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haine ni crainte, et dans un espace de temps qui sera déterminé d'avance. Ils entendront, examineront et discuteront avec des intentions le demande et l'exige l'importance de la quespures, ainsi que tion, toutes les raisons de fait et de droit alléguées de part et d'autre; après quoi ils déclareront lequel de nous deux a droit à la papauté. On s'engagera formellement à maintenir et à respecter toutes les déclarations ou décisions rendues par lesdits arbitres ou par les deux tiers d'entre eux. On prendra préalablement de part et d'autre les précautions nécessaires, utiles et même convenables pour hâter et assurer la conclusion de l'affaire, pour lever les doutes, et pour faire disparaître les obstacles et les scandales qui pourraient vraisemblablement résulter de la conduite tenue par les deux parties dans le passé, ou de la déclaration des arbitres quant à ce qui concerne l'avenir.

<< Si par l'un ou par l'autre de ces moyens on ne réussit pas à mettre fin au schisme, et à rétablir véritablement et sincèrement l'union et la tranquillité dans l'Église de Dieu, nous offrons en ce cas, avant que les deux parties se séparent et quittent le lieu de la conférence sans avoir accompli l'union tant souhaitée, de proposer ou d'accepter avec l'intention d'en faire usage, les voies raisonnables, honnêtes et juridiques qui pourront, sans offenser Dieu, sans donner de fâcheux exemples, sans scandaliser l'Église romaine et les fidèles, mettre convenablement un terme au schisme, et rétablir véritablement et sincèrement l'union et la tranquillité au sein de l'Église. Dans toute cette affaire, nos efforts et notre zèle prouveront clairement au roi, aux ducs et à tous les chrétiens qu'il ne tient pas et qu'il ne tiendra pas à nous que l'Église de Dieu ne jouisse de cette unité depuis si longtemps désirée. » — Cette bulle était signée: Mathieu Sancy.

Post bulle lecturam, ut duces quid responderent mature deliberarent, pape vale dicto recesserunt, cardinales Albanensem et Pampilonie habentes; qui tum in itinere hac de causa adinvicem verbalem controversiam moverunt. Nam dominus Albanensis, sciens duces minime gratum habuisse responsionem pappe, alteri, cunctis audientibus, imposuit quod ipsemet bullam illam confecerat, et quod totum regimen Ecclesie atque summi pontificis assumere conabatur, et plus equo de circumspectione sua presumebat. Altero autem hoc negante, et vicibus iteratis asserente quod omnes tribulaciones emergentes et molestias, quas paciebatur curia, ab eo procedebant, inde ex iracundia procedens ad injurias ter ei publice dixit quod menciebatur per gullam. Que quidem tantorum dissolucio ducibus derisionis materiam ministravit.

CAPITULUM VII.

Pons Avinionensis succenditur.

Interim dum hec aguntur, per quosdam nequam et malivolos homines, quos forsan dominorum ducum tedebat presencia, ac si vellent accessum eorum cotidianum ad pappam penitus impedire, ex occulto additus dolus fuit. Nam, circa mediam noctem, missis qui magnam vim lignorum in Rodanis rippa jacentem ardentem in flumen conjicerent, ventoque juvante accensit ligna, et pleraque in ratibus impacta, subliciis cum hererent, pontem incenderunt. Ad flamme primum affectum, familiares dominorum in civitate locati, mox expergefacti, territi sunt, et verentes ne inde prodiciones attenttarentur alique, ad resistendum violenciis futuris, si emergi contingeret, protinus arma capescunt. Mutuo se recolligentes cives et ar

Après la lecture de la bulle, les ducs prirent congé du pape pour délibérer mûrement sur la réponse qu'ils feraient, et se retirèrent accompagnés par les cardinaux d'Albano et de Pampelune. Les deux prélats eurent, chemin faisant, une discussion au sujet de cette affaire. Monseigneur d'Albano, qui s'était aperçu que les ducs n'avaient pas goûté la réponse du pape, reprocha en leur présence à son compagnon d'avoir rédigé cette bulle, de vouloir s'arroger le gouvernement de l'Église et dominer le souverain pontife, et d'avoir une trop haute opinion de son mérite. Le cardinal de Pampelune nia le fait, et répéta plusieurs fois que toutes les tribulations, tous les embarras qu'éprouvait la cour de Rome devaient être attribués à son collègue. Dans l'emportement de sa colère, il en vint aux injures, et lui dit trois fois tout haut qu'il en avait menti par la gorge. Cette dispute entre de tels personnages fit beaucoup rire les ducs.

CHAPITRE VII.

Incendie du pont d'Avignon.

