Chronique des Sciences et des Arts, et Variétés. Le dessin ci-contre re STATUE DE JACQUES VAN ARTEVelde. présente la statue colossale de Jacques Van Artevelde, telle que nous l'avons vu figurer au cortége des Fêtes historiques de Gand, l'année dernière. La tête qui est d'une coupe pleine de noblesse et de majesté, est due au ciseau de Mr Pierre Devigne, habile sculpteur de notre ville, qui a déjà exécuté le buste en bronze du même personnage pour l'hôtel-de-ville, où il est destiné à rappeler en même temps deux autres noms chers à notre cité, ceux de MM. Van Caneghem et Cornelissen, qui ont contribué à son exécution. POPULATION BELge. RecensemenT GÉNÉRAL DE 1846. Le ministre de l'intérieur vient de publier le résultat du recensement effectué le 15 octobre 1846. Cet important document statistique n'a pas moins de 550 pages grand in-4°. Il est précédé d'une introduction de LXIX pages, où est décrit l'historique de cette vaste et difficile opération, qui fait honneur et à ceux qui l'ont conçue et à ceux qui ont été chargés de la mettre à exécution. Nous devons aussi un juste tribut d'hommages à M. Lesigne, dans l'établissement typographique duquel ces multiples tableaux de toute espèce, chargés de chiffres, d'accolades et de lignes, ont été imprimés. C'est sans contredit la plus belle et la plus intéressante publication officielle qui ait encore été imprimée par le gouvernement depuis 1830. Nous extrayons de cet important volume les renseignements suivants, qui sont particulièrement curieux pour l'histoire ethnographique de nos provinces. La population, à l'époque du recensement, se trouvait répartie ainsi qu'il suit, entre les neuf provinces dont se compose le royaume : Considérée d'une manière absolue, la population des deux Flandres forme à peu près le tiers de la population du royaume : la population du Brabant avec celle du Hainaut compose environ le deuxième tiers, et le reste se trouve réparti dans les cinq autres provinces. La province la plus populeuse, celle de la Flandre orientale, contient, à elle seule, presque autant d'habitants que les quatre provinces réunies de Limbourg, Luxembourg, Namur et Anvers. Considérée sous le rapport de la population relative ou spécifique, la Flandre orientale se place encore en première ligue: on y compte 265 habitants par 100 hectares, tandis que dans le Luxembourg il ne s'en trouve 42. que Les populations relatives de ces deux provinces occupent les extrémités de l'échelle, et sont dans le rapport de 6 à 1 environ. En moyenne on compte, dans le royaume, trois habitants par deux hectares. Les provinces se présentent dans l'ordre suivant, eu égard à leur population relative: Flandre orientale, Brabant, Flandre occidentale, Hainaut, Liége, Anvers, Limbourg, Luxembourg, Namur. La commission de statistique donne ensuite des détails sur l'augmentation de la population, sur sa division par sexe, par âge, et par profession, sur ses rapports avec l'étendue du sol, avec le nombre des maisons et d'appartements habités, etc. Nous nous bornerons à donner le tableau suivant qui présente la statistique des langues parlées en Belgique. Ces chiffres indiquent le nombre des personnes qui parlent habituellement une langue, et non celles qui ne comprennent que cette langue. ÉNUMÉRATION DES HABITANTS D'APRÈS LA LANGUE PARLÉE. Les autres langues sont représentées par 39,814 personnes. Ainsi, le français et le flamand, avec leurs dialectes, sont à peu près les seules langues parlées dans la Belgique. Le flamand prédomine sur le français dans le rapport de 560 à 421 ou de 3/4 à environ. Les provinces des deux Flandres, d'Anvers, de Limbourg et de Brabant, sont celles où le flamand est particulièrement parlé. Dans cette dernière province cependant, une assez grande partie des habitants parlent français ou plutôt wallon; leur nombre est à celui des Flamands comme 1 est à 2 environ. Les autres langues ne sont parlées en Belgique que par les ouvriers que l'industrie et le commerce y ont appelés, et les étrangers qui s'y trouvent momentanément ou de passage; il faut en excepter cependant l'allemand, qui est la langue d'une partie du Luxembourg. GEANTS DE WETTE REN. Nous avons à consigner ici un épisode, le dernier peut-être, de l'histoire des Géants de Wetteren. La chose n'est pas arrivée d'hier; il s'agit de l'année de grâce 1810, alors que le grand Empereur parcourait son vaste empire, pour lui montrer la jeune et belle conquête dont il était si fier. Il s'avançait donc à bride abattue vers sa bonne ville de Gand, suivi d'un détachement du 22° régiment de cavalerie légère, de ce va leureux corps qui s'illustra sur tous les champs de bataille de l'Europe et de l'Afrique. Cette escorte était commandée par un de nos braves concitoyens, aujourd'hui bourgmestre d'une de nos principales communes. Arrivée à Oordeghem, la voiture s'arrêta pour changer les chevaux épuisés. L'Empereur descendit et fut accosté par Janneken et Mietjen et leur rejeton nain-géant. Cette brusque apparition jeta l'épouvante dans l'âme du monarque, non pour lui, mais pour sa compagne, mais pour la position intéressante, dans laquelle il aimait à croire que se trouvait S. M. Aussi s'écria-t-il : « Arrière, manants, pas de monstres devant l'Impératrice. » Et faisant avancer l'officier de son escorte, il lui donna l'ordre de refouler bien loin ces pauvres géants, ces représentants d'une antique race, dont le souvenir s'est perpétué chez presque toutes les nations. Les hussards se mirent à la besogne, comme s'ils avaient eu à enfoncer une phalange ennemie. Ils bousculèrent et spectateurs et géants ces malheureux bourgeois de Wetteren furent foulés aux pieds des chevaux, ils furent éventrés et pollués : quelques hussards même se fourvoyèrent dans leurs ventres d'osier. Quelques secondes suffirent pour faire disparaître les monstres, qui dans la sollicitude de l'Empereur, auraient pu avoir une néfaste conséquence pour le rejeton impérial. Napoléon s'empressa de remonter en voiture et de rassurer l'Impératrice sur l'échauffourée des hussards, qui ne s'étaient pas retirés du ventre de leurs victimes sans égratignures. A. SOCIÉTÉS HISTORIQUES DU NORD DE LA FRANCE. Le Nord de la France se distingue particulièrement par son goût pour les études historiques. A Douai, à Valenciens, à Cambrai, à Arras, à Amiens, à Abbeville, à Lille il existe partout des sociétés, pleines d'activité et de zèle, qui s'occupent à réunir les souvenirs du passé et travaillent à conserver ce que le temps et le vandalisme des hommes a épargné jusqu'aujourd'hui. Parmi les publications consacrées à ce genre de recherches, nous devons. surtout citer les Archives du Nord de la France et du Midi de la Belgique, revue dirigée aujourd'hui par Mr Arthur Dinaux, et où l'on a recueilli depuis quelques années les renseignements les plus curieux sur les hommes et les choses. A côté de cet important recueil vient |