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PROFESSEUR DE GEOLOGIE, DE MINERALOGIE ET DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE
A L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DE LOUVAIN

MEMBRE ASSOCIÉ DE LA CLASSE DES SCIENCES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE,
VICE-PRESIDENT DE LA COMMISSION GÉOLOGIQUE DE BELGIQUE.

(Cliché prété par la Société scientifique de Bruxelles.)

CHARLES DE LA VALLÉE POUSSIN

SA VIE ET

SES TRAVAUX

PAR

Ernest VAN DEN BROECK

Conservateur au Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique,
Secrétaire général de la Société belge de Géologie.

La Géologie belge déplore profondément le nouveau et douloureux coup de faux que la Mort impitoyable vient de porter dans les rangs décimés de nos anciens dans la carrière.

Après Cornet et Briart, dignes représentants de la génération qui eut pour maîtres et amis d'Omalius et Dumont, voici le très estimé Ch. de la Vallée Poussin qui disparaît à son tour, agrandissant un vide profondément ressenti! Bien que le sympathique professeur de l'Université de Louvain ne se fût pas enrôlé sous la bannière de la Société belge de Géologie, par suite de respectables sentiments de déférence envers des tiers et n'affectant en rien l'intérêt qu'il portait à nos travaux et à notre groupe, nous nous plaisons à lui rendre ici spontanément, et au nom de tous, un hommage respectueux et admiratif. Cet hommage nous est inspiré par sa belle et noble carrière, la valeur de ses travaux, la dignité de sa vie et enfin par les services qu'il a rendus à la Géologie belge, non seulement par ses recherches et travaux personnels, mais encore en initiant aux sciences qu'il professait avec talent et distinction, plusieurs générations d'élèves devenus à leur tour des contributeurs du progrès scientifique.

Avec l'amabilité qui était la caractéristique de sa personne, le savant professeur de Louvain autorisa notre Société, il y a quelques années, à reproduire dans son Recueil un exposé des plus intéressants, qu'il venait de présenter, en 1896, à l'Académie royale comme discours d'entrée à

la Classe des sciences et qui avait pour objet les Rapports de la Géographie physique et de la Géologie.

OEuvre d'un écrivain de race, mettant sa plume affinée au service à la fois d'un esprit éminemment philosophique et d'un savant éprouvé et vraiment encyclopédique, ce morceau de choix eut parmi les lecteurs de notre Bulletin un succès dont nous nous souvenons tous. Si donc Ch. de la Vallée ne fut pas de nos collègues, il devint toutefois de nos collaborateurs, et ainsi se trouverait doublement justifié, s'il en était besoin, l'hommage pieux et reconnaissant ici rendu à sa mémoire, faisant d'ailleurs suite, dans notre Bulletin, à celui rendu, dans les mêmes conditions, par Jules Cornet à Alphonse Briart.

Ch. de la Vallée Poussin est né à Namur, en avril 1827, d'un père français, brillant officier que son union avec la digne représentante de l'ancienne famille flamande des de Cauwer, fixée depuis plusieurs générations à Namur, décida à s'établir en Belgique. Ses parents y fixèrent leur résidence à partir de 1832, à la suite d'un décret ayant attaché M. de la Vallée comme officier étranger au service d'organisation de l'armée belge. Le futur géologue commença ses études dans sa seconde patrie, au Collège de N.-D. de la Paix, à Namur. Après un séjour studieux à Paris, que des motifs de santé l'empêchèrent, comme il l'aurait voulu, de faire aboutir à son entrée à l'Ecole polytechnique, il s'occupa librement, tant en France qu'en Belgique, pendant une douzaine d'années, d'études à la fois scientifiques, philosophiques et littéraires. Bien doué et s'étant richement documenté en ces champs intellectuels si différents, Ch. de la Vallée écrivit, sur les sujets les plus divers, des articles estimés et remarqués, publiés dans les recueils : La Belgique, la Revue catholique de Louvain, la Revue belge et étrangère, etc. Tout en ce faisant, il étendait largement le domaine de ses connaissances, devenues rapidement encyclopédiques.

Définitivement de retour en Belgique, et heureux d'y rejoindre ses parents, qu'il chérissait d'une affection des plus tendres et des plus dévouées, le jeune savant s'adonna bientôt avec ferveur, sous la direction de d'Omalius d'Halloy, à des études géologiques, qui lui fournirent sa voie et qui devaient lui ouvrir, ultérieurement, les portes de l'enseignement universitaire, par lequel il n'avait lui-même nullement passé comme élève.

C'est en 1863 qu'il fut, sur la recommandation expresse de d'Omalius d'Halloy, nommé professeur de Minéralogie et de Géologie à l'Université de Louvain, et, bientôt favorisé par l'heureuse circon

stance de la création d'une École spéciale d'ingénieurs annexée à l'Université, il put arriver à faire acquérir aux cours de Minéralogie et de Géologie une importance et une portée qu'ils n'avaient jamais connues ni osé espérer avant lui. Vivitiés par la chaleureuse et éloquente impulsion du Maître, ces cours prirent bientôt un essor qui fut une véritable rénovation.

