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les lieux et plaches de vos offices où l'en a accostumé de faire cris et publicacions, que nulz de nosdits feaulx vassaulx et subgetz, tenus et qui ont accoustumé de servir et frequenter les armes, ne soient si hardis de partir de nosdits pays et seignouries, pour aller ou service de qui que ce soit, sans nostre sceu, congié et licence expresse, sur peine, au regart de nosdits feaulx et vassaulx, de fourfaire (a) les fiefz et arriere fiefz tenus de nous, et les autres non tenans fiefz, sur peine de ban (6) de nosdits pays et seignouries. Et, ou cas que, apres la publicacion de cestes, aulcuns feront le contraire es meites de vosdits offices, nous voulons que presentement vous procedés à l'encontre d'eulx et à la declaracion desdites paines, par la maniere dite, sans delay, port ou dissimulacion quelconque, et sans y faillir, sur paine de privacion de vostre office, et d'en recevoir pugnicion telle que au cas appertendroit, oultre et pardessus ladite privacion. Et nous certiffiez dilligemment, et à la verité, de ce que fait en aurez. Donné en nostre ville de Tret le xxe jour de decembre l'an de grace mil iiijc. lxvij.

Ainsy signé : Par monseigneur le duc :

(a) Fourfaire, encourir la confiscation de. (b) Ban, bannissement.

J. GROS.

XXVI.

Lettre des députés des quatre membres de Flandre au duc, par laquelle ils lui demandent de fixer jour et lieu pour recevoir leur réponse à la proposition qu'il leur avait faite à Termonde : 20 février 1468.

Nostre tres redoubté seigneur et prince, nous nous recommandons à vostre tres haulte noblesse et tres benigne grace tant et sy tres humblement comme plus povons; et vous plaise savoir, nostre tres redoubté seigneur et prince, que, sur la requeste et remonstrance par vous nagaires faicte en vostre ville de Tenremonde aux deputez des quatre membres de vostre pays de Flandres pour ce demandez pardevers vous, touchant la subvencion par vous requise sur vostre commun pays de Flandres, les deputez desdits quatre membres lors estans devers vous ont fait bon et loyal rapport à leurs maistres les loix et communaultez d'iceux quatre membres, et, après pluiseurs journees que lesdits quatre membres ont tenues par leurs deputez et communaultez en notable nombre, ont finablement, en ceste vostre ville de Bruges, sur vosdites requeste et remonstrance, prins conclusion et sommes concordez ensamble et prestz de vous faire amiable et concordable responce. Ce que vous, nostre tres redoubté seigneur et prince, signifions par ces presentes, en vous suppliant, en toute humilité, qu'il vous plaise, de vostre tres benigne grace, à nous, par cestuy

messaiger que pour ce envoyons pardevers vous tres noble personne, assigner jour et lieu quelque part qu'il vous plaira, pour envoyer devers vous les deputez desdits quatre membres, pour donner responce par nous conceue. Et, se l'oportunité de vous tres nobles affaires le peust souffrir, nous vous supplions que nostredite responce puist estre donnee en aulcun lieu, à vostre tres noble plaisir, de vostre pays de Flandres, pour, par ce, les subgez de vostredit pays resjoyr par vostre presence, laquelle ilz desirent sur toutes choses mondaines, en priant au benoit filz de Dieu que vostre tres noble personne il ayt en sa tres sainte garde, et doint prosperité en vous tres nobles affaires. Escript, soubz le seel de nous de Bruges pour nous tous, le xxe jour de fevrier.

XXVII.

Réponse du duc à la lettre précédente : 26 février 1468.

De par le duc de Bourgoingne, etc.

Tres chiers et bien amez, nous avons receu vos lettres, par lesquelles nous escripvez comment, sur la requeste que vous feismes darrainement en nostre ville de Tenremonde, affin de nous accorder et consentir. sur nostre commun pays de Flandres ung aide et subvencion telle que lors vous fut declaré, vous, apres pluiseurs journees sur ce tenues, estes finablement convenus et accordez en une responce sur ce, laquelle estes prestz

de nous faire à telz jour et lieu qu'il nous plaira. Sur quoy est nostre plaisir et voulons et vous mandons que, pour nous faire ladite responce, vous soyez icy devers nous de demain en huyt jours, qui sera le ve jour de mars prochain venant. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript en nostre ville de Bruxelles le xxvje jour de fevrier anno lxvij.

SCOENHOVE.

A noz tres chiers et bien amez les deputez des quatre membres de nostre pays de Flandres, presentement assamblez en nostre ville de Bruges.

XXVIII.

Lettre écrite aux magistrats d'Ypres, touchant la première entrevue du duc et de Louis XI à Péronne 9 octobre 1468. (1)

Des nouvelles de par decha, dimenche darrain passé, qui fut le jour de Saint Denis, alla monseigneur le duc, à tout une grosse compaingie de ses nobles, à l'encontre (a) du roy, qui venoit du Hen (b) pour venir en ceste ville de Peronne. Quant mondit seigneur et nous aviens attendu à Charus bien deux heures ou plus, lors

(1) Cette lettre contient quelques particularités qu'on ne trouve pas dans la relation insérée aux Preuves des Mémoires de Commines, t. III, p. 21, édit. de Lenglet du Fresnoy.

(a) A l'encontre, pour à la rencontre. (b) Hen, pour Ham.

a vint monseigneur le connestable faire la reverence à monseigneur, et n'avoit avecques luy que huyt ou dix kechevaliers que escuiers (a). Incontinent que monseigneur eult parlé à luy deux ou trois mos, il marcha plus avant aveucq monseigneur le connestable. Il n'orent (b) gheres alé, quant il encontrent (c) monseigneur de Bourbon et monseigneur de Bieaujeu son frere. Là s'acolerent (d) les deux (e), et firent ung grant bien veniant (ƒ); puis se partirent et alerent devers le roy, lequel fu accompaingié de monseigneur de Lyon, monseigneur de Perse (g), le filz de monseigneur de Dunois, et d'aultres, comme le bailly de Rouan, Guyot Pot, Jehan Davay, le filz de monseigneur de Pointiers et pluiseurs aultres que je ne congnois. Quant monseur vint pres du roy, il s'enclina tout bas à cheval. Lors le print le roy entre ses bras la teste nue, et le tint longuement acolé, et monseigneur pareillement. Apres ces acolemens, le roy nous salua; et, quand il ot se fait (h), il rembrasa monseigneur, et monseigneur lui, la moittié plus longuement qui n'avoient fait. Tout en riant, il vindrent en ceste ville, et descendy à l'ostel du receveur, et là disna, et devoit venir à l'apresdiner logier au chasteau, et renvoya tous ses gens à Hen, oste (i) monseigneur de Bourbon, monseur de Biaujeu, monseigneur de Lyon et aucuns mingons (); et

(a) Chevaliers que escuiers, tant chevaliers qu'écuyers.

(b) N'orent, pour n'eurent.

(c) Il encontrent, ils rencontrèrent.

(d) S'acolerent, se donnèrent l'accolade, s'embrassèrent.

(e) Les deux. Il est probablement question du duc Charles et du duc de Bourbon, qui était son cousin.

(f) Bien veniant, bienveignant, compliment, félicitation.

(g) De Perse, pour Du Perche.

(h) Ilot se fait, il eut fait cela.

(1) Oste me parait être ici pour osté, excepté.

(k) Mingons, pour mignons.

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