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réduction nécessitée par les nouvelles observations qu'ont fournies surtout les grands travaux de terrassement des environs de notre capitale; or, il se trouve que le Laekenien, tel qu'il est maintenant délimité et qui s'est montré si bien caractérisé aux environs de Bruxelles, notamment à l'avenue Louise et à l'emplacement de la prison de Saint-Gilles, où il était constitué par un dépôt de 5 mètres d'épaisseur de sables et de grès calcarifères très fossilifères, se trouvait séparé du Bruxellien et du Ledien par d'épais graviers des plus caractéristiques.

Dans le Nord du bassin de Paris, au contraire, le Laekenien ne nous a paru que peu ou point représenté, tandis que le Ledien, avec ses abondantes Nummulites variolaria et Orbitolites complanata, ses Cérithes, ses Nautiles et autres fossiles caractéristiques, correspond exactement au calcaire grossier moyen de Paris. Il est bien certain que le fait d'avoir séparé du Laekenien les couches constituant le nouvel étage ledien marque un certain progrès, et s'il était reconnu, par la suite, que nos nouveaux termes stratigraphiques n'ont pas la valeur d'étages, il serait aussi facile d'en faire des assises qu'il l'a été de remplacer les systèmes de Dumont par des étages. Ce ne sont là que des mots auxquels M. Dollfus semble attacher une importance un peu prépondérante et je dirai presque prématurée, qui lui fait perdre de vue le fond même de la question. Qu'importe, en effet, que des dépôts comme ceux dont il vient d'être fait mention soient considérés comme ayant la valeur d'un étage ou seulement d'une assise? Ce qu'il nous faut bien établir, comme l'a si bien compris Dumont, c'est la succession, les relations stratigraphiques des couches de chacun de ces dépôts et leur classement le plus rationnel suivant l'état de nos connaissances paléontologiques.

Je suis donc porté à croire que M. Dollfus, avec qui nous avons toujours entretenu les rapports de la meilleure confraternité, voudra bien reconnaître que les paroles que je me suis vu obligé de relever, ne traduisent pas nettement sa pensée.

Mais, quoi qu'il en soit, ne suis-je pas en droit de retourner à notre confrère parisien son argumentation, en lui disant qu'il ne suffit pas d'être, suivant ses expressions, un fin stratigraphe, un tectonicien habile, et j'ajouterai, comme il le préconise surtout, un paléontologiste attentif, si l'on manque de cet esprit de méthode qui a fait réaliser à André Dumont, non seulement une œuvre incomparable, mais qui lui a permis de fonder l'École à laquelle nous sommes fiers d'appartenir.

M. Van den Broeck considère comme un devoir de s'associer aux paroles de protestation que vient de prononcer M. Mourlon et auxquelles il juge devoir ajouter que les carnets de notes de voyage et d'observations de Dumont, prouvent, au moins pour les terrains tertiaires et secondaires, que celui-ci a utilisé pratiquement la Paléontologie dans bien des circonstances et en a reconnu l'utilité dans de nombreux cas où il lui a été possible de l'appliquer rationnellement à ses déterminations de terrain. Chose curieuse, M. De Koninck, qui s'était, dans des discours académiques, fait, contre Dumont, le champion de la Paléontologie, l'a appliquée parfois d'une manière bien malheureuse, tandis que Dumont, qui paraissait attacher peu d'importance au caractère paléontologique, l'appliquait avec discernement et chaque fois que l'occasion s'en présentait. Quoi de plus lamentable que le dernier mémoire de De Koninck, consacré à la faune du terrain carbonifère belge, dans lequel, pour complaire, semblerait-il, aux vues personnelles de M. Ed. Dupont, et favoriser ainsi la subdivision de ce terrain en trois étages proposée par ce dernier, plutôt que pour exposer la réalité des faits, M. De Koninck a créé de toutes pièces, en se basant sur de simples variétés, élevées par lui au rang d'espèces, trois faunes distinctes et successives, renfermées dans des strates en continuité immédiate, faunes n'ayant aucun élément spécifique en commun! Défendre de cette manière la Paléontologie revient à lui faire plus de tort que de l'attaquer dans des discours, tout en l'utilisant pratiquement et rationnellement, à la manière de Dumont. Les reproches de M. G. Dollfus sont donc moins fondés qu'on pourrait le croire, à ce point de vue, de même d'ailleurs qu'aux autres, qui viennent d'être relevés par M. M. Mourlon.

La séance est levée à 11 heures.

ANNEXE A LA SÉANCE DU 20 JANVIER 1905.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

JACOB.

Les failles de la partie orientale du bassin d'Aixla-Chapelle et la détermination de leur âge géologique. (Zeitschr. f. prakt. Geologie, octobre 1902.)

La contrée autour d'Aix, surtout vers l'Est et le Nord-Est, est disposée sous forme d'un bassin dont le centre est occupé par du Carbonifère supérieur. Les roches que l'on y rencontre successivement sont le Cambrien, le Devonien, le Carbonifère, la Craie, le Tertiaire et le Diluvium. Le Tertiaire se rencontre à l'Est des collines paléozoïques et s'étend dans la plaine qui descend vers la Meuse au Nord. Il se rencontre rarement au jour, parce qu'il est complètement recouvert par le Diluvium. On a pu cependant étudier sa stratigraphie d'une façon satisfaisante, grâce aux nombreux sondages qui ont été pratiqués dans la contrée pour la recherche du lignite et de la houille. Les couches les plus anciennes du Tertiaire ne s'étendent pas aussi loin à l'Ouest que les couches plus récentes qui les recouvrent en transgression, grâce à la disposition du plan incliné vers l'Est des couches plus anciennes sur lesquelles le terrain tertiaire s'est déposé, et par conséquent aussi le Tertiaire augmente en épaisseur au fur et à mesure que l'on s'avance vers le Nord-Est.

