BÉRÉNICE. Cette prompte retraite Me laisse, je l'avoue, une douleur secrète. PHÉNICE. Je l'aurois retenu. BÉRÉNICE. Qui? moi? le retenir? J'en dois perdre plutôt jusques au souvenir. PHÉNICE. Titus n'a point encore expliqué sa pensée. BÉRÉNICE. 290 Le temps n'est plus, Phénice, où je pouvois trembler. De cette nuit, Phénice, as-tu vu la splendeur? 1. Var. Tu verras le sénat m'apporter ses hommages, Et le peuple de fleurs couronner nos images. (1671) 300 305 2. Toutes les éditions imprimées du vivant de l'auteur ont ici : tous pleins, et non tout pleins. 3. Dans ces vers le poëte a rassemblé toutes les cérémonies de ces apothéoses que nous a décrites Hérodien. (Louis Racine, dans ses Remarques sur Bérénice.) 310 Tous ces yeux qu'on voyoit venir de toutes parts 1. Var. Dieux! avec quel respect et quelle complaisance. (1671) 320 325 2. Ces vers furent appliqués à Louis XIV. (Louis Racine, dans ses Remarques sur Bérénice.) Voltaire fait la même remarque. 3. Var. De son règne naissant consacre les prémices. Je prétends quelque part à des souhaits si doux. Phénice, allons nous joindre aux vœux qu'on fait pour nous. (1671-87) Ce changement a été commandé par le scrupule dont nous avons parlé à la variante du vers 145. Bérénice ne pouvait se joindre aux vœux que Rome faisait dans ses temples. On comprend aussi pourquoi Racine a condamné le mot consacre. L'édition de 1736 et celles de Geoffroy et de M. Aimé-Martin l'ont à tort rétabli dans le texte. FIN DU PREMIER АСТЕ. ACTE II. SCÈNE PREMIÈRE. TITUS, PAULIN, SUITE. TITUS. A-t-on vu de ma part le roi de Comagène? Sait-il que je l'attends? PAULIN. J'ai couru chez la Reine. Dans son appartement ce prince avoit paru; Il en étoit sorti lorsque j'y suis couru. De vos ordres, Seigneur, j'ai dit qu'on l'avertisse1. TITUS. Il suffit. Et que fait la reine Bérénice? PAULIN. La Reine, en ce moment, sensible à vos bontés, Elle sortoit, Seigneur. Hélas! 330 1. On a relevé comme une faute le présent du subjonctif avertisse après un temps passé. Racine a dit de même dans Britannicus (vers 132): Dont César a voulu que vous soyez instruite, phrase dont la Harpe excuse l'apparente irrégularité, en faisant observer qu'il s'agit d'une action présente : « César a voulu que vous soyez instruite au moment où je parle. » Ici le présent se justifie par la même raison. PAULIN. En sa faveur d'où naît cette tristesse? L'Orient presque entier va fléchir sous sa loi : TITUS. Paulin, qu'on vous laisse avec moi. SCÈNE II. TITUS, PAULIN. TITUS. Hé bien! de mes desseins Rome encore incertaine Voici le temps enfin qu'il faut que je m'explique. 340 PAULIN. J'entends de tous côtés 345 Publier vos vertus, Seigneur, et ses beautés. TITUS. Que dit-on des soupirs que je pousse pour elle? PAULIN. Vous TITUS. Et je l'ai vue aussi cette cour peu sincère, 1. Var. Quel succès attend-on d'une amour si fidèle? (1671) 350 355 Je l'ai vue à genoux consacrer ses fureurs. J'ai mis même à ce prix mon amitié secrète : PAULIN. 360 365 3༡༠ 375 N'en doutez point, Seigneur : soit raison, soit caprice', Qui naissent d'un hymen contraire à ses maximes. 380 1. Var. Paulin : je me propose un plus ample théâtre. (1671-87) 2. Var. N'en doutez point, Seigneur : soit raison, ou caprice. (1671-87) 3. On fut persuadé dans le temps que quelque raison particulière avoit engagé l'auteur à se servir de cette expression. (Louis Racine, dans ses Remarques sur Bérénice. Louis Racine ne nous dit point à quelles belles mains on crut que le poëte avait voulu faire allusion. C'était probablement à celles de la princesse qui avait indiqué le sujet de la pièce. 4. On peut comparer dans le Nicomède de Corneille (acte I, scène II, vers |