Pendant de longues années, Ch. de la Vallée consacra consciencieusement la majeure partie de son temps et de ses peines aux obligations et aux devoirs absorbants de sa tâche professorale, comprise par lui comme le but principal et presque unique de son existence. Grâce à son zèle et à son activité, les collections de l'Université de Louvain se rapportant à ses cours et qui, avant lui, étaient restées rudimentaires et surannées, devinrent importantes et même remarquables. Il lui fallut, pour atteindre ce but, s'astreindre durement à un labeur persévérant et obstiné, dont la difficulté matérielle était doublée par le discomfort que lui offrait l'éloignement de sa demeure et des collections universitaires dont il s'était fait à la fois le directeur, le conservateur et même le préparateur dévoué.

En 1874, avec la collaboration de M. A. Renard, il débuta dans le domaine des grands travaux scientifiques, par un coup de maître! Ces deux savants présentèrent, en effet, au concours de l'Académie, une remarquable réponse, ouvrage devenu classique et publié, en 1876, dans le recueil des Mémoires couronnés, etc., de l'Académie, sous le titre Mémoires sur les caractères minéralogiques et stratigraphiques des roches dites plutoniennes de la Belgique et de l'Ardenne française.

Un éloge mérité fut fait par les rapporteurs de ce travail, qui, pour la première fois en Belgique, appliquait et qui le fit avec un succès complet les méthodes d'investigation de la structure des roches à l'aide du microscope et de ses révélations.

La médaille d'or décernée par l'Académie fut la récompense justifiée de cette heureuse et féconde initiative des deux savants auteurs du mémoire.

Comme le dit l'un des rapporteurs, plus de cent cinquante plaques minces, taillées dans les roches qu'étudie le mémoire des éminents spécialistes, ont servi de base à leurs investigations à l'aide des méthodes de la microscopie lithologique. Cette circonstance, jointe aux nombreuses planches coloriées exhibant ces révélations toutes spéciales, firent une sensation d'autant plus grande qu'à cette époque, les lecteurs de langue française étaient encore privés de traités ou de guides

exposant ces méthodes d'étude, que l'Allemagne avait cependant mises en honneur.

Disons maintenant quelques mots du mémoire.

L'historique de la question, fort bien traité, est suivi d'une série de descriptions s'appliquant à la diorite quartzeuse de Quenast (1) et de Lessines, au gabbro de Hozémont, aux porphyroïdes de Fauquez, de Rebecq-Rognon (Brabant), de Pitet (Méhaigne) et de Steenkuyp. Les arkoses de la vallée de la Senne, en Brabant, sont décrites ensuite dans leurs multiples variétés. De même, l'hypersténite ou gabbro de Grand Pré (Mozet), la roche, reconnue non éruptive, constituée par la porphyroïde de Monstreux, diverses eurites quartzeuses (Grand-Manil, Nivelles, etc.), l'eurite schistoïde de Marcq (près Enghien), roche sédimentaire et en concordance avec les dépôts siluriens encaissants, sont tour à tour passées en revue par les auteurs dans la partie complémentaire de leur Mémoire, fournie en 1876. Le groupe belge comprend encore l'examen du porphyre quartzifère de Spa et de la diorite quartzifère du Champ-Saint-Véron, à Lembeek (Brabant).

Des roches cristallines curieuses, enclavées dans les poudingues primaires de Fépin (à Boussale) et de Burnot, forment encore, avec de curieuses brèches ferrugineuses, l'objet de recherches complémentaires intéressantes.

Les roches dites plutoniennes de l'Ardenne française font l'objet d'une rubrique spéciale, quoique moins développée, surtout dans la première partie, déposée en 1874, du Mémoire; et les auteurs combattent la thèse de Dumont qui, tout en reconnaissant la concordance de ces dépôts avec les couches sédimentaires qui les englobent, en faisait des filons couchés éruptifs.

Dumont avait rapporté ces roches cristallines françaises à des variétés d'hyalophyre, de diorite et d'albite.

MM. de la Vallée et Renard en font des porphyroïdes et des amphibolites. Ils ont spécialement étudié dans le complément ou plutôt dans la seconde partie de leur Mémoire, présentée à l'Académie en 1876, la très intéressante roche porphyroïdique de Mairus.

Contrairement aux vues de d'Omalius et de Dumont, qui y voyaient des filons injectés parallèlement au plan des couches, les auteurs font de ces porphyroïdes des roches contemporaines des terrains où elles sont intercalées. Ils arrivent à cette conclusion que « comme les roches porphyriques des environs de Mairus sont régulièrement interstratifiées dans le terrain cambrien, comme elles possèdent une structure

(1) Actuellement ce nom est remplacé par celui de porphyrite.

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