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des «< géologues », voulait publier une espèce d'édition spéciale de la Carte géologique, édition basée surtout, si pas exclusivement, sur les travaux du Service géologique. L'autre groupe était le clan des « agronomes » : il soutenait, avec raison, que la carte agronomique, entendue selon les idées des « géologues », n'aurait absolument aucune utilité pratique : elle n'eût été agricole que de nom.

A l'heure actuelle, l'accord s'est fait sur ce point capital: la carte sera avant tout agricole, la Carte géologique constituant pour ainsi dire une étude «< préliminaire », qui aura fixé approximativement les limites des divers terrains, mais ces terrains euxmèmes seront étudiés par des procédés spéciaux, leurs frontières seront étendues ou resserrées d'après des observations techniques purement agricoles.

Une autre question très débattue était la suivante : Par quels procédés va-t-on déterminer la valeur agricole d'un terrain et, notamment, la nature des substances fertilisantes dont il a besoin : azote, acide phosphorique, potasse ou chaux?

Ici les agronomes eux-mêmes étaient divisés. Les uns préconisaient l'analyse chimique, d'autres l'analyse physiologique; la plupart opinaient pour l'application de ces deux modes d'analyse à chacun des échantillons. L'analyse physiologique ou analyse par la plante peut se faire de deux façons en pots ou vases de végétation et en plein champ; les deux méthodes ont leurs partisans et aussi leurs détracteurs. On se trouve donc en présence de trois méthodes permettant d'étudier le sol : l'analyse chimique, les cultures en pots et les champs d'expériences.

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L'analyse chimique donne des résultats très exacts, mais pas assez explicites elle nous permet bien de déterminer combien une terre renferme de potasse, par exemple, mais cela ne nous dit pas quelle proportion de cet élément pourra être utilisée par les plantes. On constate à cet égard les faits les plus extraordinaires. Citons une expérience devenue classique. Les analyses de sables campinois n'accusaient qu'une faible teneur en potasse; or, ces sables produisaient en abondance d'excellentes pommes de terre, qui exigent, au contraire, beaucoup de potasse. Les agronomes étaient perplexes, lorsque M. Proost proposa de traiter la terre à analyser par un dissolvant plus énergique : aussitôt l'analyse accusa des teneurs très élevées en potasse restée cachée jusque-là; les pommes de terre utilisaient donc des matières que les anciennes méthodes d'analyse ne décelaient pas.

Malgré toute la perfection de nos méthodes analytiques modernes, l'accord entre l'analyse chimique et les résultats culturaux n'est pas encore parfait, car les plantes ont une puissance assimilatoire qui n'est pas proportionnelle au pouvoir dissolvant des acides employés dans les recherches de laboratoire. De plus, cette puissance d'assimilation varie ses effets d'après quantité de facteurs jusqu'ici très peu connus. On a donc cherché un autre procédé, capable de nous renseigner sur la valeur du sol au point de vue de la culture. De là, les cultures en pots et les champs d'expériences.

Dans la méthode des cultures en pots, la terre à étudier est mise dans des vases; on y sème diverses plantes avec diverses fumures. En combinant convenablement les éléments fertilisants, on arrive à conclure que tel sol manque, par exemple, de chaux; que dans tel autre sol, il faut surtout ajouter de l'acide phosphorique, etc.

Ce système a le grand avantage de faire parler la plante elle-même; aussi jouit-il d'une grande vogue dans toutes les stations expérimentales modernes.

Il n'est cependant pas exempt de défauts: on lui objecte avec raison que les plantes cultivées en pots sont placées dans des conditions différentes de celles qu'elles rencontreront en plein champ et que donc les résultats obtenus en pots peuvent fort bien différer de ceux qu'on obtiendra en pratique culturale ordinaire.

Les champs d'expériences à l'air libre échappent à ce reproche; par contre, ils sou

lèvent une autre difficulté : les influences qui agissent sur les cultures en plein champ sont des plus complexes, et il devient difficile de distinguer si tel résultat est dû aux constituants du sol, ou bien à l'une ou l'autre circonstance météorique.

En résumé, aucune des trois méthodes d'analyse n'est à l'abri de reproches, mais chacune d'elles n'en fournit pas moins des indications précieuses.

La solution à laquelle le Département de l'Agriculture s'arrêtera probablement sera l'emploi combiné de toutes les sources de renseignements: géologues, agronomes et météorologistes; analyses chimiques, cultures en pots et cultures en plein champ.

De cette manière, on aura recueilli toutes les données que l'état actuel de la science permet d'obtenir. Seulement... cette étude prendra beaucoup de temps et coûtera assez cher. Il faudra donc plusieurs années avant que la Belgique ne soit dotée de sa carte agronomique.

