ficence des rois et des seigneurs puissants qui habitaient dans son voisinage; et bientôt ses domaines ne furent pas seulement restreints dans les diocèses de Paris et de Chartres, c'est-à-dire dans les départements actuels de la Seine, de Seine-et-Oise et d'Eure-etLoir, mais ils s'étendirent jusque dans les diocèses d'Évreux, de Séez et de Meaux, c'est-à-dire jusque dans les départements de l'Eure, de l'Orne et de Seine-et-Marne. Et dans ces vastes possessions, que de renseignements inattendus ne rencontrons-nous pas dans les titres de l'abbaye. Nous ne voulons pas entrer dans des détails hors de toute proportion avec le cadre de notre introduction; mais pour ne citer que quelques faits, on voit figurer dès 1209 la rue des Écrivains à Paris, devenue depuis la rue de la Parcheminerie; en 1212, on rencontre le palais des Thermes, dont il est si souvent question dans les chartes suivantes, et près duquel était situé le principal hôtel des religieux à Paris, où se retira l'abbé Dominique de Beaune, pendant les troubles du xve siècle, et où il mourut en 1452; puis c'est la rue du Fouarre (vicus Straminis); la rue des Murs; la rue Saint-Victor; la rue au Foin (vicus Feni), appelée par erreur dans une charte la rue au Fer (vicus Ferri); la rue de Versailles, etc. Les tenants et aboutissants de toutes les maisons possédées par l'abbaye dans ces quartiers sont toujours parfaitement indiqués, et fournissent des renseignements précieux pour la topographie du quartier Saint-Victor à ces époques reculées. A Versailles, nous trouvons, au commencement du XIVe siècle, la trace de Trianon et des bois de Satory. A Chartres, outre les rues des Lices, Percheronne, du Marché à la Filasse, de Beauvais, etc., aujourd'hui encore subsistantes, outre des détails tout nouveaux sur la mare Saint-Jean, nous voyons en 1181 une mention du Coin-Rahier, dénomination perdue dès le xive siècle, et dont il ne reste plus de vestige que dans les chartes anciennes. Vernon possède dès 1185 sa porte de Mantes, et ses rues au Hareng et Gloriette. Rouen, Corbeil, Meulan, Arpajon, et bien d'autres, trouveront également de curieuses indications sur leur topographie pendant les x et XIe siècles. Et nous n'avons parlé jusqu'ici que des principales villes; que serait-ce donc si nous poussions plus avant notre analyse, et si nous voulions rappeler tous les noms de terroirs ou de chantiers, noms souvent si significatifs, que notre Cartulaire nous révèle, à nous qui les ignorions, et qui avons eu bien souvent si grand' peine à les retrouver sous les sobriquets qui les défigurent aujourd'hui. Les documents généalogiques fournis par le Cartulaire des Vaux de Cernay sont plus nombreux et plus précieux encore, peut-être, que les renseignements topographiques. Voici toute reconstituée la famille de Neaufle-le-Châtel, dont le P. Anselme ne dit que quelques mots, et encore remplis d'erreurs. C'est d'abord le fondateur de l'abbaye, Simon de Neaufle, en 1118, désigné, mais à tort, comme connétable du roi Louis le Jeune; puis toute sa descendance, jusqu'à la transmission de cette seigneurie dans la maison de Chevreuse. La famille d'Auneau ne commence dans notre Cartulaire qu'en 1168, celle de Poissy qu'en 1175, celle de Crèvecœur qu'en 1206; mais depuis ces époques, on en retrouve continuellement la trace, pendant toute la durée du XIe siècle. Les familles de Montfort, de Montmorency, de Marly et de Chevreuse, sont comptées parmi les principales bienfaitrices de l'abbaye, et nous voyons, en effet, une foule d'actes émanés des membres de ces maisons, actes qui nous fournissent le moyen de relever plusieurs erreurs. Ainsi, d'après le nécrologe de PortRoyal, Gui de Chevreuse serait mort vers 1215; une charte de sa veuve nous permet d'être plus précis et de fixer, comme date extrême à l'existence de ce seigneur, l'année 1209 ou 1210 au plus tard. D'après André Duchesne et le P. Anselme, Bouchard II de Montmorency, sire de Marly, serait mort en 1267; nous voyons par notre Cartulaire qu'il n'existait plus avant le mois de février 1256. - Une autre famille des plus anciennes de l'Ile-deFrance est certainement celle des Lévis : elle apparaît assez tard et assez rarement dans les titres des Vaux de Cernay; cependant nous sommes encore en mesure d'être plus exacts que le fameux généalogiste de la maison de France. Le P. Anselme, en effet, ne cite aucun acte de Gui III de Lévis, seigneur de Mirepoix, postérieur à 1286, et nous en publions un de l'année 1293. Des maisons moins illustres, au contraire, se sont trouvées en rapports plus fréquents avec notre abbaye parmi celles-ci, nous citerons en première ligne la famille de Gazeran; puis celle de Gallardon; celle de Lèves, confondue par une alliance avec la maison de Bruyères-le-Châtel; celle de Donjon, dont le P. Anselme attribue bien à tort le surnom à un donjon construit par elle dans la ville de Corbeil; celle