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rer par mons le president (1) qu'il estoyt à ce prest, suyvant la commission qu'il en avoit de sa ma', qu'il avoyt exhibee et monstree au conseil d'estat, lequel s'en tenoyt du tout content et bien appaisé, l'ayant trouvé bien souffisante. Et, remarquant que ne nous en contentions pas, ains voullions ladicte commission nous estre pareillement monstree, à ceste fin l'on commençoyt à demander les voix, ledict president, ayant parlé à sadicte alteze, delivra les lettres de commission au Sa audiencier (2), quy en fit la lecture hault et cler, laquelle est bien ample et generale; puys fut aussy faict lecture du traicté de paix entre ledict dom Jean et les estats (3), suyvant quoy fit serment, conformement à l'article xvije dudict traicté. Ce faict, et apres que plusieurs Srs l'eurent salué et congratulé, on alla à la chapelle, pour ouyr chanter la messc solemnelle et par apres te Deum laudamus, comme il fut chanté, suyvant qu'avez peu entendre par mes precedentes. Et, pour n'avoyr plus de loysir, fineray ceste par mes humbles recommandations à voz seigneuryes, pryant le Sr Dieu les avoyr et maintenir en sa saincte garde. De Bruxelles, en grandissime haste, en la greffe des estats, le vje de may apres les huict heures 1577.

De vostre seigneurye

Tres humble et affectionné serviteur,

B. LIEBART.

don Juan, il a faites à son frère, y ajoutant l'observation « que celui-ci est ami « de son opinion et de son propre avis, et qu'il n'a pas accoustumé le prendre « volontiers d'autres. » (Lettre inédite.)

On trouve, sur la conduite politique du S De Champagney, des détails instructifs dans un livre assez rare, que j'ai déjà cité, et qui porte pour titre : Recueils d'Arétophile, etc., à Lyon, par Nicolas Guerin, M. D. LXXVIII.

(1) Le président Sasbout.

(2) L'audiencier était le premier secrétaire d'état.

(3) Le traité de paix conclu à Marche en Famène, entre les états généraux et don Juan, le 12 février 1577.

V.

Lettre du même aux mémes : 6 mai 1577.

Messeigneurs, à cest instant, quy est sur le poinct de douze heures du midy, retournons de devers son alteze, laquelle, en premier lieu, nous at adverty d'avoir hier soyr receu de sa ma l'acte d'aggreation du traicté de paix en forme deue, et mesmes en a faict faire la lecture hault et cler, et sy nous at accordé de le mectre entre noz mains (1) pour nostre seureté à jamais, moyennant que luy donnons deux à troys copies authenticqués de nostre greffier. Secondement, nous at proposé que, pour le benefice propre du pays, il convenoyt recouvrer prestement argent, pour en pouvoyr casser les soldats qui se mutinent, mengent, pillent, bruslent et branschattent (a) de tous costez, à faulte de à faulte de payement; aussy pour licentier les Allemans qu'avons prins à nostre cherge, qui coustent beaucop à entretenir de prestz, pendant qu'on

(1) Il y a quelques années, c'était, si je ne me trompe, en 1828, les journaux nous apprirent qu'une famille hollandaise avait fait hommage au roi de l'original du traité de Marche-en-Famène, qui était en sa possession. C'est le même acte dont parle Liébart dans ce passage de sa lettre. Il est probable que, à l'époque des troubles, il fut confié à la garde de quelqu'un des membres des états, et qu'il aura passé, par succession, dans les mains de la famille qui, en 1828, le restitua au gouvernement.

