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tion, résultant, non d'un retard de l'eau ou de la matière colorante, mais du lavage des parois. Il faudrait déterminer la réalité et l'intensité de cette action d'absorption des parois.

M. Putzeys. Rien ne dit que la vitesse n'est pas la même. Le retard peut être simplement une apparence, les premières traces de coloration pouvant échapper à l'observation.

M. Van den Broeck. - Dans un canal, les eaux proches de la surface libre coulent plus vite que celles du thalweg; si la fluorescéine allait au fond, le retard se comprendrait. Le fait du retard est affirmé par tous les expérimentateurs, mais il est certainement apparent. Pour une solution salée, — nettement plus dense, le retard réel se comprendrait à la rigueur. Quant au fluorescope employé par M. Schardt, il est à noter qu'il est moins sensible que l'appareil Trillat-Marboutin, du moins en l'absence de l'éclairage par les rayons solaires. Il y a urgence à élucider, à l'aide des appareils les plus précis, suppléant à l'insuffisance de la vision directe, ce problème, qui est d'une importance capitale pour l'étude judicieuse des alimentations d'eau.

Cap. Willems. — Des expériences de laboratoire confirmeraientelles ce qui a été dit, notamment par M. Le Couppey, au cours de la discussion que la fluorescéine se dépose?

M. Kemna. Il n'y a pas de dépôt, mais on a invoqué la densité plus grande de la solution comme devant amener les couches d'eau très colorées dans une situation inférieure.

-

M. Dufief. Une solution très longtemps conservée dans une éprouvette de mon laboratoire n'a absolument rien déposé.

M. Van den Broeck. La coloration plus marquée constatée au cours de mes expériences dans des fonds irréguliers de ruisseau, plus profonds par places, provient, M. Rahir et moi nous en sommes assurés, uniquement de la plus grande épaisseur du liquide. Une faible différence en plus dans certains endroits localisés, un peu plus profonds, peut amener, à la simple vue et si l'on néglige de vérifier avec soin, la notion inexacte d'un dépôt matériel de fluorescéine semblant localisé dans ces fonds. C'est une pure illusion.

La discussion porte ensuite sur le degré de rapidité d'arrivée des crues bactériennes aux points d'émergence.

M. Putzeys, au cours de cette discussion, fait remarquer que la première pluie amène aux bétoires des eaux souillées. Le terrain calcaire n'est pas fissuré seulement dans la régions des bétoires, mais également au-dessus du débouché des sources, où la moindre pluie peut

donc amener une poussée bactérienne, pouvant précéder l'arrivée des éléments eaux, fluorescéine, bactéries et souillures, provenant de la région, plus lointaine, des bétoires expérimentés. Il importe donc de rechercher et de déterminer avec le plus grand soin les points rapprochés des plus minimes infiltrations possibles, tout autant que les limites les plus lointaines de l'aire d'influence des bétoires dont l'examen s'impose tout d'abord.

Vu l'heure avancée, M. le Secrétaire général se borne à déposer sur le Bureau, pour l'insertion au procès-verbal, un articulet qu'il a extrait d'une courte étude publiée par M. H. Cuony dans le volume X (1902) du Bulletin de la Société fribourgeoise des Sciences naturelles et intitulée : L'emploi de la fluorescéine dans l'hydrographie.

En attirant l'attention sur l'un des faits relatés dans cette Note, M. Van den Broeck comptait faire s'ouvrir une discussion sur l'examen des nombreux cas dans lesquels on pouvait utiliser la fluorescéine dans les études relatives aux travaux publics, cas dont les recherches de M. le Prof Schardt, en ce qui concerne les venues d'eau du Simplon, constituent un remarquable et si suggestif exemple.

