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concque, non plus que des naturelz de pardecha. Aussy avoit sadicte maté tenu ceste consideration, que si, venant en Espaigne, elle treuve oportunité de tost pouvoir envoier pardecha mons" nostre prince son filz, sans fouler lesdictz estatz ny les charger de la soulde des gens de guerre necessaires pour asseurer son passaige, l'on eust peu mectre lesdictz Espaignolz sur les basteaulx que le fussent allé querir. Mais, veant le desir desdictz estatz, ausquelz elle procurera tousjours de donner contentement en ce qu'elle verra qu'ilz requerront avecq fondement de raison, elle eust bien desiré que plus tost elle fut esté advertye de cestuy leur desir, puisque, de la moderee demande que dernierement leur a esté faicte, ilz pouvoient veoir que sadicte ma les vouloit soullager par ce moyen de la soulde d'une partie des gens de guerre necessaires à la garde de si grande extendue des frontie res de mer et de terre qu'environnent ces pays, car, si plus tost elle l'eust sceu, elle eust regardé de preparer les choses de sorte qu'elle eust mené avecq soy lesdictz Espaignolz, et s'en fut servye pour son passaige en Espaingne, ce qu'elle ne pourroit faire maintenant sans retarder avec danger sondict passaige. Et veult sadicte maté bien asseurer lesdictz estatz, que son intention n'estoit pas de les entretenir pardecha plus de six ou sept mois, que lors peult estre seront ilz de besoing aillieurs, selon que l'occasion se pourroit addonner, et que ce qu'elle les laissoit icy, estoit pour les causes cy dessus declarees, et pensant faire ce bien ausdictz estatz, que de les descharger pour tout ce temps d'aultant de soulde; et, ne les pouvant sadicte mate si promptement embarquer, si faict elle son compte de le faire et de les tirer hors de ces pays deans trois ou quatre mois au plus tard, et ce en esperant que, sur la proposition que leur a esté faicte, lesdictz estatz respondront de sorte qu'ilz donne

ront moyen de pouvoir soustenir les gens que, au lieu desdictz Espaignolz, que sadicte ma entretiendra aultre part sans faire service jusques à l'occasion, seront necessaires pour asseurer à tous coustez la frontiere, et ce pendant fera vivre lesdictz Espaignolz de sorte, par l'ordre qu'elle y donnera, les enchargeant à seigneurs de pardecha, que l'on les gardera de faire foulle, et qu'ilz ne donneront raisonnable occasion de plaincte; et monstrera tousjours en toutes choses sadicte ma la singuliere affection qu'elle porte ausdictz estatz, soubz confiance qu'ilz feront aussy à l'endroict d'icelle ce qu'ilz doibvent comme si bons et affectionnez subgectz.

NOTE.

Philippe II ne rappela pas les troupes espagnoles au bout de trois ou quatre mois, comme il l'avait promis aux états; elles ne quittèrent les Pays-Bas qu'à la fin d'octobre 1560, et encore fallut-il que les états eussent manifesté l'intention de n'accorder aucun subside jusqu'après leur départ. On ne saurait croire à quel point l'exaspération s'était élevée contre ces troupes, parmi les peuples des PaysBas. Lorsque, après avoir été embarqués en Zélande au mois d'octobre 1560, les vents contraires retardèrent leur départ, les Zélandais déclarèrent que, si elles sortaient de leurs vaisseaux, ils étaient résolus de ne pas continuer les réparations de leurs écluses, et de se laisser plutôt submerger par l'Océan. Ce fait, que des historiens ont rapporté, est confirmé par Granvelle lui-même, dans une lettre au roi en date du 2 novembre 1560 ( inédite et conservée à la bibliothéque de Besançon).

Philippe cherchait tous les prétextes pour différer le départ des régimens espagnols; mais ses ministres les plus affidés eux-mêmes, Granvelle, Viglius, Berlaymont, en reconnurent l'impossibilité. Nous avons, sur ce sujet, aux archives du royaume, un document qu'on me saura gré d'insérer ici : c'est le procès-verbal d'une assemblée

du conseil d'état, dans laquelle cette question fut discutée. Je le reproduis textuellement.

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« Du xxv d'octobre 1560.

MADAME (1), ORANGES, ARRAS (2), BARLAYMONT, GLAJON (3), PRESIDENT (4).

« Sur la demeure des soldatz espagnolz pour en

« coires quelque temps pardeça.

