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Pelée amena des manifestations explosives et nullement des coulées de lave. L'explosion eut lieu par une fissure latérale et non par le cratère, et ce fut seulement sept mois plus tard, soit vers la mi-décembre 1902, que la lave apparut au sommet de la cheminée, dans le cratère terminal et en coulée lente.

Il en résulte, dit M. van Ertborn, que le caractère explosif n'a aucun rapport avec les épanchements de lave, et il semble que ce soit seulement un phénomène de contre-pression interne, dû à la pesanteur, qui a permis à la lave de s'épancher au dehors.

C'est, d'après M. van Ertborn, au « foisonnement » ayant réduit dans des proportions considérables la densité de la colonne de lave qui se trouve incluse dans la cheminée, qu'il faut attribuer le refoulement du contenu de celle-ci par la contre-pression des masses, plus denses, des régions avoisinant sa base.

« La détente brusque, le débouchage instantané ne peuvent donc rendre compte de l'épanchement lent d'une coulée de lave, à l'instar de la couleur à l'huile sortant d'un tube compressible. Il faut, pour produire ce dernier phénomène, une pression lente et continue, une action qui assure la persistance du phénomène pendant un laps de temps prolongé. »

M. van Ertborn ajoute ensuite :

«En tenant compte du foisonnement, qui amène la diminution de densité, le phénomène serait identique à celui qui se produit dans l'appareil élévateur d'eau, nommé « compresseur à air » (1).

>> Cet appareil est basé sur le foisonnement de l'air et de l'eau, diminuant la densité de cette dernière par mélange. (Pl. A, fig. 1 et 2.)

» L'air comprimé, insufflé par le bas dans une colonne d'eau, élève celle-ci à une hauteur considérable. L'appareil se compose d'une pompe à air, d'un réservoir à air comprimé G pour régulariser le débit, d'un tuyau à air t (voir pl. A, fig. 1) recourbé à sa partie inférieure, amenant l'air comprimé au pied du tuyau H, destiné à élever le liquide.

>> La pompe à air étant mise en marche, un manomètre fixé sur le réservoir indique la pression. Supposons que celle-ci doive atteindre huit atmosphères pour rompre, dans le cas qui nous occupe, la résistance due à l'inertie de la colonne d'eau remplissant le tuyau destiné à lui servir de conduite d'ascension.

» Il se produit tout à coup une brusque secousse, une espèce de détonation, et l'appareil se met à fonctionner. A l'instant, la pression tombe

(1) Désigné aussi sous le nom d'« émulseur », « pompe Mammouth », etc.

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environ de moitié et l'ascension de l'eau continue à se produire pendant tout le temps que fonctionne la pompe à air.

>> L'eau et l'air se sont mis à foisonner, constituant un mélange de densité beaucoup moindre que celle de l'eau, densité qui, par exemple, ne sera que de 0.33 si, par litre d'eau, nous envoyons dans le liquide 2 litres d'air.

» L'appareil n'est nullement un objet de cabinet de physique; il est entré dans la pratique, et les Américains en ont construit qui débitent 15 mètres cubes par minute.

» L'appareil provoque donc le foisonnement de l'eau et de l'air; mais ce n'est pas celui-ci qui élève l'eau ; c'est (voir fig. 1) la colonne mn op extérieure au tuyau d'ascension, et dont la densité est restée 1.00, qui presse sur la base de la colonne interne, dont la densité est 0.33, et la refoule.

» Il faudra donc, dans le cas cité plus haut, une colonne trois fois plus haute, de densité 0.55, pour faire équilibre à la colonne mn op, dont la densité est restée 1.00.

>> Si nous coupons le tuyau d'ascension en A, en dessous du niveau piézométrique du mélange d'eau et d'air, il y aura, d'une part, d'abord jet violent, puis déversement de l'eau en A, et celle-ci, par le fait de la pesanteur, fera cascade tout autour du tube d'amenée. D'autre part, l'air continuera à s'élever, produisant en B un souffle très sensible. Si nous pouvions colorer cet air, comme les hydrologues colorent les sources, nous verrions en B un panache en forme de pin-parasol, comme on en voit au-dessus du cratère d'un volcan en éruption. (Voir fig. 5, en B'.)

>> Si l'on diminue ensuite la venue d'air, la densité de la colonne ascendante augmentera; elle ne pourra plus atteindre la partie supérieure du tuyau (voir fig. 2); l'air se dégagera alors en a, produisant à ce niveau un léger bouillonnement, tout comme il s'en produit un dans un volcan lorsque la lave, par faute de pression, n'arrive pas à être déversée par le cratère et se maintient au-dessous du niveau de celui-ci (fig. 4, en a').

>> Si nous remontions le pied du tuyautage en op (fig. 1), tout en le maintenant plongé dans l'eau, les phénomènes ne se reproduiraient plus. C'est donc bien la contre-pression qui, en mn (fig. 1 et 2), provoque l'ascension du liquide.

L'appareil à air comprimé est donc un volcan en miniature, où l'air injecté remplace la vapeur d'eau surchauffée et où l'eau et les gaz mêlés dans le tube d'ascension remplacent les laves et les bulles de

la cheminée volcanique, présentant absolument les mêmes phénomènes que les volcans.

» L'eau dans le tuyautage du compresseur, la lave dans la cheminée du volcan, s'élèvent donc, non pas comme le vin de Champagne entraîné par le dégagement du gaz, mais bien sous l'action de la pesanteur et des contre-pressions internes, phénomène absolument différent.

» Il paraît cependant étrange, à première vue, que la lave puisse s'élever à 3000 mètres et plus, par la seule action de la pesanteur. Il ne peut y avoir cependant d'autre cause. »

Il suffit de comparer aux figures 3 et 4, représentant le dispositif volcanique, le dispositif artésien, muni du compresseur à air, en état de charge, soit très accentuée (fig. 1), soit minime (fig. 2) pour saisir immédiatement le bien fondé du principe d'assimilation proposé par M. van Ertborn.

Dans la figure 3, le foisonnement produit en C par l'action des roches disloquées avoisinantes, au contact du magma igné, modifie et diminue fortement la densité de la colonne lavique H', rendue ascensionnelle grâce aux contre-pressions latérales et sous-jacentes des régions non foisonnantes et restées denses: DE F. Il y a déversement lavique en A' au bord du cratère et coulée en LL'; mais, tout d'abord, il y a vive projection en B', tout comme dans le choc initial ayant violemment projeté l'air en B, dans le cas du compresseur de la figure 1. Il est encore permis, pense M. van Ertborn, d'admettre l'existence de dispositifs souterrains, tels que G': cavités se remplissant de vapeur et de gaz, résultant du foisonnement de la région DEF voisine de C, dispositifs qui joueraient, jusqu'à un certain point, le rôle du réservoir compresseur G de la figure 1.

La figure 4, enfin, montre le cas du volcan sans caractère explosif, analogue à celui du compresseur (fig. 2) insuffisamment chargé d'air. Dans ce cas, le faible degré de foisonnement des roches de la région c et, adventivement, le minime développement des cavités gazeuses g' aidant à la compression des laves, n'ont pu déterminer dans la colonne lavique h' ni une contre-pression suffisante, ni un développement gazeux assez considérable pour amener l'ascension de la lave a' jusqu'aux orifices externes de déversement et, encore moins, pour produire le choc explosif initial, correspondant à l'explosion volcanique. Il n'y a alors que de faibles ruptures d'équilibre des tensions internes, restées insuffisantes, non seulement pour amener le processus explosif, mais encore pour permettre l'ascension complète et le déversement des

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