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au marché monseigneur De La Gruthuse, pour dire au peuple qu'il voulût veiller cette nuit; que monseigneur prendrait attention à tout, et qu'il espérait leur apporter le lendemain matin une bonne réponse. Le peuple demeura donc en armes toute la nuit. Vers huit heures du matin (1), monseigneur De La Gruthuse revint; et, après avoir, au nom de monseigneur, remercié ceux qui étaient présens de la bonne garde qu'ils avaient faite, il cria à gorge déployée: A bas la cueillette! à bas la cueillette! monseigneur est de cela bien content; et il leur donna l'assurance que monseigneur avait tout pardonné, et qu'ils obtiendraient tout ce qu'ils avaient demandé dans leur cédule. Seulement il les invita à nommer six d'entre eux pour solliciter leurs demandes auprès de monseigneur, et ensuite à se retirer en leurs maisons: ce qu'ils firent.

Alors ils emportèrent saint Liévin, qui fut reconduit à Saint-Bavon. De là ils se rendirent aux portes qui avaient été condamnées à rester fermées (2), et ils les brisèrent : ils renversèrent aussi une autre maison où l'on percevait la cueillette sur le son. Cela, étant parvenu à la connaissance de monseigneur, ne produisit pas un bon effet sur son esprit.

Le jour suivant (3), monseigneur quitta la ville. Ceux de la loi, avec les deux doyens et les six personnes choisies, lui ayant demandé audience (4) avant son départ, Me Matthieu lui dit en leur nom les paroles suivantes : Nostre tres redoubté seigneur et prince, nous vous supplions en toute humilité que vostre noble plaisir soit de nous pardonner, pour l'amour de Dieu, l'offence que nous vous avons faicte, car, en verité de Dieu, il n'y a personne que en scavoit à parler, et aussy qu'il vous plaise de signer la cedulle à vous presentee, car les mavais ont eu plus d'auctorité que les bons, lesquelz ne l'ont sceu empeschier; mais nous scavons de vray, ou cas que ladite cedulle n'est signee, ils nous tueront, et nous n'ouserons ycy demorer (5).

(1) C'était le 30 juin.

(2) D'après le traité de Gavre, conclu entre Philippe-le-Bon et les Gantois le 24 juillet 1453, les trois portes dont il est question ci-dessus, page 209, note 1, devaient être closes, l'une toujours, et les deux autres le jeudi de chaque semaine.

(3) 1er juillet.

(4) Où je fus présent, dit l'auteur de cette relation : daar ic present was. (5) Tout ce passage en italique est en français dans la relation.

Aux Preuves des Mémoires de Commines, t. II, pp. 628 et 629, édition déjà citée, on trouve deux lettres patentes données à Bruxelles le 28 juillet 1467

XXXIII.

Mandement du duc au bailli de la salle ou chátellenie d'Ypres, touchant le service des fiefvés et arrière-fiefvés: 29 mars 1470.

Charles, par la grace de Dieu, duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant, de Lembourg et de Luxembourg, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Haynnau, de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du Saint Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines. A nostre bailli de la salle d'Ypre, ou à son lieutenant, salut. Pour ce que voulons avoir service en armes de tous fiefvez et arriere fiefvez estans et demourans et qui ont fiefz et arriere fiefz es termes de vostre office et juridiction, et que, pour ce faire, est besoing de savoir les noms et la declaracion d'iceulx, nous vous mandons et commandons expressement que, incontinent cestes veues, faictes cryer et publier, en faisant commandement de par nous, es termes de vostredit office et juridiction, que tous ceulx et celles qui y ont et tiennent fiefz ou arriere fiefz les mettent par bonne et vraye declaracion, assavoir: de quelque grandeur et valeur ilz sont, et en quelz lieux ilz sont assiz, et les noms d'iceulx, et aussy s'ilz sont chargiés d'aucunes pensions ou rentes heritables

par le duc Charles, l'une permettant aux Gantois d'ouvrir les trois portes condamnées, en vertu du traité de Gavre; l'autre permettant aux trois membres de leur ville de se servir des bannières et enseignes dont ils avaient été privés par le même traité.

et à vie, et les noms de ceulx qui y ont lesdites rentes; et icelle declaracion baillent et mettent es mains de nostre commissaire, de vous et de nostre receveur au lieu (a), pour en estre fait selon nostre ordonnance; et ce endedens ung mois apres ladite publicacion de cestes, sur peine que, ledit mois passé, lesdits fiefz et arriere fiefz seront et demouront en nostre main comme empeschez à celle cause. Et, en oultre, se aulcunes abbeyes, eglises, monasteres, cloistres, coleges, chappitres, ou aultres, ont, es termes de vostredit office et' juridicion, aucunes fiefz et arriere fiefz, ou que aucuns en tiennent d'eulx, qui ne soient affranchiz de nous faire service en armes, et dont ilz facent souffissamment apparoir, nous voulons que les contraingniez à nous faire ledit service selon nostre taux et ordonnance, et en la maniere que le vous avons baillié par escript, et samblablement ceux que trouverez avoir et tenir aulcuns fiefz et arriere fiefz non admortis, et à ce faire appellez avec vous nosdits commis et receveur : le tout selon nostredite ordonnance, car ainsy nous plaist il estre fait. Donné en nostre ville de Bruges le xxixe jour de mars l'an de grace mil cccc soixante neuf avant Pasques (1).

