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«< Celui qui soutient obstinément le contraire doit être réputé héré« tique ou téméraire. »

Ces conclusions et l'opiniâtreté dudit docteur scandalisèrent beaucoup l'ordre des Jacobins. Comme ils craignaient d'encourir à ce sujet le mécontentement des princes, quelques-uns des gradués se rendirent en corps auprès des ducs avec le général de l'ordre, et leur présentèrent des excuses, en protestant avec serment qu'ils n'avaient jamais adhéré aux propositions dudit docteur, et qu'ils avaient toujours désiré son châtiment.

CHAPITRE IX.

La voie que propose le pape n'est acceptée ni par les envoyés ni par les cardinaux.

Monseigneur le pape ayant donné sa réponse par écrit, messeigneurs les ducs tinrent conseil le mardi suivant dans la maison des Cordeliers avec les envoyés et les députés de l'Université. Messeigneurs les cardinaux assistèrent tous à cette réunion, excepté ceux de Saint-Martial, de Vergy et de Pampelune, qui s'excusèrent de leur absence sur leur indisposition. L'évêque d'Arras, chancelier du duc de Bourgogne, donna lecture de la lettre du pape, en présence de ces illustres personnages, qui en témoignèrent tous beaucoup d'étonnement. L'évêque prononça ensuite un éloquent discours, pour montrer qu'il y avait dans cette lettre neuf points dont messeigneurs les ducs avaient à se plaindre. Premièrement, le pape n'y mentionnait pas qu'il requît en cette affaire l'avis et l'assentiment du roi, comme il l'avait promis plusieurs fois auparavant. Secondement, en parlant de la voie qu'il avait choisie d'après le conseil de ses frères, il n'ajoutait pas : Si le roi l'acceptait et s'en contentait. Troisièmement, jamais la partie adverse ne consentirait à une entrevue qui aurait lieu sous la sauvegarde du roi. Quatrièmement, le pape prétendait que messeigneurs les ducs l'avaient requis et supplié humblement d'accepter la voie de cession. Cinquièmement, lorsqu'il disait qu'en proposant une voie différente il n'entendait point en choisir une qui pût tourner à mal, il semblait conclure

hoc quod via cessionis talia contineat; sexto, quia reprobando viam regis, ejus non servat honorem nec clericorum et episcoporum Francie; septimo, quia recitando quod domini non apperuerunt sibi modum practicandi viam, tacet eos promisisse quod ipsum libentissime juvarent ad practicandum ipsam, dum primitus consensum suum haberent; octavo, quia dicendo quod electi ab utraque parte examinabunt raciones hinc et inde, viam querit discussionis, que est difficilis et periculosa ; nono, per raciones suas excludit viam cessionis electam a rege; propter quam viam rogavit cardinales assistentes ut iterum oppiniones suas super hoc recitarent.

Rogati ergo a ducibus de veritate dicenda, et secundum quod consciencia dictabat, iterum sicut alias approbaverunt viam regis, nullo discrepante. Ipsisque ducibus vale dicto, in proposito manentes et die crastina dominum papam adeuntes, ipsum omnes humiliter et flexis genibus rogaverunt ut regis viam tam sanam tamque racionabilem acceptare dignaretur. Ad hec verba intencionis sue existere toto conatu promovere unionem dominus papa respondit, dum tamen practica hujus vie traderetur. Sed cum cardinales dicerent hoc impossibile fieri absque regis consilio, et vallidis precibus ad propositum obtinendum uterentur, biduo expectato, jussit vocari dominos, promittens quod ipsis tunc satisfaceret, ut sperabat. Ut hoc principes audierunt, quod optaverant assequuturum speraverunt, ignorantes quod responsa solum dilaciones pretenderent, ut cito post apparuit. Nam vigilia sanctorum apostolorum Petri et Pauli, cum cardinales ad papam accessissent, et que consueverant postularent, pappa eisdem in scriptis cedulam prime cedule confirmativam pro responsione presentavit.

par-là que la voie de cession avait cet inconvénient. Sixièmement, en réprouvant la voie proposée par le roi, il portait atteinte à l'honneur de sa majesté et à celui des clercs et des évêques de France. Septièmement, en déclarant que messeigneurs les ducs ne lui avaient point fait connaître le moyen de pratiquer la voie de cession, il n'ajoutait pas qu'ils lui avaient promis de l'aider volontiers à la pratiquer, pourvu qu'ils eussent d'abord son consentement. Huitièmement, en proposant que des arbitres élus par les deux parties examinassent les raisons de part et d'autre, il cherchait à faire prévaloir la voie de discussion, voie difficile et périlleuse. Neuvièmement, toutes les raisons qu'il alléguait tendaient à exclure la voie de cession choisie par le roi, et c'était pour cela qu'il avait demandé aux cardinaux qui se trouvaient là d'exprimer de nouveau leurs opinions à ce sujet.

