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générales, au sujet de la répartition des volcans dans les différentes contrées et sur les grands phénomènes qui ont modifié l'écorce du globe; il étudie ensuite les différentes théories émises sur les causes du volcanisme celles de M. de Lapparent, de M. Fouqué, de M. Stanislas Meunier, de M. Armand Gautier, enfin celle des influences sidérales, qui paraît peu vraisemblable.

Dans la quatrième partie du volume, M. Miron rappelle les différents phénomènes résultant des éruptions volcaniques; les lueurs crépusculaires, les couronnes solaires; il passe ensuite, dans la cinquième partie, à l'étude des principaux volcans et termine son ouvrage par l'histoire du cataclysme de la Martinique.

Le travail de M. Miron est un résumé complet de tout ce qui été dit sur les volcans jusqu'à ce jour; sa lecture et son étude sont des guides sûrs dans la question de ces grands phénomènes terrestres qui, comme nous l'avons déjà dit, laisseront un triste et impressionnant souvenir de l'année 1902. Bon O. v. E.

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Les analyses en bloc des roches éruptives et leur interprétation.

Au moment où s'achève l'impression de notre Bulletin bibliographique, m'arrive, comme hommage de l'auteur, une importante contribution de M. F. FouQUÉ, traitant des Analyses en bloc des roches éruptives et de leur interprétation (1).

car son

un plaidoyer pouvant,

Le chapitre final de ce travail constitue indirectement auteur n'a nullement en vue ce but spécial dans une certaine mesure, être utilisé en faveur de la thèse des foyers périphériques de M. Stübel. J'ai désiré dire ici quelques mots du nouveau travail de M. Fouqué, tant pour faire connaître les vues intéressantes de l'auteur, que pour signaler qu'un tel corollaire pourrait être ajouté par les partisans de la thèse Stübel aux intéressantes conclusions générales du travail de notre éminent confrère.

Depuis longtemps, dit-il, les analyses en bloc des roches éruptives sont très en faveur parmi les pétrographes, qui leur demandaient le moyen de connaître la nature de la matière fondue sous-jacente à l'écorce

(1) Extrait du Bulletin de la Société française de Minéralogie, décembre 1902.

1903. PROC.-VERB.

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terrestre et d'en suivre l'évolution et les variations de composition jusqu'au moment de la consolidation finale. On avait cru trouver par ce procédé une base de documentation géogénique n'ayant pas à réclamer l'édification des bypothèses, souvent contradictoires, de la Géologie. On comptait même pouvoir y trouver une base rationnelle de classification des roches, fondée sur des considérations génétiques.

M. Fouqué, cependant, ne s'était guère fait d'illusions sur cette prétendue portée des recherches de l'espèce, et, dans les analyses en bloc de roches volcaniques qu'il avait, comme tant d'autres, entreprises, il n'avait jamais eu en vue que l'élucidation de problèmes régionaux ou locaux, ou bien l'étude de cas particuliers.

Dans le travail qu'il vient de faire paraître, M. Fouqué montre qu'il y a une distinction radicale à établir entre la portée qui peut être attribuée à l'analyse en bloc des roches plutoniques et celle qui s'attache à l'analyse des roches volcaniques proprement dites.

Trop d'éléments, sujets à controverse, existent dans le premier cas, qui se caractérise par des produits cristallisés, par voie aqueuse, dans les filons concrétionnés, tandis que dans le second, l'on a affaire à des produits constitués par voie de fusion ignée, que des expériences de laboratoire peuvent permettre d'élucider dans leurs conditions de production.

L'analyse en bloc des roches volcaniques, dont il faut éliminer évidemment celles de roches ayant subi des actions secondaires notables, dues à l'influence des agents atmosphériques, est donc un procédé pouvant être admis comme moyen d'investigation de la matière fondue qui remplit les foyers éruptifs profonds.

L'auteur, après avoir écarté l'objection qui pourrait être tirée de la présence habituelle d'une matière vitreuse paraissant devoir contrarier les résultats d'un tel mode d'étude recherche s'il n'est pas possible de tirer une conclusion utile et pratique des résultats fournis par les analyses en bloc des divers types de laves qu'il a étudiées.