Le résultat que l'on se propose d'atteindre vaut, du reste, amplement la dépense de travail qu'il nécessitera. La connaissance du terrain agricole est jusqu'ici dans l'enfance on l'a étudié à fond aux points de vue chimique et minéralogique, mais on le connait très peu au point de vue agronomique. Les fumures et les divers amendements sont appliqués grossièrement, sans mode d'appréciation suffisant. L'agriculture retirera un profit considérable d'études approfondies sur un facteur aussi important, et le profit ne sera dans aucun pays plus sensible qu'en Belgique, car on ne consacre nulle part autant de travail et de capital à la culture du sol qu'on ne le fait sur notre territoire.

Au reste, en cette question des cartes agronomiques, la Belgique s'est laissé devancer, il est vrai, par les pays voisins, mais, par contre, elle atteindra presque sûrement un résultat incomparablement supérieur, car la méthode sera plus parfaite et l'investigation beaucoup plus approfondie.

(Article publié par M. l'agronome E. LEPLAE dans le XXe Siècle, 16 mars 1903.)

L'opinion du major Weyns sur les ressources minières du Katanga.

Avant de quitter le territoire du Katanga, j'ai voulu me rendre compte par moi-même des travaux de prospection effectués dans la région de Kambove. J'ai donc visité les principales mines explorées jusqu'à ce jour. Vous savez que d'importantes mines de cuivre ont été étudiées par les membres de la mission Williams et qu'un dépôt d'alluvions aurifères a été découvert à Kambove. A mon arrivée dans ces parages, la plus grande activité régnait sur les travaux miniers. Ceux-ci consistent principalement à creuser des tranchées et des puits profonds, qui permettent de se rendre compte de l'allure des couches et de l'importance des gisements. Le travail très considérable qui a été ainsi accompli dans la plupart des mines a révélé l'existence, au Katanga, d'une immense région cuprifère, dont le centre est Kambove.

Aux alluvions aurifères de Kambove, que le Comité a décidé d'exploiter pour compte commun avec le groupe anglais, l'activité était aussi très grande. On procédait à un << nettoyage » des ravins contenant les précieuses alluvions. La roche, « le bedrock », était déjà à nu sur presque toute la longueur de ces ravins et de grands tas de gravier aurifère étaient amoncelés sur les bords, attendant les pluies qui devaient permettre leur lavage au «< sluice » et au «< pan » pour en extraire l'or.

De l'avis des ingénieurs, la quantité de gravier extraite et les nouveaux essais de minerai faits pendant ces travaux semblent indiquer que le résultat de l'extraction sera supérieur à ce qui avait été prévu.

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Je ne vous donnerai pas mon opinion sur ce point; laissez-moi vous dire seulement que les ingénieurs et les prospectors qui sont sur les lieux ne sont pas d'accord sur cette question, qui ne semble pas être facile à résoudre. En attendant, ces spécialistes poussent leurs recherches plus avant.

N'ont-ils pas découvert d'autres indices en ce qui concerne la présence de l'or? - Comme vous le savez, la plupart des minerais de cuivre de la région contiennent de l'or en quantité variable; de plus, un peu avant mon arrivée sur les lieux, un nouveau dépôt d'or alluvial était découvert à une trentaine de kilomètres au Nord-Ouest de Kambove, sur la petite rivière Lipeta. Les prospectors n'avaient pas encore étudié le dépôt, mais, d'après ce qu'on savait, au moment où je me trouvais à Kambove, ces nouvelles alluvions semblaient plus importantes que celles de Kambove, et l'on y avait trouvé l'or en grains plus gros.

- Quelle est votre opinion générale sur les mines du Katanga?

- Il serait prématuré d'émettre une opinion sur l'avenir des mines du Katanga. Je dirai seulement que les résultats acquis à ce jour sont satisfaisants, très satisfaisants même. On peut, dans tous les cas, dire qu'il existe au Katanga une région minière très riche en cuivre, et les prospectors qui travaillent sur les lieux sont d'avis qu'on y découvrira encore de l'or.

- Existe-t-il des communications faciles avec la région minière?

- Ainsi que je vous l'ai déjà dit, nous sommes en train d'étudier l'établissement d'une voie directe de communication par terre entre le centre minier et le Lualaba navigable, en attendant l'établissement du chemin de fer du Katanga, qui a été récemment décrété et dont la mission d'études se trouve actuellement au Katanga, sous la direction du commandant Jacques.

(Extrait d'une interview du major Weyns, à son retour d'Afrique, en avril 1905, publiée par L'ÉTOILE BELGE du 18 avril 1903.)