Faute de temps pour pouvoir aborder aujourd'hui l'examen de ce point de vue, M. Van den Broeck croit cependant utile de l'amorcer en relatant, d'après M. H. Cuony, les données suivantes :

A Fribourg, à la suite de l'éboulement d'une partie des remblais de l'avenue de Pérolles, le viaduc souterrain qui traverse ce remblai avait été obstrué et un lac s'était formé en amont.

M. Gremaud, ingénieur cantonal, tenait à profiter de cette occasion pour s'assurer si le remblai laisser filtrer l'eau et, éventuellement, où ces filtrations émergeaient.

Une solution ammoniacale de fluorescéine fut versée dans le lac le samedi 5 avril 1902, vers 9 heures du matin. Quelques ouvriers furent chargés de brasser l'eau pour opérer le mélange et le lac prit aussitôt un magnifique coloration vert-émeraude. A 1 heure, on dut ouvrir le canal d'écoulement parce que le niveau de l'eau devenait trop élevé. Aucune infiltration ne put être remarquée et la coloration avait persisté encore presque tout le jour suivant.

La masse d'eau contenue dans le lac avait été évaluée à environ 2000 mètres cubes, et l'on a effectivement employé à peu près 100 grammes de fluorescéine.

La séance est levée à 10 h. 45.

ANNEXES A LA SÉANCE DU 16 JUIN 1903.

ESSAI

SUR

L'EMPLOI DES MATIÈRES COLORANTES

POUR LA RECHERCHE DES EAUX D'INFILTRATION

PAR

M. A. TRILLAT (1)

L'emploi des matières colorantes et de la fluorescéine pour la recherche de l'origine des cours d'eau et de leurs relations n'est pas nouveau. Cependant, on peut être surpris que ce procédé se soit si peu généralisé.

J'ai pensé que cet état de choses pouvait provenir de l'ignorance des conditions dans lesquelles on devait se placer pour appliquer efficacement la méthode.

Une expertise ayant eu pour objet la recherche de l'origine d'une eau m'a fourni l'occasion d'étudier cette question; je crois utile de publier le résultat de mes observations.

Les exemples relatés dans les diverses revues scientifiques concernant les recherches d'eaux effectuées au moyen des colorants sont peu nombreux.

Une remarquable expérience couronnée de succès fut tentée en 1877 par Knop pour établir la relation qui existait entre les eaux du lac de Constance et les deux fleuves voisins, le Rhin et le Danube. Dix kilogrammes de fluorescéine furent jetés dans le Danube entre Moehringen et Immendingen : après soixante heures, on vit la fluorescence apparaître dans l'Aach, l'un des affluents du lac : le phénomène dura trentesix heures.

MM. Forel et Golliez rapportent des expériences tentées le

(1) Note publiée dans les Annales de l'Institut Pasteur, t. XVIII, pp. 444-451, et reproduite ici avec l'autorisation de l'auteur.

3 décembre 1892 pour rechercher les relations entre les eaux du lac Brenet et la source de l'Orbe; 1 kilogramme de violet d'aniline, dissous dans l'eau acidifiée par de l'acide acétique, fut jeté dans l'entonnoir de Bonport une serveillance attentive fut établie à la source de l'Orbe; le débit de l'entonnoir était de 200 litres par seconde; celui de l'Orbe de 2000 litres. Aucune coloration ne put être constatée (1). La même expérience fut répétée par M. Piccard, en remplaçant le violet d'aniline par la fluorescéine; il jeta la solution colorante dans les entonnoirs de Bonport les premiers phénomènes de coloration parurent cinquante heures après dans la rivière de l'Orbe, dont l'origine put être ainsi définitivement établie.

Après ces exemples, et d'autres que je pourrais citer, je crois intéressant de signaler le résultat de l'expérience suivante :

La municipalité d'une ville importante des environs de Paris avait fait construire une galerie filtrante juxtaposée pour ainsi dire le long de la Seine. Au moyen d'une pompe élévatoire, l'eau filtrée était distribuée dans la ville.