Les couches tertiaires les plus anciennes sont constituées par des argiles et des sables gris, surmontés par des argiles et sables glauconifères verdâtres, d'une épaisseur considérable. Ceux-ci sont recouverts à leur tour par une série épaisse de sables quartzeux et micacés entrecoupés par des lits d'argiles ou de marcassite agglomérée. On y rencontre des linéoles de lignite. C'est au toit de ces sables que l'on rencontre les dépôts de lignite. Dans la partie occidentale de la contrée cette formation fait défaut; plus à l'Est on rencontre un gisement qui peut atteindre 17 mètres d'épaisseur, et sous celui-ci deux autres

dépôts moins épais, le deuxième de 5 mètres et le troisième, le plus profond, de 2 mètres. Si l'on continue vers l'Est, on traverse une bande du Sud-Est au Nord-Ouest où le lignite fait défaut, et enfin à l'Est de celle-ci se rencontre un dépôt qui peut atteindre l'épaisseur considérable de 20 mètres. A son tour, la formation lignitifère est recouverte par des sables quartzeux et micacés.

Les fossiles recueillis dans les sondages ont démontré que les couches tertiaires inférieures du bassin d'Aix appartiennent à l'Oligocène supérieur, qui a surtout été étudié aux environs de Crefeld. Les sables quartzeux et micacés, qui ne présentent pas de fossiles, peuvent être rattachés aux sables de l'Oligocène supérieur que Credner a décrits près de Leipzig, ou à ceux décrits par Berendt entre l'Elbe et l'Oder. Le dépôt du lignite s'est effectué pendant le Miocène inférieur, comme le prouvent les plantes fossiles recueillies au toit de l'exploitation de Herzogenrath.

Les sondages ont démontré l'existence de trois failles dirigées du Sud-Est au Nord-Ouest, sensiblement parallèles entre elles. La plus occidentale est double et constituée par le Feldbiss et le Muenstergewand; la plus orientale est la plus importante: c'est celle du Sandgewand; toutes deux regardent vers le Nord-Est. Une troisième faille, moins longue et intercalée parallèlement entre les deux autres, se dirige vers le Sud-Ouest. On a estimé à environ 400 mètres pour chacune des deux failles principales la dénivellation des couches sédimentaires, de sorte que les terrains présenteraient des terrasses descendant successivement vers le Nord-Est; mais par suite des progrès de la dénudation, celles-ci ont disparu à la surface et ne peuvent se constater que par l'étude des sondages. En outre, ces derniers ont montré que les couches tertiaires se sont déposées sur une surface unie et sensiblement horizontale du Carbonifère, grâce probablement à une dénudation prolongée. Les descentes des blocs de terrain se seraient opérées plusieurs fois; les premières probablement déjà longtemps avant la période tertiaire, les dernières après le dépôt des lignites, à l'époque miocène, ce qui expliquerait la disparition de cette dernière formation sur l'étendue des deux bandes signalées plus haut.

V. D. W.

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L. POUSSIGUE, ingénieur-directeur de la Société des houillères de Rondchamp (Haute-Saône). -Fonçage et installation du premier puits de mille mètres creusé en France. (Bull. trim. de la Soc. de l'Industrie minérale, 4° sér., t. II, 1re livr., 1903.)

Ce travail, malgré tout l'intérêt technique qu'il présente, n'a qu'un rapport fort indirect avec la question d'exécution des puits que nécessitera l'exploitation du bassin houiller de la Campine. Au point de vue des morts-terrains, Rondchamp est une région privilégiée. La quantité d'eau fut pour ainsi dire nulle: on a dù en pomper 52 mètres cubes à l'heure jusque 90 mètres, soit le débit d'un modeste puits artésien. Plus bas, les roches n'étaient pas fissurées. Les roches furent un peu dures, mais il vaut mieux cela que du sable mouvant à congeler. Le prix de revient du puits fut de fr. 717.60 par mètre de profondeur.

Les conditions, à Rondchamp, sont donc tout autres qu'en Campine, et si les puits projetés dans nos régions ne reviennent qu'au sextuple on pourra se déclarer satisfait.

Pour notre Société, le travail de M. Poussigue offre cependant un certain intérêt, celui du degré géothermique, qui est fort élevé dans ces roches.

Nature des terrains traversés.

Le fonçage a traversé la partie inférieure du Grès bigarré, sur 64 mètres environ, puis 22 mètres de Grès vosgien.

Au-dessous, l'étage important du Grès rouge comprenant :

37 mètres de grès rouge, fin.

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d'argilolithe.

de grès bréchiforme, coupé de quelques bancs d'argilolithe.
d'argiles violacées, avec quelques bancs de poudingue.

Soit au total 678 mètres d'épaisseur, représentant la totalité de la formation du Grès rouge à Rondchamp.

Immédiatement au-dessous, le terrain houiller supérieur, comprenant les couches de houille, et d'une puissance de 112 mètres environ. Enfin le terrain houiller sur 66 mètres et les schistes de transition, dans lesquels s'est arrêté le fond du puits à 1 010 mètres.

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