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cules qui ont déjà paru peuvent en donner une idée : c'est une pièce dont l'action est fort simple, et dont le mérite est surtout dans les morceaux lyriques, toujours si difficiles à traduire, morceaux tantôt mélancoliques, tantôt passionnés, qui jouissent en Chine d'une grande popularité.

Ce n'étaient pas seulement les mœurs, les coutumes et les lois de cet innombrable peuple qui piquaient la curiosité de l'Occident; c'était son industrie, et il y en a deux où il est maître: la soie et la porcelaine. C'est la Chine qui fournissait la soie à l'empire romain; c'est de la Chine que des moines ont rapporté les premiers vers qui permirent, au temps de Justinien (555), d'introduire cette industrie en Europe. C'est la Chine encore qui nous envoya ses porcelaines et provoqua les recherches à la suite desquelles les manufactures de Sèvres et de Saxe sont arrivées à rivaliser avec ses produits. Il n'était pas sans intérêt de savoir ce que les Chinois avaient écrit sur ces deux grandes industries. On en pouvait tirer des notions utiles encore, après tous les perfectionnements que l'expérience avait opérés dans nos magnaneries, après tous les progrès que la chimie avait pu introduire dans la composition de la pâte de porcelaine et dans l'art d'y appliquer les couleurs.

Ce fut sur l'invitation du Ministre des travaux publics, de l'agriculture et du commerce, que Stanislas Julien publia son Résumé des principaux traités chinois sur la culture des mûriers et l'éducation des vers à soie1 (Paris, 1837).

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Les Chinois, dit-il dans son avertissement, les Chinois, dont la littérature est la plus riche qui existe au monde, possèdent plusieurs centaines d'ouvrages sur l'agriculture, qui, chez eux, comprend toujours l'éducation des vers à soie... Le recueil d'agriculture d'où est extraite ma traduction fait partie d'une bibliothèque des ouvrages les plus estimés en Chine, dont l'exécution fut ordonnée en 1773 par l'empereur Kien-long, et qui, suivant le décret de ce prince, se composera de 160,000 volumes... En 1818, il en avait déjà paru 78,627. "

« La position d'un sinologue en Europe, continue-t-il, est loin d'être aussi avantageuse que celle de ces anciens missionnaires de Péking à qui nous devons de si utiles travaux. Il faut qu'il lutte à chaque instant et presque sans secours contre les difficultés de la plus vaste et de la plus compliquée de toutes les langues. Les obstacles se multiplient à l'infini, si le texte qu'il traduit est rempli de termes et de détails techniques et si les difficultés d'un sujet qui lui est étranger viennent se joindre aux difficultés de la langue. Telles sont les difficultés que j'ai rencontrées dans le cours de ma traduction. J'ose espérer qu'elles serviront d'excuse aux fautes qui ont pu m'échapper et qu'elles me donneront quelques titres à l'indulgence des gens du monde et des savants'.

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Cet ouvrage fut estimé d'une telle importance, qu'en très peu d'années il était traduit en italien (1837), en allemand (1837 et 1844), en anglais (1838), en russe (1840), en grec

gré de perfection, et que nous ne saurions mieux faire que d'aller puiser à la source même de nouvelles connaissances et de nouveaux perfectionnements. » (P. VII.)

1

Résumé des principaux traités chinois

sur la culture du mûrier, p. xiv-xvi. Il donne le tableau des divisions bibliographiques de ces volumes. (Cf. Journal asiatique, juillet 1834, 2° série, t. XIV, p. 66, art. de M. Neumann.

moderne (1847); Méhémet-Ali, pacha d'Égypte, donna même ordre de le publier en arabe, pour l'usage de la Syrie1.

Le livre intitulé: Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, livre publié aussi à la demande du Ministre de l'agriculture et du commerce (1856), n'a pas moins d'importance. Les Chinois, sans avoir jamais poussé bien loin leurs études scientifiques, ont acquis, par la pratique des procédés, un savoir-faire qu'en bien des points nos progrès en chimie n'ont pas pu égaler. Le livre de Stanislas Julien n'est pas une histoire composée à l'aide des nombreux ouvrages de la littérature chinoise sur cette matière, comme Abel Rémusat l'aurait pu faire. C'est, selon le tempérament de notre confrère, une traduction fidèle d'un ouvrage chinois, écrit en 1815 sur la porcelaine ancienne et moderne de la Chine. Sculement, dans une préface étendue, il montre que sa science ne se borne pas à traduire, qu'il possède à fond son sujet, et il suit, de période en période, les progrès de l'industrie dont son auteur a présenté le tableau Il y a joint une carte qui montre les diverses régions de la Chine où cette fabrication s'est établic et développée. Dans la préface de ce livre, Stanislas Julien, en demandant pardon au lecteur du sujet nouveau qu'il aborde, ne laisse pas que d'avouer l'attrait qu'il a pour ce genre d'études; et peut-être ne cherche-t-il des excuses qu'on ne lui demandait pas, que pour faire cette déclaration dont on peut croire qu'il était fier: « Si quelques personnes s'étonnaient de voir que maintes fois j'ai quitté la philologie orientale pour donner, dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences et ailleurs, un bon nombre d'articles relatifs aux arts et à l'industrie des Chinois, et dérobé un temps précieux à des études qui me sont chères, pour traduire des traités chinois sur les vers à soie et 'Histoire et fabrication de la porcelaine chinoise, p. IV-VI.

les mûriers, la porcelaine et les arts chimiques, je répondrais que ces écarts, dont je fais l'aveu sans aucune espèce de confusion, provenaient d'un goût naturel que j'ai toujours eu pour les choses scientifiques et industrielles, et d'une sorte d'instinct inné qui m'en rend l'intelligence facile et en fait pour moi un plaisir et un délassement 1. »

On trouve d'autres preuves encore de cet instinct qui l'entraînait à appliquer sa connaissance du chinois aux sciences et à l'industrie, dans un grand nombre de notes insérées aux Comptes rendus de l'Académie des sciences, notes consistant surtout en traductions dont l'exactitude a été, sur plus d'un point, démontrée par la vérification scientifique des procédés qu'elles exposent2. Un peu plus tard (1869), il publiait encore : Les In

1 Histoire et fabrication de la porcelaine,

p. x.

