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Mardi 23 (sixième jour). - A 8 heures, la température était de 905 C. au « Chantoir des Sources » et de 9o6 C. au <<< Trou de la Loutre». A la Loutre, la coloration était sensiblement plus intense que celle de lundi, tandis qu'aux Sources la fluorescéine commençait à diminuer.

Dimanche 28 (onzième jour).— Au « Puits-des-Veaux », la fluorescéine était encore parfaitement appréciable à l'œil. Il est vrai de dire que l'observation est facilitée ici par la transparence de même que par la grande profondeur du lac, atteignant jusque 5 et 6 mètres. Les eaux du << Chantoir des Sources » examinées au fluoroscope offraient encore très nettement la coloration verte, avec une intensité pas beaucoup moins forte que le 23.

Mercredi 31 (quatorzième jour). — Au «< Puits-des-Veaux », la teinte, qui était à peu près invisible à l'œil, se reconnaissait encore au fluoroscope. L'examen comparatif de l'échantillon du 31 avec une eau dosée accusait une dilution approximative de fluorescéine à un milliardième. Température: 9o6 C. Au « Chantoir des Sources », la coloration était fort affaiblie, mais très sensiblement moins cependant qu'au « Puits-desVeaux ». Température: 9o3 C. Les eaux de la Lesse marquaient ce jour 402 C.

En admettant ce qui est à peu près certain ait été presque complètement éliminée par le «

que la fluorescéine Trou de la Loutre >>

trois jours après le 31 décembre, elle se serait écoulée de ce point dans la Lesse pendant seize à dix-sept jours.

A noter encore ici ce fait curieux que, à partir du jour où les eaux de la rivière se refroidissaient graduellement, c'était le moment de leur plus forte hausse, il se produisait un état général de température stationnaire dans les eaux du cours souterrain de la Lesse, mais avec des alternatives de réchauffement et de refroidissement.

18 janvier 1903. — A cette date, il nous a été donné de pouvoir faire quelques observations complémentaires qui démontrent la régularité de température des eaux de la Lesse souterraine lorsque son cours est normal. C'est ainsi que nous avons pu constater 9°5 C. en tous les points, tandis que la Lesse à l'air libre marquait alors 0°7 C. et l'air 0o C.

Depuis une huitaine de jours, de très fortes gelées s'étaient produites, mais ces froids intenses n'ont eu absolument aucune influence sur la rivière souterraine, qui a conservé sa température régulière de 9o5 C. depuis l'élimination de la plus notable quantité de fluorescéine, c'està-dire depuis le 23 décembre 1902. C'était à partir de cette dernière date que la Lesse souterraine avait repris son niveau normal.

Utilité pratique des études et expériences relatives à la circulation souterraine des eaux en région calcaire.

En terminant l'exposé de notre étude de la Lesse souterraine à Furfooz, nous formulons ici le vœu de voir entreprendre systématiquement, en Belgique, des recherches et des observations de ce genre, en ne les appliquant pas exclusivement à un but purement scientifique, mais également à des points de vue pratiques intéressant la santé publique. Nous voulons parler des eaux alimentaires utilisées dans nombre de villages et qui nous avons eu l'occasion de le constater fréquemment au cours de nos excursions géologiques et spéléologiques - sont parfois polluées ou bien risquent de l'être par des influences pernicieuses, pouvant d'ailleurs n'être qu'accidentelles ou temporaires, mais qui n'en sont pas moins dangereuses par un retour toujours possible. L'un des principaux éléments du danger est que, faute de connaissances d'une part, faute de réglementation efficace d'autre part, les intéressés, ne se doutant même pas de certaines actions néfastes pouvant avoir, à distance, leur répercussion sur les eaux alimentaires, captées ou émergeant sous forme de sources, sont livrés impuissants à la possibilité de graves infections et d'épidémies. Le typhus, notamment, n'a pas d'autre véhicule que des eaux alimentaires contaminées. Combien de sources dont se servent les habitants des campagnes, en pays calcaire, ne sont que de simples résurgences, pouvant amener par leur trajet souterrain des germes de maladies! Ne voyons-nous pas, à Chaleux, qu'à la sortie de la Lesse souterraine, les eaux sont toujours cristallines, et cependant elles pourraient, dans certains cas, être imprégnées d'impuretés et de germes nocifs, de même que, par un lointain déversement, nous les avons à volonté chargées de fluorescéine, que ne faisait pas disparaître un assez long parcours passant sous plusieurs montagnes et en syphon sous une rivière. Cet exemple montre que la limpidité parfaite d'une source n'est pas une garantie, ni une preuve de non-pollution.

