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verité l'on trouvera, entre la venue dudit mandement en vostredit pays et la journee de la victore par vous obtenue à l'encontre dudit empreur, avoir esté cy peu de temps, qu'il n'estoit point en la possibilité desdits remonstrans de mectre sus ne d'envoyer audit lieu de Nuss lesdits gens d'armes.

Item, et touchant l'ayde et assistence depuis requise pour la deffence et tuicion de voz pays et subgectz de Flandres, d'Artois, etc., à l'encontre desdits Fransois, lesdits remonstrans, apres certaine journee par eulx tenue sur ceste matiere, finablement consentirent, à l'aide de Dieu, de vous, nostredit souverain seigneur, et des nobles de vostredit pays, de aidier à deffendre ledit pays à leur povoir et puissance, et, pour ce faire, de les mettre sus à leurs despens ijm. combatans à pietz, payé pour six sepmaines; et ne fait point à doubter que, se ledit pays de Flandres, qui journelment estoit et est subgect à l'invasion des Fransois, qui lors estoient et sont sur la mer en grande puissance, eust eu plus grant besoing d'ayde ou secours, que lesdits remonstrans, outre, et pardessus ledit nombre de ijm., se feussent employez à toute diligence pour la deffence d'icelui pays.

Lesquelles choses considerees, et mesmement l'entier vouloir et inextinguible amour que lesdits remonstrans, ensemble tous les subgectz d'icelui pays de Flandres, ont tousjours eu, ont et auront à jamais à vous, nostre tres redoubté et souverain seigneur, et à l'accroissement et augmentacion de vostre estat, haulteur et seignourie, et par especial, que, en tout ce que par eulx a esté fait et besoingnié es choses dessusdites, ilz ont tousjours cuidié bien loyalment et cordialment besoingnier et faire le devoir envers vous, lesdits remonstrans vous supplient, en toute humilité, qu'il vous plaise adez, de vostre tres benigne grace, en ensuyant vostre tres noble declaracion,

les remectre ou mesme degré de vostre grace et amour ouquel estoient auparavant desdits sinistres rapportz, sans avoir aucun regart, imaginacion ne malvueillance à l'encontre d'eulx ne de vostredit pays, car, en verité, de toutes les choses à eulx imposees, comme scet Dieu le benoit createur, ilz sont innocens, et n'a chose en ce monde transitore (a) tant par eulx desiree, que le bien ou le prosperité de vostre tres noble personne, estat et seignourie, et de tousjours povoir vivre et demourer en la noble grace d'icelle ce qu'ilz ont bien demonstrez par effect, comme dit est, quant en tous voz voyages de guerres ilz vous ont envoyé à toute diligence charroy, pionniers, mannouvriers, cuveliers, carliers, canonniers, charpentiers, bombardiers, picquenaires et autres gens de guerre, selon leur povoir et faculté, et la plupart à leur despens et charge.

Item, scevent et recongnoissent lesdits remonstrans que, comme bons et loyaulx subgectz, ilz sont tenus d'obeyr à voz tres nobles commandemens selon leur faculté et puissance, sy avant que iceulx sont raisonnables, comme ilz ont promis et juré en vostre advenement à seignourie, ouquel temps vous, nostre tres redoubté et souverain seigneur et prince, de vostre grace, promistes aussi de garder et entretenir les previleges, fransises et libertez de vostredit pays de Flandres. Or est ainsi que feu de tres noble memoire monseigneur le duc Phelippe, vostre pere, et tous voz autres tres nobles progeniteurs, ont delaissié ledit pays en la franchise et liberté telle, que ilz ne fisrent oncques contraindre, par rigeur, ne execucion, ne autrement, les subgectz de vostredit pays payer aucune somme de deniers ne autre charge, sans consentement prealable des quatre membres de vostre

à

(a) Transitore, passager.

dit pays pour et ou nom des manans et habitans d'icelui pays. Vous supplient en toute humilité lesdits remonstrans que, de vostre tres benigne grace, en enssuyant l'exemple de vosdits progeniteurs, et ayant regart à ladite promesse, il vous plaise estre content que doresenavant nulle execucion se face de par vous, à l'encontre desdits remonstrans, pour chose auparavant par eulx non accordee, et que par consequent il vous plaise, de vostredite grace, estre content, consideré toutes les services, que vostredit pays de Flandres demeure franc et quitte, sans estre contrainct de payer aucune chose à cause des pertes et dommaiges par vous euz et soustenus nagaires de voz pays d'Artois et Picardie, veu que, par pluiseurs raisons à declarer, se mestier estoit, iceulx remonstrans n'y sont aulcunement, par leur consentement ne aultrement, tenuz ne obligiez esdites pertes et dommaiges, meismement pour ce qu'ilz payent grant somme de deniers pour l'entretenement des gens d'armes mis sus pour la conservacion des pays dessusdits, et beaucop plus grande que ne sont iceulx pays, meismes à la deffence desquelles lesdits remonstrans n'eussent jamays peu venir à temps, ne sceu remedier ausdites pertes, consideré la maniere par eulx tenue en leurs reddicions (1). Lesdits remonstrans se deportent de parler plus avant.