Volcan en miniature.

L'ingénieur des mines Pommer rapporte, dans son Traité de Géologie pratique (Berlin, 1902), un cas curieux d'explosion qui s'est produit sur une de ces montagnes de débris houillers que l'on nomme chez nous « terris ». C'est le dimanche 25 mai 1902, vers 2 1/2 heures, que cette explosion se produisit au terris de la mine «Kaiser Friedrich » à Barop; une grande partie du mont s'est écroulée dans les jardins voisins. En même temps, un fort courant d'eau, provenant de l'étang d'arrosage situé à la partie supérieure du terris, inondait également le voisinage. Le monticule encore brûlant était constamment arrosé par une pompe qui y envoyait 1,5 à 2 mètres cubes d'eau par minute: il est donc probable qu'une partie de cette eau a trouvé à l'intérieur une masse encore incandescente, qui l'aura transformée brusquement en vapeurs; de là une pression considérable, cause de l'explosion. D'après les dires des témoins, elle a été accompagnée d'un bruit semblable à un coup de canon, et d'une colonne de feu très puissante; la quantité de matières projetées s'élevait à 400 mètres cubes environ, avec des fragments pesant 50 kilogrammes; il s'est d'ailleurs aussi constitué un véritable petit cratère de 4 mètres de profondeur, à bords internes assez raides. Bref, un véritable volcan en miniature. Ces curieux détails nous sont rapportés par Naturwiss. Rundschau, no 21, février 1903.

E. L.

MAURICE LERICHE. Les Poissons du Paléocène belge.

« Les diverses formations du Paléocène belge ont fourni de nombreux restes de Poissons, aujourd'hui conservés au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique. à Bruxelles, et dont l'étude m'a été confiée par la direction de l'établissement, sur la proposition de M. le conservateur L. Dollo.

» Le Tuffeau supéricur de Ciply, dont l'âge montien a été établi par les travaux de MM. Rutot et Van den Broeck, n'a donné, jusqu'ici, qu'un petit nombre d'ichthyolites appartenant aux espèces suivantes : Scapanorhynchus? (Odontaspis) subulatus, Odontaspis macrota, Bronni, Rutoti?, Lamna appendiculata, Lepidosteus. Cette faunule est remarquable par l'association de formes crétacées et tertiaires : les premières sont représentées par Scapanorhynchus? subulatus, Odontaspis Bronni, Lamna appendiculata; les secondes par Odontaspis macrota et peut-être par Odontaspis Rutoti. De plus, le genre Lepidosteus, dont il est intéressant de signaler l'apparition en Belgique, à la même époque qu'aux Etats-Unis et qu'au Portugal, accentue, par sa présence, le caractère tertiaire de la faune.

>> Cette association de Poissons crétacés et tertiaires se retrouve dans le Calcaire à Lithothamnium (Calcaire pisolithique, du bassin de Paris, où j'ai récemment signalé les formes tertiaires Odontaspis macrota et Lamna Vincenti (1). Mais, tandis que, dans le Montien belge, les espèces crétacées et tertiaires semblent avoir sensiblement la même importance, les premières conservent sur les secondes, dans le Calcaire à Lithothamnium, une prépondérance marquée. La connaissance de la faune ichthyologique, tout en justifiant l'attribution du Calcaire à Lithothamnium au Montien, montre donc que ce Calcaire doit constituer, à la base de l'étage, un horizon inférieur au Tuffeau de Ciply proprement dit.

>>> La faune ichthyologique du Heersien se compose des éléments suivants : Acanthias orpiensis et minor, Squatina prima, Notidanus Loozi, Scyllium Vincenti, Ginglymostoma trilobata, Odontaspis macrota, Rutoti et cuspidata, Elasmodus, Lepidosteus, Arius danicus, Osmeroides belgicus, Cycloides incisus, Smerdis? heersensis.

» Beaucoup de ces espèces se retrouvent dans le Landenien inférieur, dont la faune ichthyologique comprend : Acanthias minor, Squatina prima, Myliobatis Dixoni, Notidanus Loozi, Synechodus eocanus, Cestracion, Scyllium Vincenti, Odontaspis macrota, Rutoti, cuspidata et crassidens, Lamna Vincenti et verticalis, Otodus obliquus, Oxyrhina nova, Ischyodus Dolloi (premier représentant connu du genre, dans les terrains tertiaires), Edaphodon Bucklandi et leptognathus, Elasmodus Hunteri, Albula Oweni, Monocentris integer, Egertonia.

