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tredit commis, en contraignant ou faisant contraindre les deffaillans, par la prinse en nostre main desdits fiefz et arriere fiefz, lesquelz en ce cas voulons soubz icelle nostre main estre regiz et gouvernez, et les frays, rentes et revenues cueillez et levez, et à la charge d'iceulx estre par vous achetez et pourveus lesdits habillemens et les personnes monstrees, par la maniere dessusdite; de ce faire vous donnons povoir, commission et mandement especial; mandons et commandons à tous nous justiciers, officiers et subgetz que à vous et à vous commis et deputez, en ce faisant, soit obey et entendu diligemment.

Donné en nostre siege devant la ville de Nuysse le xve jour de janvier l'an de grace mil iiij. soixante et quatorse.

XXXVIII.

Lettre du duc aux magistrats de Lille, contenant le récit de la victoire remportée par lui sur les troupes de l'empereur et des princes d'Allemagne : 17 juin 1475. (1)

DE PAR LE Duc, etc.

Tres chiers et bien amez, nous vous tenons bien adverti comme l'empereur et les princes electeurs et aultres

(1) Dans les Mémoires pour servir à l'histoire de France et de Bourgogne, t. 1, p. 365, il y a une lettre du duc Charles au sieur Du Fay, gouverneur de Luxembourg, en date du 17 juin 1475, quicontient la même relation que celleci : j'ai cru néanmoins devoir la publier, parce que ces Mémoires sont entre les mains de peu de personnes, et que d'ailleurs elle sert à l'intelligence de la lettre suivante, écrite à la duchesse de Bourgogne par le sieur De la Roche. J'ajouterai qu'on trouvera plus correct ici le texte de la relation.

Voyez, sur les événemens auxquels se rapporte cette lettre, l'Histoire des duce de Bourgogne par M. De Barante.

princes de l'empire estans avec lui, en postposant toute honneur, foy, sairement et promesse, et en enfraignant les choses ordonnees et enjoinctes, sur paine de parjurement et de la proferee sentence d'excommuniement,

par

le legat depputé de par le saint siege appostolique, en commettant trahison et faulceté notoire, ont, durant certains parlemens que faisions tenir avec eulx touchant le partement d'eulx et de nous, fait prendre, rober et pillier, par leurs gens de là le Ryn, noz bateaulx, esquelz avions fait chargier partie de nostre grosse artillerie, pour les complaire; obstant lesquelles choses, et jusques que aurions la restitucion de nostredite artillerie, et reparacion de l'injure qu'ilz nous avoient faicte par les deshonnestes moyens dessusdits, deliberasmes de demourer icy. Et, ce veant (a), ledit legat s'est efforchié de les vouloir reduire à ladite restitucion et reparacion et à la raison, selon les choses par luy ordonnees et enjoinctes mais les gens des dessusdits empereur et princes, de leur ordonnance ou adveu, en perseverant de mal en pis, et ou contempt (b) de ce que, les jours de jeudi et vendredi xv et xvje jours de ce mois, avions en nostre personne assiz nostre ghet de jour trop pres de leur champ à leur appetit (c), hier au soir, ledit jour de vendredi, environ de vj à vij heures, partirent de propos deliberé et precogité (d), à puissance, de leurdit champ, faisant samblant de prime face eulx vouloir esbatre (e). Quant ilz se trouverent approchiez de nostredit ghet, qui en rien ne s'en doubtoit, commencherent tres fort et tres dru à tirer de leur artillerie; s'efforcerent

(a) Ce veant, voyant cela.

(b) Ou contempt, au mépris.

(c) A leur appetit, à leur goût, à leur volonté.

(d) Precogité, prémédité.

(e) Eulx vouloir esbatre, de vouloir s'exercer, se divertir.

