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à l'étranger, ces surfaces planes et tabulaires dont parle M. G. Simoens à propos des transgressions marines. Bien entendu, l'affaissement vertical par paquets, se disloquant en massifs diversement enfoncés, peut, ultérieurement, modifier complètement la disposition tabulaire pri:nitive.

M. Van den Broeck fait remarquer qu'on a pu, lors de l'excursion au Caillou-qui-bique, sous la direction de M. J. Cornet, observer un cas semblable: la craie reposait là sur une surface dure et rocheuse, tabulaire, parfaitement rabotée et horizontale, de calcaire devonien.

M. Habets signale que M. Forir a fait, à la dernière séance de la Société géologique, à Liége, une conférence sur les failles recoupant le Limbourg belge et le Limbourg hollandais, et il a pu montrer qu'elles ne sont pas dirigées de l'Est à l'Ouest; elles traversent toute la région qui contient des parties surélevées et des parties surbaissées.

M. Forir a fait observer que les mouvements de ces failles se sont poursuivis pendant les périodes secondaire et tertiaire, et se continuent encore maintenant. On ne peut pas les constater aisément dans les terrains récents, ce qui s'explique; le recoupage des roches au moyen de failles a été démontré par Fourmarier par son étude de la flore du Houiller. Il a pu déterminer les couches de deux sondages en regard et a constaté qu'elles n'étaient pas de même nature; il a montré nettement par là qu'il y a eu déplacement et, par conséquent, il a pu déterminer là l'existence de failles.

Dans l'Est, les failles sont beaucoup moins nombreuses que dans l'Ouest; il y a là moins d'irrégularités, ce qui ne semble pas laisser de place à des failles. L'étude paléontologique montre que là les couches seraient absolument régulières.

M. Van den Broeck rappelle que lors de son levé, en 1882, de la feuille de Bilsen, il a signalé et figuré une faille coïncidant avec le haut cours, Sud-Nord, du Démer, et maintenant, il croit pouvoir en indiquer une deuxième, formant pour ainsi dire angle droit avec la première : elle accompagne le Démer dans son cours d'aval Est-Ouest.

Il n'est pas impossible non plus que, toujours sur le territoire de la feuille de Bilsen, il en existe encore une autre, parallèle à la première et transversale à la seconde, et qui jalonnerait la vallée du WinterBeek.

M. Simoens est heureux d'entendre dire par M. Habets que M. H. Forir, à la dernière séance de la Société géologique, à Liége, a reconnu que les failles de la Campine sont des failles ayant continué à jouer

pendant la série des temps secondaires et tertiaires. Cela confirme pleinement tout ce qu'il a dit antérieurement au sujet de cette descente continue du bassin d'affaissement de la Campine, grâce à un vaste réseau de fractures normales.

M. Harzé.

venant du Midi?

Alors vous n'admettez pas en Campine un soulèvement

M. Simoens. En aucune façon; les failles verticales, donnent suivant une coupe horizontale, l'illusion de décrochements horizontaux; les couches étant obliques, il suffit d'une descente d'une des lèvres de la faille pour donner, après l'érosion, l'apparence d'un refoulement. Il ne peut dans tous les cas être question d'un soulèvement.

M. Habets croit que M. Simoens fait une confusion; le nivellement de la chaîne hercynienne montre que les failles se sont poursuivies dans le Nord. Un bassin d'affaissement peut exister en Campine, mais pas pour le Primaire. Si les bassins se sont séparés, après avoir été faits en même temps, c'est par un soulèvement du Brabant.

Contestation de M. Simoens.

M. Habets ajoute que si l'on fait une coupe Sud-Nord, on voit que le second bassin, celui de la Campine, est bien la continuation du premier, c'est-à-dire celui du Hainaut. Il est possible que l'on retrouve une grande ondulation vers la Westphalie. Au dépôt du Primaire, tout cela était en forme de table; il y a eu plissement au Nord, mais rien ne donne raison à M. Simoens pour dire que, dans le Nord, on se trouve en présence d'un bassin d'effondrement.