d'Ormoy dès 1184, tandis que l'abbé Lebeuf ne fait remonter la seigneurie d'Ormoy qu'en 1218; celle de Maintenon en 1199, etc., etc. Mentionnons encore parmi les plus anciennes la famille de Vernon, dont André Duchesne tire l'origine de Gui de Bourgogne, comte de Brionne et de Vernon, tandis que, d'après des titres originaux que nous avons eus entre les mains, nous avons cru devoir en faire une branche cadette de la maison de Reviers. Et ce qui vient compléter de la manière la plus heureuse les documents généalogiques, ce qui donne un intérêt tout particulier à notre Cartulaire, composé d'après les titres originaux, intérêt que ne pouvaient présenter les ouvrages de nos devanciers faits eux-mêmes d'après des copies précédentes, c'est la description des sceaux dont sont encore revêtues la plupart des chartes originales que nous avons publiées. Le plus grand nombre de ces sceaux sont inédits, et nous les avons décrits pour la première fois d'après les empreintes jointes aux pièces dont nous nous occupions quelquefois même, quand ils avaient été brisés ou détachés des titres auxquels ils se rapportaient, nous avons été les chercher ailleurs, et nous en avons décrit quelques-uns d'après des exemplaires trouvés à Chartres, à Paris, ou même à Versailles, dans des fonds autres que celui des Vaux de Cernay. C'est ainsi que nous avons décrit deux sceaux de Simon de Montfort, de 1211 et 1215, conservés aux Archives de l'Empire, et dont nous n'avions trouvé qu'un très-mince fragment; les deux derniers sceaux employés par Amaury de Montfort, de 1230 à 1234, dont nous avons donné la description, proviennent également de ce riche dépôt, etc. Le plus ancien sceau que nous ayons rencontré attaché aux titres originaux est celui de Neaufle-le-Châtel, comme la plus ancienne pièce est la charte de Simon de Neaufle-le-Châtel; mais à partir du dernier quart du XIIe siècle, les sceaux abondent dans les cartons de l'abbaye des Vaux de Cernay. Nous citerons entre autres, parmi les sceaux seigneuriaux, ceux de Gui Ier de Chevreuse, en 1182, confondu par le P. Anselme avec Gui II, son fils et successeur; d'Yolande de Dreux, en 1184, qui se sert pour contresceau de celui de Robert II, son mari, avec la légende : CONFIRMA HOC DEVS; de Richard de Vernon, en 1185, qui nous a fourni l'occasion de décrire le sceau encore inédit de Guillaume de Vernon, châtelain de Montmélian, appartenant au fonds de l'abbaye d'Hérivaux; de Richard d'Harcourt, en 1190; de Raoul de Crèvecœur, en 1206, et de plusieurs autres membres de cette famille; de Constance de Châteaufort, de la maison de Courtenay, femme de Guillaume de la Ferté, en 1212, avec cette légende au contresceau AMA DEVM, TIME EVM; de Simon de Gaseran, en 1226; d'Amaury de Maintenon, en 1227, qui nous fait connaître les armoiries de l'ancienne famille de Maintenon; de Jeanne de Châ– teaudun, femme de Jean de Montfort, en 1248, etc., etc. Outre l'intérêt de curiosité qui s'y rattache, les sceaux offrent des renseignements très-utiles pour l'histoire. Par la similitude des armoiries, on apprend à connaître les alliances des diverses familles; c'est ainsi, par exemple, que nous avons pu établir l'alliance de la maison de Lèves avec celle de Bruyères-le-Châtel, alliance justifiée d'ailleurs par une charte que nous avons retrouvée dans les archives d'Eure-et-Loir. Les sceaux nous aident aussi à découvrir les noms de famille des femmes, le plus généralement omis dans les titres où elles apparaissent, soit par les armoiries de leur maison, comme pour Fénie, dame de Neaufle, en 1206; soit par la légende même, comme pour Agnès de Maisons, femme de Jean du Bois-Gérôme, en 1277, et Jeanne de Guiancourt, femme de Jean de Villepreux, en 1502. Enfin, ils nous révèlent parfois les surnoms des divers membres d'une famille, comme pour Jean de Voise, fils de Jean, seigneur d'Auneau, en 1255, et Robert Sans-Nappes de Baudricourt, en 1255. Les sceaux ecclésiastiques ne sont pas moins nombreux dans notre Cartulaire que ceux des seigneurs. Le plus ancien est celui de Guillaume, archevêque de Sens, en 1168: nous trouvons ensuite toute la série des évêques de Chartres, depuis Jean de Salisbury, le disciple et l'ami de Thomas Becket, en 1177, jusqu'à Matthieu des Champs, en 1249. Parmi les sceaux de monastères ou d'abbés, citons d'abord le premier sceau de l'abbaye des Vaux de Cernay, employé, en 1192, par le fameux Gui de Cernay, le prédicateur de la croisade contre les Albigeois, reproduit par Thomas, son successeur, en 1225; puis les sceaux d'Hilaire, abbé de Bourgueil, et de Mainier, abbé de Saint-Florent, en 1192; ceux de Louis, abbé de Saint-Magloire de Paris, en 1231; d'Eudes, abbé de Saint-Denis, en 1232; d'Adam Alaire, prieur d'Étrechy, en 1370; et enfin le premier sceau de l'abbaye de Port-Royal employé par Éremburge, en 1239, et le seul exemplaire décrit jusqu'à ce jour de l'ancien |