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MIRON. Gisements miniers. Stratification et composition. (Encyclopédie scientifique des aides-mémoire.) Gauthier-Villars, Manon et Cie, Paris.

Le petit livre que vient de publier M. Miron n'est pas une étude de science transcendante: c'est un guide essentiellement pratique et destiné surtout aux personnes s'occupant de prospection minière.

L'auteur n'a voulu parler dans ce petit traité que des minerais métalliques proprement dits. Il passe successivement en revue les différents métaux, dont il décrit les principaux gîtes. La description de ceux-ci est présentée sans longueurs, mais fournit cependant toutes les données indispensables ou même simplement utiles. On y rencontre des renseignements précieux sur la nature des filons ou des gîtes et sur l'orientation de ceux-ci, et aussi des données intéressantes sur les roches encaissantes; les différents minerais sont bien décrits et souvent accompagnés d'une analyse quantitative. La plupart des descriptions sont suivies d'une bibliographie.

Nous pensons que ce livre ne peut manquer de rendre des services. sérieux, tant aux explorateurs qu'aux personnes qui désirent se rendre compte très rapidement des différents gîtes se rapportant à un métal déterminé. G. S.

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MAURICE LECOMTE-DENIS, ingénieur civil des mines. La prospection des mines et leur mise en valeur. Préface de M. Haton de la Goupillière. Grand in-8°, xv-551 pages; prix: 20 francs. Paris, Schleicher frères et Cie, 1905.

« L'étudiant en médecine qui possède l'anatomie, la physiologie, la pharmacie, etc., est-il déjà un médecin? Pas encore. Il lui faut, au préalable, effectuer un travail dans lequel se fondront toutes ces sciences en se pénétrant mutuellement, de manière à constituer l'art médical. Une longue fréquentation clinique lui sera pour cela nécessaire. Mais, dans les hôpitaux, il aura encore des professeurs; les maîtres les plus illustres lui feront, au chevet des malades, des leçons inspirées par les circonstances.

» Le jeune prospecteur, au contraire, reste seul sur le terrain. Plus de maîtres, plus de bibliothèque, plus de guide pour préparer dans son esprit les rapprochements mutuels de ses diverses connaissances, d'où devra sortir ce fruit rare l'expérience. » (Préface de M. Haton de la Goupillière.)

Omnis claudicat comparatio. Ce n'est pas à l'étudiant du doctorat en médecine qu'il faut comparer le jeune ingénieur mis, au sortir de l'école, face à face avec les difficultés des études préliminaires des gisements miniers. L'élève-ingénieur des mines assiste aussi à des leçons pratiques, comparables à l'enseignement de la clinique : ce sont les études sur le terrain, les excursions qu'il fait sous la conduite de son professeur de Géologie.

Pas plus que l'art de diagnostiquer les maladies, l'art de voir clair sur le terrain ne s'apprend dans l'auditoire ni dans le musée de l'École.

Une fois muni de son diplôme et investi de la confiance d'un capitaliste, l'ingénieur des mines est comme le jeune médecin qui, du jour au lendemain, échangeant le béret d'étudiant contre le haut de forme doctoral, se voit mettre entre les mains la santé et la vie de ses semblables.

Mais il y a entre le médecin et l'ingénieur une différence notable. Si le premier se trompe dans son diagnostic ou institue un traitement à rebours, personne, en général, ne s'en rend compte, et si des médecins plus autorisés sont appelés à intervenir, ils se savent eux-mêmes trop sujets à l'erreur pour accabler un confrère malchanceux.

Tout autre est la situation de l'ingénieur qui s'est prononcé sur la valeur d'un gisement. La mise en exploitation d'une mine qu'il a recommandée en livre, au grand jour, une autopsie accessible à tous, et ses erreurs se chiffrent en bel et bon argent. Un banquier sera sans rancune pour un médecin qui n'a pu sauver un de ses proches, mais il ne pardonnera pas à l'ingénieur-prospecteur dont les rapports l'auront amené à faire un placement désastreux. Tandis que l'ignorance d'un médicastre se déguise aisément, l'inexpérience du prospecteur se traduit en chiffres dans les comptes de profits et pertes.

