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PIÈCES OFFICIELLES.

BILLET DE M. L'AMBASSADEUR ALQUIER,
A S. E. le Cardinal Secrétaire d'État.

Rome, le 29 Janvier 1808.

J'AI l'honneur de transmettre à Votre Eminence la copie de l'Itinéraire qui sera suivi par deux colonnes de troupes formant 6000 hommes, lesquelles doivent, sans s'arrêter, traverser l'Etat Romain. M. le général Miollis, en mè communiquant cet ordre de marche, m'a donné l'assurance que ces troupes, en passant par les différens bourgs de l'Etat Romain conserveront le meilleur ordre possible; et la réputation de M. le général Miollis est si universellement établie, que je ne crains point, M. le Cardinal, de me rendre garant de l'accomplissement de sa promesse. J'ai l'honneur de renouveler à Votre Eminence l'assurance de ma respectueuse considération.

A MONSIEUR L'AMBASSADEUR ALQUIER.

Du Palais Quirinal, le 30 Janvier 1808.

LE Cardinal Secrétaire d'Etat a reçu la note de Votre Excellence, en date d'hier, et il s'est fait un devoir de la mettre sous les yeux de Sa Sainteté.

Le Saint Père a été extrêmement surpris et profondément affligé, en voyant que Votre Excellence qualifie de refus une note qui contient en substance toutes

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les marques de condescendance possibles, Sa Sainteté n'ayant excepté que les clauses incompatibles avec ses devoirs sacrés et les obligations de sa conscience. Elle se flatte cependant que cette note fera sur l'esprit de Sa Majesté Impériale et Royale, une impression différente, garantie par sa justice et sa bienveillance.

Le Cardinal PHILIPPE CASONI.

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Du Palais Quirinal, le 51 Janvier 1808. SA Sainteté a appris qu'une troupe Française, en nombre imposant, s'avançait à marches forcées vers cette Capitale; et de plus, deux bruits différens se sont répandus: l'un porte que cette troupe n'est seulement que de passage, étant destinée pour le royaume de Naples; l'autre, au contraire, donne à penser qu'on aurait dessein de s'emparer de la ville de Rome. En conséquence, j'ai l'honneur d'interpeller formellement Votre Excellence, au nom et par ordre exprès du Saint Père, pour qu'elle déclare, sans détour, le motif de la marche de cette troupe, et qu'elle donne par écrit une réponse claire et précise à l'Officier pontifical, chargé de vous remettre la présente note; afin que Sainteté puisse prendre les déterminations qu'elle jugera convenables.

Sa

Le Cardinal PHILIPPE CASONI, Secrétaire d'Etat.

RÉPONSE DU GÉNÉRAL MIOLLIS.

SON Excellence, M. l'Ambassadeur de France, a reçu par un de mes Aides-de-camp, l'Itinéraire de la

Division qui marche sous mes ordres, pour être communiqué aux Ministres de Sa Sainteté. J'espère qu'ils seront satisfaits sur cet objet, moyennant l'avis que j'ai été engagé à vous donner.

Je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération, et d'offrir à Sa Sainteté l'hommage de mon profond respect.

A. M. L'AMBASSADEUR ALQUIER

Qu Palais Quirinal, le 1.er Février 1808.

SA Sainteté a reçu la dépêche de votre Excellence, et vient de charger le Cardinal Secrétaire d'Etat de yous donner en son nom la réponse suivante.

Le Saint Père a toujours séparé les personnes des choses. Si, dans l'audience d'avant-hier, il vous a parlé avec un peu de force et de chaleur, ce n'est point certainement qu'il ait rien diminué de sa confiance et de son estime pour vous; mais son ame était justement exaspérée par les bruits publics, par les menaces et la jactance des Commandans Français euxmêmes, qui ne cachent point que les troupes, destinées selon vous pour le royaume de Naples, doivent en effet occuper la ville de Rome.

Sa Sainteté sait positivement qu'elle n'est point en guerre avec Sa Majesté Impériale et Royale, puisque son Légat conserve son caractère à Paris, et qu'elle a reçu de lui une réponse officielle, contenant tous les assentimens compatibles avec sa dignité. C'est pourquoi, elle n'a pu et ne peut considérer l'occupation de sa Capitale, que comme une mesure injurieuse au Chef de l'Eglise, et contraire d'ailleurs à la justice et

à la bienveillance de Sa Majesté. Si les troupes Françaises doivent se diriger vers le royaume de Naples, Sa Sainteté entend qu'on observe la convention faite entre les deux Gouvernemens, pour leur séjour hors des portes, dans les casernes accoutumées, et pour leur passage hors des murs. Elle n'interdit point l'entrée de la ville à M. le général Miollis, ni à son Etatmajor; donnant, au contraire, l'assurance qu'ils seront accueillis et traités avec l'hospitalité et la bienveillance ordinaire. D'après cela, si les troupes qui sont en marche n'ont point d'intention hostile, ainsi que Votre Excellence l'assure, il suffira qu'elles n'entrent point dans la ville, et il ne sera pas nécessaire de retirer les ordres qui ont été donnés au château et aux portes, puisque la destination de ces troupes doit les rendre inutiles.

Sa Sainteté voit avec satisfaction par la note de Votre Excellence, le désir qué Sa Majesté a montré jusqu'à présent de concilier les différends qui peuvent exister entre les deux Cours. Le désir de Sa Sainteté ne saurait être moins ardent; et c'est pour parvenir à cette conciliation, que, dans la déclaration envoyée le 28 janvier dernier, elle a fait les derniers efforts de condescendance. Quoique le Saint Père sache qu'il n'y a rien à ajouter à ce qu'il a exprimé dans cette déclaration, cependant il croit devoir annoncer que, ne pouvant considérer l'entrée de la troupe Française dans sa ville, que comme une mesure hostile, sa présence fera cesser tout pourparler ultérieur, attendu que ce n'est point la force qui fait réussir les négociations, mais une liberté réciproque, la bonne foi et la clarté dans les discussions.

Telle est la réponse que Sa Sainteté a ordonné au

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