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gectz; et que, puisqu'il n'a peut estre obey par prieres et requestes, disoit qu'il avoit assez longement esté prieur, et qu'il seroit doresenavant commandeur; et ceulx qui lui seroient desobeissans, il les puneroit tellement, qu'ilz les experimentroient ce que pluiseurs autres ont experimenté, lequel il ne conseille point comme dessus, car il ne fait pas bon experimenter toutes choses.

Dist outre que, en tant que sesdits subgectz feissent doresenavant leur devoir, comme bons subgectz sont tenus de faire à leur prince, en lui donnant couraige et occasion de mectre en obly les faultes dessusdites, à quoy ilz gaingneroient trop plus que de faire autrement, il avoit encores bien le cuer et la volenté de remectre iceulx subgectz en tel degré comme ilz ont esté par cidevant, car qui bien aime tart oblye.

Dist outre que, ces choses considerees, en non vueillant pour ceste fois proceder aux pugnicions encouruz par sesdits subgectz, à l'occasion des faultes et desobeyssances dessusdites, il leur vouloit seulement dire les causes pour lesquelles il avoit mandé les deputez des trois estas, assavoir : premierement, aux prelatz, il leur commanda, en nom d'eulx et pour les autres prelatz absens, que doresenavant ilz obeissent diligemment, et sans dissimulacions quelconques, à ses lettres, mandemens et ordonnances, sur paine de perdre et confisquier envers lui tout leur temporel; et, parlant aux nobles, il leur commanda aussi faire pareillement, sur leurs testes, et sur paine de confisquier de tout ce qu'ilz tenoient de lui, et de tous leurs biens meubles et immeubles, et de leurs heritiers, pour iceulx estre applicquiez à son demaine; et, parlant aux deputez du troisime estat, dist par telle façon : « Et vous, mengeurs des bonnes villes, <«< faictes pareillement quant à l'obeissance de mes commandemens, lettres et ordonnances, et qui seront

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expediez par mon chancellier, sur voz testes, et sur «< confiscacions de tous voz biens, ensemble tous voz previleges, drois, franchises, libertez, costumes et << usaiges >>.

Dist outre, et en general, que chascun se meist sus en armes selon ses ordonnances, pour estre pretz et se trouver entour sa ville d'Ath, pour de là tirer et faire ce que de par lui seroit ordonné, et que en ce ne feissent faulte aucune, car, en jurant St George, et touchant sa poitrine de sa main, dist que son costé ne auroit faulte de faire et executer ce qu'il leur avoit dit comme dessus, des choses que lui declarees dessus et commandees, il ne demandoit d'eulx avoir response; mais, soy levant et prendant congiet, dist: De ce je vous salue.

et

par

XLI.

Remontrance des députés des quatre membres de Flandre au duc, par laquelle ils se justifient des reproches qu'il leur avait faits à Bruges.

A vous, mon tres redoubté et souverain seigneur et prince monseigneur le duc de Bourgoingne, conte de Flandres, etc. Remonstrent en toute humilité voz tres humbles et tres obeissans subgectz les deputez des quatre membres de vostredit pays, pour et ou nom d'icelui, sur ce que depuis nagaires il vous a pleu proposer et

declarer aux deputez des trois estas de vostredit pays, touchant pluiseurs et divers rappors qui vous ont esté fais, grandement redondans (a) au deshonneur, charge, blame et confusion de tous les subgectz de vostredit pays, ensemble d'aultres faultes et negligences par eulx commises de non avoir obey à voz tres nobles commandemens, ne envoyé charroy, pionniers, picquenaires et autres gens de guerre, tant pour assister à vostre tres noble personne lors estant devant la ville de Nuss, comme aussi pour non avoir esté loyaulx à deffendre voz pays et voz subgectz d'Artois et de Picardie, etc., ce qui s'ensuit, non pas qu'ilz veuillent en ceste partie respondre aux choses dessus touchees, en enssuyant vostre tres noble commandement, par lequel vous pleust lors declarer non vouloir response desdits' estas; mais, ayant plainiere confidence en vostre tres haulte et tres noble bonté, discrecion, prudence, humanité et vostre innee clemence, et affin que vostre noble couraige (6), par droicte verité, puist estre mitigué et radoucy du malcontentement et indignacion que pourez avoir eu et conceu à l'encontre d'eulx et de vostredit pays, au moyen desdits rappors, ont prins ardiment (c) et couraige d'eulx presenter quant à present pardevant vostre tres haulte et tres noble personne.

