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ce qui avait été décidé, et de condamner à l'amende tous ceux qui se soumettraient à la juridiction temporelle des prélats. Ainsi ils foulaient aux pieds le pouvoir spirituel, et le mettaient au-dessous du pouvoir temporel; ils auraient même fini sans doute par réaliser leurs coupables projets, et par placer les gens d'église comme les laïques dans la dépendance des seigneurs temporels, si la vénérable Université de Paris ne s'y fût opposée.

Déjà les laïques, et surtout les seigneurs de la cour, refusaient de comparaître en justice devant l'Université, malgré ses priviléges, et l'on forçait ses suppôts à payer les contributions. Les docteurs et les professeurs tinrent, suivant l'usage, une grande assemblée pour délibérer sur ces excès, et résolurent d'un commun accord de porter plainte au roi le jour de la fête de la Trinité. Ils ne purent d'abord obtenir audience; ils se décidèrent alors, d'après l'avis des conseillers du roi, à lui présenter une copie de leurs priviléges; ce qu'ils firent plusieurs fois. Mais voyant l'inutilité de leurs démarches, ils suspendirent leurs leçons et tous les actes des écoles. Cette suspension fit partir de la capitale plusieurs clercs étrangers. Il y eut alors une seconde assemblée, et sur la nouvelle que le roi allait bientôt quitter Paris, le vénérable recteur et vingt députés d'un savoir éminent se rendirent le 15 juillet à Saint-Germain-en-Laye, où il se trouvait, et demandèrent instamment une audience. Le roi, cédant à de mauvais conseils, la leur refusa encore ; mais enfin il leur accorda leur demande, à la requête de quelques seigneurs de sa cour, qui l'en supplièrent cinq fois à genoux, en lui représentant que cette affaire intéressait l'honneur de sa couronne. Messire Bureau de la Rivière, le connétable et le sire de Noviant s'étaient rendus leurs principaux intercesseurs. Ce n'était pas qu'ils eussent changé de sentiments; mais ils avaient d'autres projets. Ils firent en sorte qu'on n'accordât point la parole aux députés, dans la crainte qu'ils ne portassent quelque atteinte à leur crédit ou à l'autorité du roi. Ils savaient de bonne part que les docteurs de l'Université avaient déjà curieusement recherché l'origine et discuté les droits de l'autorité royale sur le clergé, et songeaient à les empêcher de faire entendre les raisons qu'ils pouvaient alléguer à l'appui de leurs pro

tis regum origine diligentissime discussisse, et quanta eminencia rex presidebat super clerum. Quare ne raciones ad propositum inventas ibidem publicarentur, mox regi depenso debito salutacionis affatu, antequam magister in theologia, cui propositum commissum fuerat, vocem daret, cancellarius responsionem protulit in hunc modum ; « Dominus rex sane novit ad quid «< convenistis; peticiones vestras liberaliter concedit, ciciusque concessisset, si privilegiorum tenorem cicius perlegisset. » Et hoc dicto, rex eos benigne redarguit, quod tanto tempore cessaverant, precipiens ut iterum lectiones resumerent; quod et in presencia sua concesserunt, et sic contenti ad propria redierunt.

CAPITULUM V.

Rex infirmitate gravi laboravit, dum viribus humiliare vellet ducem Britanie.

Ad hystoriam rediens, rex, copiis sub celeritate contractis pugnatorum, mox ad civitatem Cenomanicam magnis itineribus', et ibidem duces Biturie et Burgundie patruos expectavit; qui quantum expedicionem bellicam reprobabant, tam lente regio dignum duxerant obtemperare edicto. Eorum tamen adventu rex letatus est. Ducis quoque Biturie victus vallidis precibus, eidem regimen et custodiam restituit Acquitanie ducatus, monens tamen ut deinceps gentes sue, erga patriam micius solito se habentes, angarias et perangarias peccuniales consuetas minime exercerent.

Inde prefatis ducibus mentem suam aperuit. Et quia decretum erat, ut quidquid dominus Petrus de Crodonio possederat ad fiscum reduceretur regium, ad oppidum, quod Sable dicebatur, armatos destinaverat homines; sed ipsis introitus fuerat Il semble nécessaire, pour compléter le sens, de supposer dans le manuscrit l'omission d'un mot, tel que contendit.

I

positions. Aussi, dès qu'ils eurent offert au roi l'hommage de leurs salutations, et avant que le docteur en théologie chargé de porter la parole eut ouvert la bouche, le chancelier s'exprima ainsi : « Notre sire le roi sait fort bien le sujet qui vous amène; il vous <«< accorde volontiers ce que vous demandez, et vous l'aurait déjà «< accordé s'il avait lu plus tôt la teneur de vos priviléges. » Après cela, le roi leur reprocha avec bonté d'avoir suspendu si longtemps leurs leçons, et leur enjoignit de les reprendre. Ils le lui promirent, et partirent ainsi très-satisfaits.

CHAPITRE V.

