Imágenes de páginas
PDF
EPUB

quantes puissances eussent esté prestes de donner empeschement à ce que est advenu, et quans suffraiges (a) eussent esté envoyés devant Dieu, qui eust peu destruire ceste mort? Toutesfoys, nostre tres redoubté seigneur, il fault que le plaisir de Nostre Seigneur s'acomplisse en ses creatures, et fault prendre en gré et faire son prouffit de ce qui luy plaist. Morir est chose necessaire, et est la mort aux bons fin de tous maulx et entree de tous biens; mais sy n'est ce pas (b) que vostre perte et la nostre se puisse passer sans aulcun condoloir (c) : neantmoins, nostre tres redoubté seigneur, quant nous considerons qu'il ne nous a pas laissié orphenins (d), et que vous, son seul filz, nous estes demouré pour tenir son lieu, ce nous est bien cause et matiere de merchier Dieu et prendre reconfort.

Nostre tres redoubté seigneur, s'il ne feust qu'il vous a pleu vous mescontenter de nous, que de piecha (e) nous a esté matiere de grant tristiesse et doleur, nous nous feussions tiré vers vous, pour nous mettre es devoirs de la feaulté en quoy nous vous sommes tenus, et aussy pour vous acertener du desir que nous avons de recouvrer vostre grace, et vous faire le service tel que subgetz doivent à leur droicturier prince et seigneur. Nostre tres redoubté seigneur, nous vous supplions qu'il vous plaise à ce nous recevoir, et nous tenir pour vos subgetz loyaulx et serviteurs tres humbles, et que, pour faire nostre acquit, il vous plaise que nous puissions aller vers vous, et nous signiffier qu'il (ƒ) vous plaira que nous fa

(a) Suffrages, prières.

(b) Sy n'est ce pas, peut se rendre par Cela ne fait pas.

(c) Condoloir, affliction.

(d) Orphenins, pour orphelins.
(e) De piecha, depuis long-temps.
(f) Qu'il, pour ce qu'il.

chons avecq voz tres haux et tres nobles plaisirs, pour en ceste partie et aultres y donner obeissance de noz povoirs (a), comme raison est, et tenuz y sommes, à l'ayde de Nostre Seigneur, qui vous doint, nostre tres redoubté seigneur, l'entier accomplissement de voz tres haulx et tres nobles desirs. Escript à Chestel en

Porchien le xxiije jour de juing.

Voz tres humbles et tres obeissans subgetz et serviteurs,

A. DE CROY.

J. DE CROY.

A nostre tres redoubté seigneur monseigneur le duc.

V.

Mandement du duc Charles au bailli d'Ypres, lui ordonnant de faire armer, dans les limites de son office, tous ceux de ses vassaux qui sont accoutumés de fréquenter les guerres, afin de le servir contre les Liégeois: 27 juillet 1467.

Charles, par la grace de Dieu, duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant, de Lembourg et de Luxembourg, comte de Flandres, d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du saint empire, seigneur de Frise, de Salins et de

(a) De nos provoirs, selon notre pouvoir.

[ocr errors]

1

ra Malines, à nostre bailli d'Ypre ou à son lieutenant, salut. Pour ce qu'il est venu à nostre cognoissance que aucuns de la cyté et pais de Liege se sont avancez d'entrer en nostre pays de Namur, ouquel ils ont prins maisons, forts, et tué gens, et que fame (a) et commune renommee est que l'en (b) veult entrer en nostre pays de Luxembourg, pour assegier nostre ville de Marche en Famenne, et par ce moyen adommagier nous, nosdits pais et subgetz, à quoy desirons pourveoir et remedier, nous voulons, vous mandons, commandons et expressement enjoingnons que, incontinent cestes veues, et à toutte dilligence, vous faittes de nouvel et derechief crier et publier, de par nous, es termes (c) de vostre office, es lieux accoustumez de faire cris et publications, que tous noz feaulx vassaulx, subgetz et aultres qui ont accoustumé eulx armer, suyr (d) et frequenter les guerres et armees, se disposent et tiennent prestz, montez et habillez (e) au mieulx et le plus dilligaument (f) que possible leur sera, pour eulx mettre aux champs, et nous venir servir en armes prestement (g) que leur manderons et ferons savoir, sans y faillir, sur tant qu'ilz doubtent mesprendre envers nous (h) et encourir nostre indignacion; et de vostre part, faictes en ce tel devoir que puissons scavoir au vray le nombre des gens de guerre que pourrons avoir en point (i) es termes de vostredit offiche, et nous cer

(a) Fame, renommée. C'est une redondance.

(b) L'en, pour l'on.

(c) Es termes, dans les limites.

(d) Suyr, pour suivre.

(e) Habilliez est employé ici pour équipés.

(f) Dilligaument, pour diligemment.

(g) Prestement, aussitôt que.

(h) Sur tant qu'ils doubtent mesprendre envers nous, pour autant qu'ils craignent de nous offenser.

(1) En point, en état.

tiffiez à toute dilligence de ce que

que fait y aurez. Donné en nostre ville de Bruxelles le xxvije jour de juillet l'an de grace mil iiije. lxvij. Ainsy signé : Par monseur le duc, J. DE MOLESMES.

VI.

Lettre du duc aux magistrats d'Ypres, afin qu'ils lui envoient, pour la méme cause, cent fantassins armés de piques: 17 septembre 1467.

DE PAR LE DUC DE BOURGOINGNE, DE BRABANT, de Lembourg, de Luxembourg, Comte de FLANDRES, D'ARTOIS, DE BOURGOINGNE, DE HAYNNAU,

DE HOLLANDE, DE ZEELLANDE ET DE NAMUR.

Tres chiers et bien amés, pour ce que sommes acertenez que ceulx de la cité et des pays de Liege et de Loz sont en grant nombre pres de la ville de Huy, en intencion de jour en jour assaillir ladite ville et reverend pere en Dieu nostre tres chier et tres amé cousin l'evesque de Liege, qui est dedens, et que lesdits de Liege ont bouté feuz en nous pays, et s'efforcent de faire du pis qu'ilz pevent, à quoy, au plaisir de Dieu et l'ayde de nous feaulx vassaulx et subgetz, nous avons volenté et intencion de resister à toute dilligence, et qu'il nous est besoing d'avoir grant nombre de gens de pié et picquenai

rez (a) avec les aultres gens de guerre que nous aurons, nous escripvons pardevers vous, et vous prions et requerons tres acertes que, incontinent et sans delay, vous mettez sus (b) jusques à cent desdits gens de pié et picquenairez les plus fors, expers et en point, que faire se pourra, et que les veuillez payer pour ung mois, du jour qu'ilz partiront de devers vous, lesquelz voulons, en toute haste et sans targier (c), estre par vous bailly conduits et amenez devers nous, ou cellui qui aura charge de par nous, à l'entour de nostre ville de Judoingne (d), et en faictes telle diligence qu'ilz y soient le viije jour d'octobre prochain, et plus tost se faire se peult, car nous avons ceste matiere tres à cuer. Tres chiers et bien amés, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Bruxelles le xvije jour de septembre annno lxvij.

HAUTAIN.

CHARLES.

A nostre bailly d'Ypre et à noz advoé, eschevins et conseil de nostredite ville.

(a) Picquenairez, soldats armés de piques.

(b) Vous mettez sus, vous leviez.

(c) Targier, tarder, différer.

(d) Judoingne, Jodoigne, dans le Brabant wallon.

« AnteriorContinuar »