combat et à la mort de ses deux fils. Et c'est à propos de quelque contrariété de cette nature, qu'un ancien commentateur de Sophocle remarque fort bien 1 « qu'il ne faut point s'amuser à chicaner les « poëtes pour quelques changements qu'ils ont pu « faire dans la fable; mais qu'il faut s'attacher à «< considérer l'excellent usage qu'ils ont fait de ces <«< changements, et la manière ingénieuse dont ils << ont su accommoder la fable à leur sujet. » Sophoclis Electra. PERSONNAGES. ANDROMAQUE, veuve d'Hector, captive de Pyrrhus. PYRRHUS, fils d'Achille, roi d'Épire. ORESTE, fils d'Agamemnon, amant d'Hermione. HERMIONE, fille d'Hélène, accordée avec Pyr rhus. PYLADE, ami d'Oreste. CLÉONE, confidente d'Hermione. CÉPHISE, confidente d'Andromaque, PHOENIX, gouverneur d'Achille, et ensuite de Pyrrhus. SUITE D'ORESTE. La scène est à Buthrote, ville d'Épire, dans une salle du palais de Pyrrhus. TRAGÉDIE. ACTE PREMIER. SCÈNE I. ORESTE, PYLADE ORESTE. Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle, PYLADE. J'en rends graces au ciel, qui m'arrêtant sans cesse Sembloit m'avoir fermé le chemin de la Grèce, Depuis le jour fatal que la fureur des eaux, Presque aux yeux de l'Épire, écarta nos vaisseaux. Combien dans cet exil ai-je souffert d'alarmes, Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes, 2 Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger Où j'ai vu si long-temps votre ame ensevelie : Épire : N'est point d'un malheureux qui cherche le trépas. ORESTE. Hélas! qui peut savoir le destin qui m'amène ? PYLADE. Quoi! votre ame à l'amour en esclave asservie Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts, ORESTE. Je me trompois moi-même! Ami, n'accable point un malheureux qui t'aime : T'ai-je jamais caché mon cœur et mes désirs? Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs: En faveur de Pyrrhus vengeur de sa famille, Je te vis à regret, en cet état funeste, f Prêt à suivre par-tout le déplorable Oreste, Je pris tous mes transports pour des transports de haine: Je défiois ses yeux de me troubler jamais. |