Item, il vous plaise pareillement, par vostredite grace, avoir regard et consideracion sur le contenu de voz lettres patentes nagaires publyees affin que tout homme en vostredit pays ayant povoir de porter armes se meist sus, pour estre, endedens xv jours aprez ladite publicacion, prestz sur les champs à l'entour de vostre ville d'Ath, etc. Lesquelles lettres, à vostre tres benigne cor

(1) La maniere par eux tenue en leurs reddicions. Montdidier, Roye et Corbie s'étaient rendues à Louis XI, à la première sommation faite par lui. (Voy. l'Histoire des ducs de Bourgogne par M. De Barante.)

rection et supportacion, ne semblent point estre praticables ne reduisables à l'avancement de vostre tres noble intencion, ne aussy au prouffit de vous, nostredit seigneur, ne de vostredit pays, parce que la pluspart de voz subgetz d'icellui, et meismement ceulx qui demeurent es bonnes villes, sont marchans et gens de negocia cions et d'oeuvres mechanicques, ou gens de mer, ou laboureurs du plat pays, qui de ce se vivent et entretiennent, sans aulcunement estre ydones ne abiles à la guerre, et lesquelz faiz de marchandise et negociacions, ou moyen de l'execucion desdites lettres, cesseroient de tous poinz, et le marchant estraingier, ensamble la commune marchandise, s'absenteroit de vostredit pays, à la desercion et destruction totale et subite d'icelui pays, lequel est principalement fondé sur le fait de marchandise, qui est incompatible avecq la guerre, et laquelle marchandise voz tres nobles progeniteurs, passé à iiije. ans, à sy grant soing et labeur de tous moyens possibles, se sont parforchiez d'entretenir ledit pays; de laquelle desercion aussy pluiseurs aultres inconveniens et griefz irreparables sourderoient à vous, nostrediť tres redoubté et souverain seigneur, et à vostredit pays, comme chascun de legier (a) peult congnoistre : car, par ce moyen, voz demaines, aydes, subvencions, tonlieux et aultres drois que avez oudit pays cesseroient, se chascun se meist sus selon le contenu de voz lettres, et n'a vostre tres noble et tres virtueuse personne cause d'aucune deffidence (6) que lesdits remonstrans, ou nom que dessus, que jamais ne faillerent à leurs seigneurs et princes de les secourer en leurs necessitez, quant ilz en ont esté requis, doient ou vouldroient faillir à voz tres nobles affaires, selon leur povoir et faculté, en vostre besoing et necessité. (a) De legier, legierement, aisément. (b) Deffidence, défiance, crainte.

XLII.

Réponse du duc à cette remontrance.

Rapport, à correction, fait de ce que mon tres re-
doubté et souverain seigneur monseigneur le duc de
Bourgoingne dist, par maniere de solucion, sur
l'excusacion faicte par
les quatre membres de son
pays de Flandres, touchant aulcunes charges dont
auparavant ilz avoient esté par lui chargiez.

Premierement, apres ce qu'il eust demandé se ce que on lui avoit dit de bouche feust comprins en ce que on lui avoit donné par escript, et que on lui eust respondu, sur ce, que ouyl, et encoires plus amplement que on lui avoit dit, commencha à resumer ladite excusacion, laquelle il reduisist à deux poins, assavoir: pour le premier point, à l'obedience, amour et subjection que les deputez illecq presens disoient lesdits quatre membres avoir devers lui; et, pour le second point, à la povreté dudit pays. Et, en baillant sollucion audit premier point, dist et declara que, quant les vertuz à lui attribuez par ladite responce serroient en sa personne, ce que non à beaucop prez, que du tant plus feroit y a amer et obeir par ses subgectz (a); soy excusant, et en oultre, que aux mau

(a) Que du tant plus feroit y à amer, etc., qu'il devrait en être d'autant plus aimé et obéi, etc.

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