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rues de Londres, il fut enfin décapité, en présence du roi, sur la place publique.

CHAPITRE VI.

La fille du roi prend le voile.

les

Le jour de la nativité de la Sainte Vierge, le roi et la reine de France conduisirent leur fille Marie, qui n'avait pas encore cinq ans, au couvent des religieuses de Poissy, pour qu'elle y prît le voile sacré, et que renonçant aux pompes de ce monde, elle fit voeu de chasteté et se consacrât au service de Dieu. On eut soin que cet acte de dévotion royale concourût dignement avec la solennité du jour. Avant la messe, chapelains du roi firent une procession dans l'église. L'évêque de Bayeux les suivait, vêtu de ses habits pontificaux et portant un joyau d'or, que le roi avait jugé à propos d'offrir pour la réception de sa fille bien aimée. Venaient en troisième lieu le roi, la reine et un brillant cortège de seigneurs et de nobles dames. Le sire d'Albret tenait dans ses bras la jeune fille, offrande digne du Seigneur, couronnée d'un riche diadême et parée d'une longue robe et d'un manteau tissus d'or; il la porta jusqu'au chapitre. Là, le directeur spirituel du couvent fit connaître à la novice les voeux que prononçaient les religieuses, et les règles de l'ordre. Elle répondit humblement qu'elle s'y soumettait. Alors madame la prieure, qui était sœur du duc de Bourbon, la revêtit des habits de religieuse, et toutes les soeurs, qui assistaient à la cérémonie, la conduisirent à l'église en appelant sur elle, dans des chants harmonieux, la grâce du Saint-Esprit. Après la messe, pendant laquelle elle reçut la bénédiction épiscopale, et qui fut suivie d'un festin splendide donné par le roi, la prieure, qui regardait les dépouilles de la jeune princesse comme acquises, suivant l'usage, à son église, voulait retenir outre ses joyaux la précieuse couronne enrichie d'or et de pierreries que l'abbaye de Saint-Denys avait prêtée pour la céré– monie. Il en fut porté plainte au roi, qui mit fin à la contestation. Comme il savait que l'emprunt avait été fait par son ordre, il racheta

ecclesia beati Dyonisii titulo accomodati traditam, vellet cum jocalibus retinere, inde querimonia ad regem delata est. Hanc tamen taliter terminavit; nam sciens quod, eo precipiente, accommodacio ista processerat, sexcentis aureis coronam illam redemit, et eam ad predilectam sibi ecclesiam beati Dyonisii remisit.

CAPITULUM VII.

De jocali quod contulit rex ecclesie beati Dyonisii.

Rex ecclesie predilecte sumptuosa munera a suis progenitoribus collata non minuere intendens sed augere, cum ad eam, die solemnitatis gloriosi martiris beati Dyonisii, Francie peculiaris patroni, devote cum suis illustribus accessisset, quoddam vas preciosissimum, quod fabricari fecerat ad reponendum sanctum clavum Domini, obtulit super altare martirum et defferri solemniter ad processionem fecit. Sane non interventu cujuscunque, sed propria devocione motus, duo milia scutorum auri dederat januario mense jam transacto, ut hec insignia Passionis Domini Nostri Jhesu Christi honorabilius solito locarentur; unde ymagines sui, dilectissime consortis et primogeniti filii, sanctorumque Karoli et Ludovici, jocali aptari fecerat. Ad decorem, prenominatorum sanctorum ymagines vas antiquum et repositorium tenebant sancti clavi; et hee quidem et alie auro puro fabrefacte viginti duarum marcharum ponderis erant, easque scabellum deauratum ponderis viginti quatuor marcharum argenti sustentabat.

la couronne six cents écus d'or, et la renvoya à l'abbaye de SaintDenys, son église de prédilection.

CHAPITRE VII.

Le roi fait don d'un joyau à l'église de Saint-Denys.

