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avec les troupes Françaises, les qualifie de troupes amies de Sa Sainteté.

Le Saint Père les a considérées comme telles par le passé; mais il déclare expressément que, quoiqu'il ait eu et ait encore pour elles tous les égards qui lui sont suggérés par son caractère, il ne peut plus certainement regarder comme amies des troupes qui, au mépris de ses protestations les plus solennelles, sont entrées dans Rome, ont violé sa propre résidence, se sont rendues maîtresses de la ville et du château; qui ont tourné les canons contre sa propre habitation; qui sont entièrement à la charge de son trésor et de ses sujets, et qui ont osé attenter à sa liberté.

Telle est la réponse que le Saint Père a expressément ordonné au soussigné de faire à Votre Excellence. Il a l'honneur de lui renouveler l'expression de sa considération la plus distinguée.

Le Cardinal JOSEPH DORIA PAMPHILI

A MONSIEUR L'AMBASSADEUR D'ESPAGNE.

Du Palais Quirinal, le 26 Février 1808.

LE Cardinal Doria Pamphili, Pro - Secrétaire d'Etat, a reçu la note de Votre Excellence, et il s'est fait un devoir de la mettre sous les yeux de Sa Sainteté.

Parmi tant de sujets de douleur, qui percent l'ame pure et sensible du Saint Père, il ne peut assurément considérer comme un des moindres, celui qu'il éprouve en apprenant la violation qui a été faite de la demeure de Votre Exc., et que l'on ait manqué, comme on l'a fait, au respect et aux égards qui sont

dus à l'Auguste Souverain des Espagnes, avec lequel Sa Sainteté est unie par les liens de la plus loyale et de la plus sincère amitié.

Mais Votre Excellence connaît la triste position de Sa Sainteté, qui est tous les jours témoin des nombreuses atteintes portées à sa propre dignité. Vous pouvez bien peser et évaluer dans vos lumières, quel appui elle peut prêter à votre juste réclamation.

Sa Sainteté a néanmoins ordonné au soussigné de faire à cet égard toutes les démarches qui sont en son pouvoir; et si elles doivent être sans succès, comme elle n'a que trop lieu de le craindre, il ne lui restera qu'à se consoler par la conviction qu'elle a d'être entièrement étrangère à l'affront dont Votre Excellence se plaint, et que le Saint Père condamne hautement.

Le Cardinal soussigné, en faisant passer cette note à Votre Excellence, lui renouvelle l'expression de sa considération particulière.

Le Cardinal JOSEPH DORIA PAMPHILI.

A MM. fes Cardinaux RUFFO-SCILLA, Archevêque de Naples; PIGNATELLI, SALUZZE, CARRACCIOLO CARAFFA-TRAJETTO; FIRRAO.

Du Palais Quirinal, le 28 Février 1808.

Le Cardinal Doria Pamphili, Pro-Secrétaire d'Etat, a rapporté à Sa Sainteté notre Seigneur, l'intimation faite à Votre Eminence, par le commandement militaire Français, de se rendre à Naples, dans le terme de vingt-quatre heures, et la réponse que Votre Eminence lui a faite, savoir, qu'elle dépendait de Sa

Sainteté,

Sainteté, dont elle a interpellé l'oracle par l'organe du soussigné.

Le Saint Père a été bien surpris de l'intimation que le commandement Français a osé faire à des personnes immédiatement attachées à son service et à celui de l'Eglise universelle, indépendamment d'une autorité temporelle quelconque, et il a ordonné au soussigné de signifier en réponse à Votre Eminence, qu'il a manifesté très clairement ses sentimens à M. l'Ambassadeur de France; qu'il lui a fait connaître que non seulement il n'avait pas le droit d'ordonner le départ de Votre Eminence, mais que le Saint Père ne voulait pas qu'elle s'éloignât de son

service.

