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on eût dit que chacun d'eux avait retrouvé un père. Ils en rendirent grâce à Dieu, et le prièrent instamment de faire connaître les auteurs du maléfice dirigé contre la personne royale, afin qu'ils fussent punis comme méritait une si noire trahison.

CHAPITRE VIII.

Naissance de madame Maric.

Pendant que le roi était encore en proie à son étrange infirmité, l'auguste reine Isabelle accoucha, le 24 août, dans l'hôtel royal de SaintPaul, d'une fille, qui reçut au baptême le nom de Marie. La mère promit de vouer cette enfant à Dieu et de la consacrer pour toujours à son service, si le roi recouvrait la raison et qu'il approuvât le vœu qu'elle venait de faire. Peu après, madame la duchesse d'Orléans, femme de monseigneur le duc d'Orléans, frère du roi, mit au monde un fils qui fut nommé Philippe.

CHAPITRE IX.

Le roi permet à l'Université d'aviser aux moyens de rétablir l'union.

Le roi Charles, ne voulant pas encourir le reproche d'ingratitude, rendit à Dieu de solennelles actions de grâces pour son rétablissement, et résolut d'aller, suivant le voeu qu'il avait fait, visiter en pèlerinage vers le milieu de janvier, l'église de l'archange Saint-Michel in periculo maris'. A cette nouvelle, la vénérable Université de Paris tint une assemblée de professeurs; il y fut décidé qu'elle renouvellerait ses démarches pour rétablir la paix et l'union de l'Église, et qu'elle chercherait à faire entrer le roi dans ses vues, sans s'inquiéter des refus

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Le mont Saint-Michel, près Tomblaine, dans le diocèse d'Avranches.

Ipsas minime ignorabat non proprio motu regis vel defferencium lilia, sed aulicorum quorumdam sugestione processisse. Quare omni pudore semoto, ad perseverenciam se ipsos mutuo excitabant. Nam sicut contigit pluries jaculari, et tandem signum tangitur, sic reiterando propositum unum posse corda principum mutari affirmabant. Sic spe bona et recta intencione freti, de quatuor facultatibus quosdam solemnes magistros cum rectore direxerunt ad regem apud Sanctum Gerinanum in Laya tunc degentem; in cujus comitatu multi barones insignes, inter quos marescalli et admirallus Francie, habebantur, nonnulli eciam de regio sanguine procreati, quos omnes dux Aurelianensis, frater ejus, dux Borboniensis ejus avunculus, et ejus patrui Biturie atque Burgundie duces auctoritate precellebant. Tunc petita audiencia et obtenta, magister in theologia deputatus, collacionem faciens, primo Deo gracias retulit de incolumitate regis, asserens Christum vota supplicantis populi tunc benigno favore prosequutum et regnicolarum acquievisse precibus, ut deinceps regno proficeret et Ecclesie sancte Dei. Deinde abhorrens scisma pestiferum, inconveniencia inde oriencia cunctis nota luculenter ostendit, et ut occasione ipsius prius infelix mundus, in maligno positus, ad deteriora declivis, omnem Dei et hominum post tergum dederant reverenciam, noxia sequendo et salutaria declinando. Que omnia cum elegantissimo et prolixo disseruisset sermone, tandem ex parte filie sue Universitatis supplicavit ut ad hoc eradicandum vices suas interponere non differret, evidentissime probans quod ad istud, ne titulum christianissimi regis perderet, tenebatur.

Inter lilia jure cognacionis defferentes, antiquitatis jure ab

injurieux qu'elle avait déjà plusieurs fois essuyés. Elle n'ignorait pas qu'en rejetant ses propositions, le roi et les princes de sa famille n'avaient pas obéi à leurs propres inspirations, mais qu'ils avaient cédé aux conseils de certaines personnes de la cour. Les professeurs, mettant donc de côté tout amour-propre, s'exhortèrent mutuellement à la persévérance. Ils se disaient qu'en reproduisant sans cesse la même question, ils pourraient arriver à convaincre les princes, de même qu'à force de lancer des flèchés on finit par atteindre le but. Pleins d'espoir et forts de leurs bonnes intentions, ils envoyèrent en députation auprès du roi, qui était alors à Saint-Germain-en-Laye, le recteur et les principaux professeurs des quatre facultés. Le roi avait auprès de lui un grand nombre d'illustres barons, entre autres les maréchaux et l'amiral de France, et plusieurs princes du sang, parmi lesquels on distinguait le duc d'Orléans, son frère, et ses oncles les ducs de Bourbon, de Berri et de Bourgogne.