Et premierement, sont lesdits remonstrans tres doulans (d) et tres desplaisans, tant que plus ne pevent, de vostredit malcontentement sur eulx, car en verité ilz ne scevent que a peu (e) mouvoir lesdits rapporteurs de vous donner à entendre choses si evidentement non ve

(a) Redonder à dommage, occasionner du dommage. Roquefort.

(b) Couraige est ici pour âme.

(c) Ardiment, pour hardiment, hardiesse. Il n'est pas dans Roquefort. (d) Doulans, dolens, tristes.

(e) Que a peu, ce qui a pu.

ritables, consideré que, de tout temps, vosdits subgectz de Flandres se sont par effet demonstrez, selon leur faculté et povoir, vrays, bons, loyaulx et obeissans envers voz tres nobles progeniteurs et vostre tres noble personne; et, en delaissant le fait desdits rappors, ilz ne le penserent oncques, et vouldroient plustost morir que penser chose contraire à vostre tres noble personne, estat et seignourie. Et, bien consideré le tres entier amour et affeetion que, de vostre tres benigne grace, avez tousjours demonstrez ausdits remonstrans, et les obeissances, servi ́ces, amours et subgections que voz loyaulx suppotz de vostredit pays vous ont aussi faitz et exhibé, font et exhibent journelment, et feront cy apres, il est tout cler que ceulx qui vous ont fait lesdits rappors sinistres, ou que cy apres vous feront en semblable point, n'ayment vostre tres noble personne, ne la seignourie et le bien d'icelle, et par especial vostredit pays de Flandres. Et, quant aux faultes et negligences dont ilz ont esté chargiez, tant de non avoir envoyé devant Nuss, en temps deu, les chariotz, pionniers, mannouvriers et picquenaires, il sera trouvé, à vostre tres noble supportacion (a), que, combien que ilz entendoient, au moyen de voz lettres patentes de provision, d'en estre deschargiez, meismement de les mettre sus et les envoyer à leurs despens, toutesfois ilz les ont mis sus à toute haste et diligence, en tel nombre que leur estoit ordonné, devant ladite ville de Nuss, assavoir: deux cens cinquante chariotz, dont ilz ont paié, pour chascun chariot, la somme de dix livres de gros et plus, et avec ce ilz ont envoyé, tant de picquenaires que de pionniers et mannouvriers, environ deux mil ve. hommes, qui leur ont cousté, mesmement lesdits picquenaires, chascun homme à vj à viij

(a) A vostre tres noble supportacion, peut se rendre, je crois, par sous votre très-noble plaisir. Cette locution manque dans Roquefort.

escus marchans, ce qui a esté et est une grande et importable (a) charge pour lesdits pays.

Item, touchant la requeste par vous faicte pour avoir de vostredit pays une generale armee à l'encontre de l'empereur, princes et citez de Germanie, à laquelle vosdits subgectz, comme vrays et loyaulx, se feussent employez de tres liberal cueur. et courage, toutesfoys, pour aucuns raisons et consideracions, icelle armee a esté convertee (b) en deniers, parce que lors cessoit la necessité evidente sur laquelle estoit fondee ladite requeste de l'armee generale, dont finablement proceda l'accord de xxxm. rudres à vous puis nagueres accordés pour vostre armee de mer, et pour la pluspart payez, en laquelle somme nul de voz autres pays ne paie aucune chose.

Item, et touchant le mandement par lequel il vous a pleu depuis mander que tous fiefvez et arriere fiefvez et autres gens riches et puissans se meissent sus, et venissent file à file en vostre armee de Nuss, pour vous faire secours et assistence à l'encontre dudit empereur, princes et villes imperiales, auquel mandement vosdits subgectz ont esté chargiez de non avoir satisfait, etc., verité est, nostre tres redoubté et souverain seigneur, à vostre tres benigne supportacion, que, environ le temps et l'eure de la reception dudit mandement, nouvelles sourviendrent de tout costé de la vraye paix et accord conclu entre vous et ledit empereur et princes: par quoy sembloit que, cessant la cause du mandement, l'effect devoit bien cesser, et le pais estre relevé de la grande et excessive despence que leur eust convenu faire et soustenir à cause de ladite armee, mais mesmement veu les autres grans charges que le meisme avoit lors à supporter; et en

(a) Importable, insupportable.

pays

(b) Conrertee, pour convertie, remplacée par.

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