C'est ce que M. Simoens conteste formellement, et il demande que la chose soit actée, et afin qu'il ne puisse y avoir la moindre équivoque, il rappelle ce que vient de dire M. Habets. La Campine serait, d'après ce confrère, un simple pli de la chaîne hercynienne, et le Brabant, intermédiaire entre les deux synclinaux (celui de la Campine et celui du pays wallon), serait un anticlinal soulevé. Tout le système faisant partie de la chaîne hercynienne serait (pays wallon, Brabant et Campine) refoulé vers le Nord.

M. Simoens est d'un avis tout opposé; la chaîne hercynienne s'est écrasée contre le Brabant, formant borst. A l'abri du butoir brabançon, le bassin de la Campine a échappé au plissement. Mais, dès la disparition de l'obstacle, c'est-à-dire du massif siluro-cambrien du Brabant, la chaîne hercynienne a pu, à l'Est et à l'Ouest, se reporter rapidement vers le Nord et s'y étaler en plis largement ondulés par rapport aux plis étroits et écrasés retenus plus au Sud contre le massif rigide.

Suite de la discussion sur l'emploi de la fluorescéine et sur la circulation des eaux souterraines.

Il est donné lecture de la note suivante de M. le Prof H. Golliez :

NOTE

SUR LES

ESSAIS DE COLORATION DES EAUX

de l'écoulement souterrain des lacs de la vallée de Joux

(JURA, SUISSE)

par le Prof GOLLIEZ

Le Jura central, dont l'altitude moyenne gravite autour d'un millier de mètres, constitue un plateau plus ou moins accidenté, que découpent profondément trois vallées collectrices, qui sont le Doubs, l'Orbe et l'Areuse.

Les émissaires conduisent les eaux de ces régions, d'une part dans la Méditerranée par le Rhône, d'autre part, dans la mer du Nord par le Rhin.

Ces parages fournissent de nombreux et remarquables exemples de bassins hydrologiques donnant naissance à des sources d'un caractère spécial, formant rivières dès leur arrivée au jour, sources que le prof A. Jaccard demandait que l'on désignât sous le nom de sources jurassiennes.

La vallée de Joux, région d'amont et collectrice de la source de l'Orbe, est, comme je l'ai dit ailleurs, ainsi qu'il suit, avec M. le Prof Renevier (1), un type des vallées évasées du Haut-Jura.

Elle est formée de deux synclinaux néocomiens, parallèles, séparés par une mince crête anticlinale de Portlandien, en bancs presque verticaux, qui borde au Nord-Ouest le lac de Joux, et se prolonge en ligne droite jusqu'au fort des Rousses. Dans le plus large de ces synclinaux,

(1) E. RENEVIER et H. GOLLIEZ, Voyage géologique dans tout le Jura suisse, de la perte du Rhône au Hohentwiel, etc. Voir LIVRET-GUIDE GÉOLOGIQUE: Jura et Alpes de

la Suisse. (Congrès géologique international de Zurich, 1894.)

qui comprend le lac de Joux, il y a des lambeaux de Rhodanien et de Gault. L'Erratique ou l'alluvion occupent le centre de cette vallée.

L'autre synclinal, plus étroit, comprend le lac Brenet et le petit lac Ter, voisin du lambeau de calcaire d'eau douce éocène.

Les eaux de la vallée de Joux n'ont point d'émissaire superficiel, mais s'écoulent souterrainement par une quinzaine d'entonnoirs petits et grands, dont les deux principaux sont celui de Bonport, au bord du lac Brenet, et celui de Rocheray, vers l'extrémité Nord du lac de Joux. Ces entonnoirs sont alignés le long de la crête anticlinale jurassique et s'enfoncent dans les bancs plus ou moins verticaux du Portlandien.

Les travaux de déblaiement, accomplis récemment à l'entonnoir de Bonport, ont montré que les eaux se sont frayé un passage, tantôt à travers bancs, tantôt entre les bancs en délayant les couches marneuses de manière à former un cours d'eau souterrain. Elles réapparaissent à 3 kilomètres de là, au fond des vallées de Vallorbe, où elles forment la source vauclusienne de l'Orbe, située au point bas du synclinal de BrenetVallorbe.

