Ce fut alors le tour de M. Barrois qui, en l'absence de M. le professeur Gaudry, déposa les pouvoirs du Bureau de la session de Paris dont ils faisaient tous deux partie. Le Secrétaire général, M. Diener, qui s'est multiplié pour la bonne réussite du Congrès, a proclamé le résultat des élections faites le matin en séance du Conseil et que l'assemblée a ratifié de ses bravos. C'est alors que, dans un excellent discours en français, M. Tietze, l'éminent directeur du Service géologique d'Autriche et promoteur du Congrès, exposa avec une grande clarté et la simplicité qui le caractérise, les avantages des congrès qui, dans l'occurrence, dit-il, vont permettre aux géologues autrichiens de faire connaître leurs résultats. Il y a plus de six cents adhésions au Congrès de Vienne, qui ne fera peut-être pas énormément de festins, a ajouté M. Tietze, mais qui sera une « École pratique de géologie comparée ». Je me hâte d'ajouter que les prévisions de notre savant collègue se sont complètement vérifiées en ce sens que, sans être nulle part exposé à la moindre famine, on a pu participer à de nombreuses excursions dont quelques-unes, comme celles du Semmering et du Schneeberg (2075 mètres), étaient aussi attrayantes sous le rapport du pittoresque incomparable des régions montagneuses parcourues qu'au point de vue scientifique spécial qui nous y amenait. Il convient aussi de féliciter les organisateurs du Congrès de Vienne d'avoir, à l'instar de ce qui avait déjà été réalisé à la session de Londres, laissé de côté les discussions se rapportant à l'unification de la nomenclature. Elles ont été fort avantageusement remplacées par les importantes communications qui ont rempli les séances alternant avec les excursions. Ces séances, qui ont commencé l'après-midi du jour d'ouverture de la session, avaient lieu dans la grande salle d'amphithéâtre de l'Institut géologique, qui a fait l'admiration de tous les auditeurs. Sa disposition en gradins dans un vaste hémicycle a permis à un nombreux auditoire des plus attentifs de venir écouter les maîtres de la science exposer les résultats de leurs découvertes à l'aide de superbes projections lumi neuses. C'est ainsi que, dès la première séance, nous avons entendu une conférence de M. Baltzer sur les laccolithes du massif de l'Aar et un compte rendu saisissant des éruptions volcaniques de la Martinique et de Saint-Vincent par M. E.-O. Hovey. Il est à remarquer aussi que l'ordre du jour de chaque séance avait été arrêté de manière que toutes les communications se rapportant à une même question, fussent entendues et discutées dans la même séance. C'est ainsi que celle du 22 août fut consacrée à l'étude des schistes cristallins de l'Allemagne, de l'Autriche, des Alpes, de la Finlande et de l'Amérique du Nord. La conférence magistrale du savant professeur de minéralogie à l'Université de Vienne, M. F. Becke, ainsi que celle de l'éloquent professeur de minéralogie à l'École des Mines de Paris, M. P. Termier, ont été écoutées dans un religieux silence et couvertes par les applaudissements de plus de 400 auditeurs. On sentait combien sort prédominantes en Autriche les études lithologiques par les plaques minces au microscope polarisant. La séance du 24 août qui, de même que la suivante, se tint dans un autre auditoire de l'Institut géologique, avec un grand luxe d'exposition de cartes pour les démonstrations, présenta un intérêt tout particulier par les discussions sur le problème des «< lambeaux de recouvrement », des «< nappes de charriage » et des « Klippen ». Ces intéressants problèmes, dont notre président, M. Stainier, nous montrait naguère un curieux exemple en Belgique, dans la vallée de Samson, furent exposés avec une grande conviction et une remarquable clarté par MM. Lugeon et Haug pour les Alpes, par M. Uhlig pour les Carpathes, et par M. Bailey Willis pour les États-Unis. Les discussions qui accompagnèrent ces communications et particulièrement celles entre MM. Heim