Ainsy signé: Par monseigneur le Duc :

J. DE MOLESMES.

(a) Au lieu, c'est-à-dire dans l'endroit où était situé le fief. (1) 1470, nouv. st. Pâques tomba, cette année, le 22 avril.

XXXIV.

Remontrance adressée au duc, au mois de mai 1470, par les députés des quatre membres de Flandre, au sujet d'une aide de 120,000 écus qu'il avait demandée à tous ses pays; et réponse du duc (1).

Tres hault, etc., voz tres humbles serviteurs et naturelz subgetz, les deputez des quatre membres de vostre conté et pays de Flandres, estant presentement en vostre ville de Bruges, nous ont envoyé devers vostre tres benigne grace, à cause de ce que nagaire leur a esté remonstré, en vostre ville de Lille, par mon tres honnouré et doubté seigneur mons vostre chancellier, que vostre tres benigne grace avoit intencion de metter sus (a) certaine quantité de lances, pour estre prest pour l'asseurance et tuicion de vostre tres noble personne et de voz terres, pays et seignouries, consideré voz tres grans

(1) Le 21 mai 1470, les députés des quatre membres de Flandre furent, par l'ordre du duc, assemblés à Lille. Monseigneur le chancelier leur exposa, en présence de mons' le prévôt de Saint-Donat de Bruges, mons' le protonotaire Me Ferry de Clugny, et Mr De Middelbourg, que monseigneur le duc était dans l'intention de lever une certaine quantité de lances pour la sureté de sa personne et de ses pays, considéré ses grandes affaires et les apparences de guerre, et, que, pour cela, il avait besoin d'une aide de 120,000 couronnes sur tous ses pays, trois ans durant. Le 24 mai, les mêmes députés, s'étant réunis à Bruges, à l'effet de délibérer sur cette demande, résolurent d'envoyer quelques-uns d'entre eux vers le duc, pour en avoir une plus ample déclaration. Ceux-ci se rendirent à Middelbourg, où était le duc, et ils lui adressèrent la remontrance qui est ici insérée. (Registre d'Ypres.)

(a) Metter sus, mettre sus, lever.

affaires et apparance de guerre, et que, pour ce faire, il estoit besoing de vous, mon tres redoubté seigneur, soucourir d'une somme de deniers, ayde et subvencion, sur tous vos pays et seignouries universelement, de vjam. escus par an, trois ans durans, dividees proporcionnelement sur tous vousdits pays et seignouries; et entenderent lors lesdits deputez que, moyennant icelle ayde et subvencion, les fievés et arriere fevés de vostredit pays de Flandres sentiroient soulagement et descharge pour le bien publicque de vostredit pays de Flandres; et, pour confirmer vostre intencion, et parvenir à icelle, allegoit pluiseurs raisons pregnantes (a), en la presence de mes tres honnourés Srs messrs le prevost de Saint Donas de Bruges, mons' le protonotaire maister Ferry de Clungy et mons' De Middelbourg, chargans ausdits deputez d'en faire bon et loyal rapport chascun à sa loy. Ce qu'il a esté fait par iceulx deputez à toute diligence, et y a esté sy avant procedé que, pour communiquier icelle matiere, lesdits deputez se sont trouvez en vostre ville de Bruges en quel temps pendant, il vous a pleut, mondit tres redoubté seigneur, de vostre grace, leur envoyer voz lettres closes, contenant en effect que, pour la cause dessusdite, vous requerrez avoir ladite subvencion trois ans durans sur tous voz pays de pardecha, et, apres pluiseurs tres excellentes raisons en icelles declarees, contenant que iceulx deputez sans dylay ou retraite y besoingassent tellement que, à vostre retour en vostre ville de L'Ecluse, ils voz peussent baillier responce agreable; aussy fuyt escript bas, en icelle lettre, trois ou quatre lignes de vostre noble et propre main : de laquelle humanité, benignité et clemence vozdits subgetz voz merchient de tous leurs sens et courages. Et, tout ce veu, mon

(a) Pregnantes, pressantes.

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