les gens de cheval de chargier sur icellui ghet: mais, combien que nostre avantdit ghet feust en petit nombre contre leur puissance partie par deliberacion, comme dit est, toutesvoyes il soustenoit fort, et nous fist advertir des manieres et entreprinses des ennemis qui tousjours croissoient en puissance, file à file, tant de cheval que de piet. Ordonnasmes lors tirer celle part (a), qui est outre la rivierette, quant alasmes combattre lesdits empereur et princes, ceulx de nostre garde, et feismes tenir prestz ceulx de nostre hostel et toutes les compaignies de noz ordonnances; et, veant qu'ilz continuoyent pour ruer jus (6) nosdites gens, feismes tirer, aprez nostredite garde, ceulx de nostredit hostel et partye des compaignies de nosdites ordonnances, et le sourplus d'icelles et les gens de pié à l'autre bout de nostre champ vers la ville de Nuyss, pour garder que les ennemis de ce costé ne feissent entreprinse sur nostredit champ; et, en nostre personne, passasmes aussy ladite riviere, et veismes que par escarmuches ilz approchierent les uns des aultres. Finablement, noz gens, meuz de couraige et de vouloir, à tout ung petit nombre (c), marchierent sur eulx vivement, et en encloirent (d) entre le champ dudit empereur et nous bien de trois à quatre mil, tant de cheval que de pié, qui furent poursuys tellement par noz gens tant par devant que de costé, à cause du Ryn qu'ilz avoient à dosse, qu'il en demoura mors, tant sur la terre que en l'eauwe, bien trois mille ou environ; et les aultres, qui estoient plus avant prez du champ dudit empereur, se mirent es bateaulx en sy grande multitude et confusion, que plui

(a) Celle part, en cet endroit.

(b) Ruer jus, renverser.

(c) A tout ung petit nombre, en petit nombre.

(d) En encloirent, en enfermèrent.

seurs d'iceulx bateaulx, par trop estre chargiés de gens, alerent au fons, et aultres se noyerent; et furent par telle fachon poursuys que jusques en la closture de leurdit champ, et bien avant en icellui il y heubt de leurs gens mors et tuez de cop de main. Y demourerent pluiseurs gentilzhommes, et entre aultres le conte de Quierburch. Laquelle besoingne, conduite de nostre costé sans aulcune artillerie, dura jusques la lune fut levee, que lors, veant qu'ilz ne se bougoyent de leurdit champ, feismes retraire noz gens de tout leur bel aise, qui avoyent plus vouloir de les assaillir en leurdit champ que aultrement. Et, par la grace de Nostre Seigneur, combien que leur fait fust chose deliberee, et nous cuydoyent prendre à despourveu, toutesvoyes il n'y eult de noz gens que chincq mors et quatre ou chincq blessez; et, environ une heure aprez, lesdits empereur et princes envoyerent devers nous pour vouloir faire tenir parlement avecq eulx touchant leur partement et la restitucion de nostredite artilllerie, et y envoyer de noz gens : ce que liberalement accordasmes, sans avoir regard à leur perte dont dessus est faicte mencion. Aussy ce jourdhui leur avons consenti de recueillir par la terre lesdits mors de leur costé. Desquelles choses vous advertissons, afin que de ceste victoire vous en rendez et faictes rendre graces à Nostre Seigneur, qui vous, tres chiers et bien amez, ayt en sa saincte garde.

Escript en nostre champ lez le pont de Gremelichousen le xvije jour de juing anno lxxv.

CHARLES.

DE BEER.

A noz tres chiers et bien amez les mayeur et eschevins

de nostre ville de Lille.

XXXIX.

Lettre écrite à la duchesse de Bourgogne, sur la meme affaire, par le sieur De la Roche: 20 juin 1475.

la

Ma tres redoubtee et souveraine dame, tant humblement comme je puis je me recommande à vostre bonne grace. Il vous plaise savoir, ma tres redoubtee dame, etc., que mon tres redoubté et souverain seigneur, à la fachon de cestes, estoit en tres bon point, Dieu mercy, et faisant bonne chiere. Depuis dix jours encha, ont esté pluiseurs difficultez pour les partemens de l'empereur et de mondit seigneur, et pour la maniere de marchier avant en pays, car les princes vouloient sejourner à Couloingne ce que mondit seigneur n'a voulu souffrir, reservé personne dudit empereur à tout son simple estat. Et, en wuydant icelles difficultez, venredi darrain passé, environ vj heures du vespre (a), une petite escarmuche se leva entre les gens dudit empereur et meismes de ceulx de l'evesque de Munstre, l'arcevesque de Treves et aultres, qui tirerent de leurs culevrines contre les gens de piet du ghet de mondit seigneur, tellement que enfin partirent de l'ost dudit empereur environ de và vjm. hommes de piet, et de cheval environ de v a vjc., desquelz, avant qu'il fuist la nuyt, en demoura, tant sur le champ que ceulx qui furent noyez ou Ryn, de ij à iijm.; et du costé de mondit seigneur y demoura messire Loys de Soissons, le nepveu de mons" de Chanteraine et environ chincq ou six archiers et non plus, et de blechez environ xx ou xxx, (a) Du vespre, du soir.

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