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quod a Johanne rege Francie dono nuper acceperat. Hiis peractis, cum reges equestres usque ad pallum processissent, et rex Anglie adamantem et saphirum ingentis valoris recipiens, et patris munera duobus dextrariis optimis compensasset, tunc cum mutuo vale dicto pacis oscula miscuerunt, et sic quisque letus ad propria remeavit.

CAPITULUM XVIII.

Que duces Francie cum rege Anglie concluserunt.

Ne observanciarum ecclesiasticarum contemptor rex Anglie videretur, sed quod patri dilectissime consortis promiserat in conspectu divine majestatis cupiens corroborare, mensis novembris quarta die, Calesio ad ecclesiam sancti Nicholai in habitu regali et instrumentis precedentibus musicis accessit, perceptaque benedictione ab archiepiscopo Cantebrie, anulo ab eo benedicto dilectissimam sponsam subarravit. Peractis missarum solemniis, regine et sibi assistentibus Galicis lautum prandium celebravit, non sine muneribus eis factis; indeque secum duces Biturie et Burgundie retinens multis diebus, post habita secreta consilia, mature cum eis deliberavit que sequntur: Et primo quod in Anglie et Francie regnis tam per mare quam per terram inducie promulgarentur jurate, preciperen

turque sub pena lese majestatis a cunctis inviolabiliter servari.

Iterum quod pro pace amborum regnorum perpetua confirmanda, dominica qua cantaretur in Ecclesia sancta Dei Letare Therusalem, ambo duces cum ipso rege Anglie iterum convenirent. Ulterius quod, quindena Purificacionis beate Marie exacta, ambo reges ad utrumque qui se pro papa gerebat legatos mitterent, qui significantes eos viam cessionis concorditer

cheval jusqu'au pieu; là, le roi d'Angleterre reçut un diamant et un saphir d'une rare valeur, et donna en retour deux excellents destriers. Les deux princes se quittèrent alors en se donnant le baiser de paix, et retournèrent dans leur royaume satisfaits de leur entrevue.

CHAPITRE XVIII.

Conventions des ducs de France avec le roi d'Angleterre.

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Le roi d'Angleterre, voulant accomplir les cérémonies prescrites par l'Église, et confirmer en présence de la majesté divine les promesses qu'il avait faites au père de son épouse bien aimée, se rendit le 4 novembre à l'église de Saint-Nicolas de Calais, vêtu de ses ornements royaux et précédé d'un choeur de musiciens. Il reçut la bénédiction de la main de l'archevêque de Canterbury, et remit à la jeune reine l'anneau nuptial bénit par le prélat. Après la cérémonie, il offrit un magnifique banquet à la reine et aux Français qui l'accompagnaient, et les combla de présents. Il retint plusieurs jours auprès de lui les ducs de Berri et de Bourgogne, et eut avec eux des conférences secrètes, dans lesquelles ils arrêtèrent, après mûre délibération, les articles suivants : Que la trêve jurée serait publiée par terre et par mer dans les royaumes d'Angleterre et de France, et qu'il serait enjoint à tous, sous les peines réservées au crime de lèse-majesté, de l'observer inviolablement. Que, pour établir une paix perpétuelle entre les deux états, les deux ducs reviendraient conférer avec le roi d'Angleterre, le dimanche où l'Église chante Lætare Jerusalem. Que, après la quinzaine de la Purification de la Vierge, les deux rois députeraient des ambassadeurs vers les deux prétendants à la papauté, pour leur faire savoir qu'en vue de rétablir l'union ils avaient choisi d'un

• Froissart dit que ce fut le jour de la Toussaint.

cetera, et elegisse ad unionem habendam, supplicarent ut eam eciam acceptantes, sic infra festum sancti Michaelis de pastore unico posset Ecclesia provideri. Finaliter eciam conclusum est, quod ambo reges regem Romanorum Winceslaum nunciis et apicibus amicabiliter hortarentur, ut viam cessionis cum eis acceptando ad extirpandum scisma nephandissimum laboraret. Quibus sic rite peractis, duces prefati, regi et regine vale dicto, ad regem Francie dilectissimum nepotem redierunt.

CAPITULUM XIX.

De miraculo beati Dyonisii.

Ultra hec que premisimus scriptu digna que incidentaliter contingerunt isto anno, ut in terris patronum peculiarem Francie beatum Dyonisium dominus mirificaret, laudum ejus preconia extulit per sequens miraculum, quod ad noticiam posterorum hic inserere dignum duxi.

