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limite séparative entre les roches rouges d'Eelen et le terrain houiller. Je persiste cependant à croire, malgré l'avis contraire d'honorables contradicteurs, que cette limite séparative est une faille normale et non un joint de stratification discordante.

Les dispositions particulières des roches dyasiques et triasiques de Westphalie ont conduit les ingénieurs allemands à attribuer cette disposition à des phénomènes d'érosion, qui auraient produit à la surface du Houiller des chenaux ou des cuvettes, où se seraient accumulés les terrains en question. En Belgique, cette opinion a été adoptée notamment par MM. Forir et P. Habets.

Sur la rive droite du Rhin, les charbonnages, tels que ceux de Gladbeck, Preussen, etc., qui exploitent le Houiller sous les terrains en question, n'ont pas encore de travaux suffisamment étendus pour que l'on puisse trancher par des faits la question controversée.

Sur la rive gauche du Rhin, là où existent surtout les chenaux supposés, il n'y a encore que des travaux de sondages dans cette région. Par conséquent, jusque maintenant, la question reste entière dans le domaine de l'hypothèse, et je persiste, jusqu'à preuve formelle du contraire, à croire que la théorie des érosions n'est pas fondée, et je préfère admettre que les prétendus chenaux, cuvettes ou golfes d'Eelen et de la vallée du Rhin ne sont que des massifs en damiers limités par des failles normales. Voici sur quoi je base mon opinion: Les auteurs allemands qui ont traité ce sujet, M. Hundt notamment, lorsqu'ils ont essayé de représenter par des lignes de niveau équidistantes l'allure de la surface du Houiller, ont naturellement interprété les données des sondages en traçant des lignes courbes dessinant des chenaux. Mais on pourrait tout aussi bien interpréter ces sondages par des limites absolument droites. Tout dépend de l'idée mère. Le graphique bien connu, reproduit par M. Forir, par lequel M. Hundt a représenté l'allure de la région qui fait face à Wesel sur la rive gauche du Rhin, ce graphique ne prouve pas l'existence de chenaux, il est tout simplement la conséquence de la théorie. En partant de la théorie de failles rectilignes, on pourrait tracer un autre graphique qui ne serait pas plus probant, vu le peu de sondages existants qui donnent une grande élasticité aux tracés théoriques.

Ce ne sont donc pas les tracés qu'il faut discuter, mais les théories mères. L'existence de chenaux d'érosion me paraît difficile à admettre. Ce ne sont certes pas des produits d'érosion marine. La nature de leur remplissage le prouve à l'évidence. Ce seraient donc des produits de l'érosion continentale. Dans ce cas, il faudrait admettre que les strates

houillères très jeunes qui les environnent ont été exondées, soulevées, transformées en continent, où les eaux météoriques auraient creusé les sillons que nous voyons aujourd'hui.

Ultérieurement, les mers permiennes et triasiques auraient, en envahissant le continent, rempli ces sillons.

Des phénomènes comme ceux que nous venons de décrire se sont produits dans notre pays, à la surface du Houiller, notamment dans la grande vallée houillère dite de la Haine. Mais, ne l'oublions pas, cette vallée a eu pour se former tout le temps qui s'est écoulé entre le Houiller moyen (Westphalien) et le Crétacé inférieur.

De plus, les plissements hercyniens ont donné naissance chez nous à des continents à relief énorme, des plus favorables à la production d'érosions intenses.

En Westphalie, au contraire, les phénomènes continentaux n'auraient eu pour se manifester que le court laps de temps qui s'est écoulé entre le dépôt des strates les plus élevées du Houiller, déjà bien récentes, et l'arrivée des eaux du Permien (Rothliegende). De plus, l'allure régulière des couches houillères, leur inclinaison faible, l'absence de plissements montrent à l'évidence qu'aucun soulèvement important ne s'est produit là, mais qu'il y a plutôt un lent mouvement d'exhaussement du sol, ce que confirme aussi la production des gisements salifères. Quant aux failles, qui, dans notre hypothèse, limiteraient les massifs de roches rouges, leur existence n'est pas purement hypothétique. Des failles normales, comme celles que suppose notre théorie, abondent dans la partie Nord de la Westphalie voisine du Rhin, dont elles constituent le caractère tectonique. Tout spécialement sur la rive gauche du Rhin, dans la seule concession en activité, celle de Rheinpreussen, assez voisine de la région des chenaux, on connaît quantité de failles normales, à direction Nord-Sud notamment, comme celles qui pourraient limiter les chenaux dont les longs côtés sont dirigés Nord-Sud. Ainsi on y connaît une faille Nord-Sud, appelée Hauptsprung, normale et à rejet de près de 80 mètres, bien suffisant pour expliquer la dénivellation observée plus au Nord dans la surface du Houiller.

