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la craie est plus fissurée que partout ailleurs dans l'agglomération bruxelloise. Nous n'en avons jamais conclu qu'il y avait des fissures partout et que tout sondage devait forcément en rencontrer. En avançant telle chose, nous aurions fait acte de charlatanisme. A Haeren, le mystère était profond et si on savait d'avance qu'il y avait beaucoup d'eau dans la craie en ce point, on a dû recourir à la légendaire baguette de coudrier de nos ancêtres.

Et ce n'est pas tout la pompe à air qui actionne le compresseur est placée, non pas à Haeren, mais bien à Vilvorde, soit à 2600 mètres de distance de Vilvorde même. Après celle-la, tirons l'échelle et disons à ces braves Vilvordiens :

Dans les prés fleuris

Qu'arrose la Senne,

Cherchez qui vous mène... etc.

Pour en revenir au Puits Nowé, notre honorable confrère M. Rutot en a donné une bonne coupe (1); mais, comme il arrive toujours dans les cas semblables, on ne lui avait pas tout dit. En réalité, le forage aurait atteint le Primaire et aurait 184 mètres de profondeur. La puissance de la craie serait de 54 mètres. Les puits jumeaux de Haeren ne sont pas aussi profonds ils n'ont que 105 mètres et la sonde n'a pénétré qu'à 3 centimètres dans la craie.

L'histoire des sondages devient lamentable. L'administration provinciale du Limbourg a fait forer un puits de 80 mètres, qui, à ce niveau, doit avoir sa source dans l'argile tongrienne; à coup sûr, son débit ne sera pas vauclusien; enfin le Département de la Guerre vient de mettre en adjudication un puits de 51 millimètres de diamètre (2).

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Ces faits sont d'autant plus regrettables qu'il s'agit d'administrations publiques qui devraient être soucieuses des deniers des contribuables. Le Gouvernement a créé le Service géologique, dont la mission est de fournir les renseignements nécessaires et qui ne s'y refuse jamais. Le Gouvernement n'y recourt pas lui-même. Et notre Société, qui a déjà rendu de grands services, paraît aussi oubliée que le Service géologique. Cet état de choses n'est-il pas des plus regrettables?

Que de travaux passent inaperçus, qui, s'ils étaient renseignés, ne seraient point perdus pour la science et fourniraient leur contingent de documents profitables à la communauté ! Nous renouvellerons donc ici la protestation que nous avons faite déjà au sujet des sondages de

(1) Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. III, p. 211, MÉM.

(2) Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XV, 1901, PROC.-VERB., p. 382. 27

1903. PROC.-VERB.

Malines, d'Eelen et de Lanaeken (1); soutenue par des confrères, elle a déjà porté ses fruits formulons l'espoir que bientôt plus aucun fait n'échappera aux investigations scientifiques.

Puisqu'il est question ici de puits artésiens, nous rappellerons que de temps en temps les journaux quotidiens rappellent l'attention sur ce mode d'alimentation d'eau pour les villes du littoral. Nous croyons la question définitivement résolue par la dernière expérience faite au Royal Palace Hôtel d'Ostende (2). On nous répondra peut-être que ce puits a sa source dans l'étage sparnacien et que l'on pourrait rencontrer, soit dans les fissures de la craie, soit dans celles des roches primaires, des eaux de meilleure qualité.

Nous ne le croyons pas les dépôts saumâtres d'âge sparnacien sont discontinus; il n'y a donc aucun manteau protecteur qui recouvre la craie. Les eaux chargées de sels en dissolution pénètrent dans les fissures du Crétacique et dans celles des roches primaires.

Le grand puits de la ville d'Ostende, foré il y a une quarantaine d'années, nous en fournit une preuve des plus concluantes. Profond de 300 mètres, il a sa source à la partie supérieure des formations primaires. Ses eaux renferment 3,4 de sels en dissolution. Les capter à 100 ou 200 mètres plus bas conduirait au même résultat. On agirait absolument comme celui qui, trouvant les eaux de l'Océan trop salées à la surface, les puiserait à un millier de mètres de profondeur, croyant les trouver potables à ce niveau. On ne saurait assez attirer l'attention des habitants de la plaine maritime sur ces faits.

Une question qui n'a pas encore été posée et qui nous semble intéresser les établissements industriels, c'est celle du débit maximum d'un puits artésien dans l'agglomération bruxelloise. Il nous semble que le mètre cube par minute est un maximum, rarement atteint même. Nous avons sous les yeux un magnifique diagramme du puits artésien de l'Usine à gaz de la ville de Bruxelles. Son orifice est à la cote 15, sa profondeur de 125 mètres. Il a sa source dans les fissures de la craie et des roches primaires.

Le bas niveau de cet orifice est cause qu'on se trouve dans les conditions les plus favorables pour puiser beaucoup d'eau.

(1) Soc. belge de Géol., de Paléontol. et d'Hydrol., t. XV, 1901, PROC. - VER., p. 381.

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Le même diagramme nous apprend que l'augmentation métrique de son débit est de 11',8. Le tuyautage d'un compresseur à air placé au fond du puits, soit à 125 mètres, peut puiser l'eau à mi-hauteur d'une manière pratique, soit donc à 62.50, ce qui nous donne un débit de 737 litres par minute comme maximum. Ce qui est déjà fort joli. Il faudrait des chances exceptionnellement favorables pour dépasser le mètre cube, et lorsque nous voyons promettre des quantités de 3 à 5 000 mètres cubes par vingt-quatre heures, nous nous permettons de ne pas y croire.