Le roi était plus disposé à accroître qu'à diminuer les riches présents dont ses ancêtres avaient, en témoignage de leur affection particulière, gratifié l'abbaye de Saint-Denys. Il s'y rendit dévotement avec les seigneurs de sa cour le jour de la fête du glorieux martyr, patron particulier de la France, déposa sur l'autel des martyrs un vase magnifique qu'il avait fait faire pour y renfermer le sacré clou de Notre Seigneur, et le fit porter solennellement en procession. Déjà au mois de janvier précédent, il avait, par un mouvement spontané de dévotion et sans qu'on le lui eût demandé, donné deux mille écus d'or pour que cet instrument de la Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ fût gardé plus convenablement. Il s'était fait représenter sur ce joyau avec son épouse bien aimée et son fils aîné, à côté des images de saint Charles et de saint Louis, qui servaient d'ornement à l'ancien vase et soutenaient ce reliquaire. Toutes ces figures étaient en or massif, et pesaient vingt-deux marcs; la base du joyau était en argent doré et pesait vingt-quatre marcs.

CAPITULUM VIII.

De nunciis ab imperatore Constantinopolitano regi Francie transmissis.

Circa medium octobris, Manuel Grecorum imperator, cum Turcorum incursus, quibus resistere non valebat, egre ferret, Francorum adjutorium peciit et regi avunculum suum misit, qui imperatoris apices presentaret statum imperii continentes. Epistole superscripcio talis erat : « Serenissimo excellentissimoque principi et domino, domino Karolo, Dei gracia regi Francorum, fratri nostro precarissimo. » Et in eadem erant scripta que sequuntur :

<«< Serenissimo atque excellentissimo domino Karolo Francorum regi, fratri nostro precarissimo, Manuelis in Christo Deo fidelis imperator et moderator Romeorum Palealogus salutem et prosperos ad vota successus.

« Quia, frater, scimus potenciam maximam quam habet iste infidelis tyrannus turcus Basita, dominus Turcorum, inimicus Jhesu Christi et tocius fidei catholice, et que potencia cotidie augmentatur, nostramque et nostrorum miseriam atque penuriam, quam a longo tempore citra passi sumus et patimur, et maxime ab annis tribus vel circa, propter guerram, in qua adhuc sumus, contra nos motam per dictum Basitam turchum, qui conatur totis viribus et posse hanc nostram civitatem et christianos istarum parcium suo dominio subjugare, et in totum nomen Christi de terra delere, non parcendo die ac nocte in aliquo persone sue et subditorum suorum laboribus et expensis; et cognito eciam quantum dampnum contingeret toti christianitati, si dictus Basita turcus suam obtineret intencionem de civitate predicta, quod absit; et cernentes eciam procul dubio,

CHAPITRE VIII.

L'empereur de Constantinople envoie une ambassade au roi de France.

Vers le milieu d'octobre, Manuel', empereur des Grecs, qui ne pouvait plus résister aux attaques continuelles des Turcs, implora le secours de la France et députa vers le roi un de ses oncles, avec une lettre dans laquelle il exposait l'état de son empire. Cette lettre portait pour suscription « Au sérénissime et très excellent prince et seigneur, monseigneur Charles, par la grâce de Dieu, roi de France, notre frère bien aimé. » Elle était conçue en ces termes :

« Au sérénissime et très excellent prince, monseigneur Charles, roi de France, notre frère bien aimé, Manuel Paléologue, fidèle en JésusChrist empereur et modérateur de Romanie, salut et accomplissement de tous ses désirs.

Frère, considérant d'une part la puissance de plus en plus menaçante du turc Bajazet, ce tyran perfide, seigneur des Turcs, ennemi de Jésus-Christ et de tous les catholiques, d'autre part notre misère et celle de nos sujets, et les pertes que nous avons eu à supporter et que nous supportons depuis long-temps, surtout depuis près de trois ans, par suite de la guerre que nous fait ledit Bajazet, qui cherche par tous les moyens et de tout son pouvoir à réduire sous sa domination notre ville et les chrétiens de nos contrées, et à anéantir sur la terre le nom de Jésus-Christ, qui n'épargne pour cela ni peines ni dépenses, et y travaille jour et nuit, soit de sa personne, soit à l'aide de ses sujets; sachant aussi quel malheur ce serait pour toute la chrétienté, si ledit turc Bajazet réalisait, ce qu'à Dieu ne plaise! ses projets contre notre ville; voyant en outre que cette ville ne pourra résister jusqu'à

Manuel, fils de Jean Paléologue, associé à l'empire par son père en 1375, lui avait succédé en 1591.

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