Dans maints endroits, on se sert, comme eaux alimentaires, de sources qui très généralement sont limpides, mais qui arrivent parfois à se troubler, à la suite de fortes pluies. Elles sont donc alors incontestablement pernicieuses, puisque, sous l'influence de ces mêmes ruissellements externes qui les chargent de limon, elles peuvent s'imprégner aussi de purin, de résidus divers infects, de délavage de matières fécales, etc., des habitations rustiques. Combien de fois n'avons-nous pas vu et de nombreux cas de l'espèce se trouvent mentionnés et relevés dans nos notes des charognes, des cadavres d'animaux, soit égarés,

soit volontairement jetés, comine en de commodes dépotoirs, dans des fentes et cavités calcaires, non seulement des plateaux, mais encore des bas-niveaux. Souvent aussi, dans de telles conditions, ces ouvertures laissent s'engouffrer des ruisseaux aux ondes cristallines qui s'imprègnent de ces matières assurément peu hygiéniques, et qui, après un certain trajet sous terre, réapparaissent au jour la fluorescéine nous l'a maintes fois prouvé sous forme de pseudo-sources ou de résurgences, auxquelles l'édilité locale, ou le choix inconscient d'un auteur de projet, fait un sort en les «< captant » pour des distributions d'eaux alimentaires. Si même, par suite de troubles périodiques trop avérés, on les délaisse administrativement, les populations insouciantes s'y alimentent quand les eaux sont «< d'aspect limpide » et, tout au moins, le touriste assoiffé s'y désaltère avec délices, sans se douter qu'il boit un << bouillon » d'un genre peu classique et non des plus salutaires!

Et l'on s'étonne parfois que l'habitant fatigué ou émacié des villes, venu en d'agréables sites de villégiature pour se refaire du surmenage d'une vie fiévreuse, voie s'accroitre, sans cause apparente, ses maux, qu'il croyait guérir par l'air pur de la campagne, sans se douter que son eau impure, devenue parfois malsaine ou accidentellement contaminée, dérange tous ces beaux calculs et éprouve sourdement des organismes affaiblis et moins rebelles à la maladie que ceux des robustes naturels de l'hospitalier petit «< trou pas cher ». Nous pourrions citer telle localité de la région calcaire où, à l'époque des fortes pluies, on est fort embarrassé de devoir présenter aux villégiateurs et touristes, pour leurs soins de toilette, une eau devenue trouble et limoneuse, et qui cependant provient de la distribution, servant en temps normal à remplir, à table, les carafes d'un liquide d'une cristalline limpidité.

Il serait grand temps, en vérité, d'éclairer nos populations villageoises sur les dangers qui peuvent, dans certains cas, résulter pour elles de l'utilisation des eaux dont la provenance est inconnue ou non scientifiquement étudiée, ou tout au moins de réglementer sérieusement cette grave question de la préservation comme de l'étude approfondie des eaux potables en pays rocheux calcaire et même un peu partout. En France, M. E -A. Martel, le savant spéléologue, si apprécié pour ses remarquables travaux sur cette question, a réussi à attirer l'attention des pouvoirs publics sur ce point. Espérons que nous parviendrons à faire de même en Belgique; c'est notre plus ardent désir.

SOMMAIRE

La Lesse souterraine. La traversée des deux boucles de la rivière

à Furfooz, démontrée au moyen de la fluorescéine .

Le Chantoir des Nutons, les gouffres de la Lesse et l'Éboulis

Le « Trou-qui-fume». .

Le « Puits-des-Veaux >>

Etude spéléologique de la seconde boucle de la Lesse à Furfooz.

La roche pédonculée.

Le « Trou de la Loutre »

119

122

124

126

130

132

134

Première expérience à la fluorescéine

135

Deuxième expérience à la fluorescéine

136

Utilité pratique des études et expériences relatives à la circulation souterraine des eaux en région calcaire . .

142

(Voir la planche III accompagnant ce travail )

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NIVEAUX AQUIFÈRES DU SOUS-SOL DE LA VILLE D'ALOST

PAR LE

Baron O. van Ertborn (1)

Le forage d'un puits artésien dans les établissements de MM. Moens frères, à Alost, nous a fourni l'occasion de faire une revision du travail publié en 1900 dans les Annales de la Société géologique de Belgique par notre confrère et ami le Dr D. Raeymaekers et intitulé: Note sur la constitution géologique des alluvions modernes et quaternaires sous la ville d'Alost (2).

L'auteur résume tout ce qu'il a pu apprendre sur les forages exécutés dans cette ville et donne une liste de vingt et un sondages.

Seize d'entre eux n'ont pas dépassé la nappe phréatique. Les cinq autres sont de vrais puits artésiens, ayant leur source dans des niveaux aquifères compris entre des couches imperméables. Ils sont jaillissants à Alost par suite du bas niveau qu'occupe la ville. Celui des établissements de MM. Moens frères est donc le sixième.

Quelques renseignements communiqués de seconde main à notre confrère manquent un peu d'exactitude; nous nous permettrons de les rectifier; qu'il veuille bien nous excuser: nous le faisons dans l'intérêt général.

(1) Présenté à la séance du 4 avril 1903.

(2) Annales de la Société géologique de Belgique, t. XXVbis, in-4o, p. 45, avec plan de la ville d'Alost au 10 000; 1900.

1903. MÉM.

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