Cette communication donne lieu à un échange de vues entre MM. Rutot, Putzeys, baron van Ertborn et Van den Broeck au sujet de l'influence que peuvent avoir les puits rapprochés l'un de l'autre et de l'imprudence qu'il y a à creuser, au hasard, des puits à proximité d'autres en activité, sans s'inquiéter de la direction du courant souterrain. Les inconvénients des fâcheuses dispositions de l'espèce ont été constatés à Vilvorde et à Haeren.

Quant au puits Nowé, de Vilvorde, M. Rutot, malgré l'affirmation de M. le baron van Ertborn qui, d'après M. François, rapporte que l'on aurait atteint le Primaire, doute qu'il en soit ainsi; le puits fait en concurrence a certainement touché le Primaire, mais non le puits Nowé, qui est resté dans la craie, mais à petite distance de sa base, comme l'ont signalé naguère MM. Rutot et Van den Broeck.

La séance est levée à 10 h. 40.

SÉANCE MENSUELLE SUPPLÉMENTAIRE

DU 28 JUILLET 1903.

Présidence de M. A. Rutot, vice-président.

La séance est ouverte à 8 h. 35.

Correspondance.

M. Fournier fait parvenir une nouvelle note, dont il est rendu compte plus loin, en réponse aux objections d'ordre mécanique faites à son exposé sur la question des expériences à la fluorescéine.

M. D.-P. OEhlert annonce que le nombre actuel des abonnés à la Paleontologia Universalis est de 169, et que les abonnements partiels préconisés par la Société belge de Géologie et dont il accepte le principe, sortiront leur effet à partir du moment où le Comité sera en possession d'un nombre minimum, fixé à 250, d'abonnements globaux.

Le système des abonnements partiels sera exposé et développé par lui au Congrès de Vienne, au nom de son auteur, M. Van den Broeck, pour le cas où ce dernier, comme il le craint, ne pourrait se rendre aut Congrès.

La Société belge de Géologie s'est fait inscrire comme 170° abonné à l'œuvre.

M. J. Cornet s'excuse de ne pouvoir venir faire sa communication sur « Le problème du Tanganyka ».

Dons et envois reçus :

4175. Vifquain, J.-B. Des voies navigables en Belgique. Bruxelles, 1842. Volume grand in-8° de 494 pages, relié. (Don de M. l'ingénieur A. Gobert.)

4176. Bernard, F.-M. Erdbebenstudien des Grafen de Montessus de Ballore. Laibach, 1902. Extrait in-8° de 9 pages.

4177. Capitan, L. Chronique préhistorique. Paris, 1903. Extrait in-8° de 4 pages.

4178. Capitan, L., Breuil (l'abbé) et Peyrony. Les figures gravées à l'époque paléolithique sur les parois de la grotte de Bernifal (Dordogne). Paris, 1903. Extrait in-8° de 8 pages et 5 figures.

4179. Carnot, Ad. Cartes agronomiques et musées cantonaux. Caen, 1903. Extrait in-8° de 20 pages.

4180. Mazelle, Ed. Mitteilungen der Erdbeben-Kommission der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften in Wien. Neue Folge. No XV. Die Mikroseismische Pendelunruhe und ihr Zusammenhang mit Wind und Luftdruck. Vienne, 1903. Extrait in-8° de 87 pages et 7 planches.

4181. de Montessus de Ballore, F. Relations géologiques des régions stables et instables du Nord-Ouest de l'Europe. Bruxelles, 1903. Extrait in-8° de 48 pages et 1 planche.

4182. de Montessus de Ballore, F. Considerazioni a proposito dei terremoti della vallata del Po. Rome, 1902. Extrait in-8° de 3 pages.

4183. de Montessus de Ballore, F. Sur les régions océaniques instables et les côtes à vagues sismiques. Genève, 1903. Extrait in-8° de 19 pages et 1 planche.

4184. Martel, E.-A. La photographie souterraine. Paris, 1903. Volume in-12 de 70 pages et 16 planches.

4185. Suess, Ed. Ueber heisse Quellen. Berlin, 1903. Extrait in-8° de

13 pages.

4186. Ramond, G., et Dollot, A. Études géologiques dans Paris et sa banlieue. III. Paris, 1902. Extrait in-8° de 16 pages et 3 planches.

4187. de Lapparent, A. Rapport de la Commission de sismologie présenté à l'Académie dans la séance du 13 juillet 1903.

3422. BRITISH ASSOCIATION FOR THE ADVANCEMENT OF SCIENCE (Report). 1901 et 1902, sessions de Glascow et de Belfast. (Deux volumes cartonnés offerts par M. l'ingénieur A. Gobert.)

Parmi les dons et envois reçus, M. le Secrétaire général signale tout particulièrement à l'Assemblée le précieux hommage que M. l'ingénieur Aug. Gobert vient de faire, à la bibliothèque de la Société, des importants travaux, renseignés aux numéros 4 175 et 5 422.

(Remerciements.)

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