Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d'Alost en les édifiant sur la question des eaux alimentaires et industrielles du sous-sol.

Des mécomptes coûteux furent constatés à ce sujet dans ce centre industriel.

La Société belge de Géologie et d'Hydrologie, en publiant ces observations, rentre dans son rôle d'utilité pratique en indiquant la marche à suivre pour éviter des sacrifices inutiles.

La coupe du puits artésien de MM. Moens frères accompagne la note; le puits est profond de 204 mètres.

Le baron VAN ERTBORN présente la Carte géologique de la province d'Anvers et de la partie du Limbourg située au Nord du Démer, ainsi que de la partie de la Flandre en contact immédiat avec la rive gauche de l'Escaut.

Cette Carte est basée sur les nombreux sondages et sur les levés géologiques que l'auteur fit, il y a vingt-cinq ans, en collaboration avec M. P. Cogels, rectifiés toutefois d'après les progrès de la science.

Elle est accompagnée de deux diagrammes : l'un donnant la coupe Ouest-Est du plateau du Limbourg par 50°57' de latitude; l'autre la coupe Nord-Sud à partir de ce parallèle jusqu'à Utrecht, en passant par Turnhout et Merxplas.

Cette dernière coupe fait voir les sables et les argiles qui occupent le faite de partage des bassins actuels de la Meuse et de l'Escaut, reposant sur l'étage poederlien, comme l'étage amstelien de MM. Lorié et Harmer dans le sous-sol de la Hollande centrale. M. van Ertborn en conclut que les couches fluviatiles en question sont de même âge que les dépôts marins amsteliens, rencontrés par le sondage d'Utrecht. L'auteur désigne cet étage, en Belgique, sous le nom d'Amstelo-Moséen, pour rappeler son origine fluviatile.

Ces sables occupent dans le Nord du Limbourg et de la province. d'Anvers à peu près la même zone que celle que Dumont assigne sur sa Carte au Bolderien dans cette région.

Il faut en conclure que l'illustre géologue fut trompé par les apparences minéralogiques et les aura assimilés ainsi aux sables inférieurs de la colline de Bolder; enfin, que les argiles lui restèrent inconnues.

La séance est levée à 11 heures.

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE

DU 24 AVRIL 1905.

Les observations sismiques en France.

Voici le texte de la lettre adressée le 30 mars 1905 par M. le professeur W. Kilian à notre Secrétaire général et dont il est question à la page 130 du procès-verbal qui précède.

[blocks in formation]

J'ai l'honneur de vous faire connaître qu'à dater de ce jour, je cesse d'assurer le service du sismographe que j'avais fait installer à l'Université de Grenoble. Les crédits affectés à la chaire de Géologie sont destinés aux frais du cours et à l'entretien des collections, et, vu leur chiffre très restreint, je ne puis plus en consacrer une partie à des observations sismologiques. Je n'ai d'ailleurs pas obtenu pour cet objet un crédit spécial demandé à la fin de l'exercice 1902. Je cesse donc, à mon grand regret, de m'occuper du sismographe de Grenoble.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de mes sentiments très distingués. W. KILIAN.

Ayant transmis cette déplorable nouvelle à un collègue et ami, M. Eug. Lagrange, ce dernier a fait paraître dans le n° 4 du 16 avril de Ciel et Terre la note suivante, dont la reproduction dans le présent recueil a été décidée par l'Assemblée.

La station sismologique de Grenoble.

Les études sismiques ne trouvent pas, en France, le soutien du Gouvernement, ni même l'appui de corps savants constitués. C'est là un fait bien regrettable, en présence de l'importance croissante que l'on attache, à juste titre, à ces études dans les pays de haute culture scientifique. La réunion officielle à laquelle le Gouvernement allemand a convié les membres de la Commission sismique internationale, et qui doit se tenir en juillet prochain à Strasbourg, est une preuve bien décisive et comme une consécration nouvelle de cette importance. Que penser, dans ces circonstances, de la suppression de la seule station sismique existant en France, créée grâce au talent et au dévouement de M. le professeur Kilian, à l'Université de Grenoble? Cette suppression est amenée, paraît-il, par une question budgétaire. Cela paraît incompréhensible, car la dépense annuelle afférente à une semblable station, si on la réduit bien entendu au minimum indispensable, ne peut dépasser quelques centaines de francs. Nous espérons que le Gouvernement français, ému de cette situation, ne permettra pas que les efforts et le dévouement de M. le professeur Kilian n'aient pas servi la cause du progrès scientifique, ou bien qu'un généreux mécène, comme nous en avons trouvé chez nous, se présentera comme un sauveur en assumant les charges de cette création scientifique. E. LAGRANGE.

Or, au moment où paraissaient ces lignes, voici comment M. A. de Lapparent, de l'Institut, terminait une Etude sur les frémissements de l'écorce terrestre publiée ces jours-ci dans le Correspondant, étude montrant la haute utilité pratique des études sismiques et microsismiques.

