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tion de sa conscience, soit en vertu d'une sentence de justice, fit construire près du gibet de Paris une croix de pierre ornée de ses armes et d'un crucifix; c'étaient là que les condamnés devaient s'arrêter et confesser leurs péchés. En même temps il fit don aux frères mineurs d'une somme suffisante pour perpétuer cette œuvre de miséricorde.

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Auni Domini

MCCCXCVII.

CAPITULUM I.

De tractatu composito inter reges Francie et Navarre.

EGRE ferens Karolus, inclitus rex Navarre, se amplis possessionibus privatum ob genitoris delicta, a tribus annis citra erga regem elaboraverat ut sibi restituerentur innoxio et qui ab adolescencia majestati sue sine nota obsequiosus fuerat et fidelis. Inter ceteros nuncios episcopum Pampilonensem, virum utique circumspectum, facundissimum et in legibus excellentissimum professorem, erga duces Biturie et Burgundie avunculos dilectos vicibus reiteratis transmiserat, qui ad hoc eos induxit quod ipsum evocaverunt litteris, promittentes quod jus suum modis omnibus procurarent. Ut autem adventus ejus, usque ad jullii mensis inicium expectatus, honorabilior haberetur, jubente rege, dux Biturie inclitus usque ad introitum regni obviam sibi perrexit; quem et hucusque Parisius, matrem urbium, perducens, in eam cum insigni nobilium atque civium comitiva

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1397.

L'ILLUSTRE roi de Navarre Charles, regrettant vivement de se voir An du Seigneur privé par la forfaiture de son père des vastes domaines qui lui appartenaient en France, négociait depuis trois ans auprès du roi pour en obtenir la restitution, et le priait de rendre justice à son innocence ainsi qu'au dévouement et à la fidélité irréprochables dont il lui avait donné des preuves dès sa jeunesse. Il avait plusieurs fois envoyé l'évêque de Pampelune avec d'autres ambassadeurs aux ducs de Berri et de Bourgogne, ses oncles bien aimés. Ce prélat, qui était un personnage habile, un orateur éloquent, et un fameux docteur ès lois, avait déterminé les ducs à écrire au roi son maître, pour le prier de se rendre auprès d'eux, et lui promettre qu'ils appuieraient de tout leur pouvoir ses justes réclamations. On attendait le prince vers le commencement du mois de juillet. Afin de lui faire un accueil plus honorable, le duc de Berri alla à sa rencontre, par ordre du roi, jusqu'aux frontières

L'année 1397 commença le 22 avril.

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19° année du règne de Wenceslas.

receptus est. Cognatum dilectissimum rex incolumis effectus excepit comi fronte, rogans ut cum eo aliquandiu manens, propinquos et flores aureorum liliorum defferentes visitaret domestice. Et hii omnes, post splendida reiterata convivia, non siue fluxu munerum, consenserunt ut super petendis audiencia daretur in regis presencia.

Causam istam perorandam prefatus Pampilonensis suscipiens, et attendens in genealogia antiqua hujus regis regulam processus directricem et peticionum suarum fundamentum consistere, hujuscemodi veritatem in hystoriis ecclesie exquisivit, sicque de illis edocens, die dicta ad consistorium regis et suorum illustrium admissus est. Relacione illorum qui secretis colloquiis ex officio assistunt, primum verbum sic incepisse comperio :

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<< Celsitudini regie ceterisque principibus de regio sanguine procreatis dominus meus inclitus rex Navarre se dulciter <«< recommendans, supplicat ut peticionibus suis nuper trans<<< missis in scriptis et nunc vive vocis oraculo explicandis beni<< gnas aures accommodent. » Et cum multis racionibus et exemplis, non sine juris canonici et civilis regulis interjectis, quas tediosum esset enarrare ad longum, naturali conjunctos federe alternis disceptacionibus diu contendere indignum deduxisset, et precipue ubi de successione parentum, que favorabilis debet esse, res agitur, subjunxit : « Et id, sub correctione, continuan<< dum est in eum cujus legacione fungor, si standum sit anna<< libus approbatis. Nam a genealogia patris ejus sumens inicium << et ad inclitum regem Francie Ludovicum, filium Philippi Pul«< cri, qui materno jure regem Navarre se dicebat et comitem Campanie, alcius retrocedens, hiis famosis dominiis jure

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du royaume, l'amena à Paris, et l'introduisit dans cette capitale au milieu d'un brillant cortège de nobles et de bourgeois. Le roi, qui était alors en bonne santé, accueillit avec courtoisie son bien aimé cousin; il le pria de séjourner quelque temps à sa cour, et de visiter familièrement ses proches et les princes des fleurs de lis. Chacun s'empressa de le traiter avec magnificence et de le combler de présents. Il fut ensuite convenu que le roi lui donnerait audience pour entendre ses récla

mations.

L'évêque de Pampelune se chargea de porter la parole. Considérant que, dans la cause qu'il avait à plaider, la généalogie du roi devait lui servir de point de départ et qu'elle était le fondement des prétentions de son maître, il eut soin de s'en bien instruire, et d'en rechercher les preuves dans les annales de notre abbaye. Au jour dit, il se présenta devant le roi et les seigneurs de sa cour. Je tiens de ceux à qui leurs fonctions donnent le droit d'assister aux conseils qu'il commença ainsi son discours :

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<< Monseigneur l'illustre roi de Navarre se recommande affectueu<< sement à votre royale majesté et à tous les princes du sang, et vous << supplie de vouloir bien prêter une oreille favorable aux récla«<mations qu'il a naguère transmises par écrit, et que je vais exposer << aujourd'hui de vive voix. » Il démontra ensuite par beaucoup de raisons et d'exemples, et par de nombreuses citations du droit canon et du droit civil, qu'il serait trop long d'insérer ici, qu'il ne convient pas à des princes unis par les liens du sang d'avoir entre eux des contestations, surtout quand il s'agit d'une succession de famille, qui doit se régler à l'amiable. « Avec votre permission, ajouta-t-il, « c'est ici le cas d'appliquer ce principe en faveur du prince pour qui << je parle, s'il faut s'en rapporter au texte des annales. Car en repre<< nant la généalogie de son père, et en remontant jusqu'à l'illustre roi << de France Louis, fils de Philippe-le-Bel, qui s'intitulait du chef de « sa mère roi de Navarre et comte de Champagne, on voit que la fille « de ce prince, aïeule maternelle du roi mon maître, a succédé par droit d'héritage à ces importants domaines. Vos sérénissimes prédécesseurs

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