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La fluorescéine, qui n'a été complètement éliminée par le « Trou de la Loutre » qu'après une durée persistante de dix-sept jours, démontre par ce fait l'existence de nombreux siphons et expansions d'eaux échelonnés sur le trajet de la Lesse souterraine. Elle a également prouvé l'existence d'un cours permanent et d'un afflux temporaire.

M. Van den Broeck fait ensuite observer que c'est à la demande de son collaborateur que son nom à lui a les honneurs de la préséance en tête du travail; mais il tient à signaler que le mérite des observations qui viennent d'être exposées revient spécialement à M. Rahir. Si, dans des publications antérieures, M. Van den Broeck, parlant au nom de son collègue et au sien, a pu prédire déjà comme probables les beaux résultats actuellement obtenus et s'il a pu élaborer avec son collègue le plan et la marche des observations à faire au moment d'une crue,le mérite des constatations matérielles revient surtout à M. Rahir, qui s'est trouvé en situation de pouvoir conduire et suivre de près les expériences convenues.

M. le Président remercie vivement MM. Rahir et Van den Broeck de leur intéressante communication et exprime l'espoir que ce travail ne sera pas le dernier de l'espèce. Il émet le vœu que des recherches et expériences de ce genre soient continuées, surtout pour de multiples sources des terrains calcaires soupçonnées de n'être que de simples résurgences. Il est désirable que la Belgique puisse tenir dignement sa place aux côtés de la France dans les études actuellement entreprises sur la circulation des eaux dans les calcaires, surtout pour ce qui concerne les eaux alimentaires dérivant de ces terrains.

M. Van den Broeck attire l'attention de l'Assemblée sur la portée pratique très particulière que prennent ces études au point de vue de l'hygiène publique. Il fait un exposé récapitulatif montrant l'impérieuse utilité qu'il y aurait d'établir et de réaliser un programme systématique d'expériences de ce genre, appliqué à l'ensemble des « sources » et résurgences de nos terrains calcaires.

Cette année, il se tiendra à Bruxelles un Congrès international d'hygiène et de démographie, où sera discutée en détail la question de l'alimentation par les eaux issues des calcaires. L'utilité des expériences à la fluorescéine a fait l'objet d'un vœu au dernier Congrès; mais il importe que les opérations de l'espèce soient faites systématiquement et sans mesures restrictives causées par le coût des expériences.

Il y a en Belgique plusieurs centaines de ruisseaux et de cours d'eau

partiellement et même entièrement souterrains; un travail sérieux de recherches et d'expériences sur cet ensemble considérable de problèmes locaux ne peut être entrepris par un particulier, d'autant plus qu'il serait indispensable de dresser un inventaire et un atlas détaillé du lit souterrain, connu ou probable, de ces cours d'eau, documents ayant pour but d'établir aussi nettement que possible la séparation entre les eaux qui offrent pour l'usage alimentaire des dangers positifs, soit permanents, soit éventuels et temporaires, et celles offrant certaines garanties et sur lesquelles devront exclusivement se localiser des études ultérieures.

Des vœux visant la réalisation d'une enquête systématique et détaillée sur la question de l'utilisation des eaux du Calcaire pourraient être utilement émis par le Congrès en vue d'être soumis aux pouvoirs publics, et la Société pourrait charger les délégués qu'elle y enverra sans nul doute, d'une mission en ce sens et d'un exposé montrant la haute utilité d'une enquête approfondie. (Approbation.)

M. van Ertborn demande aux auteurs si l'on a évalué le débit approximatif de la Lesse souterraine à sa jonction avec la rivière à Chaleux. Serait-ce une réapparition totale ou partielle qui s'observe au trou de la Loutre, soit à la sortie à Chaleux?

M. Rahir fait connaitre qu'il est impossible, par suite des dispositions des lieux, de faire les jaugeages dont il s'agit. Une partie des eaux de la Lesse souterraine peut d'ailleurs se perdre par un ou plusieurs points du thalweg dans les eaux de la rivière, le débit du « Trou de la Loutre » ne représentant alors que le surplus de l'apport dû au cours souterrain de la Lesse après sa traversée des deux boucles de Furfooz et de Chaleux.

