. je suis homme à m'voler moi-même. Av. v. 3.

après en, rarement: en m'privant de tout. G., Poir, iii. 3. m'apres de: de m'plaire. Mis., Al. 1.

de m'voir de si grands enfants. Av. iii. 11.

de m'faire épouser. Av., Ans. v. 5; de m'dépouiller. DJ. v. 2. m'aprés sans: sans m'faire payer. And. i. 4; il partit sans m'dire adieu.

m'après pas: Que vont-il dire de n'pas m'voir à dîner. Méd. m'après aussi peut aussi m'donner. C., Em.

m'après cela cela m'fend l'cœur. Av., Mr. Jacq. iii. 5.

qu'est ç'que ç'la m'fait. Et., R.

cela m'semble. A.; cela m'va; cela m'plaît.

m'après et et m'flattais-j'trop. Hor., Cam. iv. 4. et m'plaindre un moment. And., H. v. 1.

et m'voici. Chez l'Avocat ; et m'faire comprendre, K. m'après un verbe :

L'ingrate mieux que vous saura m'déchirer. And., Or. v. 5. il ne peut m'déplaire. Hor., Cam. i. 2.

est-ç'que vous pouvez m'dire? K.

m'après un subst.: c'est que Verd'let m'disait. G., Poir. iii. 2. Dieu m'préserve. Méd..

Me n'est pas enclitique: 1. quand le mot précédent finit par un e nul, ou par une cons. sensible, autre que n; 2. quand le mot suivant contient un e nul, à la première syllabe, et d'ordinaire qu'il commence par m, comp. p. 54.

1. après un e nul: vous n'me dites pas; si j'me proposais. Loy.

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