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« VIGLIUS. Il fault premierement scavoir si le prince D'Oranges et « et conte D'Egmond veuillent continuer leur charge sur lesdictz

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<«< Et, s'ilz demeurent, où l'on les mectra : sur quoy fault ouyr les « gouverneurs des pays;

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Tiercement, sa majesté se fonde sur ung fondamment guerres fondé, la deffence du pays, qui est tout le contraire: car, demeu«rant les Espagnolz icy, l'on ne tirera des estatz ny pietons, ny « moyen pour monter les bendes, de sorte que tous les soldatz na« turelz yront du pays, et que icelluy se pourra mectre en alteration « et en dangier de tumulte intestin, et le pays en plus grand dangier « que oncques; et que, partant, il semble sa majesté n'estre du << tout bien informee : ce que vient à considerer d'ung coustel, et de <«<l'aultre coustel, l'obeyssance que l'on doibt au commandement « du roy.

«ARRAS. Qu'il tient que le roy est meu de bon zele à desirer la de « meure des Espagnolz pour quelque temps: mais, veu la saison de « yver, et que sa maté ne considere si bien les causes pour lesquel«<les il convient que lesdictz soldatz partent, et qu'il semble remec«tre les considerations au contraire icy, lesquelles sont telles que

(1) La duchesse de Parme, gouvernante.

(2) Granvelle, évêque d'Arras.

(3) Philippe de Stavele, Sr de Glayon.

(4) Viglius, chef et président du conseil privé.

« dessus, il n'y a pourquoy les retenir, veu mesmes que les Allemans « ne sont pour mouvoir, et que les Espagnolz ne sont pour soutenir « ces pays, lesquelz n'entendent donner chose qui soit sans leur par«tement : par où l'on se trouveroit en plus grande difficulté et dangier en cas de besoing; y joinct qu'il n'y a tant convenable pour « la garde de ces pays, que la benivolence des subjectz d'icelluy; et, « pour les mesmes raisons que dessus du president, il ne luy semble "grand bien de les retenir, et des maulx beaucoup de le faire. Qu'il « semble que sa maté n'a pas trop bien consideré, puysque le mal qu'icelle crainct cesse, et qu'elle remect à son alteze de les faire partir, quand les considerations qu'elle escript de craindre cesseroyent, comme elles font, et qu'il ne faict à asseoir fondamment « sur ce que dict le filz du conte de Lima estant venu d'Allemagne. Ergo, que les soldatz partent, et que l'on en donne justification

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<< au roy.

« ORANGES. Pour les raisons alleguees par le president et monsieur « D'Arras, est du mesme advis qu'ilz doibvent partir, et, quant à

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luy, s'il vouldroit continuer sa charge sur eulx, il a recité som« merement les causes pour lesquelles il s'efforça de s'en excuser « devers le roy, à son partement vers Espagne, lesquelles estant pre« sentement augmentees, supplye qu'il soit deporté et non plus chargé desdictz Espagnolz.

« BARLAYMONT, idem.

« GLAJON, idem.

« Et sur ce que madame, ayant ouy les susdictes opinions, s'y estoit conformee, proposa si elle debvoit surceoir le partement des<< dictz Espagnolz, pour le moins jusques à ce que le conte D'Eg«mond seroit arrivé, et que l'on auroit entendu aussy son opinion, a tous furent d'advis que non, pour le dangier auquel l'on tombe« roit si, perdant la presente occasion de faire partir lesdictz soldatz, « l'on fust forcé les retenir pardeça. »

LETTRE

De Philippe II au grand conseil de Malines, par laquelle il lui fait connaitre ses intentions sur le fait de la religion et de l'extirpation des hérésies: 8 août 1559 (1).

(D'après l'original, reposant aux archives du royaume.)

LE ROY.

Tres chiers et feaulx, suyvant ce que, dernierement, en la ville de Malines, nous vous dismes de bouche sur le fait de la religion, le zele et affection que nous avons d'extirper les heresies et tenir noz subgectz en la deue obeissance de nostre mere Ste eglise, afin que vous cognoissez plus expressement nostre intention, et que, l'ayant par escript, vous vous en puissiez renfreschir la memoire, comme chose que nous avons tant à cueur, nous n'avons voulu delaisser vous escripre ceste, pour vous dire que, oultre ce que vous scavez avec quelle efficace l'empereur monseigneur et pere (cui Dieu absoille) nous recommanda principalement, presens les estatz generaulx des pays, avant son partement d'iceulx, et lorsqu'il nous fit cession et renunciation desdictz pays (2),

(1) Les mêmes instructions furent envoyées aux conseils de justice des autres ⚫ provinces.

(2) Voyez, dans les Analectes belgiques, pp. 70-106, les lettres, discours et autres actes relatifs à la cession que l'empereur fit des Pays-Bas à son fils, au mois d'octobre 1555.

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