Cette communication souterraine était admise depuis longtemps, en raison des conditions orographiques et thermiques de cette source. D'une part, l'écoulement souterrain doit naturellement se produire dans la direction même du plissement des couches. D'autre part, tandis que les sources ordinaires de la contrée ont une température quasi constante d'environ 7"C., MM. Burnier, Ch. Dufour et Yersin (Bull. Sc. Vaud., Sc. Nat., IV, p. 226) ont démontré, en 1854, que la température de la source de l'Orbe varie de 3o,5 à 14°,7C., en corrélation avec la variation de température des eaux du lac Brenet, mais avec une amplitude de 11°C. seulement, au lieu de 20°.

La démonstration expérimentale de cette connexion souterraine a été fournie définitivement par M. le Prof J. Piccard, qui a versé dans l'entonnoir de Bonport un flacon de fluorescéine en août 1893; cinquante heures après, les eaux de l'Orbe se trouvèrent fortement teintées en vert (Actes helv., p. 36).

A notre tour, M. le Prof F.-A. Forel et moi avons entrepris une série d'expériences plus détaillées encore sur ces intéressantes questions d'écoulement souterrain.

En 1903, nous avons fait ensemble des recherches sur les écoulements souterrains des eaux de ces lacs de la vallée de Joux, dont on peut extraire pour la discussion actuelle quelques données utiles.

La vallée de Joux, qui est une vallée longitudinale synclinale du Jura, possède, comme il est dit plus haut, deux lacs dits: lac de Joux et lac Brenet. [Leur altitude à la cote moyenne du miroir des lacs est

1903. PROC.-VERB.

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de 1 007 mètres. Suivant les crues et décrues, ce niveau varie de 1006 mètres à 1 009 mètres.

Ces lacs sont, comme il est dit plus haut, sans écoulements superficiels; leurs eaux s'enfoncent dans le sol par les effluents précités, qu'on nomme, dans la contrée, des entonnoirs. Ceux-ci sont distribués autour des lacs, sur leurs bords, et l'on a des raisons de croire qu'il y en a encore quelques-uns sous-lacustres, mais leur importance est faible par rapport aux entonnoirs des bords.

Toutes ces eaux viennent s'écouler à Vallorbe, à la source vauclusienne de la rivière de l'Orbe, à la cote 785.

Le débit moyen de la source de l'Orbe est de 4m5,70 par seconde. Le débit moyen des entonnoirs des lacs est de 25,80 par seconde. Il y a donc à la source un apport d'autres sources représentant 13,90.

La source de l'Orbe jaillit en un point bas du grand synclinal qui contient les lacs de Joux.

Ce synclinal comprend les terrains englobés entre l'Oxfordien et le Gault. C'est lui qui sert de cuvette pour la circulation de l'eau.

Les eaux des entonnoirs s'infiltrent tous dans le Jurassique supérieur, dans le terrain dit le « Portlandien » sur notre carte géologique de la région. Le niveau imperméable est fourni par les marnes et calcaires marneux de l'Oxfordien.

Toute la circulation souterraine de l'eau est donc comprise dans le Jurassique supérieur, qui représente des calcaires compacts très fissurés de petites fissures capillaires jusqu'à de larges fentes. Ce sont les conditions ordinaires des calcaires du Jura, qui sont trop connues pour que j'insiste.

Nos expériences ont été les suivantes sur deux des plus grands entonnoirs.

I. Entonnoir de Bonport, situé au bord du lac Brenet. Distance de l'entonnoir à la source de l'Orbe, 3 kilomètres. Débit de l'entonnoir, en moyenne 1 mètre cube par seconde.

Cet entonnoir a servi de prise de force motrice pour un moulin, grâce à sa grande profondeur. L'eau du lac Brenet peut donc y être réglée par suite de l'installation d'un canal d'amenée et de ses vannes.

Le 28 décembre 1893, les vannes de l'entonnoir ayant toutes été ouvertes, il y fut versé, à 12h10m, une bonbonne contenant 15 litres de fluorescéine à 35 %.

Le limnographe, établi à 500 mètres à l'aval de la source de l'Orbe, annonçait la crue de la source deux heures huit minutes plus tard.

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