L'étude préparatoire des gisements miniers est une matière d'une extrême délicatesse. Quand il s'agit de prospection proprement dite, c'est-à-dire de l'appréciation d'un gîte non encore attaqué, l'étude se ramène à une pure question de Géologie : il s'agit de se rendre compte de ce qu'on ne voit pas par l'examen de ce qu'on voit. Le meilleur prospecteur que l'on puisse trouver est donc encore un bon géologue, un homme rompu, sur le terrain plus que dans le cabinet, à l'étude des minéraux, des roches, des terrains et des dislocations. Et pour devenir un bon géologue et, partant, un excellent prospecteur, il faut posséder, avant tout: 1o des connaissances scientifiques préalables, 2o une bonne dose d'énergie physique et 5o énormément de bon sens. Avec ces trois conditions et beaucoup de pratique, l'ingénieur pourra devenir un parfait prospecteur.

Dans les années de grande prospérité industrielle, l'article prospecteur est très demandé sur le marché et des légions de « spécialistes >> se lèvent, on ne sait d'où, pour répondre aux demandes des capitalistes. La plupart n'ont fait aucune des études préparatoires à ce métier difficile, et leur expérience du terrain se réduit, le plus souvent, à la connaissance de l'asphalte des boulevards et du marbre des tables de cafés. N'importe, ils se rendent sur les lieux et font des rapports. La lecture du répertoire des sociétés anonymes belges nous apprend ce que deviennent bientôt les exploitations minières entreprises dans ces conditions.

On a édité, dans ces dernières années et dans diverses langues, un certain nombre de « manuels du prospecteur » dont les auteurs ont la prétention de condenser, en un petit nombre de pages, l'ensemble des connaissances nécessaires à celui qui désire faire l'étude préalable de tous les genres de mines. Cette tâche difficile est ainsi « mise à la portée de tout le monde »; en achetant un des manuels en question, on devient un prospecteur consommé, de même qu'on devient entomologiste en acquérant le manuel du collectionneur de papillons.

C'est dans un esprit absolument différent qu'est conçu l'ouvrage de M. Lecomte-Denis, que vient de publier la librairie Schleicher.

Ce livre ne s'adresse qu'aux ingénieurs des mines, c'est-à-dire à des gens possédant déjà les connaissances préalables auxquelles nous faisons allusion plus haut.

C'est le traité le plus complet et, disons-le, le meilleur que l'on ait fait jusqu'ici sur l'art de la prospection. Mais, nous pouvons le répéter, il n'est pas entré dans la pensée de l'auteur d'écrire un livre dont la lecture seule, indépendamment de toute étude antérieure, puisse créer des prospecteurs accomplis. C'est un guide, un vade-mecum et, dans certaines parties, un aide-mémoire destiné à l'ingénieur des mines qui, muni d'un fonds scientifique important, doué de l'énergie physique et du bon sens requis, se consacre aux reconnaissances minières.

Des chapitres spéciaux, certains paragraphes d'autres chapitres et quelques tableaux sont destinés au rappel de données minéralogiques et géologiques indispensables.

Nous ne pouvons blâmer l'auteur d'avoir consacré un assez grand nombre de pages à ces données. Ce sont là, dira-t-on, des choses que l'ingénieur est censé savoir. Oui, ajouterons-nous, mais qu'il a généralement un peu oubliées. On peut être un excellent ingénieur des mines et avoir perdu de vue, quelques années après la sortie de l'École, la composition précise des cuivres gris ou des argents noirs, la différence

exacte entre les Liparites et les Trachytes ou les noms des fossiles caractéristiques du Zechstein. Nous ne pensons pas qu'il soit superflu de rappeler ces faits fondamentaux dans un ouvrage sur la prospection, de même que, dans un traité sur le diagnostic des maladies du cerveau, on commencera par rappeler les points principaux de l'anatomie des centres nerveux.

Un chapitre (chap. I) est consacré à des généralités sur les prospections, et le suivant à la Prospection proprement dite. Le chapitre II renferme une grande quantité de conseils pratiques excellents qui supposent, évidemment, la connaissance préalable de la Minéralogie, de la Pétrographie et de la Tectonique générale. Nous eussions aimé voir certains paragraphes être un peu plus développés et accompagnés de croquis plus nombreux.

