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feront remarquer consistera en ce que l'ordre chronologique ne sera point interverti, mais sera regulièrement observé dans la suite des pièces de chaque volume. C'est un moyen d'y faciliter les recherches, et conséquemment d'en rendre l'usage plus utile.

Je suivrai aussi pour règle de publier, dans le même volume, tous les documens relatifs à un événement ou à une époque quelconque, que j'aurai recueillis, de manière à offrir, sur cet événement ou cette époque, l'ensemble le plus complet possible de renseignemens et de faits.

Chaque volume contiendra, indépendamment des pièces inédites qui sont le principal objet de cette publication, des notices ou des mémoires. Les notices seront consacrées à faire connaître des dépôts de titres qui peuvent être fouillés avec fruit pour l'histoire nationale. Des événemens qui n'auraient pas été décrits par les historiens, ou qui l'auraient été avec inexactitude, des questions d'organisation politique, d'administration générale, de droit public, etc., seront le sujet des mémoires. C'est ainsi qu'on trouvera, dans ce premier volume, des notices sur les archives des villes de Tournai et de Bruges, et un mémoire sur le régime provincial de la Belgique avant 1794. Je me propose de donner, plus tard, entre autres, un précis historique des assemblées des états généraux qui eurent lieu dans les 15, 16e et 17e siècles, un mémoire sur les inaugurations des souverains des PaysBas, etc.

Quelques-uns des critiques qui voulurent bien rendre compte des Analectes, exprimèrent le vœu que les notes

ayant pour objet soit d'expliquer l'intérêt des pièces inédites, soit d'en éclaircir les passages ou les mots obscurs, soit de signaler les erreurs que les historiens auraient pu commettre dans le récit des faits qui y sont rapportés, fussent plus étendues. Les recherches qu'un semblable travail exige doivent ajouter beaucoup à la tâche qui m'est imposée; mais je m'empresse à en reconnaitre l'utilité, et je m'y livrerai avec zèle.

Un défaut qui dépare la plupart des collections imprimées de documens historiques, c'est l'incorrection et l'inexactitude du texte : ce défaut se fait surtout remarquer dans le recueil de Miræus, qui jouit pourtant d'une si grande estime, et ce n'est pas à ce savant qu'il est imputable; il provient sans doute des copies infidèles ou faites avec négligence qu'on lui aura délivrées. Je donnerai tous mes soins à prévenir qu'on ne puisse le reprocher à la publication que j'entreprends : les pièces qui y seront insérées auront toujours été, quand il y aura eu possibilité de le faire, copiées sur les originaux mêmes, et collationnées par moi. Je reverrai les épreuves avec une attention scrupuleuse.

Ainsi que je l'ai fait dans les Analectes (1), je conserverai religieusement l'orthographe originale des pièces, me bornant à y mettre la ponctuation et l'accentuation nécessaires pour les rendre intelligibles. Ce serait cnlever

(1) Il y aura toutefois la légère différence que je vais indiquer. On sait que, pendant plusieurs siècles, l'u fut employé pour le v. Dans les Analectes, je m'étais servi de l'u toutes les fois que l'original le portait mais j'ai remarqué que souvent il en résultait une confusion qui rendait certains mots difficiles à comprendre pour beaucoup de lecteurs. Je me suis donc décidé à employer partout le v.

à nos vieux documens une partie de leur authenticité que d'en altérer l'orthographe; autant vaudrait en changer le style.

Il me reste, avant de terminer, à présenter une observation. Il pourra arriver que quelquefois je donne, comme inédites, des pièces qui auraient été imprimées ailleurs, sans que je le susse. Je n'hésite point à déclarer, à cet égard, que je n'ai pas la prétention de connaître tous les ouvrages qui ont été livrés au public, chez nous et dans d'autres pays; seulement je ne négligerai aucuns soins pour éviter ce double emploi, et je crois pouvoir garantir qu'on n'aura que rarement à le signaler. Il arrivera aussi que je publie sciemment des pièces déjà mises en lumière, mais qui l'auraient été avec des lacunes, ou des interpolations, ou des fautes nombreuses. Sur ce dernier point, mon opinion est que des pièces ainsi défigurées ou tronquées doivent, plus que d'autres encore, être imprimées d'après des textes authentiques. Je ne manquerai donc jamais de les reproduire, lorsque l'importance du document me paraîtra le mériter.

MÉMOIRES ET NOTICES.

NOTICE

SUR LES ARCHIVES DE LA VILLE DE TOURNAI.

QUEL pays a souffert, plus que le nôtre, des calamités des guerres et des vicissitudes politiques? Parmi nos villes si nombreuses, combien pourrait-on en citer qui, à quelque époque de l'histoire, n'aient été saccagées ou détruites? La position centrale de la Belgique, la richesse de son sol, l'industrie de ses populations, en ont fait, dans tous les temps, une terre de convoitise: aussi apparaît-elle, au moyen âge, en proie tour à tour aux Romains, aux Francs, aux peuplades du nord; et, plus tard, c'est presque toujours dans ses plaines fertiles, que l'on voit les nations de l'Europe occidentale se donner rendez-vous pour vider leurs différends.

Ces réflexions se présentent naturellement à l'esprit, lorsque l'on parcourt la plupart de nos dépôts de titres, où tant de lacunes attestent les ravages des révolutions et des guerres; elles durent me frapper surtout la première fois que j'examinai les archives de Tournai. Le

plus ancien diplôme qui s'y soit conservé est la charte de commune de 1211; et pourtant, sans s'arrêter à l'origine fabuleuse que des historiens ont prêtée à cette ville (1), des monumens certains attestent son existence dès le 2e siècle; d'autres monumens, d'une autorité non moins imposante, nous la montrent, dans le 5o, devenant le berceau de la monarchie française.

Les événemens dont Tournai fut le théâtre expliquent la perte de ses plus vieux titres de gloire. Détruite de fond en comble par les Normands, elle se relevait à peine de ses ruines, lorsque, en 1054, elle fut saccagée par les troupes de l'empereur Henri III. En 1213, elle le fut de nouveau par Fernand de Portugal, comte de Flandre, qui la livra aux flammes. Après tous ces désastres, peuton être étonné que ses archives antérieures à 1211 aient péri? Ne faut-il pas l'être plutôt que la charte de cette année, ce titre si précieux pour les Tournaisiens, soit parvenu jusqu'à nous?

A la vérité, les archives que l'évêché, le chapitre cathédral et l'abbaye de Saint-Martin dans la même ville, avaient conservées, remontaient à une époque bien plus ancienne. Celles de l'abbaye de St-Martin (2) étaient complètes depuis la fin du 11° siècle; le chartrier de l'évêché

(1) Un des historiens de Tournai, Poutrain, réfute sérieusement l'opinion des auteurs qui ont fait de cette ville une seconde Rome, et lui ont donné pour fondateur, les uns Tarquin, les autres Tullus Hostilius, d'autres enfin Servius : « Ce n'est pas (dit-il) que cette ville ne puisse être aussi ancienne « que ces auteurs nous la donnent; peut-être l'est-elle même plus : mais elle « ne peut avoir tiré son origine de ces premiers rois de Rome, qui non-seule<«<ment ne sortirent jamais d'Italie, mais qui eurent bien de la peine à s'y faire « un petit état naissant. » (Histoire de la ville et cité de Tournai, sans nom d'auteur. La Haye, chez Moetjens, 1750.)

(2) Le chartrier de l'abbaye de St-Martin fut exporté en Allemagne en 1794; il n'y a que quelques années que le gouvernement l'en a fait revenir. Il est aujourd'hui au dépôt des archives du royaume.

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