Les députés demandèrent et obtinrent une audience. L'un d'entre eux, qui était docteur en théologie, prit la parole, et commença par remercier Dieu de la guérison du roi. Il déclara que, si le Seigneur avait enfin daigné exaucer les voeux et les supplications de la France, s'il avait entendu les prières des habitants du royaume, c'était pour que le roi pût désormais veiller aux intérêts de son peuple et de la sainte Église catholique. Il maudit ensuite l'exécrable schisme, et fit un éloquent tableau des malheurs enfantés par ce fléau, dont on ne connaissait que trop les suites funestes. Il rappela qu'à l'occasion de ce schisme, le monde depuis long-temps malheureux, marchant sur une pente dangereuse et entraîné vers le mal, avait mis de côté tout respect de Dieu et des hommes, s'attachait à ce qui lui était nuisible, et évitait ce qui lui était salutaire. Après avoir présenté toutes ces considérations avec un talent remarquable, il termina en suppliant le roi, de la part de l'Université, sa fille bien aimée, de travailler au plus tôt à déraciner le schisme. Il lui prouva jusqu'à la dernière évidence que c'était un devoir pour lui, s'il ne voulait pas perdre le titre de roi trèschrétien.

Le duc de Berri était, en vertu de son droit d'aînesse, celui des princes

ore domini ducis Biturie responsum regium dependebat; merito ergo timendum, cum hucusque pugil pro papa Clemente extitisset precipuus. Sed aliter quam sperabatur contigit, eo sic in substancia auctoritate regia respondente : « Ad domini mei regis <«<et cognacionis regalis ignominiam credimus nephandissimum << scisma tantum viguisse, et quia cunctis displicet, ut illud ad « laudem regni sopiatur viam aliquam studeatis; que si bona <«< consilio domini mei videatur, hanc procul dubio exequucioni dabimus diligenter. »

Hucusque domus Francie ad unionem non visa fuerat affectata. Quare ab Universitate deputati, cum regi et assistentibus immenses gracias reddidissent, iisdem valedixissent, ceteris cum leticia ingenti que obtinuerant retulerunt.

CAPITULUM X.

Vias Universitas practicavit ad extirpandum scisma Ecclesie.

De dominorum Francie inopinato consensu ut Deo debite gracie refferrentur, die Conversionis sancti Pauli processionem faciens Universitas alma mater, stacionem habuit apud Sanctum Martinum de Campis; et interim dum missam de Spiritu Sancto Sancti Dyonisii venerabilis abbas, dictus Guido Moncelli, celebraret, ejusdem monasterii prior reverendus, Guillelmus Barraut vocatus, magister in theologia, in claustro publicam predicacionem fecit. Tunc elegantissime, judicio audiencium, mentem regis et dominorum Francie promptam ad unionem divulgans, eamque multis laudibus efferens, omnes monuit Dominum exorare ut in proposito starent. Nam procul dubio, nec immerito verebatur ne per dominum papam Clementem aliter induce

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du sang qui devait porter la parole au nom du roi. Aussi les députés n'étaient-ils pas sans inquiétude; car le duc avait toujours été le champion le plus zélé du pape Clément. Mais leurs craintes cessèrent, lorsqu'ils l'entendirent répondre à peu près en ces termes : « Nous pensons (( que la durée si prolongée de cet exécrable schisme est une tache pour « le roi et pour sa royale famille. Puisque tout le monde en est égale<< ment fatigué, cherchez un moyen d'y mettre un terme pour l'honneur <«< du royaume. Si vous proposez une voie qui reçoive l'approbation du «< conseil, soyez sûrs que nous nous empresserons de la mettre à << exécution. »

La maison royale de France n'avait point paru jusqu'alors très zélée pour le rétablissement de l'union. Les députés de l'Université adressèrent mille remercîments au roi et à l'assemblée, et après avoir pris congé d'eux, ils retournèrent pleins de joie vers leurs collègues pour leur faire part de ce qu'ils avaient obtenu.

CHAPITRE X.

L'Université avise aux moyens d'extirper le schisme de l'Église.

La vénérable Université, voulant rendre grâce à Dieu de l'accueil inespéré fait à sa demande par les seigneurs de France, alla en procession à Saint-Martin-des-Champs, le jour de la Conversion de saint Paul, et y fit une station, Le vénérable abbé de Saint-Denys, Guy de Monceaux, y célébra la messe du Saint-Esprit, et le révérend Guillaume Barrault, prieur de l'abbaye et docteur en théologie, prêcha dans le cloître. Dans ce sermon, que chacun trouva fort éloquent, il fit connaître les intentions du roi et des seigneurs de France en faveur de l'union, les loua hautement de leurs bonnes dispositions, et engagea tous les assistants à prier Dieu de les y maintenir. Il craignait sans doute, et avec raison, que monseigneur le pape Clément ne les fit changer de résolution.

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