Note sur le Régime des cultivateurs de riz en Chine, régime qui semble les préserver des maladies auxquelles expose en Europe le travail des rizières. Comptes rendus de l'Académie des sciences (1837), t. IV, p. 796. -Sur la possibilité de la culture du thé en Europe (1838), t. VI, p. 510. Procédés usités l'extraction pour de la matière colorante du Polygonum tinctorium (extraits d'auteurs chinois), 1838, t. VII, p. 703.- Détails sur la oire d'arbre et les insectes qui la produisent (extrait des auteurs chinois, par M. Stanislas Julien), 1840, t. X, 618. p. Description des procédés des Chinois pour la fabrication du papier, traduite de l'ouvrage chinois intitulé Thien-kong-khai-we (ibid.), p. 697. Lettre sur les volcans de l'ile Formose mentionnés par les auteurs chinois (1840), t. X, p. 332. Sur du riz qui se cultive à sec dans la Mongolie, signalé par l'abbé Gabet,

TOME XXXI, 1" partie.

-

avec des extraits d'auteurs chinois qui
confirment l'assertion du missionnaire
(1842), t. XIV, 40.
p.
Note sur la co-
mète observée en Chine en 1301, extraite,
en collaboration avec M. Éd. Biot, de la
grande collection des Historiens de la
Chine (1842), t. XV, p. 951.- Détails
sur une plante textile cultivée en Chine, dont
l'auteur offre des graines à l'Académie.
(extraits des auteurs chinois sur la manière
de la cultiver), 1843, t. XVII, p. 421.-
Notice sur les miroirs magiques des Chinois
et leur fabrication, suivie de documents neufs
sur l'invention de l'art d'imprimer à l'aide
de planches de bois, de planches en pierre et
de types mobiles, huit, cinq et quatre siècles
avant que l'Europe en fit usage (extrait des
livres chinois), 1847, t. XXIV, p. 999 et
1002.- Procédé des Chinois pour craqueler
l'émail des vases de porcelaine (ibid. p. 1068).

Métallurgie des CHINOIS alliage du cuivre, cuivre blanc, gongs et tam-tams (extrait d'une petite encyclopédie chinoise

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IMPRIMERIE NATIONALS

dustries anciennes et modernes de l'empire chinois', livre qu'il eût été impossible de traduire par un système autre que la méthode précise et rigoureuse de notre confrère. Sans cette méthode, aucune des recettes nombreuses qu'on y trouve n'aurait pu avoir en français sa formule. Il était loin d'ailleurs de négliger l'instrument qu'il savait faire servir à tant de choses utiles. En 1842 il avait publié ses Exercices pratiques d'analyse, de syntaxe et de lexigraphie chinoise. En 1863 il publia des Dialogues chinois (Si-tch'ang-k'eou-t'eou-hoa), à l'usage de l'école spéciale des langues orientales vivantes dont le cours lui avait été confié: il en donnait le texte avec une traduction et un vocabulaire chinois-français de tous les mots. En 1864 il fit paraître deux autres ouvrages élémentaires, à l'usage de son enseignement:

1° Thsien-tseu-wen, ou Le Livre des mille mots2;

2° San-tseu-king, ou Le Livre des phrases de trois mots3.

publiée en 1637), ibid., p. 1069. ART
MILITAIRE ET NAVIGATION. Note sur l'emploi
militaire des cerfs-volants et sur les bateaux
et vaisseaux en fer et en cuivre, tiré des li-
vres chinois (ibid., p. 1070).-CHIRURGIE
CHINOISE. Substance anesthésique employée
en Chine dans le commencement du 111° siècle
de notre ère, pour paralyser momentanément
la sensibilité (1849), t. XXVIII, p. 195. -
Médecine chinoiSE. Sur l'hydrothérapie ou
traitement des maladies l'eau froide,
par
pratiquée en Chine au commencement du
III° siècle de notre ère, ibid., p. 244. -
AGRICULTURE et industrie CHINOISES. Ren-
seignements sur la plante textile tchouma
(urtica nivea) [extrait des livres chinois.-
Ibid., p. 394], et plusieurs autres commu-
nications. Avant la publication de ces
Comptes rendus, qui ne remontent qu'à
1832, il avait inséré dans le Journal asia-

tique un article sur le vermillon chinois (mars 1830, p. 208), traduit du chinois et extrait d'une encyclopédie technologique intitulée Thian-koung-kaï-we, ou Exposition des merveilles de la nature et des

arts.

1 Industries anciennes et modernes de l'empire chinois, d'après les notices traduites du chinois par M. Stanislas Julien, membre de l'Institut, et accompagnées de notices industrielles et scientifiques par M. Paul Champion, préparateur de chimie au Conservatoire des arts et métiers, etc. In-8°, Paris, 1869.

2 Textes chinois suivis de l'analyse des 1,000 mots, du tableau des 214 radicaux, de la prononciation, du mot à mot, d'une traduction développée et de notes philologiques et historiques (in-12).

3 En chinois et en latin (in-8°). — En

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