Imágenes de páginas
PDF
EPUB

c'est demouré ycy son conseil. Le roy ne fut pas arivé demy quart d'eure, quant monseigneur Phelippe de Savoye, et deux de ses freres, et les chiefz des gens d'armes de Bourgoingne, ariverent en ceste ville avecq monseigneur le duc et monseigneur Du Lau; et messire Ponset, avecq monseigneur le bastart et les gens d'armes de Bourgoingne, sont logié ou chastel; et nostre avant garde tiere fort au pays de Liege. Nous ne scavons ce nous irons, ou ce nous retournerons au pays. Fin de compte, j'ay espoir que nous arons bon paix au roy, et aussy que les Ligois seront tantost mis à merchy. Escript à Peronne le susdit jour 1xe d'octobre anno lxviij.

NOTE.

Il y a, dans le registre d'Ypres, deux autres lettres en flamand sur le même sujet, toutes deux écrites de Péronne le 9 octobre, l'une par Louis Van den Rive, dont il a déjà été question; l'autre, par G. de Ruple, argentier du duc. D'après la dernière, le duc Charles avait résolu de quitter Péronne le 8 octobre: mais le cardinal d'Angers vint le trouver de la part du roi, et le détermina à avoir une entrevue avec lui. Le duc partit pour aller à la rencontre de Louis XI, entre onze heures et midi : le roi arriva entre une et deux heures.

Ce fut par aventure, que, presque en même temps, entrèrent à Péronne mons Philippe de Savoie, mons' d'Arginel, mons le maréchal de Bourgogne, et beaucoup d'autres capitaines de l'armée de Bourgogne, qui était en marche pour le pays de Liége. La lettre de Van den Rive ne fait que répéter les détails contenus dans les autres.

XXIX.

Lettre du duc aux magistrats d'Ypres, interdisant toutes réjouissances qui pourraient étre faites à l'occasion de la paix conclue par lui avec Louis XI, jusqu'à ce qu'il ait tiré vengeance des Liégeois: 14 octobre 1468.

DE PAR LE DUC DE BOURGOIngne, etc.

Tres chiers et bien amez, jasoit ce que (a) aions ce jourduy fait payx et appointement avecq monseigneur le roy, et que, à ceste cause, pouriés faire faire feux et aultres esjoissemens, toutevoies, pour ce que ceulx de la cyté de Liege, en continuant adez (b) en leurs mauvaises et dampnables oeuvres, ont, depuis nagaires (c), fait et commis pluiseurs grans oultraiges à l'encontre de nous et de nostre haulteur, et tant en la personne de reverend pere en Dieu nostre tres chier et tres amé frere et cousin l'evesque de Liege, leur prince et seigneur, comme es personnes d'aucuns noz officiers, à nostre tres grant desplaisance, nous vous advertissons que nostre plaisir n'est point que vous souffrez faire feux ou aultres samblables esjoyssemens en nostre ville d'Ypre, à cause de ladite paix, jusques à ce que aveons reduit lesdits de Liege, et prins vengance desdits oultraiges : ce que, au plaisir de

(a) Ja soit ce que, quoique, encore que.

(b) Adez, toujours.

(c) Depuis nagaires, depuis peu.

Dieu, avons bien intencion de faire, car, à ceste fin, nous tirons presentement à tout nostre armee esdits pays de Liege. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript en nostre chatel de Peronne le xiiije jour d'octobre l'an lxviij.

BARADOT.

NOTE.

CHARLES.

Il y a, dans le registre d'Ypres, une lettre en flamand, écrite de Péronne, le 14 octobre vers midi, aux magistrats de cette ville, par G. de Ruple. On y lit : « Aujourd'hui, vers dix heures, la paix a été <<< conclue entre le roi et monseigneur, ainsi qu'entre le roi et le duc « de Berri. On sonne ici toutes les cloches, et l'on chante le Te « Deum. On croit que monseigneur partira demain. On doit de gran« des actions de grâces à Dieu pour ce résultat, car je vous certifie « que, cette nuit, les choses n'étaient pas bien claires (want ic certiffiere u dat het dezen nacht niet wel claer ghestaen heeft)».