M. le capitaine Rabozée résume ensuite, à l'aide de figures au tableau, le travail de M. W. SPRING, intitulé: Quelques expériences sur l'imbibition du sable par les liquides et les gaz, ainsi que sur son tassement; il s'exprime comme suit:

Cette étude fait suite à des travaux précédents du même auteur (1), mais elle touche de bien plus près à la question du « sable boulant ».

(1) ANNALES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE, t. XXVIII, p. м 117, 1901, et t. XXIX, p. м 17, 1902. - BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ BELge de Géol., DE PALÉONTOL. ET D'HYDROL., t. XVI, Pr.-Verb. p. 269, 1902.

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M. Spring étudie, dans diverses circonstances, le phénomène compliqué de l'imbibition du sable sec, puis il passe à l'examen des conditions dans lesquelles s'opère le tassement du sable dans des liquides différents, dans le vide, dans les gaz et dans les liquides contenant des gaz en dissolution.

L'auteur rencontre dans ce travail plusieurs points importants discutés dans les séances que notre Société a consacrées à l'étude scientifique du << boulant »>, notamment le tassement du « boulant » par le drainage, le foisonnement du sable qui s'imbibe d'eau dans diverses circon

stances.

Après l'exposé sommaire des très intéressantes recherches expérimentales de M. Spring, il est donné lecture des conclusions suivantes, que l'auteur formule comme résumé de son travail :

1. L'imbibition d'un sable sec a lieu jusqu'à ce que l'air expulsé d'entre les grains par le liquide ait atteint une certaine pression dont la grandeur dépend essentiellement de la constante capillaire du liquide et de la finesse du sable; toutefois, l'arrêt de l'imbibition n'empêche pas le mouillage général des grains de sable.

2. Une masse de sable sec et meuble qui s'imbibe d'eau passe par ua maximum de solidité. Celui-ci est un état d'équilibre instable parce que l'addition ou l'enlèvement d'un peu de liquide provoque une dislocation marquée. Quand le sable se trouve dans cet état d'équilibre, il se laisse débiter en tranches fines, restant debout.

3. Le degré d'imbibition qui donne à une masse de sable le maximum de solidité est en équilibre physique avec le degré de libre imprégnation d'eau des membranes animales.

4. Le sable se tasse d'une manière égale dans des liquides chimiquement différents. Le degré de tassement ne dépend donc ni des constantes capillaires ni des grandeurs moléculaires des liquides. Toutefois, la rapidité du tassement dans divers liquides n'est pas la même; elle varie dans une large mesure sans être, non plus, en relation simple avec les constantes physiques des liquides.

5. Le tassement du sable dans les gaz présente le même caractère que dans les liquides. Il est aussi indépendant de la nature chimique des gaz. Ceci prouve que la densité des gaz n'intervient pas comme facteur essentiel dans le phénomène.

6. Le sable détruit l'état de sursaturation et même l'état de saturation d'une solution d'un gaz dans l'eau. Il adsorbe le gaz autour de ses grains au point d'en libérer une notable partie. L'enveloppe de gaz formée autour des grains fait obstacle au tassement; mais comme cette enveloppe est

dans un état d'équilibre instable, elle finit par disparaître et le tassement s'achève.

7 Si l'on agite avec du sable une solution mutuelle de deux liquides n'ayant pas, l'un pour l'autre, une trop grande affinité, on constate que la solution change de composition. Le sable concentre autour de lui le liquide pour lequel il a le plus d'affinité, de sorte que la proportion de l'autre devient plus forte dans la partie éloignée du sable.

8. L'eau dans laquelle du sable se trouve suspendu accuse une densité plus grande que celle de l'eau pure. La différence peut dépasser 10%.

9. Du sable mêlé d'eau se comporte comme un liquide particulier : il traverse même de l'eau pure sans lui abandonner celle qu'il retient autour de ses grains.

10. Les gaz dissous dans les liquides sont l'obstacle le plus grand au tassement rapide du sable, mais ils ne sont pas seuls à agir. La couche de liquide qui adhère aux grains de sable retarde, de son côté, le tassement d'autant plus qu'elle est plus fine; sans doute parce que sa solidité grandit à mesure que son volume diminue.