Celles-ci sont constituées par deux séries principales les roches volcaniques de l'archipel de Santorin, appartenant à diverses catégories, et les roches volcaniques d'Auvergne.

La variété des types de ces deux séries étudiés par l'auteur est considérable, car elle comprend une trentaine de roches différentes de la première série et une quinzaine de la seconde.

Pour chacune d'elles, l'auteur, en regard de la composition chimique de la roche en bloc, fournit les quotients moléculaires, et presque toujours ces données sont étendues, parallèlement à la composition

moyenne des feldspaths de la roche étudiée, à celle également des phéno-cristaux de feldspaths des mêmes échantillons. Chaque fois aussi, les résultats de l'analyse sont suivis de son interprétation et du détail des chiffres de la composition moléculaire.

L'auteur a eu surtout en vue, dans ses recherches, de suivre dans divers types de roches volcaniques la marche du phénomène de feldspathisation, en ce sens qu'il a recherché, à l'aide de ses analyses, à évaluer approximativement dans chaque cas la manière dont s'effectuaient l'évolution et la succession des divers feldspaths. A ce point de vue, la comparaison des feldspaths en phéno-cristaux avec ceux du second temps de consolidation est particulièrement intéressante dans les deux groupes voisins des trachytes et des phonolites, car on constate que l'évolution des divers types feldspathiques s'y fait en sens inverse.

Ces mêmes études conduisent aussi à des données intéressantes quand il s'agit d'une roche résultant d'un magnia complexe, par exemple d'un mélange de magmas de trachyte et de basalte, comme dans la roche de la Marangie (Cantal), étudiée par l'auteur.

L'ensemble des données ainsi réunies par M. Fouqué l'a amené à aborder un chapitre spécial, celui de l'examen critique de la théorie de la différenciation, et c'est ici que nous allons tenter, sans le concours de l'auteur toutefois, d'y trouver un appui en faveur des vues émises par M. Stübel.

M. Fouqué rappelle d'abord que, suivant la thèse classique, enseignée aujourd'hui dans la plupart des Universités françaises, le globe terrestre aurait été primitivement fondu en totalité et homogène. L'hétérogénéité actuelle constatée dans les produits éruptifs serait due à des séparations spontanées qui se seraient faites dans le magma original, sous l'influence des inégalités de température.

Les nombreux partisans de ces vues classiques admettent la persistance, jusqu'à nos jours, de ces processus de différenciation. Il se produirait des groupements successifs de premier, de deuxième et de troisième ordre, le tout obéissant à des lois d'évolution amenant des différenciations de plus en plus accentuées et dont la grande variété des laves des volcans actuels constituerait la démonstration très nette.

L'auteur combat cette thèse de l'homogénéité primordiale de la Terre. Pour accepter pareil point de départ, il faut admettre ou bien une absolue uniformité de composition et de distribution, dans l'espace, des matières cosmiques ayant donné naissance à notre globe, ou bien

la possibilité d'un brassage énergique et prolongé du magma fondu, datant des premiers temps de la genèse terrestre.

A la première hypothèse s'oppose la diversité de composition des météorites, qui démontre le manque absolu d'homogénéité dans la matière cosmique en circulation. L'analyse spectrale des étoiles démontre de son côté la diversité de composition quantitative des astres auxquels pourrait être logiquement comparée la Terre aux premiers temps de son existence.

Quant à l'hypothèse, absolument gratuite, de brassage, elle est, dit l'auteur, «<en contradiction avec ce que les données de la Physique, de la Mécanique et de l'Astronomie ont permis de présumer sur la densité et la rigidité des parties centrales de la Terre et avec ce que l'on sait relativement à la viscosité de la matière fondue sous-jacente à son écorce ».

