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MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES

DE PICARDIE.

DOCUMENTS INÉDITS

CONCERNANT LA PROVINCE.

TOME DIXIÈME.

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Doyen du Chapitre de la Cathédrale d'Amiens, ancien Supérieur du petit Séminaire de Saint-Riquier,
membre titulaire résidant de la Société des Antiquaires de Picardie.

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A. DOUILLET ET Cie, IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE PICARDIE,

Rue du Logis-du-Roi, 18

HISTOIRE DE SAINT-RIQUIER.

LIVRE IX.

CHAPITRE PREMIER.

L'ABBÉ EUSTACHE Ier, DE POLLEHOYE, TRENTE-NEUVIÈME ABBÉ.

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Eustache de Pollehoye, prévôt de Saint-Riquier, fut élevé à la dignité abbatiale. L'histoire se tait sur la famille du successeur d'Odon, mais il n'y a point de témérité à suppléer à ce silence, quand on lit dans les Actes administratifs le nom d'Eustache de Pollehoye qui est désigné comme prévôt du monastère.

Jean de la Chapelle omet, à son ordinaire, le nom d'un Abbé qui ne fit que passer. L'auteur du Gallia Christiana l'annonce ainsi : «Eustache fut confirmé par Boniface VIII et recommandé au roi. (1) ». Est-ce distraction? Est-ce nuance de style? Ces mots renferment une idée contraire aux usages de l'Eglise Gallicane. Ordinairement le roi permettait l'élection et la confirmait. Le Pape n'intervenait que dans les contestations. Eustache fut-il proposé aux moines par Boniface et rejeté d'abord par une susceptibilité d'orgueil national? Le laconisme de la phrase ouvre le champ à des conjectures qu'il n'est guère possible d'éclairer.

La chronique parle du vicaire général d'Eustache (2). C'est presque faire supposer un Abbé non résidant, occupé des affaires de l'Eglise au nom du Pape. Quand l'Abbé administrait par lui-même, avec le secours de son prieur et de son secrétaire, il lui était facile de suffire à toutes les vicissitudes de la sollicitude pastorale. On ne constate guère l'action d'un vicaire général que sous la commende.

On a aussi reproché au pape Boniface d'intervenir trop souvent dans la collation des bénéfices. C'était une des prérogatives de l'Eglise romaine à cette époque, surtout lors

"

(1) Gallia Christiana. Tom. x. Pag. 1257.

(2) D. Cotron. Anno 1300.

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