Le roi est atteint d'une grave maladie, au moment où il allait soumettre par la force des armes le duc de Bretagne,

Je reviens à la suite des événements. Les hommes d'armes ayant été promptement rassemblés, le roi se mit à leur tête et marcha en toute hâte sur le Mans. Il y attendit ses oncles les ducs de Berri et de Bourgogne, qui n'obéissaient qu'avec lenteur à ses ordres, parce qu'ils désapprouvaient l'expédition. Malgré leur retard, il leur témoigna sa joie de leur arrivée. Le duc de Berri obtint même par ses instances que le roi lui rendît le gouvernement et la garde du duché d'Aquitaine; mais il lui recommanda d'obliger ses lieutenants à se conduire désormais avec plus de douceur, et à ne pas écraser le pays d'impôts et d'exactions, comme ils l'avaient toujours fait.

Après cela, le roi fit part de ses desseins aux deux ducs. Comme il avait été décidé que tout ce qui appartenait à messire Pierre de Craon serait confisqué, il avait envoyé des hommes d'armes contre la place de Sablé. Il apprit bientôt que les portes leur en avaient été fermées par la garnison qui la défendait au nom du duc de Bretagne; il en fut vivement courroucé. Le duc, voulant apaiser son ressentiment,

denegatus ab introrsum manentibus, qui illud auctoritate ducis Britanie custodiendum susceperant. Repulsam rex indignanter pertulit. Quam cupiens delinire dux prefatus excusatores mox misit, qui, illud asserentes suum esse, supplicarent ut adventus. suus esset pacificus, et istius omniumque aliorum introitus. libere offerebat. Vires regias verebatur, que supervenientibus novis concionibus augmentabantur cotidie, ne, sicut patriam Cenomanicam irreparabiliter oppresserant, sic suam dampnificarent; ad quod rex per consilium suum conabatur. Sed, ut in procursu rerum adversa et inconsueta emergunt, hoc nequi vit infirmitate mirabili et alias inaudita prepeditus.

In castris residens, dum acerbitatem hujus mente revolvebam, manus libens calamum retraxisset, ne ad noticiam transisset posterorum, nisi hujus regis commendabilia gesta et note subjacencia scriptis redigenda ex officio suscepisset. Et, si circumspectorum veraci relacione standum est, infortunium hoc dolendum non contigit sine precedenti signo. Nam reffertur inter preciosa jocalia ecclesie sancti Juliani Cenomanensis sigillum beate Marie Virginis contineri; quod quia tunc sine tactu cujuscunque se volubile reddidit fere per mediam horam, ut alias experti fuerant, vaticinaverunt scandallum in regno proxime affuturum; statum sane incolumitatis regis ignorabant.

Quam familiares ejus non immerito mirabantur; nam ab augusti mensis principio, velut vir non sane mentis, verbis fatuis utendo, gestus eciam majestatem regiam dedecentes exercuerat inter eos. Mensis eciam quinta die, á patruis et cognatis non potuit immutari, quin voce preconia lituisque precinentibus stipendiarios armari preciperet. Sed armatus de villa exiens, cum acies usque ad leprosariam transduxisset, quemdam abjectissimum virum obvium habuit, qui eum terruit vehementer.

que cette

envoya des gens pour lui porter des excuses, et pour lui dire place était à sa disposition, qu'il priait le roi de venir pacifiquement, et qu'il offrait de lui ouvrir également les portes de toutes ses autres places. Il redoutait l'armée royale, qui se grossissait chaque jour par l'arrivée de nouveaux corps; il avait vu le Maine cruellement dévasté, et il craignait que le roi n'exerçât les mêmes ravages dans son pays, comme les gens qui l'entouraient lui en donnaient le conseil. Mais de soudains revers viennent souvent se mêler au cours des événements. Une maladie étrange et jusqu'alors inconnue arrêta le roi dans ses projets.

J'étais alors au camp. En songeant à tout ce qu'un pareil malheur avait de cruel, j'aurais volontiers laissé tomber la plume de mes mains, pour ne point transmettre ce souvenir à la postérité. Mais il est de mon devoir de raconter tous les événements de ce règne, quels qu'ils soient, heureux ou malheureux. S'il faut en croire des personnes dignes de foi, cet accident déplorable avait été annoncé par des signes précurseurs. Ainsi une petite statue de la bienheureuse Vierge Marie, qui faisait partie des joyaux précieux de l'église de Saint-Julien au Mans, avait, dit-on, tourné sur elle-même pendant une demi-heure environ, sans que personne y touchât; comme ce prodige avait déjà eu lieu précédemment, on en augura qu'une grande calamité était près d'éclater dans le royaume. On ignorait sans aucun doute la maladie du roi. Cette maladie était pour ses familiers un juste sujet d'étonnement. En effet, dès les premiers jours d'août, le roi avait commencé à donner des signes de démence des insensés et par des gestes indignes de la majesté royale. Le 5 du mois, malgré les représentations de ses oncles et de ses parents, il fit publier, par la voix du héraut et à son de trompe, l'ordre de prendre les armes; il sortit de la ville armé de pied en cap, à la tête des troupes. Mais à peine était-il arrivé jusqu'à la lépproserie, qu'un misérable, couvert de haillons, vint à sa rencontre et lui causa une vive frayeur. Malgré les efforts qu'on fit pour éloigner cet homme par les menaces et la terreur, il

par

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