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lendemain, vers l'heure de vêpres, dans l'église paroissiale de SaintPaul. Huit prélats assistèrent à la cérémonie, ainsi que l'abbé de Saint-Denys. Ce fut l'archevêque de Vienne qui baptisa l'enfant royal, en présence d'une nombreuse assemblée de seigneurs et de nobles dames. Monseigneur Louis, duc d'Orléans, frère du roi, messire le Bègue de Vilaines, et l'illustre demoiselle de Luxembourg, qui s'était consacrée à Dieu, tinrent le nouveau-né sur les fonts et lui donnèrent le nom de Louis.

CHAPITRE XXXI.

On prie le roi de retirer au pape la collation des bénéfices.

Les jours de fête consacrés à la naissance de l'enfant royal duraient encore, lorsque deux évêques, accompagnés de quelques chevaliers arrivèrent d'Espagne en qualité d'ambassadeurs, pour faire connaître au roi Charles ce que leur maître avait décidé touchant l'union, de concert avec le clergé et la noblesse de ses états. Ils furent reçus dans le conseil. Après avoir offert au roi l'hommage de leurs salutations, ils parlèrent fort longuement du zèle dont leur souverain était animé en faveur de l'union; mais ils ne dirent point qu'il avait assemblé à ce sujet les prélats et le clergé d'Espagne, ni qu'il avait partagé l'avis du roi. Ils avaient été, s'il faut en croire le bruit qui courut plus tard, séduits par le pape Benoît, et avaient reçu de lui à ce sujet des instructions particulières. Leurs paroles causèrent beaucoup d'étonnement. On reprocha à monseigneur le patriarche d'Alexandrie sa mission en Espagne. Comme il avait assuré que le roi d'Espagne était d'accord avec le roi de France, on l'aurait accusé de mensonge, s'il n'eût montré aux ambassadeurs les lettres scellées qui venaient à l'appui de son assertion. Ceux-ci furent obligés, à leur grande confusion, de reconnaître le sceau du roi et d'approuver le contenu des lettres.

Que ut ad noticiam Parisiensis Universitatis pervenerunt, mox rector cum deputatis magistris regem adiit, instantissime poscens ut semper in suo bono proposito remaneret. Hoc luculentissime persuadens, quidam doctor in theologia, vocatus Johannes Brevis Coxe, cum multis racionibus ostendisset quod multa dampna et inconveniencia procedebant de decimis et collacionibus beneficiorum ecclesiasticorum, que sibi curia Avinionensis vendicabat, asserens hanc esse radicem precipuam quare papa cedere recusabat, regi tunc instantissime requisivit ut sibi substraherentur collaciones beneficiorum ecclesiasticorum regni. Hec rex gratanter audivit; sed quia non consueverat aliquid agere inconsulte, spacium determinavit dierum in quo episcopus Attrebatensis, cancellarius ducis Burgundie, episcopus Pictavensis, cancellarius ducis Biturie, magister Oudardus de Molendinis et magister Petrus Plan, publice coram eo partem pape sustinerent, raciones adducentes quare minime substrahenda sibi erat talis collacio. Ex altera vero parte tot magistri in theologia sunt electi, qui partem oppositam sustinerent, ad aliorum raciones respondendo. Et hii omnes, cum ordinatis feriis disputacionis continuassent certamen, tandem substractionem racionabilem concluserunt per innumerabiles raciones, quas scribere tediosum reputarem, officeretque compendio, quod studiose quero.

CAPITULUM XXXII.

De ventorum violencia.

Quamdiu hic verbalis continuatus est conflictus, tamdiu ventorum violencia perduravit; et quamvis, ut anno transacto,

Dès que cette nouvelle fut parvenue à la connaissance de l'Université de Paris, le recteur, accompagné d'une députation de docteurs, alla trouver le roi, et le pria instamment de persister dans ses bonnes résolutions. Un docteur en théologie, nommé Jean Courtecuisse, soutint cette cause dans un éloquent discours. Il démontra longuement qu'il résultait beaucoup de dommages et d'inconvénients des dîmes et de la collation des bénéfices ecclésiastiques que s'attribuait la cour d'Avignon. Il affirma que c'était la principale cause des refus que le pape opposait à la cession, et supplia instamment le roi de lui retirer la collation des bénéfices ecclésiastiques du royaume. Le roi écouta ce discours avec faveur; mais comme il ne prenait aucune détermination sans y avoir mûrement réfléchi, il fixa un délai de plusieurs jours, pour que l'évêque d'Arras, chancelier du duc de Bourgogne, l'évêque de Poitiers, chancelier du duc de Berri, maître Oudard des Moulins, et maître Pierre Plaon se préparassent à défendre publiquement en sa présence le parti du pape, et à faire valoir les raisons qu'on pouvait opposer à la mesure demandée. Il désigna d'un autre côté un pareil nombre de docteurs en théologie, pour soutenir la cause contraire et répondre aux arguments de la partie adverse. La discussion dura plusieurs jours de suite. On conclut enfin que la soustraction était une mesure raisonnable. Je ne développerai point toutes les raisons qui furent données à l'appui de cette conclusion ; je craindrais de fatiguer le lecteur et de nuire à la brièveté dont je me suis fait une loi.

