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arriveront jusqu'à la couche argileuse qui se trouve inclinée vers la vallée, la tranche pourra glisser dans le sens de l'inclinaison, et quand l'équilibre de la masse sera rompu, elle quittera sa place pour tomber dans la vallée; voilà ce qui a dû arriver.

On comprend que, pendant la chute, les parties ont pu conserver un certain ensemble, et que le tout n'a dû se briser qu'au moment où la masse a frappé le sol. Dans ce cas, les parties les plus élevées de la tranche séparée ont dû être portées plus loin de la montagne, tandis que la base sera restée près du lieu qui lui servait d'appui. C'est en effet le résultat qu'a fourni à M. l'abbé Chamousset l'examen des éboulis et de la place qu'ils occupent. Le terrain néocomien parti du haut de la montagne, se trouve sur les bords du chemin qui conduit des Marches à Myans, sur la dernière limite des Aby

mes; l'oxfordien se trouve vers la base de l'escarpement, tandis que le coralien remplit l'espace intermédiaire. Il ne peut donc y avoir doute ni sur la cause de l'éboulement, ni sur la manière dont il s'est opéré.

La question des glaciers, qui occupe aujourd'hui les géologistes, laisse encore à la science de grands mystères à pénétrer. Le transport des blocs erratiques est maintenant assez généralement attribué à l'action des glaciers; mais l'adoption de cette cause ne fait qu'éloigner la difficulté; il faut encore expliquer comment les glaciers ont pu prendre une extension assez grande pour porter leurs effets dans les lieux où les blocs erratiques attestent leur ancienne présence. M. le Secrétaire perpétuel a lu à la Société un Mémoire, dont le but est de trouver la cause de l'exten

sion qu'ont dû avoir les glaciers, pour déposer tout autour du massif des Alpes ces blocs erratiques, qui s'y trouvent à une assez grande distance.

M. le Secrétaire a étudié ce qui est encore pour arriver à la connaissance de ce qui n'est plus. Voici en peu de mots la suite de ses raisonnements : la surface du Mont-Blanc, au-dessus de la limite des neiges perpétuelles, fournit seule la quantité de glace qui alimente tous les glaciers d'écoulement qui se trouvent autour du géant des Alpes. Ainsi cette surface peut être considérée comme un réservoir, d'où partent les glaces pour aller se fondre dans une région plus douce, et les glaces qui en descendent forment ce que l'auteur appelle des glaciers d'écoulement.

On comprend que les glaciers d'écoulement doivent être d'autant plus étendus, que la quantité de glace fournie par le glacier réservoir est plus considérable.

Ainsi, supposons qu'au lieu de former sept glaciers d'écoulement, la surface entière du Mont-Blanc n'en formât qu'un seul, et que toutes les glaces qui descendent de ce grand réservoir vinssent à s'écouler par le glacier des Bois : il est bien probable qu'au lieu de se terminer au point où il finit actuellement, le glacier descendrait jusqu'aux environs de la commune de Cervoz, ou au moins qu'il occuperait toute la vallée de Chamonix.

Il y a donc une proportion déterminée entre les glaciers réservoirs et les glaciers d'écoulement. Pour le Mont-Blanc, cette proportion est à peu près celle-ci : le glacier réservoir a environ deux lieues carrées de surface, tandis que les glaciers d'écoulement en ont six. On aurait donc cette proportion : les glaciers d'écoulement sont aux glaciers réservoirs, comme six sont à deux.

Or, il y eut un temps où le massif du

Mont-Blanc était plus considérable qu'il. ne l'est maintenant; à force de frotter ses flancs les glaces l'ont usé; les fentes, les échancrures, les vallées d'érosion qui sillonnent ses côtés, montrent encore tout ce que le temps lui a pris; les aiguilles du Dru, de Charmos, du Géant, etc., sont des témoins restés pour attester son ancienne élévation et l'étendue de sa surface. D'un autre côté, les blocs erratiques qui couvrent notre sol, les galets, les graviers, les sables qui forment quelques-unes de nos collines, sont des matériaux qui lui ont été arrachés et qui donnent une idée de son ancienne masse.

Si donc on suppose que la surface des neiges éternelles a pu être seulement le double de ce qu'elle est actuellement, on aurait des glaciers d'écoulement de douze lieues carrées de surface. C'est peu de chose, mais les conséquences sont immenses. Cette quantité de glace, descendant

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