Les cardinaux, pressés par les ducs de dire la vérité et de parler suivant leur conscience, approuvèrent tous sans exception, comine la première fois, la voie proposée par le roi. Ils prirent ensuite congé des ducs. Persistant dans leurs dispositions, ils allèrent le lendemain trouver monseigneur le pape, et le supplièrent tous humblement à genoux de daigner accepter la voie si sage et si raisonnable que proposait le roi. Monseigneur le pape leur répondit que son intention était de travailler de tous ses efforts à l'union, pourvu qu'on lui indiquât les moyens de pratiquer cette voie. Les cardinaux répliquèrent que cela ne pouvait avoir lieu sans qu'il en fût référé au conseil du roi, et employèrent les plus vives instances pour triompher de l'opposition du pape. Deux jours après, monseigneur Benoît fit appeler les ducs et leur annonça qu'il avait l'espérance de les satisfaire. Sur cette assurance, les princes se flattèrent d'obtenir enfin ce qu'ils désiraient. Ils ignoraient que le pape ne cherchait qu'à gagner du temps, comme ils en eurent bientôt la preuve. La veille de la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul, les cardinaux étant allés le trouver pour lui soumettre de nouveau leur demande, il leur remit en réponse une cédule confirmative de la précédente.

CAPITULUM X.

Cardinales in scriptis approbant viam regis.

Responsionem pape domini cardinales decem et novem numero, ad prandium cum dominis ducibus evocati, non sine ammiracione audierunt; rogatique de veritate dicenda, cum in proposito regis se manere unanimiter affirmassent, cedulam tabellionatam inde fieri et subscribi singula concesserunt nomina, cujus tenor sequitur :

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Nos omnes et singuli, romane Ecclesie cardinales, propriis <«< manibus in cedula presenti subscripti, qui, dudum vita « functo felicis recordacionis domino Clemente septimo, congregati pro electione futura in conclavi, ac, prout tenemur, cupientes abolere pestiferum scisma, nunc, proc dolor! in Dei <«< Ecclesia vigens, et animarum saluti, amputatis prolixarum <«< viarum ambagibus, providere, ac procurare totis viribus <«< unionem Ecclesie sancte Dei, promisimus et juravimus ad << sancta Dei evvangelia corporaliter per nos et singulos nostrum « tacta, prout continetur lacius in quadam cedula per nos in « eodem conclavi facta et subscripta propriis nostris manibus, cujus tenor sequitur in hec verba :

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« Nos omnes et singuli, sancte romane Ecclesie cardinales, congregati pro electione futura in conclavi, ante altare in quo missa communis celebrari consuevit, pro Dei servicio, unitate Ecclesie sue sancte ac salute animarum omnium fidelium, promittimus et juramus ad sancta Dei evvangelia corporaliter per nos tacta, quod absque fraude, dolo, et machinacione quibuscunque, ad unionem Ecclesie et finem imponendum scismati, proc dolor! in Ecclesia nunc vigenti, quantum in nobis erit,

CHAPITRE X.

Les cardinaux approuvent par écrit la voie proposée par le roi.

A la lecture de la réponse du pape, les cardinaux qui se trouvaient à dîner au nombre de dix-neuf avec messeigneurs les ducs, manifestèrent une grande surprise. On leur demanda de s'expliquer franchement; ils répondirent qu'ils persistaient tous à appuyer les propositions du roi; ils permirent même qu'on dressât une cédule authentique de leur adhésion et consentirent à la signer. En voici la teneur :

<< Nous tous, tant en général qu'en particulier, cardinaux de l'Église <«< romaine, qui avons signé de notre propre main la présente cédule, «< nous étant réunis en conclave, après la mort de notre seigneur le << pape Clément VII d'heureuse mémoire, pour procéder à l'élection << future, et désirant, comme nous y sommes tenus, anéantir le << schisme funeste qui déchire si malheureusement le sein de l'Église « de Dieu, pourvoir le plus promptement et le plus franchement << possible au salut des âmes, et contribuer de tous nos efforts à l'union « de la sainte Église de Dieu, avons promis et juré, la main sur les «< saints Évangiles, comme il est dit plus au long dans une cédule que « nous avons rédigée au même conclave et signée de nos propres mains, « et qui est conçue en ces termes :

« Nous tous, tant en général qu'en particulier, cardinaux de la sainte Église romaine, réunis en conclave pour l'élection future, promettons, la main sur les saints Évangiles, devant l'autel où se célèbre tous les jours la messe commune, et jurons, pour le service de Dieu, pour l'unité de la sainte Église et pour le salut des âmes de tous les fidèles, de travailler fidèlement et diligemment, sans fraude, dol ou machination quelconque, autant qu'il nous appartient et qu'il pourra nous appartenir, à l'union de l'Eglise et à l'extirpation du malheureux schisme qui la déchire en ce moment; de donner aide,

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