>> Comme on le voit, la faune ichthyologique du Landenien inférieur, quoique un peu plus variée que celle du Heersien, n'en diffère pas notablement. Ces faunes sont essentiellement marines; la présence de formes d'eaux douces ou côtières (Lepidosteus, Arius danicus) vient seulement donner, aux dépôts heersiens, un caractère un peu plus littoral. D'autre part, il est intéressant de constater que la faune ichthyologique du Heersien-Landenien inférieur belge renferme tous les éléments de celle du Thanétien des Bassins de Paris et de Londres, et qu'elle possède, en outre, deux des espèces (Arius danicus, Monocentris integer) de la faune si spéciale du Paléocène de Copenhague.

(4) M. LERICHE, Sur quelques elements nouveaux pour la faune ichthyologique du Montien inférieur du bassin de Paris. (ANN. SOC. GÉOL. DU NORD, t. XXX, 1901, p. 456.)

>> Contrairement à la faune ichthyologique du Landenien inférieur, celle du Landenien supérieur est franchement d'eau douce. Ses éléments, Amia (Pappichthys) Barroisi et Lepidosteus suessionensis, sont déjà connus dans le Sparnacien du Bassin de Paris.

» En résumé, mes recherches m'ont permis de reconnaître, dans le Paléocène belge, trois faunes ichthyologiques distinctes :

» La première (la plus ancienne), constituée par un mélange de formes crétacées et tertiaires, caractérise le Montien; elle rappelle, avec des affinités tertiaires un peu plus accentuées, la faune ichthyologique du Calcaire à Lithothamnium du Bassin de Paris.

» La seconde, formée par un ensemble d'espèces exclusivement tertiaires et essentiellement marines, est commune aux étages Heersien et Landenien inférieur; elle correspond à la faune ichthyologique du Thanétien des Bassins de Paris et de Londres, et à celle du Paléocène de Copenhague.

» Enfin, la troisième, franchement d'eau douce, offre, par la présence des genres Amin et Lepidosteus, un cachet américain remarquable. Elle caractérise le Landenien supérieur et correspond exactement à la faune ichthyologique du Sparnacien du Bassin de Paris. >>

(Comptes rendus Acad. des Sciences de Paris, 12 janvier 1903.)

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« I. Dans la séance du 2 de ce mois, M. J. Gosselet annonçait à l'Académie la découverte de Poissons du genre Pteraspis, ou d'un genre voisin, dans le Gedinnien (Devonien inférieur) de Liévin (Pas-de-Calais). Il disait notamment : « Les Pteraspis » sont très communs dans le Grès Rouge (Old Red Sandstone d'Écosse et d'Angle> terre, mais c'est la première fois qu'on les trouve dans l'Ardenne ou dans ses > prolongements occidentaux ».

> II. A ce propos, il ne sera pas sans intérêt de signaler ici que le Musée de Bruxelles a acquis, récemment, de M. C. Malaise, des restes de Pteruspis provenant précisément du Gedinnien de l'Ardenne, plus exactement du hameau de Glaireuse, commune de Villance, près de Saint-Hubert, dans la province de Luxembourg.

> III. Il s'agit, entre autres pièces, du bouclier ventral d'une espèce que M. A.-S. Woodward, du British Museum, à qui j'ai soumis nos fossiles, n'a pu identifier ni avec le Pteraspis rostrata, ni avec le Pieraspis Crouchi, de la Grande-Bretagne.

» C'est, probablement, le Pteraspis dunensis du Devonien inférieur de l'Eifel.

› IV. Puisque j'ai été amené, par la communication de M. Gosselet, à entretenir l'Académie des Ostracodermes de la Belgique, je désirerais ajouter quelques mots sur un point fondamental de l'organisation des Ostracodermes en général, point au sujet duquel les paléontologistes sont divisés.

> Sont-ce des Vertébrés agnathes ou des Vertébrés gnathostomes? Agnathes, déclarent les uns (Cope, Dean, Woodward), car on n'en a jamais trouvé les mâchoires. Gnathostomes, soutiennent les autres (Traquair), car les mâchoires étaient cartilagi. neuses, et elles ont disparu par la putréfaction.

» Les premiers, cependant, pourraient bien avoir raison. En effet, non seulement on n'a jamais vu les mâchoires des Ostracodermes, mais on n'a, non plus, jamais constaté, chez eux, la présence de dents d'aucune nature (Traquair). Or, les dents primordiales (écailles placoïdes buccales) sont, phylogéniquement, plus anciennes que les mâchoires (C. GEGENBAUR, Grundriss, page 574). Et c'est l'apparition de celles-ci qui a provoqué la spécialisation de celles-là en dents proprement dites. Donc, si les

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