CHAPITRE XXXII.

Violence des vents.

Pendant tout le temps que durèrent ces débats, les vents ne cessèrent de souffler avec violence. Le mauvais temps ne fut pas si désastreux

nec tanta nec tam generalis fuerit, in dyocesi tamen Parisiensi et patria adjacenti intulit multa dampna.

CAPITULUM XXXIII.

Nuncii regis mittuntur ad ambos qui se pro summis pontificibus gerebant.

Die dedicacionis ecclesie beati Dyonisii, rex Karolus ad eamdem ecclesiam more solito accedens, non in habitu regali, more progenitorum suorum, in processione et missa interfuit, cum jam egritudine consueta inciperet molestari, qua usque secundam ebdomadam mensis jullii, modo quo superius dictum fuit, vexatus est.

Et quia cum rege Anglie Richardo nuper tractando de unione Ecclesie, ipsi duo ad ambos qui pro summis pontificibus se gerebant nuncios constituerant destinare, auctoritate ipsius Egidius de Campis et Johannes Brevis Coxe, in sacra pagina excellentissimi professores, cum quibusdam militibus hac legacione functi sunt. Tot eciam numero parte Castelle et Anglie regum missi sunt ambassiatores solemnes; et hii primo, nomine regis Francie, dominum Benedictum requisierunt humiliter et obnixe ut, pro Dei reverencia proque tam mortifera fuganda peste scismatica, viam cessionis acceptare ac sic egroto gregi Domini mederi misericorditer dignaretur. Quam cum multis subterfugiis improbasset, mox nuncii summaverunt seu requisierunt eumdem illa vice pro omnibus, ut infra certum terminum ipse et adversarius ejus taliter laborarent, ut Ecclesia sancta Dei sub unico, vero et indubitato papa maneret in pulcritudine pacis. Verbis eciam addiderunt quod, casu quo sic actum non foret et ad effectum deductum, predictorum regum intencionis existere pro ipso scismate sopiendo effectualiter

ni si général que l'année précédente. Cependant il causa beaucoup de dégâts dans le diocèse de Paris et dans le pays d'alentour.

CHAPITRE XXXIII.

Le roi envoie des ambassadeurs aux deux prétendus papes.

Le jour de la dédicace de l'église de Saint-Denys, le roi Charles se rendit, suivant sa coutume, à l'abbaye; mais il n'assista point à la messe ni à la procession en habit royal, comme le pratiquaient ses prédécesseurs; car il venait d'éprouver une nouvelle atteinte de sa maladie : les accidents que nous avons déjà rapportés plus haut se reproduisirent, et durèrent jusqu'à la seconde semaine du mois de juillet.

Dans les dernières conférences qui avaient eu lieu avec le roi Richard au sujet de l'union, les deux rois étaient convenus d'envoyer des ambassadeurs aux deux prétendus papes. Le roi de France chargea de cette mission Gilles des Champs et Jean Courtecuisse, fameux docteurs en théologie, ainsi que plusieurs chevaliers. Les rois de Castille et d'Angleterre envoyèrent également des députés en leur nom. Les ambassadeurs s'adressèrent d'abord à monseigneur Benoît et le supplièrent humblement et instamment, de la part du roi de France, d'accepter la voie de cession, pour l'honneur de Dieu et pour l'extinction de l'exécrable schisme, et de daigner prendre en pitié les souffrances du troupeau du Seigneur. Mais quand ils virent que le pape éludait leur demande par toutes sortes de subterfuges, ils le sommèrent et le requirent une fois pour toutes de pourvoir, de concert avec son compétiteur, à ce que la sainte Église de Dieu jouît, dans un délai déterminé, d'une paix profonde sous l'obéissance d'un seul et véritable pape. Ils ajoutèrent que, au cas où ce qu'on leur demandait n'aurait pas été réglé et accompli, lesdits rois avaient l'intention d'aviser efficacement à l'extinction du schisme, de chercher et d'employer toutes les voies et tous les moyens propres à rétablir sans plus de retard l'union de l'Église, et de travailler de tout leur pouvoir à

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