Joyeuse Entrée DB L'EMPEREUR MAXIMILIEN I A GAND, EN 1508. (DESCRIPTION D'UN LIVRE PERDU). Rien ne demeure, tout s'use, tout s'éteint. MASSILLON. 1. Chez toutes les nations, les grandes et imposantes solen-` nités publiques laissent dans les esprits un souvenir impérissable de l'acte important qu'elles sont appelées à perpétuer. C'est à l'aide du prestige que ces spectacles pompeux exercent toujours sur l'imagination des peuples, que l'on parvient à graver dans leur mémoire les événements les plus saillants de leurs annales. Ainsi, de tous les temps nous avons vu qu'une bataille gagnée, une ville rendue, un traité de paix conclu ou un avénement au trône, ont été célébrés par des fêtes brillantes dont le souvenir a parfois traversé les siècles. Dans quelques pays et notamment dans les Pays-Bas, on tenait à conserver religieusement ces souvenirs nationaux, et pour mieux les garantir contre les ravages du temps, on les rappela sur des médailles commémoratives que l'on rencontre aujourd'hui dans les principaux cabinets de l'Europe. Au XVIe siècle, les premiers graveurs des Pays-Bas exercèrent leur burin à reproduire dans toute leur vérité, Pendant le XVIe siècle, plusieurs opuscules du même genre furent encore édités, et parmi ceux-ci nous citerons : De beschryvinghe van het ghene dat vertoocht wierdt ter incomste vanden prince van Orangien binnen der stede van Ghendt den 29 decembris 1577, van nieuws ver (1) Bibliotheca Hulthemiana, no 27574. १ meerdert ende verbetert (1). Ghendt, weduwe van Pieter De Clerck, 1577. Cette entrée du prince d'Orange à Gand, décrite en vers flamands par Luc de Heere, peintre et poëte gantois, est de la plus grande rareté; on en connaît à peine quelques exemplaires (2). Plus tard les Etats-généraux ayant déclaré Philippe II déchu de ses droits, offrirent la souveraineté des Pays-Bas au duc d'Anjou, frère unique du roi de France, Henri III. Ce prince avide de régner, accepta toutes les conditions que les États lui imposèrent. Le 17 février 1582, il fut solennellement reconnu duc de Brabant, et le 19 juillet de la même année, il fit son entréé à Bruges comme comte de Flandre. Les fêtes qui eurent lieu à cette occasion, ont été décrites dans un ouvrage in-4°, imprimé à Bruges chez Thomas Moerman, portant ce titre : De heerlicke incomste van onzen ghenadighen Land-Vorst, myn Heere Françoys van Franckryk, des Conings eenich broeder, Hertoch van Brabant, Gelder, Anjou, Alencon, etc. Grave van Vlaenderen, Hollandt, Zeelandt, etc. in zyn vermaerde stadt van Brugge, den xxvii dach july anno M. D. LXXXII. Cette pièce devenue fort rare, obtint, il y a quelques années, les honneurs d'une réimpression accompagnée de documents inédits et de notes dues au savant et laborieux abbé Carton, président de la Société d'Émulation de Bruges. Cette seconde édition n'a été tirée qu'à vingt-trois exemplaires. Les fêtes de Bruges étant terminées, le duc d'Anjou s'achemina vers Gand, principale ville de la Flandre, où il arriva le 20 août 1582, accompagné du prince d'Orange (1) Ces derniers mots prouveraient qu'il a existé une édition antérieure à celle-ci. (2) Catalogue de la Bibliothèque du comte d'Hane de Steenhuyse, n° 2144. et d'une suite aussi brillante que nombreuse. Les solennités inaugurales qui eurent lieu dans cette grande cité, furent magnifiques; aussi, le souvenir en a-t-il été conservé dans un opuscule imprimé à Gand, chez Cornelius De Rekenare. Cet écrit est intitulé: De eerlicke incomste van onzen ghenadighen ende gheduchten heere Francoys van Vranckerycke; in syne vermaerde Hooftstad van Ghendt, den 20 augusti 1582. — Une description française de cette somptueuse réception parut en même temps (1). Les États de Flandre, conjointement avec le Magistrat de la ville, firent en outre frapper des médailles commémoratives d'or et d'argent, rappelant l'inauguration du nouveau comte de Flandre (2). Tous ces ouvrages, écrits dans le style naïf de l'époque qui les vit naître, respirent l'enthousiasme que les événements dont ils rappellent le souvenir, inspirèrent à leurs auteurs. Aujourd'hui ces documents et notamment ceux dont nous venons de parler, sont devenus d'une rareté extraordinaire. Quant à leur importance historique, elle ne peut être révoquée en doute, car il est incontestable que ces ouvrages acquièrent une valeur d'autant plus grande qu'ils appartiennent à une époque plus éloignée de nous. (1) Cette description, intitulée : l'Entrée magnifique de Monseigneur Francoys, filz de France, frère unique de Roy, par la grace de Dieu Duc de Lothier, de Brabant, d'Anjou, d'Alençon, etc. Comte de Flandres, etc. faicte en sa metropolitaine et fameuse ville de Gand le XX d'Aoust, anno 1582, fut réimprimée à Gand en 1841, chez Annoot Braeckman, avec un épilogue de Mr Auguste Voisin. Cette édition ne fut tirée qu'à cinquante exemplaires numérotés à la presse. (2) Betaelt Coenraet De Bock de somme van XVI liv. XIII sc. Iv gr., voor tprepareren ende maecken van zeker Medaelye voor den hertoghe van Anjou, jeghens de compste van zyn Excie, conforme der convensie ende accorde metten zelven De Bock daer af ghemaect by myne heeren den Hoochbailliu ende Scepenen deser stede, naer tverclaers vander ordonnantien. Comptes de la ville de Gand, 1581. - Van Loon, Hist. mét. des XVII provinces. |