Quidam namque miles, vocatus Petrus de Veeuse, de Borbonio oriundus, familiarisque ducis Borbonii et ejus consiliarius principalis, ad ecclesiam beati Dyonisii die veneris infra octavas solemnitatis ipsius accedens, votum quod emiserat soluturus, coram religiosis ecclesie asseruit se insolita et alias inaudita infirmitate sanatum, et quasi a morte resuscitatum per ejusdem martiris merita gloriosa. Ut autem series facti assistentibus nota esset, prius dato juramento de veritate dicenda, recognovit nuper sibi venenum clam propinatum; unde tantis peregrinis incommodis cepit anxiari, quod medici, de salute corporis desperantes, irremediabiliter ipsum judicaverunt in brevi moriturum. Sic namque intoxicatus beato Dyonisio cordialiter se devovit; nec multum post, ut sanitas mirabilior appareret, omni

commun accord la voie de cession, et pour les prier de l'accepter, de sorte qu'avant la fête de saint Michel l'Église n'eût plus qu'un seul pasteur. Qu'enfin les deux rois engageraient amicalement par messages et par lettres Wenceslas, roi des Romains, à accepter la voie de cession, et à travailler de concert avec eux à l'extirpation du malheureux schisme.

Tout étant ainsi convenu, lesdits ducs prirent congé du roi et de la reine, et retournèrent auprès de leur bien aimé neveu le roi de France.

CHAPITRE XIX.

Miracle de saint Denys.

Parmi les incidents mémorables qui signalèrent cette année, je crois devoir transmettre à la connaissance de la postérité le miracle que Dieu opéra par l'entremise de saint Denys, afin de glorifier sur la terre ce saint martyr, patron particulier de la France.

Un chevalier du Bourbonnais, nommé Pierre de Véeuse, l'un des familiers du duc de Bourbon et son principal conseiller, étant venu à l'église de Saint-Denys le vendredi de l'octave de la fête du bienheureux martyr, pour acquitter un voeu qu'il avait fait, assura, en présence des religieux de l'abbaye, qu'il avait été guéri d'une maladie étrange et extraordinaire, et presque sauvé de la mort par les glorieux mérites du saint apôtre. Afin de leur faire connaître les circonstances de cet événement, il leur raconta, après avoir fait serment de dire la vérité, qu'il avait été traîtreusement empoisonné quelque temps auparavant, et qu'il avait éprouvé des douleurs si cruelles, que les médecins avaient désespéré de sa guérison et déclaré qu'il était perdu sans ressource. Se voyant près de mourir, ajouta-t-il, il se recommanda avec ferveur à la protection de saint Denys. Mais d'abord survinrent de nouveaux accidents qui devaient rendre sa guérison plus miraculeuse. Il tomba dans une telle démence et dans de tels accès de rage,

sensu privatus et incurrens rabiem, eum ligari oportuit; nam tanquam a demonio vexatus velutque effrenis belua, sibi undique accedentes appetere et lacerare dentibus gestiebat. Rabiem hanc perpessus est per sex menses. Qua cessante, alio vexatur incommodo alias inaudito; quo per annum et amplius laborante, reiteratis vicibus exequie judicande sunt preparari, cum nec pulsus nec vitale signum aliud appareret. In hoc statu, primo a capite sponte capilli deffluentes, per totum corpus cutis apparens livida per cotidianum tactum sibi famulancium avellebatur manuum, et tandem ossa cum vertibulis, tenuissima pelle cooperta, velut arida remanserunt. Quid plura? Interius incorporatum sanguinem, venas meatusque naturales deserentem et ad precordia caputque tandem ascendentem efficaciter persensit; quod sibi intollerabilem dolorem multis diebus intulit. Nam quociens ad aliquid ultra vires nitebatur, eciam si loqui vellet, guttatim per poros capitis visibiliter fluebat. Tot vitasse mortis discrimina meritis beati Dyonisii, cui semper se mente devoverat, ascribebat, asserens, mirabile dictu et auditu, quod ex quo peregrinari inceperat, ac eciam dum curacionem suam prolixiori sermone contexerat, se alleviari notabiliter senciebat.

Pro tanto tamque aperto miraculo venerabiles religiosi gaudentes ipsum militem in chorum ecclesie adduxerunt, recitatoque coram plebe miraculo, cum pulsacione campanarum Deo gracias retulerunt, Te Deum laudamus altissonis vocibus decantando.

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