(a) Branschattent. Ce mot ne se trouve ni dans Carpentier, ni dans Roquefort. Je crois qu'on peut le traduire par ravagent ou détruisent. Dans le patois wallon, parlé en Hainaut, on dit encore souvent brisquader, pour détruire, abîmer.

les retient icy sans les contenter, et que nous eussions à adviser tous moyens à ce prompts et convenables, trouvant bon de faire une cotisation capitale de chascun selon sa faculté; ayant offert, pour sa teste et part, trente mille escus, à condition que les aultres facent le semblable, et qu'il ne manquera recommander nostre povreté à sa ma, affin qu'elle nous assiste de deniers. Tiercement, nous a requis, comme chose du tout necessaire pour le bien et salut du pays, de trouver moyen pour contenter et faire accommoder le prince d'Oranges en une mesme et conforme union avec les aultres estats, estant prest de luy accorder touts telz poincts que ledict prince avec raison et honneur scaura demander, et qu'à ceste fin, pour luy faire entendre et plus avant traicter avec luy, il avoyt commis et deputez quelques uns de sa part (1), qu'il desiroyt bien estre accompaignez d'aulcuns de nostre part (2), affin de le tout traiter par main commune, et mesme seroyt bien content et le desiroyt grandement, que ledict prince se voulut accommoder en sorte qu'il vint en communication non pas par commissaires, mais en personne. Au surplus nous at remercyé du bon voulloyr et affection qu'il véoyt que luy portons, faisant touttes offres de nous secourir en tout et partout, et de nous estre frere et compagnon, et n'espargnier sa santé et vye pour procurer le bien et salut de la patrie, et de

(1) Les députés de don Juan furent le duc D'Arschot; Gilles De Berlaymont, baron de Hierges, gouverneur de Gueldre, Zutphen, Overyssel et Lingen; Adrien Doignies, chevalier, Sr de Willerval; Adolphe De Meerkercke, conseiller et trésorier du Franc de Bruges, et André Ghaill. Leur instruction porte la date du 15 mai 1577. Un des ambassadeurs de l'empereur les accompagna. (Documens inédits.)

(2) Les états généraux commirent à cet effet Gaspard Schetz, chevalier, baron de Wezemaele, Sr de Grobbendoncq, trésorier général des finances, et le docteur Elbertus Léoninus. L'instruction de ces députés est du 9 mai 1577. (Documens inédits.)

ay

ne jamais manquer à sa parolle, nous priant que en ce le voullons croire. Et, pour sur iceulx poinctz resouldre, avons prins heure pour les troys apres disner. De quoy bien voullu en toutte diligence vous advertir, comme j'ay faict des choses passees et feray des choses à traicter, selon mon pouvoyr et que le loysir me permectra. Et à tant, mesdictz Srs, me recommandant humblement et affectueusement à voz bonnes graces, prye le Sr Dieu qu'il vous tienne en la sienne. De Bruxelles ce vje de may 1577 apres douze heures du midy.

De voz Sryes

Tres humble et affectionné serviteur,

BARTHELEMY LIEBART.

LETTRE

Écrite par le prince de Parme aux états de Hainaut, d'Artois, de Lille, Douai et Orchies, de Tournaisis, ainsi qu'aux villes principales de ces provinces, touchant la mort de don Juan d'Autriche (1): 10 octobre 1578.

(D'après la minute, reposant aux archives du royaume.)

ALEXANDRE, prince de Parme et Plasence, lieutenant, gouverneur et capitaine general, etc.

Tres chers et bien amez, nous ne voulons laisser vous advertir comme, le premier de ce mois, il pleust à Dieu

(1) J'ai publié, dans les Analectes belgiques, pp. 440-454, plusieurs pièces relatives à la maladie et à la mort de don Juan d'Autriche, et, entre autres, la lettre que le prince de Parme écrivit, à cette occasion, au roi de France, ainsi que les réponses qu'il reçut de Henri III, du duc de Guise et de la reine Élisabeth.

Depuis j'ai trouvé, aux archives du royaume, les minutes des lettres que Farnèse écrivit aussi, sur ce sujet, à la reine-mère de France, au duc de Lorraine, à l'évêque de Liége, ainsi qu'aux principaux seigneurs des Pays-Bas qui étaient restés fidèles au roi. Comme elles ne contiennent aucune particularité nouvelle, leur publication serait sans intérêt. Il n'en est pas de même de celle qui fut adressée aux états et aux villes des provinces wallonnes, pour les engager à se réconcilier avec Philippe II: elle est un monument de cette sage politique que Farnèse déploya, aussitôt qu'il prit les rênes du gouvernement, et qui eut pour résultat le retour, après sept années de négociations et de guerres, des provinces méridionales sous le sceptre de Philippe.

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