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l'une et de l'autre voilà ce que nous déclarons vouloir librement, comme nous le voulons réellement en J. C. N. S.

Le gouvernement français, employant les prétextes les plus injustes et les plus frivoles, porte atteinte à notre pouvoir spirituel et temporel; mais nous avons Dieu pour témoin et toutes les nations pour garant de notre conduite, et c'est pourquoi nous avons jugé à propos de vous faire connaître en particulier, notre Eminentissime Frère, quelles sont les bases des susdits prétextes, et quelle a toujours été notre immuable et constante détermination.

Et d'abord, quelles preuves le gouvernement français n'a-t-il pas de notre zèle constant à nous réconcilier avec cette foule de ses habitans qui s'étaient éloignés de l'Eglise catholique, apostolique et romaine? Quels moyens n'avons-nous pas essayés pour y consolider l'autorité publique et particulière? Avant même d'être élus à la chaire du successeur de St. Pierre, notre cœur était si vivement affecté que nous ne pûmes nous défendre du désir de nous sacrifier tout entiers pour rendre la paix, l'union et la tranquillité à une nation qui, les mains fumantes encore du sang de ses Frères sacrifiés dans tout état, dans toute condition, avait attiré l'indignation, et sur elle-même et sur ses enfans, en versant le sang de son légitime souverain.

Attaché à l'administration de l'Eglise d'Imola par le Saint-Siége, et depuis comme Evêque, nous cherchâmes à faire connaître notre penchant et notre affection pour cette nation, lorsque nous eûmes une entrevue avec le chef de l'armée française en Italie, lequel nous menaçait de ruine et de carnage, et de près et dans le lointain.

Les écrits pleins de zèle et de vérité que nous adressâmes à notre peuple, démontrent et garantissent suffisamment la tendresse et la sincérité de nos sentimens à cette époque; et au milieu des craintes et des angoisses nous eûmes la satisfaction d'obtenir de ce même chef le pardon et la vie pour ceux de nos enfans qui, à main armée, avaient assassiné les anciens commissaires de notre cité.

Elevés par la divine Providence à la dignité de Pontife suprême, après la mort glorieuse du grand, de l'immortel Pie VI, notre prédécesseur d'heureuse mémoire, et investis de la plénitude de l'autorité de St. Pierre et du Saint-Siége, que n'avons-nous pas fait ? Quels moyens, quelles preuves, quels sacrifices de notre part, pour convaincre le gouvernement français de notre sollicitude et de nos soins paternels?

L'univers en est témoin, et Dieu connaît l'objet de nos vœux ; et comment ce même gouvernement peutil sans crime aujourd'hui vouloir nous opprimer, nous humilier, nous exiler? Mais non, Pie VII est sans crainte, il ne résiste pas, il ne s'avilit pas. Notre force, notre consolation, notre espoir sont en J. C. et en sa religion les persécutions seront notre gloire, et la mort notre triomphe. Les moyens que nous avons mis en usage pour gagner une nation si éloignée du bon chemin, se sont manifestés lors du congrès de Lyon, que nous avons modifié, approuvé, confirmé, toutefois sans compromettre le dogme ni la discipline la plus essentielle et quand nous nous sommes crus à l'abri de toute attaque, on a préparé de nouveaux attentats contre nous. Le gouvernement français qui venait de déclarer et proclamer Bonaparte pour son chef et son Empereur, nous fit proposer si nous vou

lions abandonner notre siège et nous transporter à Paris pour sacrer et couronner le nouvel empereur. Dans la vue d'obvier au plus grand des inconvéniens et d'arrêter des maux qui pouvaient se reproduire, nous avons de bon gré quitté notre siége, et nous nous sommes exposés à un voyage pénible et désagréable. Nous nous rendimes à Paris pour cette cérémonie, et ayant placé sur la tête de Napoléon le diademe impérial, nous pensâmes que dès-lors la paix, la sureté et la bonne union étaient loyalement établies entre ce souverain et nous, entre la religion catholique et ses peuples qui avaient déjà donné toutes les marques de respect, de vénération et de dévouement pour elle. Nous crûmes que l'on essayerait en vain de s'élever contre elle, et que nous ne devions concevoir aucune inquiétude.