Comme nous avons déjà eu l'occasion de le signaler, la structure en damier que suppose notre théorie présente des exemples connus; il suffit pour s'en convaincre d'examiner les cartes et coupes des bassins houillers qui sont aux environs immédiats de la ville de Manchester.

En Belgique, la cuvette d'érosion d'Eelen nous semble encore plus difficile à admettre, vu les fortes dénivellations (500 mètres au minimum) qu'il faut admettre entre les bords de la cuvette et son fond, telles

qu'elles ressortent des sondages d'Eelen et de Dilsen, d'Opglabbeek et de Louwel-Gruitrode.

Tel est l'état de la question qui, comme on le voit, est encore loin d'être résolue avec certitude, dans un sens ou dans l'autre.

M. le baron van Ertborn rapporte qu'un sondage de 5 à 600 mètres, pratiqué en Hollande, a rencontré le Trias et a donné des roches salifères.

M. P. Habets croit intéressant de faire remarquer que tous les géologues qui ont eu sous les yeux les échantillons de roches rouges du Limbourg, les rapportent à l'âge permo-triasique, qui est celui assigné aux roches analogues rencontrées sur les bords du Rhin. Le sondage de Biesen-Ven est le plus occidental qui ait touché ces roches. Le sondage de Donderslag (no 5 de la Société Cockerill), situé sur la ligne Biesen-Ven, Louwel, Eelen, est passé du terrain crétacé directement dans le Houiller et semble, par les données paléontologiques, avoir atteint les couches les plus récentes de ce terrain rencontrées à ce jour dans notre pays, couches qui appartiennent au Westphalien supérieur.

La présence du Houiller sous le Crétacé à Donderslag, alors que les forages de Biesen-Ven, de Louwel et d'Eelen n'ont atteint que les roches rouges, montre pour les roches rouges une allure analogue à celle rencontrée sur les bords du Rhin et justifie l'hypothèse des golfes permo-triasiques suivant les conditions de gisement admises par M. Hundt pour cette dernière région.

Des vues sont ensuite échangées entre MM. Stainier et Simoens au sujet de l'assimilation du Houiller supérieur au Stéphanien, et ce sur la demande de M. Simoens, tendant à savoir si l'on a bien constaté le Houiller supérieur en Campine, c'est-à-dire le Stéphanien, mais sans les caractères des dépôts français.

M. le Secrétaire général donne ensuite lecture de la note ci-après de M. J. Cornet:

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Les données que l'on possède sur l'étage montien sont assez clairsemées pour qu'on ne laisse échapper aucune occasion de tirer parti des documents fournis par les sondages et les puits artésiens sur son extension en dessous du revêtement de terrains plus récents, qui en cache presque partout les régions les plus intéressantes.

Nous avons exposé précédemment l'état de nos connaissances sur cette extension souterraine et ajouté quelques éléments inédits à la question (1).

Depuis lors, nous avons pu acquérir quelques renseignements nouveaux. On nous a procuré la liste des terrains traversés en deux forages creusés à Cuesmes (hameau du Troubiot et brasserie Carlier frères) et quelques renseignements sur un puits artésien exécuté à la brasserie Caulier, à Mons. Ensuite, nous avons pu suivre, grâce à l'obligeance de M. G. Denil, l'ingénieur distingué qui dirige la construction du canal du Centre, le forage d'un puits artésien situé près de la gare de Mons. Nous profiterons de l'occasion pour donner la liste des terrains traversés dans un puits artésien creusé en 1844-1845 au moulin Cousin, au Pont-Canal, ces documents n'ayant jamais été publiés jusqu'ici.

(1) J. CORNET, Documents sur l'extension souterraine du Maestrichtien et du Montien dans la vallée de la Haine. (BULL. DE LA SOC. BELGE DE GEOL., DE PALÉONTOL. et D'HYDROL., t. XIV, 1900, Proc.- Verb., pp. 249-257.)

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A 200 mètres au Sud de ce forage, contre le chemin qui contourne l'étang de Cuesmes, un puits artésien a été creusé en 1878. En voici la coupe :

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Puits artésien de la brasserie Carlier frères, à Cuesmes (3).

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(1) A 810 mètres au Nord du clocher de Cuesmes. L'orifice est à la cote 30.

(2) Orifice à la cote 31.50.

(3) Situé à 265 mètres au Nord et 460 mètres à l'Est du clocher de Cuesmes. Cote de = 35.

l'orifice

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