11. Du sable qui s'imbibe librement d'eau de manière que l'air puisse s'en dégager, ne foisonne pas si le niveau de l'eau d'imbibition. est égal ou inférieur à la surface libre du sable. Dans le cas contraire, c'est-à-dire si l'eau pénètre dans le sable sous une certaine pression, même faible, le foisonnement a lieu; c'est qu'alors l'eau pourra faire équilibre et même soulever la masse de sable et d'eau qui fonctionne comme un corps unique, dont la densité apparente est supérieure à celle de l'eau pure.

M. le Président remercie vivement M. Rabozée de l'intéressant exposé qu'il vient de faire du travail du savant professeur de Liége et fait remarquer toute l'importance de ce nouveau mémoire de M. Spring qui, il le reconnaît avec M. Rabozée, fait faire un pas important à l'étude scientifique du sable boulant.

Il ajoute qu'il a été frappé de l'ingéniosité apportée par M. Spring dans ses expériences, lesquelles ont donné des résultats absolument précis et démonstratifs.

Il félicite chaleureusement l'auteur de cette importante étude et le remercie de l'honneur qu'il a fait à la Société en la lui réservant. Le travail in extenso sera publié dans les Mémoires.

Une discussion s'engage ensuite entre MM. Ad. Kemna, O. van Ertborn, Ch. Fiévez et quelques autres membres, mais il est entendu qu'elle sera reprise ultérieurement, après l'impression du mémoire de M. Spring.

M. le baron van Ertborn expose ensuite son étude intitulée : Rectification à l'échelle stratigraphique de l'Éocène inférieur des Flandres, présentée et acceptée pour l'impression aux Mémoires. En voici le résumé succinct :

M. G. Dollfus ayant, à la suite des deux excursions de la Société en 1901 et 1902, publié, dans la Feuille des Jeunes Naturalistes (1), un compte rendu sommaire de ces explorations, sous le titre de Classification des couches crétacées, tertiaires et quaternaires du Hainaut belge, le baron van Ertborn expose les idées émises par l'auteur.

Celui-ci estime, au sujet du système éocène, que la faune et la flore du Heersien et du Landenien marin sont les mêmes et, par conséquent, qu'il n'y a pas lieu de scinder ces dépôts en deux étages. M. van Ertborn ajoute que les silex verdis ne sont nullement la base de l'étage landenien, mais bien des silex de dénudation prétertiaire. La ligne de démarcation stratigraphique entre les deux étages se réduit à un léger ravinement et à quelques graviers épars. Le Heersien a, il est vrai, une zone d'extension bien moins considérable que celle du Landenien, mais on ne doit pas oublier qu'il a emprunté ses sédiments au Crétacique, très réduit en sous-sol dans la partie occidentale de la Belgique et que les marnes heersiennes sont les plus délayables de nos dépôts tertiaires.

Il se peut donc fort bien que dans le sous-sol de la Belgique occidentale, le Heersien ait disparu ou même n'ait pu se former.

Les couches désignées comme Landenien supérieur dans la même région sont, d'après M. G. Dollfus, de même âge que le Sparnacien français. La faune le prouve à l'évidence; il n'y a donc pas de contestation possible. M. van Ertborn donne la liste des fossiles sparnaciens recueillis en de nombreux points. Depuis lors, la question a encore fait un nouveau pas. M. Leriche vient de publier la description des poissons fossiles du Landenien supérieur de la région orientale du pays et ceux-ci sont tous d'eau douce et sparnaciens. Cette faune n'a donc aucun rapport avec le Landenien marin et l'introduction dans la légende belge de l'étage sparnacien s'impose.

M. G. Dollfus considère le Paniselien comme un véritable Ypresien supérieur, et il estime que les différences fauniques ne justifient nullement la subdivision de ces dépôts en deux étages Ypresien et Paniselien; de plus, la ligne de démarcation stratigraphique qui les sépare est presque nulle et M. van Ertborn ajoute qu'en grande profondeur le

(1) No 386, sér. IV, 33o ann., 1er déc. 1902.

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