Depuis peu, nous avons reçu de ce gouvernement une lettre basée sur les prétextes inadmissibles et injustes dont nous vous avons déjà donné connaissance dans le consistoire secret tenu à cet effet, et que nous jugeons à propos de rappeler à votre mémoire, afin qu'en applaudissant à nos immuables résolutions, vous souteniez notre courage et notre disposition à tout souffrir avec constance pour le soutien de la sainte religion catholique, apostolique et romaine, et pour la conservation des droits du Saint-Siége. Il est vrai que, dans tous les temps, l'Eglise de France a joui de privilèges reconnus par nos prédécesseurs, et bien loin que nous ayons voulu les détruire ou les diminuer, nous lui en avons accordé de nouveaux qui ne se sont point trouvés en opposition avec notre conscience, ainsi que tout le monde catholique en est instruit. Que pouvait-on faire de plus et vouloir encore de nous? Il fut décidé de

mettre

mettre notre constance à l'épreuve, et d'anéantir notre autorité. O gouvernement! O peuple! en te mettant contre nous, tu te mets contre toi-même.

1.o Le gouvernement français demandé aujourd'hui un patriarche indépendant de nous; il le nomme, le reconnaît, nous le propose revêtu de notre autorité, et nous somme de vouloir le reconnaître. Nous avons protesté et nous protestons non-seulement que nous ne le reconnaissons pas à ces conditions, mais nous le déclarons intrus et rejeté à jamais du sein de l'Eglise catholique, apostolique et romaine.

2.o On veut que le code soit publié et mis dorénavant en activité dans nos états. Mais ce code étant contraire à notre autorité souveraine, opposé aux saints canons et aux saints conciles, nous avons manifesté notre refus.

3.o On entend que tous les cultes soient libres et publiquement exercés. Mais nous avons rejeté cet article comme contraire aux canons et aux conciles, à la religion catholique, à la tranquillité de la vie et au bonheur de l'état, par les funestes conséquences qui en dériveraient.

4.o On désire la réforme des évêchés, et que les Evêques soient indépendans de nous. Mais cela étant opposé aux intentions de notre Législateur et Seigneur J. C., qui a ordonné qu'il existât entre St. Pierre et les Apôtres une union représentée aujourd'hui par celle des Evêques avec nous, lorsqu'il lui dit qu'il était Pierre et qu'il serait comme la pierre fondamentale sur laquelle il bâtirait son Eglise, ajoutant de plus au même Pierre qu'il devait maintenir l'union de ses frères avec lui et les confirmer dans la foi, et tu conversus confirma fratres tuos; en conséquence, nous

protestons vouloir conserver par nous et par nos successeurs, la plénitude de notre primauté, et la dépendance des Evêques envers notre siége, ainsi que la chose est ordonnée par les bulles pontificales, les sacrés canons et les conciles.

5.o On demande que les bulles pontificales qui regardent la collation des évêchés et des paroisses de notre juridiction, soient et demeurent abolies. Comme cet article serait un sujet de désordre et d'indépendance, ainsi qu'une déclaration puissante contre notre autorité et le Saint Siége, nous le rejetons avec une égale fermeté.

6. On insiste pour que nous décrétions l'abolition générale des ordres ecclésiastiques de l'un et de l'autre ́sexe. Mais nous n'avons aucun motif pour l'effectuer; au contraire, nous croyons qu'il est de notre devoir de les conserver et de les encourager.

7.o On demande l'abolition du célibat à l'avenir, et que les personnes consacrées au culte de la religion, même celles engagées par un vœu solennel, puissent se marier. Ce n'est qu'un article opposé à la sainteté et à la pureté de cette même religion, et contradictoire avec les promesses que les personnes religieuses ont faites à Dieu, en faisant, pour un plus grand bien, le sacrifice volontaire de leur liberté.

8.o Enfin le gouvernement français nous signifie de couronner et sacrer roi de Naples, Joseph Bonaparte. Mais comment pourrions - nous le faire sans délit ? Ferdinand Bourbon, souverain légitime de ce pays, est plein de vie : nous n'avons pas connaissance qu'il ait fait cession de ses états, et même nous sommes pleinement assurés des prétentions qu'il y a. Comment

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