et Rothpletz furent assez vives et, bien que la doctrine dont le sympathique professeur de Lausanne, M. Lugeon, s'est fait le principal protagoniste, fit admise en principe, des divergences considérables d'opinion n'en persistèrent pas moins touchant la véritable nature et l'origine réelle des structures en question. La séance du 26 août fut consacrée à la géologie de la Péninsule Balkanique et de l'Orient et celle du 27 à des communications sur des sujets divers et si nombreuses qu'il fallut les répartir dans quatre sections, fonctionnant simultanément. Enfin, l'après-midi eut lieu l'assemblée générale constituant la séance de clôture, dans laquelle il fut donné lecture des rapports de M. Beyschlag sur les progrès de la Carte internationale géologique d'Europe, de M. Archibald Geikie pour la Commission des lignes de rivage de l'hémisphère Nord et pour celle de la coopération internationale dans les investigations géologiques. Notre sympathique confrère M. Oehlert, qu'accompagnait sa distin guée compagne et collaboratrice, a été chaleureusement félicité sur le succès obtenu par la première livraison de sa Paleontologia Uni versalis. Le rapport de la Commission internationale des glaciers fut présenté par M. S. Finster Walder et le Comité désigné pour décerner le prix Spendiaroff accorda ce dernier à M. Brögger, de Christiania. Les excursions, qui sont la grande attraction des Congrès géologiques, ont été extrêmement nombreuses durant la Session de Vienne. C'est au point qu'il y en avait presque toujours deux et quelquefois trois le même jour, comme ce fut le cas le dimanche 25 août. Les congressistes avaient le choix, ce jour-là, entre l'excursion, à laquelle je pris part, d'Eggenburg dans les terrains miocènes du bassin extra-alpin de Vienne sous la direction de MM. Th. Fuchs, O. Abel et F.-X. Schaffer, celle aux terrains archéens du Waldviertel sous la conduite de M. F. Becke et celle dans les terrains paléogènes à Pansran en Moravie sous la conduite de M. A. Rzeha. Il y eut ainsi pendant la Session dix excursions, sans compter celles qui, d'une part, ont précédé le Congrès, en Bohême, en Moravie, en Galicie, dans la région des Klippes carpathiques et du Tatra, aux environs de Salzburg et Salzkammergut et qui, d'autre part, se sont effectuées après le Congrès en Bosnie et Herzégovine et qui ont parfaitement réussi. Parmi toutes ces excursions dont on trouvera la description détaillée au compte rendu de la Session, qui sera publié comme l'ont été tous ceux des sessions antérieures, il en est une qui mérite d'attirer plus spécialement notre attention par suite de certaines analogies qu'elle permet de constater entre le bassin de Vienne et celui d'Anvers : c'est l'excursion aux terrains miocènes du bassin alpin de Vienne à Atzgersdorff, Baden et Vöslau, sous la direction de MM. Th. Fuchs et F.-X. Schaffer. Elle nous a permis, en effet, d'observer une fort belle coupe dans la tuilerie de Ziegelwerk, appartenant à M. Franz Breyer, de Vöslau. Sous 2 mètres de cailloux quaternaires s'étendaient, sur une assez grande longueur, une dizaine de mètres d'argile sableuse noirâtre avec cailloux et quantité de coquilles fort bien conservées. Le propriétaire ayant eu la très gracieuse attention de remplir de ces coquilles un certain nombre de boites qui, par leur suscription imprimée, témoignaient qu'elles étaient offertes en souvenir du Congrès géologique, j'ai prié l'un des collaborateurs du Service géologique, M. Engerrand, de vouloir bien déterminer celles des coquilles qui me sont ainsi échues en partage, et voici la liste qu'il m'en a communiquée : Liste de fossiles de Ziegelwerk. Il ressort du tableau qui précède que sur les quarante-cinq espèces, dont quarante-trois déterminables, qui y sont renseignées, il s'en trouve une qui apparaît déjà dans le Tongrien, trois dans l'Aquitanien, vingt-huit dans le Tortonien. Ce relevé, tout incomplet qu'il soit, confirme néanmoins l'âge 1903. PROC.-VERB. 41 + + |