Sa Sainteté est bien persuadée que Votre Eminence et les autres Cardinaux n'oublieront pas leurs sermens et leurs devoirs ; que si on leur demande une chose qui y soit contraire, ils sauront imiter son exemple, se conformer à sa conduite, et souffrir, s'il le faut, avec la même résignation.

Le Cardinal JOSEPH DORIA PAMPHILI.

Nota. Ces six Cardinaux ont été forcés de partir avant les autres.

A LA LÉGATION FRANÇAISE PRÈS DU SAINT SIÈGE.

Du Palais Quirinal, le 2 Mars 1808.

L'AUTORITÉ militaire s'est portée ces jours derniers à tant d'opérations violentes, que le Saint Père, malgré sa patience et sa résignation, en a ressenti la plus vive indignation.

Cette autorité Française a envoyé à l'improviste un

piquet de soldats Français à la poste aux chevaux, et en a enlevé la direction à M. le Chevalier Altieri. Elle a envoyé un autre piquet de soldats Français à la poste aux lettres du Pape, et a préposé un Inspecpecteur à la correspondance par lettres, contre la foi publique ; elle a incorporé violemment et de force la troupe de Sa Sainteté dans la troupe Française ; elle a enfermé dans le château Saint-Ange, et ensuite exilé, le Colonel Bracci, pour être demeuré fidèle à son Prince, plutôt que de mourir dans l'opinion publique par un acte de félonie, comme a fait le Lieutenant-colonel Frici, qui s'est déshonoré aux yeux de tout le monde; enfin elle a mis des gardes à toutes les imprimeries, pour enlever par ce moyen au Souverain de Rome et au chef de la Religion, la liberté même de l'impression.

Un seul de ces attentats suffit pour démentir le sujet pour lequel on a assuré, dans la note du 23 février, que la troupe Française était dirigée vers Rome pour purger cette ville des prétendus brigands Napolitains; un seul suffit pour montrer le dernier mépris, les derniers outrages qu'on fait à la dignité du chef visible de l'Eglise.

La troupe Française ne s'est pas bornée à ces attentats pour combler la mesure, combler la mesure, elle a osé mettre la main sur quatre Cardinaux, les détacher du sein de Sa Sainteté et les faire traduire à Naples, au milieu de la force armée, comme des criminels d'Etat. On ne saurait certainement porter plus loin la violence et l'abus de la force.

Sa Sainteté, qui s'est vu arracher de jour en jour les attributs de sa souveraineté, qui a vu fouler aux pieds en cent manières son honneur et sa dignité,

par une troupe qu'on voulait caractériser son amie, n'aurait pas cru que cette même troupe se portât à de pareilles extrémités, lesquelles ont principalement pénétré son cœur de la plus vive douleur.

Le Saint Père qui, semblable à un agneau, a souffert, dans le silence et la résignation, toutes les in sultes, a été si touché de cette dernière, qu'il a ordonné au soussigné de reprendre la parole, et de vous en faire, Monsieur, les plaintes les plus amères et les plus significatives, et de vous déclarer, que, malgré l'horreur que lui inspirent ces procédés hostiles, et quelque humilians que soient aux yeux de l'Europe les excès inattendus et violens auxquels se porte la troupe Française, qui va jusqu'à attenter à la dignité des Cardinaux, laquelle est une émanation de sa suprême dignité; malgré tout cela, le Saint Père, s'abandonnant uniquement à Dieu, observera sans s'effrayer, et sans s'écarter des principes conformes à ses devoirs sacrés, jusqu'à quand la troupe Française voudra abuser de sa douceur et de sa patience, et si enfin elle voudra mettre un terme à des insultes et à des mépris que n'a point mérités le Souverain de Rome, chef de la Religion catholique.

T'el est l'ordre positif que le Cardinal, pro-Secrétaire d'Etat, a reçu de Sa Sainteté ; et tandis qu'il se fait un devoir de l'exécuter sans la moindre altération, il vous renouvelle, Monsieur, les sentimens de la plus haute considération.

Le Cardinal JOSEPH DORIA PAMPHILI.

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