L'auteur, tout en rejetant nettement l'hypothèse d'un magma primitif, unique et homogène, ne croit cependant pas devoir rejeter a priori la possibilité, par des cas particuliers et limités, d'une certaine différenciation dans les magmas fondus. Il admet que les cristallisations amenées au sein des magmas silicatés fondus constituent des différencia tions, mais ce sont des différenciations locales, d'ordre minéralogique, plutôt que d'ordre géologique. Les mouvements et l'ordre de classement dus à la pesanteur, aux différences de densité des cristaux divers apparaissant au sein des magmas, n'affectent que des zones et épaisseurs de milieu ambiant peu importantes, et l'auteur montre que, l'influence des températures aidant, il ne peut y avoir de transfert vertical que de médiocre étendue.

M. Fouqué combat ensuite la théorie nouvelle de différenciation que certains pétrographes modernes ont basée sur l'observation de l'ordre habituel des cristallisations dans les laves et il montre notamment qu'elle ne parvient nullement à expliquer les localisations dans le sens tangentiel, qui, de toutes manières, restent la grosse difficulté, que n'ont pu résoudre les partisans de la différenciation du magma interne. Voici maintenant, reproduites in extenso, les considérations finales de l'étude de M. Fouqué :

Quand on passe en revue l'ensemble des enseignements de la Géologie, on arrive forcément à conclure que de tous temps le globe terrestre a été hétérogène, que les foyers éruptifs sont très inégalement distribués et localisés, et que chacun a son individualité propre avec des liens de parenté (consanguinity) qui le rattachent à d'autres foyers, tantôt contigus, tantôt situés à de grandes distances.

Les différenciations sont incapables d'amener des transferts lointains comme ceux qu'implique la localisation des massifs éruptifs, si différents les uns des autres au point de vue de la composition des roches qui les constituent en des lieux séparés quelquefois par d'énormes intervalles, pas plus qu'elles ne peuvent rendre raison de l'identité de quelques-uns de ces amas dépourvus de communications entre eux.

Comment supposer que d'un même magma fondu, certains composés chimiques aussi rapprochés les uns des autres que le sont, par exemple, les bases alcalines et alcalino-terreuses, aient pu s'échapper en sens divers, circuler souterrainement et s'accumuler localement dans des districts souvent fort écartés entre eux? Pourquoi la soude serait-elle venue se concentrer dans le bassin de Christiania et dans les Kaménis de Santorin, la potasse au Vésuve ou dans quelques autres volcans isolés, la chaux et la magnésie à l'Etna et dans les volcans basaltiques? Et dans une même région, les localisations ne sont-elles pas presque toujours tout aussi accentuées? Dans le groupe du Mont-Dore, par exemple, aucun phénomène de différenciation ne peut rendre compte de la séparation de types aussi tranchés que les andésites, les phonolites et les basaltes, quelque voisins et enchevêtrés que soient les gisements de ces roches. A plus forte raison, la même difficulté se présente-t-elle lorsqu'il s'agit d'évents très éloignés les uns des autres. La viscosité très grande des silicates fondus semble bien être un obstacle invincible aux voyages en sens divers que l'on a imaginés comme ayant affecté les éléments intégrants de leur magma originel.

Si les phénomènes de différenciation étaient, comme on le suppose, lents, graduels et progressifs, les éruptions de composition signalant les étapes des phénomènes ne se feraient-elles pas d'ailleurs dans un ordre déterminé? Tous les pétrographes partisans de la théorie de la différenciation ont admis cette conséquence et ont cherché à en déterminer les lois. Mais là s'arrête l'accord qui existe entre eux; rien de confus comme les résultats contradictoires auxquels ils ont été conduits. L'un a assigné aux roches éruptives d'un district donné un ordre de genèse particulier; un autre, étudiant une autre région, est arrivé à une conclusion contraire; un troisième a conclu à l'existence d'un ordre encore tout différent. Dans leurs travaux, les généralisations hâtives luttent les unes contre les autres et se détruisent mutuellement. Comme conséquence, il faudrait admettre que la nature, en opérant les différenciations, a agi bien capricieusement.

N'est-il pas plus simple et par suite préférable d'admettre que la matière fondue qui fournit les roches éruptives a toujours été hétérogène, mais qu'elle l'est peut-être plus que jamais à cause des phénomènes endomorphiques qu'elle subit et surtout à cause de l'action puissante et compliquée des minéralisateurs qui, souterrainement, s'exerce sans trêve.

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