[ocr errors]

XXX.

Lettre du duc aux magistrats d'Ypres, par laquelle il leur annonce son départ de Cambrai pour le pays de Liége: 17 octobre 1468.

DE PAR LE Duc de Bourgoingne, etc.

Tres chiers et bien amez, nous avons par ce porteur receu voz lettres, par lesquelles nous suppliez vous acertener (a) de nostre estat et santé, ensamble de noz nou

(a) Acertener, donner avis, donner connaissance.

velles, etc. Sur quoy, tres chiers et bien amez, nous vous avons sceu et savons bon gré du bon debvoir et acquit par vous fait en ceste partie; et est vray que, à la façon de cestes, nous estions en bonne santé et disposicion de nostre personne, grace à Nostre Seigneur. Et, quant à noz nouvelles, nous partons de cy ce jourdhuy pour tirer le plus droit que pourons ou pays de Liege, ou desja nostre avangarde et nostre armee de Bourgoingne sont, pour exploitier la guerre à l'encontre de ceulx de la cyté et du pays de Liege, qui de nouvel se sont rebellez; et y vient monseigneur le roy en nostre compagnie. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript à Cambray le xvije jour d'octobre anno lxviij.

BARADOT.

XXXI.

CHARLES.

Lettre du duc aux magistrats d'Ypres, par laquelle il leur part de la prise de Liége: 30 octobre 1468.

donne

De par le duc de Bourgoingne, etc.

Tres chiers et bien amez, nous tenons que estes assez advertiz des grans oultrages, rebellions et entreprinses que ceulx de ceste cyté ont faictes, depuis que les avions derrenierement reduis, à l'encontre de reverend pere en Dieu nostre tres chier et tres amé frere et cousin l'evesque de Liege, leur seigneur, et de nous leur souverain

advoé, et comment ilz ont à force d'armes prins et mené prisonnier en ladite cyté nostredit frere et pluiseurs de nous officiers, serviteurs et subgetz et des siens, les aucuns tuez et mis à mort, les aultres rançonnés ou traictiés comme ennemis, et finablement s'efforcerent de faire ou vouloir faire aultres grans entreprinses, maulx et dommaiges sur nous et nostredit frere, et sur noz pays et subgetz et les siens, et tellement que, pour à ce obvier et pour rompre l'effect de leur mauvaise et dampnable voulenté, il nous a esté besoing venir à main armee devant ladite cyté, où noz avons esté l'espace de trois jours et jusques aujourdhuy que, à l'ayde de Dieu, de sa glorieuse mere, de mons Saint George et de noz feaulx vassaulx et subgetz, nous avons, environ xj heures du matin, prins à force et d'assault ladite cyté, sans perte de gens de nostre costé. Ce que nous vous signiffions, affin que vous en rendez et faictes rendre par noz subgetz graces et louenge à Dieu. Tres chiers et bien amez, Nostre Seigneur soit garde de vous. Escript en ladite cyté de Liege le penultime jour d'octobre anno lxviij.

HAUTAIN.

NOTE.

CHARLES.

Louis XI accompagnait le duc Charles, lorsqu'il fit son entrée à Liége il portait la croix de Saint-André, et on l'entendit crier : Vive Bourgogne !

Les gens de guerre massacrèrent avec fureur toutes les personnes qu'ils rencontrèrent : le nombre n'en était pas fort grand, parce que la plupart de ceux qui étaient dans la ville s'étaient enfuis.

Ceux qui ne furent pas massacrés furent, les jours suivans, noyés en divers lieux, ce qui était horrible et pitoyable à voir (twelke afgriselyc ende deerlyk van ziene was), car ils étaient liés ensemble

« AnteriorContinuar »