Or, l'analyse chimique de deux prélèvements d'eau, l'un effectué chez l'habitant, l'autre en pleine Seine, démontra que la composition des deux échantillons était différente. Les prélèvements faits dans divers points de la ville confirmèrent les premiers résultats; cette eau se distinguait de l'eau de Seine par un degré hydrotimétrique beaucoup plus élevé. Il s'éleva à ce propos un procès curieux entre les habitants, d'une part, et la municipalité qui s'était engagée à fournir de l'eau de Seine filtrée.

A ce sujet, les suppositions les plus invraisemblables surgirent, notamment celle de la désagrégation des matériaux de la galerie filtrante.

Désigné comme expert pour étudier cette question, après avoir constaté la différence de composition chimique entre les deux eaux, je parvins à identifier partiellement l'eau prélevée chez l'habitant avec l'eau d'une source située à environ 600 mètres de la galerie filtrante. Une vive polémique s'étant engagée, je tentai de démontrer d'une manière plus palpable la relation qui existait entre les eaux de la source et l'eau distribuée en ville.

Une solution ammoniacale de 100 grammes de fluorescéine fut jetée

(1) Comme le fait remarquer M. H. Cuony, relatant cette expérience avec d'autres, la matière colorante employée a été entièrement décomposée dans le sol calcaire. Voir H. CUONY, L'emploi de la fluorescéine dans l'hydrographie (BULL. DE LA Soc. Fribourg, DES SC. NAT., C. R. 1901-1902, vol. X, 1902, pp. 34-36). (Note du Secrétariat.)

en une seule fois dans un puits communiquant avec la source. Quelques heures après, je commençai à prélever des échantillons d'eau en ville, que je comparai avec le prélèvement type effectué avant l'addition de fluorescéine. Au moyen du fluorescope décrit plus loin, je parvins à distinguer après dix heures la fluorescence de l'eau, parfaitement invisible à l'œil nu à ce moment. Elle ne devint apparente en ville qu'après vingt-quatre heures.

Je pus donc ainsi démontrer que la galerie filtrante avait été construite sur une nappe d'eau souterraine, et qu'elle ne recueillait en grande partie que l'eau calcaire de la source, quoiqu'elle ne fût placée qu'à une dizaine de mètres de la Seine.

A côté de ces essais effectués avec la fluorescéine, on peut citer un certain nombre d'expériences tentées avec de la fuchsine et dont la plupart donnèrent des résultats négatifs, ce qui n'a pas lieu d'étonner, la fuchsine étant, comme on le verra plus loin, facilement décolorée par les eaux calcaires.

Il était à supposer que la nature de l'eau soumise aux expériences ou que la filtration des solutions colorées à travers des terrains sablonneux, argileux, calcaires ou tourbeux, pouvaient avoir comme résultat de décolorer partiellement ou même totalement certaines couleurs.

Il était surtout important d'examiner l'action des matières ammoniacales sur les solutions colorées, de manière à savoir si le procédé était applicable à la recherche des infiltrations des fosses.

Pour élucider ces questions, j'ai d'abord déterminé la valeur comparative des principaux colorants dans l'eau distillée et dans diverses eaux. J'ai ensuite examiné l'influence de la nature des sols et des produits ammoniacaux sur les solutions colorées. Enfin, j'ai cherché quel pourrait être le meilleur mode d'emploi des matières colorantes, au moyen d'un dispositif spécial.

INFLUENCE DES EAUX.

Les matières colorantes expérimentées sont les suivantes : auramine, safranine, rouge Congo, fuchsine neutre, éosine, vert malachite, violet de Paris, bleu méthylène et fluorescéine. Comme couleur acide, j'ai choisi la fuchsine sulfonée.

Pour déterminer proportionnellement l'intensité de coloration dans l'eau distillée, elles ont été préalablement purifiées et séchées plusieurs jours à une température de 90°. Les observations ont été faites sur

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