Si nous avons tant insisté sur ces considérations, c'est que notre pays, à l'heure actuelle, est encore resté en dehors du mouvement dont MM. Milne, von Rebeur-Paschwitz et Gerland ont été les initiateurs. Dans toute la France, il n'y a qu'un seul appareil qui soit disposé pour l'étude systématique des vibrations terrestres c'est celui que M. Kilian, professeur à la Faculté des sciences de Grenoble, a installé dans son laboratoire de Géologie. Encore est-il loin de répondre aux exigences. Pendant ce temps, l'Association britannique a opéré des merveilles, et le Gouvernement allemand a donné à l'Université de Strasbourg près de 90,000 francs pour la construction d'un Institut sismologique, dont la dotation annuelle dépassera 6,000 francs. De même, en Belgique, la générosité du grand industriel, M. Solvay, a permis l'organisation, à Uccle, près Bruxelles, d'une station géophysique où les mêmes observations sont poursuivies.

En demeurant dans son inertie actuelle, la France ne faillirait pas

seulement à ses belles traditions du passé, qui lui faisaient un devoir de prendre la tête de tous les progrès scientifiques; elle méconnaîtrait aussi un de ses plus pressants intérêts. Si le sol de la vieille Gaule paraît peu menacé par les convulsions de l'écorce terrestre, nous avons un empire colonial tout particulièrement exposé à ce genre de péril. C'est donc une obligation pour nous d'en bien étudier les manifestations; et cette étude ne peut donner tous ses fruits que si la terre entière se couvre, sans lacunes, d'un réseau bien combiné de stations sismologiques. Puissent les pouvoirs publics le comprendre, et trouver enfin le courage de rogner, sur les innombrables sinécures dont la cupidité des politiciens a encombré nos administrations, les quelques billets de mille francs qui assureraient la coopération de la France à une œuvre d'utilité universelle!

Et dire que c'est au moment même où l'une des voix les plus autorisées de la Science française réclame avec tant de raison des encouragements pour les études sismiques que l'on a la douleur et la mortification de constater qu'à défaut de quelques centaines de francs, il faut voir se fermer le seul observatoire sismique que possédât la France!

La Société géologique de France s'est émue à bon droit d'une telle situation, et dans le compte rendu sommaire de la séance du 20 avril dernier, nous lisons les paragraphes suivants :

M. Mémin, secrétaire, prend la parole en ces termes :

Dans une de nos dernières séances, M. de Lapparent terminait une intéressante communication sur les tremblements de terre, par ces mots : « Il serait grandement à désirer que la France, où il n'existe encore que le seul observatoire sismique établi à Grenoble par M. Kilian, ne restât pas à l'écart de cet important mouvement scientifique, dont le Japon, l'Angleterre et l'Allemagne ont pris la tête. » Le vœu de M. Lapparent ne paraît malheureusement pas devoir être réalisé de si tôt, si l'on en juge par la lettre suivante, que m'adresse M. Kilian.

Suit le texte d'une lettre de M. Kilian, analogue à celle adressée à M. Van den Broeck.

Les paragraphes ci-après font suite à cette communication:

M. de Lapparent offre à la Société un numéro du Journal des Savants (avril 1903), où il a publié un article sur le Progrès des études sismologiques. C'est seulement lorsque cet article était tiré que M. de Lapparent a eu connaissance de la résolution que M. Kilian a dû prendre, devant le refus persistant des subsides qu'il avait sollicités.

Ainsi disparaît la seule station sismologique qu'il y eût en France. Il est

profondément regrettable que notre pays se tienne à l'écart d'un mouvement où l'entente internationale, notamment celle établie par l'Association britannique, a déjà produit de si heureux résultats.

Si la France a, pour son territoire, peu de chose à redouter de l'activité sismique, en revanche sa position, aux antipodes de la fosse profonde qui borde au large la Nouvelle-Zélande, lui permettrait de concourir très utilement à l'étude des mouvements qui surviennent dans le Pacifique SudOuest. On ne saurait trop désirer de voir l'attention des hommes de science et celle des pouvoirs publics se porter de ce côté.

Le Président se fait l'interprète de la Société géologique pour exprimer les regrets que lui cause la lettre de M. Kilian. Il est vraiment fâcheux que les Universités, aujourd'hui prospères, ne s'intéressent pas aux études sismologiques. Les crédits nécessaires au fonctionnement des observatoires sismologiques ne sont pas très considérables, et M. de Lapparent nous a montré tout récemment l'importance des études sur les tremblements de terre tant au point de vue théorique qu'au point de vue pratique. Un exemplaire du compte rendu de la séance sera adressé à M. le Président du Conseil de l'Université de Grenoble.

Notre Société belge de Géologie, conformément aux décisions prises en séance, se joint de tout cœur et avec énergie aux protestations de la Société géologique de France et cherchera, par tous les moyens en son pouvoir, à contribuer chez nos voisins et amis de France à faire rendre à l'étude de la sismologie le légitime hommage et les nécessaires encouragements que réclame, dans un intérêt général et même mondial, cette importante étude, dont l'abandon, en France, l'isolerait fâcheusement, à ce point de vue, du reste du monde civilisé.

Le Conseil de l'Université de Grenoble recevra communication des espérances que fonde la Société belge de Géologie sur une compréhension plus claire des graves intérêts scientifiques qui seraient compromis par le maintien d'une mesure absolument inadmissible pour l'honneur de la France.

Le Secrétaire général,

E. VAN DEN BROECK.

10

1903. PROC.-VERB.

« AnteriorContinuar »