Sur ces entrefaités, quelques gens pervers et malintentionnés, que mécontentaient sans doute la présence de messeigneurs les ducs et leurs entrevues journalières avec le pape, conçurent un dessein perfide pour leur interdire l'accès du palais pontifical. Vers le milieu de la nuit, ils firent jeter tout enflammées dans le Rhône des pièces de bois qui se trouvaient sur les bords du fleuve. Le vent propagea rapidement la flamme, et les pièces de bois, venant heurter contre les bateaux qui étaient arrêtés près des piliers du pont, y communiquèrent le feu. A la première alerte, les gens de messeigneurs les ducs, logés dans la ville, furent sur pied. Ils n'étaient pas sans inquiétude; ils craignaient que cet incendie ne couvrît quelque trahison, et ils prirent aussitôt les armes pour repousser la force par la force, si l'on venait les attaquer. Les habitants se rassemblèrent de leur côté, et placèrent des gardes

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matis viris portas et menia urbis munierunt. Adveniente autem luce, quia vulgo ferebatur factum ex intencione pape processisse in contemptum dominorum, multi aulici fuerunt qui persuadebant eisdem ut ab injuriis procederent ad vindictam. Sed papa hoc audiens mox innoxium statuit se eis reddere per modum. Ad reparacionem namque pontis, evocatis artificibus, mox operam dari jussit. De rippa quoque ad rippam navibus per quas transmeari posset colligatis, prefatos dominos accersivit, et ad sui purgacionem juravit nunquanı maliciam istam concepisse nec eciam precepisse.

CAPITULUM VIII.

De conclusionibus cujusdam pessimi jacobite.

Cum super responsis pape dandis cum legatis regiis Universitatis Parisiensis deputati mutuo deliberarent, quidam zizaniorum sator jacobita, in sacra pagina famosissimus professor, anglicus nacione, et Johannes Hayton vocatus, ipsorum colloquia interrupit. Nam conclusiones quasdam ubique dogmatizabat in dedecus regis et regni Francie atque Universitatis Parisiensis, quas asserebat contra quoscunque clericos sustinere. Quod scandalum omnes vitare et aboleri nuncii cupientes, invicem deliberaverunt quid inde agendum esset. Quamvis nonnulli assistencium rem sub simulacione transire dignum ducerent, ne forsan accessorium noceret principali, tandem tamen in unum convenientes supplicaverunt domino pape ut is captus carceri manciparetur, puniendus secundum exigenciam delicti; et hoc libenter annuit, volens ducibus complacere. Ipsis eciam precipientibus ducibus, Universitatis nuncii repetitis vicibus ejus mutare propositum conati sunt. Sed obstinatus semper cum

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aux portes et sur les murs de la ville, en attendant le jour. Le bruit ayant couru que c'était le pape qui avait ordonné l'incendie pour faire affront aux ducs, plusieurs courtisans cherchèrent à leur persuader d'en tirer vengeance. A cette nouvelle, le pape s'empressa de leur prouver son innocence. Il fit venir des ouvriers et leur enjoignit de réparer le pont. Il ordonna aussi qu'on établit une communication d'une rive à l'autre au moyen d'une suite de bateaux liés ensemble, manda lesdits ducs à son palais, et leur jura, pour sa justification, qu'il n'avait jamais conçu ni commandé une telle perfidie.

CHAPITRE VIII.

Conclusions d'un infâme jacobin

Pendant que les députés de l'Université de Paris délibéraient avec les envoyés du roi sur la réponse qu'on ferait au pape, une circonstance imprévue vint interrompre leurs conférences. Un certain jacobin, fauteur d'hérésies, anglais d'origine et nommé Jean Hayton, qui était un fameux docteur en théologie, énonçait en tous lieux certaines conclusions attentatoires à l'honneur du roi, du royaume de France et de l'Université de Paris, et se faisait fort de les soutenir envers et contre tous. Les envoyés, désirant arrêter ce scandale, délibérèrent sur ce qu'ils avaient à faire. Quelques uns des assistants proposèrent de fermer les yeux sur cette affaire, de peur que l'accessoire ne nuisît au principal. Mais l'avis qui prévalut et que tous adoptèrent, fut qu'on demanderait à monseigneur le pape que le coupable fût arrêté, mis en prison, et puni en raison de la gravité du délit. Le pape, voulant complaire aux ducs, souscrivit à cette demande. Les députés de l'Université essayèrent à plusieurs reprises, par ordre des ducs, d'obtenir une rétractation du jacobin. Mais il fut inébranlable; il répondit toujours avec hauteur qu'il soutiendrait ses conclusions envers et contre tous, et pour mieux prouver sa résolution, il dressa un instrument authen

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