Ce chapitre II et les chapitres de V à IX sont les parties essentielles de l'ouvrage. Ces derniers sont consacrés à des données sur l'étude des gîtes de combustibles (charbons, pétroles, etc.) et de ceux de minerais de fer, cuivre, zinc et plomb. Ces gîtes sont, somme toute, de beaucoup les plus importants. L'auteur laisse de côté les autres métaux et la plupart des gîtes minéraux. Il n'aurait pu les traiter qu'en donnant à son ouvrage des dimensions exagérées, et, d'ailleurs, quiconque est bien pénétré des principes exposés dans les chapitres V à IX et dans les chapitres généraux et les a mis en pratique sur le terrain, ne rencontrera aucune difficulté dans la prospection des gîtes de n'importe quelle nature.

Des chapitres spéciaux traitent des travaux de recherche et de mise en valeur, du rapport de mission, de l'achat et de la vente des mines. et des décrets et règlements miniers. Nous appelons surtout l'attention sur le chapitre XII: Rapport de mission (Evaluation et étude complète du gisement), où l'auteur donne au prospecteur de peu d'expérience un grand nombre d'excellents conseils, que l'on ne trouve généralement nulle part. Les pseudo-prospecteurs liront avec avantage le paragraphe 151 Responsabilité possible.

En somme, la lecture de l'ouvrage de M. Lecomte-Denis est recom mandable aux ingénieurs, possédant déjà des connaissances générales sérieuses, qui se disposent à pénétrer sur le terrain, riche en fondrières, des prospections de mines. Après l'avoir lu, ils l'emporteront dans leurs voyages d'études pour le consulter à l'occasion.

J. CORNET,

Professeur à l'École des Mines de Mons.

Le bassin houiller de la Campine.

Notre sympathique confrère M. J. Kersten vient de publier dans les Annales des Mines un mémoire sur le bassin houiller de la Campine (1). Ce travail est accompagné de deux cartes à l'échelle du 160 000o.

La première donne l'allure hypothétique du terrain houiller en Campine. Elle porte les points de sondage et les courbes du niveau probable occupé par le toit du Houiller dans cette région. La seconde porte le même titre, mais sur celle-ci sont indiquées les teneurs des couches en matières volatiles et les failles probables qu'elles paraissent révéler.

Dans son travail, l'auteur délimite le bassin houiller et rappelle que les sondages de Lanaeken et de Hoesselt, en Limbourg, et de Kessel lez-Lierre ont donné des résultats négatifs. En ce dernier point, à la cote -- 600 environ, on a rencontré le Carbonifère, épais de 40 mètres, reposant sur le Devonien.

Passant aux morts-terrains, M. Kersten nous dit que leur puissance a varié de 406 mètres, près de la Meuse, à 775 mètres, dans la province d'Anvers, donnant pour moyenne 554 mètres en Limbourg, 665,6 dans la province d'Anvers et pour moyenne générale 553 mètres (2).

L'auteur parle ensuite d'un fait des plus intéressants au point de vue géologique celui des grès rouges atteints sous le Crétacique à Eelen,

(1) MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE ET DU TRAVAIL. Annales des Mines de Belgique. Année 1903, t. VIII, 4re liv. Le bassin houiller de la Campine, par J. KERSTEN, inspecteur général des charbonnages patronnés par la Société générale pour favoriser l'industrie nationale.

(2) L'auteur rappelle aussi que les morts-terrains, loin de se relever dans la province d'Anvers, comme on l'avait cru d'abord, s'y infléchissent au contraire. On peut se demander ce qui a donné lieu à cette croyance. Il y a vingt-cinq ans que nous publions des coupes de sondages qui prouvent absolument le contraire. Entre autres à Aertselaer, Solhof, Anvers, Malines, Aerschot, Westerloo, Zeelhem lez-Diest, Kermpt lez-Hasselt, etc. De toutes ces coupes, voisines du bord méridional du bassin houiller, on peut déduire le niveau probable du toit du Primaire dans la direction du Nord et la puissance et la nature des morts terrains à 5% près. Nous ne fûmes jamais consulté que par MM. Cavallier et Villain. membres de la Société. Il y a quatre ans, donc avant la découverte du Houiller en Campine, que nous nous évertuons à dire que la Carte géologique du Limbourg, au Nord du Démer, est absolument inexacte en indiquant le relèvement des étages bolderien et rupelien vers le Nord. Tous les faits constatés depuis ont confirmé notre manière de voir, pas un seul ne l'a infirmée.

Nous savions aussi, par suite d'un tiers de siècle d'expérience, que plus on s'avance vers l'Ouest, moins les couches sont aquifères et plus elles sont argileuses.

0. v. E.

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